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La Presse
3 days ago
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Protéger les tortues grâce à l'IA
Les tortues géographiques n'aiment pas le froid ni les chaleurs extrêmes et préfèrent une quantité de soleil et de vent modérée. Pour mieux surveiller les populations de tortues géographiques, une espèce vulnérable, des spécialistes ont maintenant recours à l'intelligence artificielle (IA) comme complément à leurs observations sur le terrain. Des opérations de surveillance menées sur les berges naturelles de l'anse à l'Orme, au bord du lac des Deux Montagnes, utilisaient déjà des drones, mais on y a récemment ajouté l'IA. L'objectif : dénombrer et mesurer les tortues géographiques au parc-nature du Cap–Saint-Jacques, dans l'ouest de Montréal. Cette espèce de tortue a ceci de particulier qu'il lui faut une météo parfaite pour se pointer le bout du nez. Les tortues géographiques n'aiment pas le froid ni les chaleurs extrêmes, elles aiment le soleil, mais pas trop, le vent, oui, mais pas si fort. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Les opérations de surveillance ont pour objectif de dénombrer et mesurer les tortues géographiques au parc-nature du Cap–Saint-Jacques, dans l'ouest de Montréal. L'inventaire des tortues est effectué trois fois par année, de la mi-mai à la fin juin, par une biologiste de la Ville de Montréal, accompagnée d'un géomètre spécialisé en cartographie et photogrammétrie et d'un pilote de drone. L'opération vise à minimiser l'impact des activités humaines récréotouristiques sur son habitat. L'espèce est classée « vulnérable », selon la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec. La biologiste Stéphanie Giguet, à bord d'une chaloupe, observe les tortues à l'aide de jumelles. L'espace dans l'embarcation est restreint. Elle explique que la température idéale pour apercevoir les Testudines (nom scientifique de l'ordre des tortues) se situe entre 15 et 25 °C. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Stéphanie Giguet, biologiste à la Ville de Montréal, Yannick Jeanet Christopher Alabarez Après plusieurs mois de démarches, son équipe a accepté que La Presse participe à sa dernière sortie sur l'eau, mais seulement pour de rapides prises d'images. On a cependant obtenu carte blanche pour accompagner des experts de l'unité de dronautique, division de la géomatique de la Ville de Montréal. Observation en hauteur Il est 9 h 39, la chaloupe est prête à prendre le large à partir de la rampe de mise à l'eau du chalet d'accueil du parc-nature. Quelques kilomètres plus loin, sur la plage, le géomètre Simon Gignac et le pilote de drone Luc Mathieu sont déjà au travail. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE L'équipe s'apprête à prendre le large et à débuter son opération de surveillance au parc-nature du Cap–Saint-Jacques. Ils envoient un message à la biologiste lui indiquant que 22 tortues sont montées sur les billots de ce qu'on appelle le Havre-aux-Tortues. Trois vertébrés tétrapodes sont observés sur une hutte de castor abandonnée. Un autre spécimen prend l'air sur une roche. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Luc Mathieu, pilote de drone « Les tortues sont sensibles au bruit. Elles disparaissent sous l'eau si on s'approche de trop près avec la chaloupe. On connaît bien les populations, nous savons que nos programmes de rétablissement et de protection des berges fonctionnent bien. Mais je ne pourrais pas vous dire avec exactitude si la population, le nombre de femelles, de tortillons [bébés] ont augmenté ou diminué », indique Mme Giguet. L'époque du calcul à la mitaine par les biologistes est révolue. Après le bref tour en chaloupe, l'équipe de La Presse se joint au géomètre sur la plage. Les tortues ne sont pas des proies pour les oiseaux carnivores. Elles ne sont pas effrayées par le drone, qui peut descendre à 20 mètres de la canopée. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Le drone DJI Matrice 350 RTK est muni d'une caméra qui peut quasiment repérer une aiguille dans une botte de foin. Le drone est un impressionnant mastodonte (DJI Matrice 350 RTK) muni d'une caméra qui peut quasiment repérer une aiguille dans une botte de foin. Le géomètre ouvre l'écran de son ordinateur portable dans la benne de sa camionnette. Il pointe l'image d'une tortue sous l'eau. De simples jumelles auraient difficilement permis de l'observer. Grâce à un traitement de l'image, l'expert peut créer un index et traiter les captations pour éviter d'identifier deux fois la même tortue. La puissance de l'IA Actuellement, une autre technologie est au banc d'essais : l'intelligence artificielle. Grâce au nombre de pixels qui composent les images des tortues, l'IA permet de calculer la dimension de chaque spécimen à quelques millimètres près. Mieux, elle permet de différencier les femelles des mâles et de repérer les juvéniles. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Simon Gignac, géomètre de la Ville de Montréal Les résultats préliminaires démontrent qu'il est possible de détecter 92 % des tortues. On a même repéré des tortues qui avaient échappé à la photo-interprétation. Simon Gignac, géomètre de la Ville de Montréal Il est 10 h 48, il y a 15 tortues sur les billots. L'une d'elles regarde vers le ciel, une autre se jette à l'eau. Le vent se lève, ce qui fait craindre pour l'opération. Au large, la chaloupe de la biologiste contourne une petite île. Deux canards branchus prennent leur envol, une aigrette déploie ses ailes blanches. Selon le géomètre, la détection par drone, avec l'IA, a de nombreux avantages sur les suivis traditionnels en chaloupe. La technologie permet « un dénombrement plus efficace, un potentiel de mesures précises du nombre de femelles, de la qualité des habitats ». L'humain demeure toutefois le roi en temps, a-t-il constaté. Selon les calculs de M. Gignac, une sortie en chaloupe avec extraction des données prend 9 heures. La même opération par drone prend 23 heures. Lisez l'article « Planète bleue, idées vertes : Attention, traverse de tortues ! » Consultez le site du parc-nature du Cap–Saint-Jacques


