Dernières actualités avec #ZohranMamdani


La Presse
15-07-2025
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L'ancien gouverneur Andrew Cuomo reste dans la course
(New York) L'ancien gouverneur Andrew Cuomo s'est lancé lundi dans la course à la mairie de New York, relançant sa campagne après une cuisante défaite face au progressiste Zohran Mamdani lors des primaires démocrates. Anthony Izaguirre Associated Press Dans une vidéo, M. Cuomo a annoncé qu'il resterait dans la course pour affronter M. Mamdani, un élu socialiste démocrate, tout en prévoyant une refonte stratégique qui apporterait une approche plus personnelle à une campagne critiquée pour son éloignement des électeurs. « Le combat pour sauver notre ville n'est pas terminé, a expliqué Andrew Cuomo. Seuls 13 % des New-Yorkais ont voté lors des primaires de juin. Les élections générales auront lieu en novembre et je suis là pour les gagner. » Les critiques du programme progressiste de Zohran Mamdani, qui prévoit notamment une hausse des impôts pour les plus riches, ont appelé donateurs et électeurs à s'unir derrière un candidat unique pour les élections de novembre. Mais le champ est serré et M. Cuomo, ainsi que l'actuel maire Eric Adams, également candidat indépendant, sont désormais confrontés à la tâche complexe de rassembler suffisamment d'électeurs dans une ville majoritairement démocrate où M. Mamdani a acquis une influence significative. PHOTO JEENAH MOON, ARCHIVES REUTERS Zohran Mamdani, candidat démocrate à la mairie de New York Dans un communiqué, Jeffrey Lerner, porte-parole de Zohran Mamdani, a critiqué MM. Cuomo et Adams, soulignant que le candidat démocrate « s'attache à rendre cette ville plus abordable pour les New-Yorkais ». La décision de M. Cuomo de poursuivre son chemin est le dernier chapitre de sa tentative de retour, lancée près de quatre ans après sa démission de gouverneur en 2021 à la suite d'une avalanche d'allégations de harcèlement sexuel. Il a nié toute malversation durant la campagne, affirmant que le scandale était motivé par des considérations politiques. L'ancien gouverneur était le favori présumé pendant une grande partie de la primaire. Sa campagne, un véritable coup de maître, s'est largement appuyée sur sa grande expérience politique, sa notoriété universelle et une puissante campagne de financement, tout en limitant les entrevues dans les médias, en organisant peu d'évènements improvisés et en évitant de se mêler aux électeurs. Cette stratégie prudente contrastait fortement avec la campagne énergique de M. Mamdani, axée sur l'amélioration du coût de la vie dans la ville et qui a permis de rassembler une légion de bénévoles, tandis que son image perspicace sur les réseaux sociaux lui a valu une reconnaissance nationale. La victoire éclatante de Zohran Mamdani a provoqué un véritable tollé au sein du Parti démocrate, dynamisant les jeunes progressistes, mais aussi déstabilisant les modérés qui craignaient que les critiques du candidat envers Israël et son étiquette socialiste ne s'aliènent les électeurs centristes. Des faiblesses dans sa campagne Dans sa vidéo de lundi, M. Cuomo a semblé reconnaître les faiblesses de sa campagne, entrecoupant son dernier discours de retour sur la scène politique de séquences où il serre des mains et promettant de mener une campagne plus concrète. « Chaque jour, je vais parcourir la rue à votre rencontre, là où vous êtes, pour entendre le bon et le mauvais, les problèmes et les solutions, a-t-il dit, car au cours des prochains mois, il est de ma responsabilité de gagner votre vote. » Zohran Mamdani était relativement inconnu lorsqu'il a lancé sa candidature à la mairie, mais il a pris de l'ampleur avant de battre l'ancien gouverneur de plus de 12 points de pourcentage. M. Cuomo a concédé la course le soir même de l'élection. Malgré cette défaite, M. Cuomo était qualifié pour se présenter sur un bulletin de vote indépendant en novembre, sous la bannière d'un parti qu'il a créé, « Fight and Deliver ». M. Cuomo a commencé à perdre le soutien de ses alliés traditionnels alors qu'il hésitait à rester dans la course. Des syndicats et des dirigeants politiques clés ont commencé à se rallier à M. Mamdani. Le révérend Al Sharpton, un leader noir influent, a exhorté Andrew Cuomo à se retirer. Certains donateurs fortunés se sont entre-temps ralliés à Eric Adams. Bien qu'il soit toujours démocrate, M. Adams s'est retiré de la primaire peu après qu'un juge fédéral a rejeté une affaire de corruption à son encontre à la demande du département de la Justice du président Donald Trump, arguant que cette affaire l'avait écarté de sa campagne. PHOTO YUKI IWAMURA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS Le maire sortant de New York, Eric Adams Eric Adams a déclaré dans un communiqué publié par son équipe de campagne que « M. Cuomo perd du temps et divise les électeurs. » « Les gens ont parlé haut et fort : il a perdu. Pourtant, il continue de se placer au-dessus de son objectif principal : vaincre Mamdani et assurer l'avenir de notre ville », a expliqué M. Adams. Jim Walden, ancien procureur, se présente également comme candidat indépendant. Curtis Sliwa, fondateur de la patrouille anticriminalité des Guardian Angels, créée dans les années 1970, est du côté républicain. L'équipe de campagne de M. Cuomo a publié un communiqué plus tard lundi, indiquant que l'ancien gouverneur avait accepté une proposition de M. Walden selon laquelle « à la mi-septembre, nous déterminerons quel candidat est le plus fort face à M. Mamdani et tous les autres candidats se retireront, plutôt que de jouer les trouble-fêtes et de garantir l'élection de M. Mamdani. » MM. Adams et Sliwa ont tous deux insisté sur leur intention de ne pas abandonner la course.


