24-07-2025
Face à la «France des salauds», Retailleau dégaine un plan de lutte contre les engins de mortiers
En visite au commissariat du XXe arrondissement, le ministre de l'intérieur a annoncé jeudi une batterie de mesures pour lutter contre l'arme de «prédilection des barbares».
Alors que la France des sous-préfectures et des villes moyennes vient d'être percutée de plein fouet par une séquence de violences urbaines ayant tour à tour embrasé les nuits de Béziers, Limoges, Nîmes ou encore Charleville-Mézières, Bruno Retailleau repasse à l'offensive avec des mots forts et une posture d'extrême fermeté. À l'occasion d'une visite ce jeudi au commissariat du XXe arrondissement où il a décoré un policier grièvement blessé à la main par un mortier d'artifice, le ministre de l'intérieur a fustigé cette « arme de prédilection des barbares » qui ont lancé une « guérilla urbaine » contre les forces de l'ordre. Ulcéré par le drame du policier blessé à la jambe et de l'appartement enflammé à Béziers, puis par celui de cet autre agent qui s'est retrouvé entre la vie et la mort après avoir été touché à la tête dans la Manche, le ministre a tenu son « discours de vérité » : « D'un côté, il y a la France qui s'engage, de l'autre la France qui s'ensauvage. D'un côté la France des héros, de l'autre la France des salauds ». Qui sont les « salauds » ? « Ceux qui tirent sur nos policiers, nos gendarmes et nos pompiers en organisant des guets-apens, des souricières pour tuer au nom de la haine anti-flics et anti-Etat. »
Bien décidé à enrayer cette spirale du chaos et désarmer les voyous, le premier flic de France a détaillé un plan de lutte contre les mortiers. D'abord, en renforçant le contrôle de ces armes par destination dont l'usage a bondi de 150% entre 2022 et 2024. « Il faut resserrer les mailles du filet », a insisté Bruno Retailleau citant en exemple l'action du préfet de police de Paris, Laurent Nuñez présent à ses côtés et dont les services ont saisi 11.068 engins pyrotechniques et interpellés 170 personnes lors d'opérations menées entre les 7 et 13 juillet derniers. Alors que des contrôles devraient se multiplier sur les axes routiers du pays, dans les entreprises de fret postal ainsi que dans les circuits de distribution par internet, le numéro cinq du gouvernement part en guerre contre l'impunité : « il faut augmenter la sanction car les peines ne sont pas suffisamment dissuasives ».
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Attaquer le mal à la racine
Pour « durcir » la réponse pénale, le ministre d'État a annoncé la présentation d'un projet de loi à la rentrée afin de punir d'un an d'emprisonnement la vente d'engin pyrotechnique à des non-professionnels. La peine serait portée à trois ans, en cas de vente à un mineur ou via le web. Le client sera aussi bien sûr dans le viseur puisque « l'achat, la détention et l'utilisation » de ces armes seront punis de trois ans d'emprisonnement, et à cinq ans si l'objectif est de détruire ou détériorer le bien d'autrui. » Les préfets pourront fermer les commerces vendant ces articles plus facilement tandis que la plateforme de police « Pharos » sera en mesure de bloquer les sites de ventes illégales qui sont en pleine expansion.
Pour lutter contre ces artifices souvent importés de Chine, avant de transiter par la Pologne et la République tchèque, le ministre de l'Intérieur a demandé lors du dernier conseil justice affaire intérieur (JAI) à proposer à ses homologues européens d'harmoniser la liste des engins et en harmoniser la liste pour renforcer les contrôles. « Les mortiers sont une conséquence, pas une cause des violences », a insisté Bruno Retailleau qui a décidé de « soigner les guérillas urbaines à la racine ». Depuis janvier, plus de 2000 interpellations ont été effectuées sur le front des narcotrafics, trois millions d'euros et 600 voitures ont été saisis et 200 commerces fermés.