logo
Protéger les tortues grâce à l'IA

Protéger les tortues grâce à l'IA

La Presse20-07-2025
Les tortues géographiques n'aiment pas le froid ni les chaleurs extrêmes et préfèrent une quantité de soleil et de vent modérée.
Pour mieux surveiller les populations de tortues géographiques, une espèce vulnérable, des spécialistes ont maintenant recours à l'intelligence artificielle (IA) comme complément à leurs observations sur le terrain.
Des opérations de surveillance menées sur les berges naturelles de l'anse à l'Orme, au bord du lac des Deux Montagnes, utilisaient déjà des drones, mais on y a récemment ajouté l'IA.
L'objectif : dénombrer et mesurer les tortues géographiques au parc-nature du Cap–Saint-Jacques, dans l'ouest de Montréal.
Cette espèce de tortue a ceci de particulier qu'il lui faut une météo parfaite pour se pointer le bout du nez.
Les tortues géographiques n'aiment pas le froid ni les chaleurs extrêmes, elles aiment le soleil, mais pas trop, le vent, oui, mais pas si fort.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Les opérations de surveillance ont pour objectif de dénombrer et mesurer les tortues géographiques au parc-nature du Cap–Saint-Jacques, dans l'ouest de Montréal.
L'inventaire des tortues est effectué trois fois par année, de la mi-mai à la fin juin, par une biologiste de la Ville de Montréal, accompagnée d'un géomètre spécialisé en cartographie et photogrammétrie et d'un pilote de drone. L'opération vise à minimiser l'impact des activités humaines récréotouristiques sur son habitat.
L'espèce est classée « vulnérable », selon la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec.
La biologiste Stéphanie Giguet, à bord d'une chaloupe, observe les tortues à l'aide de jumelles. L'espace dans l'embarcation est restreint. Elle explique que la température idéale pour apercevoir les Testudines (nom scientifique de l'ordre des tortues) se situe entre 15 et 25 °C.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Stéphanie Giguet, biologiste à la Ville de Montréal, Yannick Jeanet Christopher Alabarez
Après plusieurs mois de démarches, son équipe a accepté que La Presse participe à sa dernière sortie sur l'eau, mais seulement pour de rapides prises d'images. On a cependant obtenu carte blanche pour accompagner des experts de l'unité de dronautique, division de la géomatique de la Ville de Montréal.
Observation en hauteur
Il est 9 h 39, la chaloupe est prête à prendre le large à partir de la rampe de mise à l'eau du chalet d'accueil du parc-nature. Quelques kilomètres plus loin, sur la plage, le géomètre Simon Gignac et le pilote de drone Luc Mathieu sont déjà au travail.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
L'équipe s'apprête à prendre le large et à débuter son opération de surveillance au parc-nature du Cap–Saint-Jacques.
Ils envoient un message à la biologiste lui indiquant que 22 tortues sont montées sur les billots de ce qu'on appelle le Havre-aux-Tortues. Trois vertébrés tétrapodes sont observés sur une hutte de castor abandonnée. Un autre spécimen prend l'air sur une roche.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Luc Mathieu, pilote de drone
« Les tortues sont sensibles au bruit. Elles disparaissent sous l'eau si on s'approche de trop près avec la chaloupe. On connaît bien les populations, nous savons que nos programmes de rétablissement et de protection des berges fonctionnent bien. Mais je ne pourrais pas vous dire avec exactitude si la population, le nombre de femelles, de tortillons [bébés] ont augmenté ou diminué », indique Mme Giguet.
L'époque du calcul à la mitaine par les biologistes est révolue. Après le bref tour en chaloupe, l'équipe de La Presse se joint au géomètre sur la plage. Les tortues ne sont pas des proies pour les oiseaux carnivores. Elles ne sont pas effrayées par le drone, qui peut descendre à 20 mètres de la canopée.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Le drone DJI Matrice 350 RTK est muni d'une caméra qui peut quasiment repérer une aiguille dans une botte de foin.
Le drone est un impressionnant mastodonte (DJI Matrice 350 RTK) muni d'une caméra qui peut quasiment repérer une aiguille dans une botte de foin. Le géomètre ouvre l'écran de son ordinateur portable dans la benne de sa camionnette. Il pointe l'image d'une tortue sous l'eau. De simples jumelles auraient difficilement permis de l'observer. Grâce à un traitement de l'image, l'expert peut créer un index et traiter les captations pour éviter d'identifier deux fois la même tortue.
La puissance de l'IA
Actuellement, une autre technologie est au banc d'essais : l'intelligence artificielle. Grâce au nombre de pixels qui composent les images des tortues, l'IA permet de calculer la dimension de chaque spécimen à quelques millimètres près. Mieux, elle permet de différencier les femelles des mâles et de repérer les juvéniles.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Simon Gignac, géomètre de la Ville de Montréal
Les résultats préliminaires démontrent qu'il est possible de détecter 92 % des tortues. On a même repéré des tortues qui avaient échappé à la photo-interprétation.
Simon Gignac, géomètre de la Ville de Montréal
Il est 10 h 48, il y a 15 tortues sur les billots. L'une d'elles regarde vers le ciel, une autre se jette à l'eau. Le vent se lève, ce qui fait craindre pour l'opération. Au large, la chaloupe de la biologiste contourne une petite île. Deux canards branchus prennent leur envol, une aigrette déploie ses ailes blanches.
Selon le géomètre, la détection par drone, avec l'IA, a de nombreux avantages sur les suivis traditionnels en chaloupe. La technologie permet « un dénombrement plus efficace, un potentiel de mesures précises du nombre de femelles, de la qualité des habitats ». L'humain demeure toutefois le roi en temps, a-t-il constaté. Selon les calculs de M. Gignac, une sortie en chaloupe avec extraction des données prend 9 heures. La même opération par drone prend 23 heures.
Lisez l'article « Planète bleue, idées vertes : Attention, traverse de tortues ! »
Consultez le site du parc-nature du Cap–Saint-Jacques
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Huttopia Les Deux Lacs
Huttopia Les Deux Lacs

