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Il faut investir dans la brique, le mortier… et les personnes
Il faut investir dans la brique, le mortier… et les personnes

La Presse

time14-07-2025

  • Politics
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Il faut investir dans la brique, le mortier… et les personnes

« Malgré la lourdeur et l'importance de leur travail, les travailleuses des maisons [pour femmes victimes de violence conjugale] doivent composer avec de faibles salaires et peu d'avantages sociaux », écrit Vanessa Blanchette-Luong. Il faut investir dans la brique, le mortier… et les personnes La chronique de Maxime Bergeron met en lumière l'absurdité bureaucratique qui mine le financement des projets de construction de maisons d'aide et d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale. Vanessa Blanchette-Luong Doctorante en psychologie du travail et des organisations Avec les témoignages de Louise Riendeau, responsable des dossiers politiques au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, et de Mélanie Miranda, coordonnatrice à l'Alliance des maisons d'hébergement de deuxième étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, la chronique souligne, à juste titre, que pendant qu'on se renvoie formulaires et devis, des femmes et des enfants se voient refuser l'accès à un refuge. En lisant ce texte, je ne peux m'empêcher de penser qu'au-delà des murs qu'on n'arrive pas à construire, il faut aussi parler de ce qui se passe (ou ne se passe pas) à l'intérieur de ces murs. Car la crise du financement ne touche malheureusement pas seulement la « brique et le mortier » : elle affecte directement la capacité des équipes à faire leur travail auprès des femmes et enfants victimes de violence conjugale. C'est du moins ce que j'ai pu constater dans les projets de recherche que je réalise dans les maisons d'aide et d'hébergement depuis les six dernières années. Manque chronique de ressources Dans le cours de ces recherches, j'ai pu interviewer vingt intervenantes des maisons et sept de leurs gestionnaires. J'ai aussi pu observer le travail de ces personnes pendant 100 heures. J'ai vu et entendu les résultats du sous-financement : un manque chronique de ressources pour embaucher, former et retenir ces travailleuses. Lors d'entretiens auprès de travailleuses ayant quitté les maisons, plusieurs m'ont avoué l'avoir fait à regret, pour un emploi offrant de meilleures conditions salariales, même si elles étaient plus heureuses avec leur travail en maison. Le Comité sectoriel de main-d'œuvre de l'économie sociale et de l'action communautaire (CSMO-ÉSAC) rapporte qu'en 2022, le taux de roulement pour les organismes communautaires au Québec était de 33 %, alors qu'un taux de roulement considéré comme acceptable est de 4 ou 5 %2. Pourtant, ces travailleuses viennent travailler en maison par engagement, par vocation. Elles s'investissent corps et âme pour accompagner des personnes aux prises avec des problèmes complexes – violence, santé mentale, pauvreté, dépendances – dans un contexte social de plus en plus appauvri (hausse du coût de la vie, crise du logement, accès difficile aux soins en santé mentale, etc.). Malheureusement, malgré la lourdeur et l'importance de leur travail, les travailleuses des maisons doivent composer avec de faibles salaires et peu d'avantages sociaux. Résultat de ces conditions d'emploi non concurrentielles : le recrutement et la rétention deviennent presque impossibles. Les maisons doivent répondre à une demande de plus en plus grande et complexe avec des effectifs réduits et des équipes de travail incomplètes. Ce qui suit est bien connu : on compte sur leur dévouement, sur leur « cœur », pour combler les trous béants laissés par l'insuffisance des budgets. Les intervenantes réalisent leur travail du mieux qu'elles peuvent et remplissent leur mission avec les ressources disponibles, mais elles finissent par s'épuiser. Il est grand temps d'arrêter de s'appuyer sur la bonne volonté des intervenantes et des gestionnaires. Je me joins donc à la voix de Maxime Bergeron et de toutes les personnes ayant contribué à sa chronique : construire des maisons d'hébergement, c'est indispensable. Mais j'ajouterais aussi qu'investir dans le personnel qui y travaille l'est tout autant. Sans ressources suffisantes et stables, ces maisons resteront incapables de répondre aux besoins criants de la population. Elles font déjà des miracles avec le peu qu'elles ont. Imaginez ce qu'elles pourraient accomplir si on leur donnait enfin les moyens de faire leur travail ! En conclusion : on ne sauvera pas des vies seulement avec du béton. Il faut aussi – et surtout – investir dans les personnes qui, chaque jour, tiennent ce système défaillant à bout de bras. 1. Lisez la chronique « Financement amputé : les féminicides et la bureaucratie » 2. Consultez l'enquête Les Repères en économie sociale et en action communautaire Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

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