Face à la «France des salauds», Retailleau dégaine un plan de lutte contre les engins de mortiers
Alors que la France des sous-préfectures et des villes moyennes vient d'être percutée de plein fouet par une séquence de violences urbaines ayant tour à tour embrasé les nuits de Béziers, Limoges, Nîmes ou encore Charleville-Mézières, Bruno Retailleau repasse à l'offensive avec des mots forts et une posture d'extrême fermeté. À l'occasion d'une visite ce jeudi au commissariat du XXe arrondissement où il a décoré un policier grièvement blessé à la main par un mortier d'artifice, le ministre de l'intérieur a fustigé cette « arme de prédilection des barbares » qui ont lancé une « guérilla urbaine » contre les forces de l'ordre. Ulcéré par le drame du policier blessé à la jambe et de l'appartement enflammé à Béziers, puis par celui de cet autre agent qui s'est retrouvé entre la vie et la mort après avoir été touché à la tête dans la Manche, le ministre a tenu son « discours de vérité » : « D'un côté, il y a la France qui s'engage, de l'autre la France qui s'ensauvage. D'un côté la France des héros, de l'autre la France des salauds ». Qui sont les « salauds » ? « Ceux qui tirent sur nos policiers, nos gendarmes et nos pompiers en organisant des guets-apens, des souricières pour tuer au nom de la haine anti-flics et anti-Etat. »
Bien décidé à enrayer cette spirale du chaos et désarmer les voyous, le premier flic de France a détaillé un plan de lutte contre les mortiers. D'abord, en renforçant le contrôle de ces armes par destination dont l'usage a bondi de 150% entre 2022 et 2024. « Il faut resserrer les mailles du filet », a insisté Bruno Retailleau citant en exemple l'action du préfet de police de Paris, Laurent Nuñez présent à ses côtés et dont les services ont saisi 11.068 engins pyrotechniques et interpellés 170 personnes lors d'opérations menées entre les 7 et 13 juillet derniers. Alors que des contrôles devraient se multiplier sur les axes routiers du pays, dans les entreprises de fret postal ainsi que dans les circuits de distribution par internet, le numéro cinq du gouvernement part en guerre contre l'impunité : « il faut augmenter la sanction car les peines ne sont pas suffisamment dissuasives ».
Publicité
Attaquer le mal à la racine
Pour « durcir » la réponse pénale, le ministre d'État a annoncé la présentation d'un projet de loi à la rentrée afin de punir d'un an d'emprisonnement la vente d'engin pyrotechnique à des non-professionnels. La peine serait portée à trois ans, en cas de vente à un mineur ou via le web. Le client sera aussi bien sûr dans le viseur puisque « l'achat, la détention et l'utilisation » de ces armes seront punis de trois ans d'emprisonnement, et à cinq ans si l'objectif est de détruire ou détériorer le bien d'autrui. » Les préfets pourront fermer les commerces vendant ces articles plus facilement tandis que la plateforme de police « Pharos » sera en mesure de bloquer les sites de ventes illégales qui sont en pleine expansion.
Pour lutter contre ces artifices souvent importés de Chine, avant de transiter par la Pologne et la République tchèque, le ministre de l'Intérieur a demandé lors du dernier conseil justice affaire intérieur (JAI) à proposer à ses homologues européens d'harmoniser la liste des engins et en harmoniser la liste pour renforcer les contrôles. « Les mortiers sont une conséquence, pas une cause des violences », a insisté Bruno Retailleau qui a décidé de « soigner les guérillas urbaines à la racine ». Depuis janvier, plus de 2000 interpellations ont été effectuées sur le front des narcotrafics, trois millions d'euros et 600 voitures ont été saisis et 200 commerces fermés.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


Le Parisien
an hour ago
- Le Parisien
« Française de papier », « rentre chez toi » : le calvaire quotidien des députés victimes de racisme
« Mon harcèlement a commencé le jour de mon investiture, et ça ne se calme pas depuis un an », confie Aly Diouara (LFI). Le député de la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis a partagé il y a deux semaines un courrier sur son compte X. « Il était d'une rare violence. Pourtant, on reçoit des mails et surtout des commentaires sur les réseaux sociaux tous les jours, mais là, il évoque l'esclavage, les mains coupées, il est menaçant », souffle l'Insoumis. « Depuis quand les esclaves réussissent à intégrer des postes en France ? » peut-on lire au début de ce courrier dans une police d'écriture de machine à écrire. « T'aimes pas la police, jamais ils viendront à ton secours. Je peux me défouler tranquille, tu vas strictement rien faire. Juste encaisser ta généalogie. »


Le Parisien
an hour ago
- Le Parisien
« On lit des horreurs » : quelles suites judiciaires face aux insultes et menaces racistes visant les députés ?
« On lance des procédures, on porte plainte, il y a parfois des mises en examen mais c'est long. Les propos racistes ou la diffamation sont difficiles à caractériser donc cela peut créer une forme d'impunité. » Cette sortie signée du député du Val-d'Oise Carlos Martens Bilongo (LFI) traduit bien la lassitude des parlementaires victimes de cyberharcèlement avec lesquels nous avons échangé. « Tant que le racisme n'est pas puni par des actions juridiques, il se poursuivra », ajoute l'élu insoumis. Le procureur de la République de Bobigny ne découvre pas ces critiques. « Je suis très attentif aux violences envers les élus, assure Éric Mathais. Chaque fois qu'on nous en signale, on ouvre une enquête. Et si on arrive à identifier les auteurs, on les poursuit. » Une magistrate référente sur cette question a d'ailleurs été nommée au parquet. « Chaque dossier qui implique des violences contre des élus doit lui être signalé et m'être remonté, afin qu'on ait une vigilance particulière », ajoute-t-il.


Le Figaro
8 hours ago
- Le Figaro
Législative partielle à Paris : vers un rapprochement entre Michel Barnier et Édouard Philippe, sur fond de tension avec Rachida Dati
Réservé aux abonnés INFO LE FIGARO - Alors que Les Républicains viennent d'investir l'ancien premier ministre, les discussions vont bon train. Le candidat à la 2e circonscription pourrait prendre en suppléance un visage Horizons. Comme un signe du destin. Alors qu'il arpentait les rues de la si convoitée 2e circonscription de Paris la semaine dernière, Michel Barnier, candidat désormais officiel des Républicains, a croisé un certain... Édouard Philippe. Rue de Grenelle, les deux anciens hôtes de Matignon ont longuement échangé, glisse-t-on pudiquement. Il faut dire que les deux hommes y ont vu un drôle de hasard, alors que cela fait plusieurs jours que leurs entourages discutent. Depuis que le Savoyard s'est lancé dans la course, au risque d'affronter Rachida Dati, le maire du Havre semblerait en effet s'intéresser de près à la bataille qui vient. Et pour cause, même si elle n'est pas particulièrement proche de lui, la ministre de la Culture est peu à peu devenue indissociable d'un certain Gabriel Attal depuis qu'elle a rejoint son gouvernement en 2024. Or, l'intéressé ayant mis la main sur le parti et le groupe présidentiels, il s'est imposé comme l'un des «héritiers» d'Emmanuel Macron… Au même titre qu'Édouard…