La Presse

time2 days ago

  • La Presse

Huttopia Les Deux Lacs

L'entreprise française de prêt-à-camper Huttopia vient de lancer son deuxième site au Québec. Elle a planté son camp au cœur des Laurentides, entre deux lacs. Nous avons testé les installations flambant neuves en famille le temps d'un week-end. (Mont-Blanc) Aveu : nous n'avons jamais été de grands campeurs, même si nous aimons la nature et l'aventure. Et maintenant que nous sommes parents de deux petites terreurs de 2 ans et quatre ans et demi, cette simple idée nous… terrifie. Plaisanterie à part, quand nous avons eu l'occasion de tester le nouveau site de camping d'Huttopia, nous sommes partis avec un mélange d'appréhension et d'excitation. Car quoi de mieux que de s'initier au plein air avec nos garçons en formule glamping ? C'était notre première fois dans un site Huttopia, dont le nom provient d'une contraction entre les mots hutte et utopie. Il en existe un autre au Québec, à Sutton, mais celui-ci est le premier situé au bord de l'eau. Des Cantons-de-l'Est aux Laurentides, le fonctionnement reste le même : on peut choisir des hébergements à divers degrés de confort, qui vont de la tente rustique à celle équipée de vrais lits, et même jusqu'au chalet tout équipé. Sans surprise, nous avons opté pour ce dernier – changer des couches sous une tente ? Non, merci ! C'est donc avec un niveau de difficulté minimal que nous avons expérimenté les nouvelles installations, qui font partie du parc régional Éco-Laurentides, dans un ancien camping repris par les propriétaires d'Huttopia, Céline et Philippe Bossanne. Le tout a quand même exigé un investissement de 10 millions de dollars, précise Mme Bossanne en entrevue de la France. PHOTO SOPHIE OUIMET, LA PRESSE Les petits chariots ont trouvé une utilisation pas tout à fait recommandée, mais très pratique ! PHOTO SOPHIE OUIMET, LA PRESSE Un petit baigneur bien matinal PHOTO SOPHIE OUIMET, LA PRESSE La zone de l'accueil surplombe le lac à la Truite. PHOTO SOPHIE OUIMET, LA PRESSE Les vestes de sauvetage sont fournies avec les embarcations. PHOTO SOPHIE OUIMET, LA PRESSE Les petits chariots ont trouvé une utilisation pas tout à fait recommandée, mais très pratique ! 1 /4 À notre arrivée, le vendredi soir, nous découvrons que le réseau cellulaire ainsi que le WiFi ne sont disponibles qu'à l'accueil. Une contrainte qui s'avère plutôt avantageuse pour le repos mental. De toute façon, nous avons passé beaucoup, beaucoup de temps dans le chalet principal, puisqu'on y trouve le café-restaurant, une aire de jeux, un parc, ainsi que la petite plage qui borde le lac à la Truite. Les enfants adorent se rendre à l'accueil dans les petits chariots mis à la disposition des campeurs pour… transporter les bagages, en théorie. Arrivés à notre chalet de bois rond, nous constatons avec un brin de soulagement qu'il est très confortable. En plus d'avoir l'eau et l'électricité, il est muni d'une cuisine assez bien équipée, d'une salle de bains avec douche, ainsi que de jolies chambres, décorées de manière simple et minimaliste. Les enfants s'y sentent tout de suite à l'aise : ils se mettent immédiatement à sauter sur les lits. Au moment de se coucher, on constatera que les lits en question sont pourvus de matelas plutôt durs. Mais puisqu'on est censés être en camping, il est difficile de s'en plaindre… Céline Bossanne et son mari étaient justement de passage à ce nouveau village Huttopia, il y a quelques semaines. Cette fois, on a dormi dans un chalet, parce que c'est un nouveau fabricant qui nous les a faits. Donc on voulait vivre l'expérience. On est toujours en train d'affiner le produit. Céline Bossanne, copropriétaire d'Huttopia Petite déception toutefois pour nous : alors que plusieurs chalets se trouvent au bord du lac, le nôtre est de l'autre côté de la