La Presse
5 days ago
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Des sinistrés ciblés par de faux avis municipaux
Inondés pour la deuxième fois en moins d'un an, des dizaines de résidants d'Ahuntsic ont reçu ces derniers jours de faux « avis de travaux ». La lettre affirmant que la Ville préfère aménager des pistes cyclables plutôt que de réparer leurs égouts a soulevé la colère et l'inquiétude chez les résidants. Or, d'importantes nuances s'imposent. « Nous vous informons que la Ville ne prévoit pas intervenir dans votre rue pour corriger la problématique récurrente de refoulement d'égout que vous subissez », lit-on dans le document distribué aux portes. On précise qu'aucun correctif ne sera mis en place au moins avant 2028. La lettre poursuit en avançant que « cela étant dit, vous serez sans doute ravi d'apprendre que deux nouvelles pistes cyclables seront aménagées dès 2025 » dans le secteur. Cet « avis de travaux » est faux. La lettre imite le style et la couleur des avis de chantiers que Montréal envoie habituellement aux résidants à la veille de travaux majeurs. Principale différence : le logo de Montréal, une rosace rouge, n'apparaît pas. L'auteur, qui ne donne pas son identité, invite les citoyens à envoyer leurs « questions, plaintes, commentaires » à la mairesse de l'arrondissement, Émilie Thuillier. L'élue, qui a reçu de nombreux messages à la suite de ce faux avis, a tenté de se faire rassurante. « En aucun cas la Ville n'a priorisé ces travaux au détriment de ceux concernant le système d'égout de votre rue. Il s'agit de travaux de nature très différente : la piste cyclable prévoit uniquement du marquage au sol et l'installation de bollards », a répondu Mme Thuillier à certains résidants. PHOTO FOURNIE PAR UN CITOYEN Le faux avis en question a été reçu par la poste par plusieurs résidants jeudi. D'après nos informations, il est vrai qu'aucun chantier de voirie n'est prévu sur l'avenue De Chateaubriand d'ici 2028. Une inspection du système de canalisation et des puisards est toutefois prévue dans les prochains jours, mais la Ville estime que l'état de l'égout ne justifie pas d'intervention pour le moment. Quant aux deux pistes cyclables qui seront inaugurées prochainement, les travaux avaient été planifiés avant l'inondation de dimanche, et même avant la tempête Debby d'août 2024. Coup marketing Au cabinet de Valérie Plante, on rétorque qu'envoyer de faux avis est une pratique « inacceptable, d'autant plus qu'elle induit en erreur la population ». « C'est 600 millions qui seront investis pour la gestion de l'eau seulement en 2025. Sans compter tous les efforts pour multiplier les aménagements éponges et les programmes comme RénoPlex qui visent à soutenir les propriétaires dans leurs travaux », estime l'attaché de presse de la mairesse, Simon Charron. Pour la spécialiste de la politique municipale Justine McIntyre, « c'est une erreur d'associer égouts et pistes cyclables ». Ça n'a rien à voir. Les pistes cyclables sont devenues un genre de fourre-tout où chaque fois que quelque chose ne va pas à la Ville, on les pointe. C'est un raccourci qu'on a adopté. Justine McIntyre, spécialiste de la politique municipale Vérification faite, la valeur de la seule soumission reçue pour l'aménagement de la piste cyclable de la rue de Louvain s'élève à 108 000 $. En comparaison, la facture du seul chantier dans une rue dans Ahuntsic qui prévoit la réfection des égouts, sur l'avenue Hamel, s'élève à 5,5 millions. C'est 50 fois plus. « Les gens ont souvent cette perception que si on mettait plus d'argent dans les infrastructures, on pourrait régler les inondations. Mais ça aussi, c'est faux. Ça ne suffit pas, de changer un collecteur, puisque le réseau au complet est saturé. Et même avec le meilleur réseau au monde, ce serait impossible d'absorber de fortes pluies sur de si courtes périodes », ajoute Mme McIntyre. N'empêche, « c'est un coup de marketing incroyable, le faux avis », ajoute la spécialiste. « Ça attire l'attention, c'est une manière de frapper un coup pour faire passer un message », note-t-elle. Insatisfaction démontrée Dans l'opposition, la candidate d'Ensemble Montréal à la mairie d'Ahuntsic-Cartierville, Maude Théroux-Séguin, déplore la distribution de faux documents, mais estime que « cela démontre malheureusement le niveau d'insatisfaction de plusieurs à l'égard du manque de prévisibilité de l'administration de Projet Montréal dans la gestion des travaux ». Le faux avis dénonce par ailleurs que « la Ville a[it] choisi d'investir prioritairement en contrepartie plus de 200 millions dans des mandats confiés à des firmes externes de génie-conseil ». Il s'agit ici d'une référence directe à une étude de l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS), qui révélait en mai que la valeur des contrats accordés aux firmes de génie-conseil a été multipliée par huit depuis 2012 à la Ville. Questionné sur le sujet, le syndicat des ingénieurs assure ne pas être derrière ce faux avis. Sa leader juge que la situation démontre qu'il faudrait « investir plus dans la voirie et les infrastructures vieillissantes ». « Le geyser de l'an passé dans Centre-Sud, ce n'était pas la première fois. On a eu plusieurs cas similaires dans les deux dernières années », explique la présidente de l'Association des scientifiques et ingénieurs de Montréal (ASIM), Gisella Gesuale. « En ce moment, la Ville de Montréal est vraiment concentrée sur ce qu'ils peuvent faire sur la surface de rue, mais pas assez en dessous », conclut-elle.