route et donne sur la forêt. On s'en accommode plutôt bien, mais le terrain est accidenté autour de notre balcon en hauteur, ce qui s'avère plutôt dangereux avec de jeunes enfants. On trouvera aussi dommage de n'avoir qu'un accès limité à l'eau au cours de notre séjour. Il y a bien sûr la plage principale du lac à la Truite, mais elle est plutôt étroite et plus fréquentée que les quais bordant les chalets. Ceux-ci surplombent le lac Bonnet, et nous envions la tranquillité qui y règne. On se sent vraiment… entre deux lacs. PHOTO FOURNIE PAR HUTTOPIA Deux lacs bordent le nouveau village Huttopia des Laurentides. PHOTO FOURNIE PAR HUTTOPIA Tente en bord de lac PHOTO FOURNIE PAR HUTTOPIA Chalet en bord de lac PHOTO FOURNIE PAR HUTTOPIA Deux lacs bordent le nouveau village Huttopia des Laurentides. 1 /3 Mais cela ne nous empêche pas de profiter du côté sauvage des lieux. Quand on se baigne, on est seuls au monde, entourés de l'eau, de la forêt et de quelques canots qui glissent tranquillement sur le lac. Ou plutôt, sur les lacs. « On est ravis parce que c'est un territoire extraordinaire. Sans embarcation, sans habitation, un calme absolu, décrit Céline Bossanne. C'est quand même unique de vivre des choses comme ça. Comme dit mon mari, qu'est-ce qu'il y a de mieux qu'un lac ? Deux lacs ! », lance-t-elle en riant. Pour ce qui est de l'accès au lac Bonnet, de petits ajustements seront peut-être faits à l'usage, affirme Mme Bossanne. En théorie, tout le monde peut bénéficier de ces quais, car chez Huttopia, rien n'est entièrement privatif, tout est davantage collectif. « Mais on se rend bien compte que les quais seront surtout pour les hébergements en bord de lac, parce que plus directement accessibles. » PHOTO FOURNIE PAR HUTTOPIA Cette aire de jeux a tenu les enfants occupés suffisamment longtemps pour que les parents puissent siroter leur café. Canot, maquillage et feu de camp Après notre réveil très matinal du samedi, nous constatons avec joie que le petit bistro du chalet principal fait des cafés lattés (pour les parents) et propose des crêpes à la française (qui plairont aux enfants). Les puristes du camping ne seront peut-être pas d'accord avec cette approche, mais c'est ce qui rend l'expérience Huttopia accessible et, surtout, communautaire. Car on peut aussi jouer aux poches, à la pétanque ou encore au ping-pong (où l'aîné a constaté les talents très limités de sa maman). Un deuxième chalet propose aussi des jeux de société. Un parc équipé de structures de jeux volera toutefois la vedette auprès des tout-petits. Des embarcations sont offertes à la location : canot, kayak, planche à pagaie. En après-midi, lorsque la lumière dorée se reflète sur l'eau, les enfants essaient d'attraper des poissons avec un filet emprunté à leurs tout nouveaux amis, qui sont là avec leurs grands-parents. On termine la journée avec une activité maquillage pour les petits, qui dévoreront ensuite leur souper au crépuscule – une pizza commandée au bistrot – toujours vêtus de leurs maillots humides. La soirée se terminera avec un feu de camp au chalet, où l'on fera griller des s'mores… et lorsque les enfants sont au lit, on lira quelques pages d'un roman avant de sombrer dans le sommeil. Et si c'était un peu ça, le bonheur ? Les frais d'hébergement ont été payés par Huttopia, qui n'a observé aucun droit de regard sur le contenu du reportage. L'embarras du choix Le village Huttopia Les Deux Lacs – Laurentides offre plus de 70 habitations de sept types différents, de la tente Bonaventure destinée aux amateurs de canot-camping (à partir de 84 $ la nuit) au chalet en bord de lac (à partir de 225 $ la nuit). Des emplacements avec électricité sont aussi accessibles aux tentes, roulottes et véhicules récréatifs (à partir de 50 $ la nuit). Consultez le site du village Huttopia

Trois voleurs armés terrorisent un couple, le bébé pleure à l'étage
Trois voleurs armés terrorisent un couple, le bébé pleure à l'étage

La Presse

time2 days ago

  • La Presse

Trois voleurs armés terrorisent un couple, le bébé pleure à l'étage

La caméra-sonnette de la résidence de L'Île-Bizard a filmé l'intrusion des trois voleurs. L'un d'entre eux tient un pistolet. Un intrus pose un pistolet sur le front d'une femme. Nue, elle s'agenouille à côté de son conjoint, déjà amoché. À l'étage, leur nourrisson est en pleurs. Les voleurs s'en fichent. Ils n'ont qu'une idée en tête : voler les bitcoins de leur cible. Mais c'était sans compter sur la hardiesse du couple captif… et une montre intelligente salvatrice. Ce qu'il faut savoir Un couple de L'Île-Bizard, à Montréal, a été attaqué dans sa résidence en 2023 par des voleurs tentant de s'approprier de la cryptomonnaie. Un bébé se trouvait dans la maison pendant l'attaque d'une grande violence. L'un des voleurs a plaidé coupable au palais de justice de Montréal. Cette attaque digne d'un film hollywoodien s'est déroulée en juin 2023 dans une résidence loin d'être luxueuse de L'Île-Bizard, à Montréal. Elle s'inscrit dans le phénomène mondial grandissant des tentatives de vol de cryptomonnaie, alors qu'un bitcoin vaut maintenant autour de 160 000 $. L'un des auteurs de ce vol est Joe-Marshall Altidort, 22 ans, qui a reconnu sa culpabilité à cinq chefs d'accusation à la mi-juillet au palais de justice de Montréal : introduction par effraction, vol qualifié, séquestration, voies de fait causant des blessures et utilisation d'une fausse arme à feu. PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE Joe-Marshall Altidort en 2023 Ses trois complices, dont le chauffeur, n'ont pas été arrêtés. Joe-Marshall Altidort ne connaissait pas ses victimes (appelons-les William* et Marie* pour préserver leur identité). Il exécutait un contrat au bénéfice d'un commanditaire, visiblement au courant du magot détenu par William en cryptomonnaie. Notons que William ne fait pas partie du milieu criminel. 5 h 24. Juin 2023. William sort de chez lui avec une somme importante en argent comptant. Sa conjointe et leur bébé dorment encore à l'étage. Aussitôt, trois hommes masqués et armés sortent des buissons et l'attaquent. Dans la maison, on lui place un couteau sur la gorge et on le met en joue avec une arme à feu. PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE L'un des voleurs, armé d'un couteau, devant la résidence « Ne bouge pas. On ne veut pas te blesser », lui dit un assaillant masqué, en anglais. Les voleurs permettent à William d'utiliser son cellulaire pour leur transférer de la cryptomonnaie à l'aide d'un code QR sur la plateforme d'échanges Binance. Mais William gagne du temps en simulant des difficultés pour exécuter le transfert. En parallèle, l'un des bandits pointe son pistolet sur le front de Marie, alors complètement nue. Il lui ordonne de s'agenouiller près de son conjoint. Leur bébé pleure alors, seul dans son lit. Marie remonte le voir. Mais un voleur refuse que la femme redescende avec le nourrisson. Il lui retire l'enfant des bras et la traîne au rez-de-chaussée par les cheveux. On lui attache les poignets et les jambes avec du ruban. Son conjoint en profite pour contacter le 911 sur sa montre intelligente. Furieux, les ravisseurs le rouent de coups. Dans le chaos, Marie réussit à se défaire de ses liens aux jambes et à s'enfuir chez un voisin. Pendant ce temps, William est enfermé au sous-sol, mais s'échappe à son tour. Les trois voleurs décampent alors sans avoir volé de cryptomonnaie. Toutefois, ils ont pris 23 000 $ en argent comptant et en traite bancaire, des bijoux et des vêtements luxueux, des articles électroniques et de l'argent dissimulé dans une cache dans une douche-téléphone. Piégé par un agent d'infiltration Une enquête d'envergure menée par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a permis de déterminer que Joe-Marshall Altidort était l'un des voleurs. Les limiers ont trouvé chez lui un sac volé chez les victimes et une fausse arme à feu correspondant à celle utilisée par son complice. PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE Une fausse arme à feu retrouvée chez Joe-Marshall Altidort correspond au pistolet utilisé pendant le vol. En détention, Joe-Marshall Altidort s'est retrouvé dans la même cellule qu'un agent d'infiltration. Le délinquant lui a révélé en détail son implication dans ce contrat de vol de cryptomonnaie. Ses complices étaient son frère et un ami, a-t-il raconté. Il a expliqué à l'agent que sa spécialité était le vol de voitures en Ontario et qu'il croyait être arrêté pour avoir lancé de l'acide sur un homme. Il a avoué à son codétenu être responsable de plusieurs incendies survenus durant l'été. Les audiences pour déterminer la peine de Joe-Marshall Altidort sont prévues en octobre prochain. Il reste détenu d'ici là. Me Véronique Warthold représente le ministère public, alors que Me Ramy El Turaby défend le délinquant. Plusieurs vols similaires Ce n'est pas le premier cas de vol de cryptomonnaie à faire les manchettes. En 2021, un influenceur français en cryptomonnaie et son collègue ont été ciblés par des voleurs dans un chalet des Laurentides. Les victimes affirment avoir été ligotées et battues par des voleurs armés. « Ils m'ont mis en joue. 'Tu as cinq secondes pour te mettre à genoux ou alors tu es mort' », avait relaté à La Presse une victime dans ce dossier, en 2024. Le Montréalais Michael-Elie Moussalem, accusé d'avoir orchestré ce guet-apens, n'a jamais eu son procès, car il a déguerpi aux États-Unis quelques jours avant sa comparution en octobre 2022. Il est visé par un mandat d'arrêt depuis juillet 2024. Mais selon le plumitif, il n'a pas été arrêté depuis. En avril dernier, trois hommes ont été accusés d'avoir battu et torturé pendant des heures un Montréalais pour lui soutirer 15 000 $ US en cryptomonnaie. Les voleurs auraient fait irruption dans l'appartement de leur cible à Verdun pour la forcer à leur transférer ses avoirs virtuels. Un influenceur actif dans le domaine des cryptomonnaies, Kevin Mirshahi, a été assassiné en octobre 2024, à Montréal, après avoir été enlevé par des ravisseurs. On ignore toutefois si ceux-ci ont tenté de lui voler de la cryptomonnaie. Plusieurs accusés devraient avoir leur procès d'ici l'an prochain dans ce dossier.

Nouvelle ère, nouveaux crimes
Nouvelle ère, nouveaux crimes

La Presse

time2 days ago

  • La Presse

Nouvelle ère, nouveaux crimes

Les crimes violents en lien avec le vol de cryptomonnaies font régulièrement les manchettes. La Presse a interrogé deux experts pour mieux comprendre cette nouvelle facette de la criminalité. Pourquoi les criminels se tournent-ils vers des méthodes violentes pour voler des cryptomonnaies ? Si user de la violence physique pour dérober des cryptomonnaies est si tentant pour des criminels, c'est paradoxalement à cause de la sécurité informatique entourant celles-ci, explique Mélissa Fortin, professeure au département des sciences comptables de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). « Il faut avoir d'excellentes connaissances techniques pour parvenir à pirater un compte de cryptomonnaie. Alors qu'avec la violence physique, on a directement accès à ce portefeuille », illustre-t-elle. Contrairement aux virements bancaires classiques, il est possible de faire des transactions de plusieurs millions en cryptomonnaies sans se heurter à un plafond fixé par une banque. Et une fois la transaction réalisée, impossible de faire marche arrière : elle est irréversible. Enfin, contrairement à un vol de bijoux ou d'œuvres d'art, il est relativement facile de blanchir puis de convertir le butin en dollars canadiens. « Certaines cryptomonnaies sont plus difficilement retraçables, donc les criminels peuvent par exemple échanger une cryptomonnaie contre une autre, à plusieurs reprises, pour blanchir l'argent dérobé », explique David Décary-Hétu, professeur à l'École de criminologie de l'Université de Montréal et directeur par intérim du Centre international de criminologie comparée. Quel est leur mode opératoire ? Les crimes violents liés aux cryptomonnaies peuvent prendre différentes formes. Les criminels peuvent cambrioler leur victime, l'enlever, la menacer ou la faire chanter, voire la blesser ou la tuer. « Le plus souvent, ils exigent un transfert direct de cryptomonnaies. Et une fois la transaction faite, elle est irréversible », indique Mélissa Fortin. Les voleurs peuvent cibler leurs victimes de différentes façons. D'abord, il est fréquent que des personnes ayant gagné le gros lot grâce aux cryptomonnaies s'en vantent sur les réseaux sociaux, s'affichant au volant de voitures de luxe ou portant des vêtements griffés, devenant par là même une cible de choix pour les criminels. Le bouche-à-oreille peut aussi jouer en la défaveur des personnes détenant des sommes importantes en cryptomonnaies, même si elles se font discrètes. Ou, plus rarement, il peut arriver que des proches les attaquent pour leur dérober une partie de leur magot. Enfin, des transactions directes en cryptomonnaies, de particulier à particulier, peuvent mettre la puce à l'oreille à des criminels. Comment se protéger ? Selon Mélissa Fortin, les crimes violents liés aux vols de cryptomonnaies semblent plus nombreux avec les années, stimulés par la valeur du bitcoin qui atteint aujourd'hui des sommets. « Je pense que le phénomène va probablement s'exacerber dans le temps », prévient-elle. S'il est difficile d'obtenir des chiffres précis, un groupe de chercheurs britanniques a tout de même répertorié plus d'une centaine d'agressions physiques visant spécifiquement des personnes détenant des cryptomonnaies depuis le début des années 2010. Dans près de 7 cas sur 10, les voleurs ont réussi leur coup. Et selon les chercheurs eux-mêmes, ce n'est probablement que la pointe de l'iceberg. Pour se prémunir contre de telles agressions, les deux experts recommandent de rester discret sur ses gains, que ce soit sur les réseaux sociaux ou auprès de son entourage. Mais outre les attaques physiques, il faut aussi se prémunir contre les cyberattaques. « Je suis pas mal certain que la plupart des vols de cryptomonnaies se font électroniquement », dit David Décary-Hétu. Il recommande donc d'adopter avant tout de bonnes pratiques sur le web pour éviter de tomber dans le panneau des cybercriminels, comme avoir une clé USB contenant une clé numérique permettant au propriétaire de s'identifier sur l'ordinateur qui contient ses actifs en cryptomonnaies. Si la clé USB est conservée dans un coffre à la banque, par exemple, cela permet de doublement se protéger – virtuellement et physiquement –, puisque la victime sera incapable d'effectuer une transaction sur-le-champ, même si un criminel le lui demande sous la contrainte.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store