La Presse
09-07-2025
- Politics
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Dénaturaliser, une nouvelle arme politique
(New York) Rudolph Giuliani voit d'un bon œil la dénaturalisation et l'expulsion de Zohran Mamdani, vainqueur de la primaire démocrate en vue de l'élection à la mairie de New York. « Je pense qu'il s'agit d'une demande très responsable et que le gouvernement devrait l'examiner compte tenu de la nature des propos qu'il tient », a déclaré l'ancien maire de New York lors de l'épisode du Benny Johnson Show diffusé le 27 juin dernier. PHOTO HAIYUN JIANG, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES Rudolph Giuliani, maire de New York de 1994 à 2001, en novembre dernier La dénaturalisation est le processus par lequel un citoyen naturalisé se voit retirer sa nationalité pour divers motifs. Né en Ouganda il y a 33 ans, Zohran Mamdani a été naturalisé américain en 2018. Il est arrivé à New York avec ses parents d'origine indienne à l'âge de 7 ans. La procédure de dénaturalisation est aussi en passe de devenir une arme politique pour Donald Trump et ses alliés. Lors de l'émission de Benny Johnson, Rudolph Giuliani avait été invité à commenter une requête formulée par le représentant républicain du Tennessee Andy Ogles. Dans une lettre datée du 26 juin, ce dernier a demandé à la procureure générale des États-Unis, Pam Bondi, d'ouvrir une enquête pour déterminer si Zohran Mamdani devrait faire l'objet d'une procédure de dénaturalisation. PHOTO KEN CEDENO, ARCHIVES REUTERS La procureure générale des États-Unis, Pam Bondi, en compagnie du président Donald Trump, le 27 juin dernier Il a fondé sa requête en citant notamment les paroles d'une chanson écrite et interprétée par le candidat démocrate socialiste à l'époque où il était rappeur. La chanson contient les paroles « Libérez les cinq de la Terre sainte/Mes potes », allusion à cinq anciens dirigeants d'une association caritative musulmane installée au Texas – la Holy Land Foundation. Ces derniers ont été condamnés en 2009, à l'issue de procédures critiquées, à des peines d'emprisonnement de 15 à 65 ans pour avoir « acheminé 12 millions de dollars au Hamas ». Donald Trump a également remis en question le statut de Zohran Mamdani, le jour même du commentaire de Rudolph Giuliani, nommé récemment à un comité consultatif du département de la Sécurité intérieure. « Beaucoup de gens disent qu'il est ici illégalement. Nous allons tout examiner », a-t-il déclaré, tout en promettant d'arrêter celui qu'il qualifie de « communiste » s'il tentait d'empêcher les agents du service de l'immigration (ICE) de faire leur travail à New York. Nouvelle directive fédérale Le même jour, un journaliste a demandé au président s'il pourrait expulser Elon Musk, qui pourfendait alors son One Big Beautiful Bill et promettait de créer un nouveau parti advenant son adoption par le Congrès. « Nous devrons examiner ça », a répondu le locataire de la Maison-Blanche. Né en Afrique du Sud et naturalisé américain en 2002, Elon Musk n'a pas répondu directement à la menace de Donald Trump, contrairement à Zohran Mamdani. PHOTO ANGELA WEISS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Zohran Mamdani Le président des États-Unis vient de menacer de me faire arrêter, de me déchoir de ma citoyenneté, de me placer dans un camp de détention et de m'expulser. Non pas parce que j'ai enfreint une loi, mais parce que je refuse de laisser l'ICE terroriser notre ville. Zohran Mamdani, dans un communiqué Ces allusions à la dénaturalisation de Zohran Mamdani ou d'Elon Musk n'auront peut-être pas de suite. Mais, coïncidence ou non, elles interviennent quelques jours à peine après la diffusion d'une nouvelle directive du département de la Justice concernant cette procédure. « La division civile [du département de la Justice] doit donner la priorité et poursuivre au maximum les procédures de dénaturalisation dans tous les cas autorisés par la loi et étayés par des preuves », peut-on lire dans la directive. La note précise que la priorité doit être donnée aux cas où « un individu a soit 'obtenu illégalement' la naturalisation, soit obtenu la naturalisation par 'dissimulation d'un fait matériel ou par fausse déclaration délibérée' ». Elle cible aussi tout citoyen naturalisé qui « représente une menace potentielle à la sécurité nationale ». « Incompatible avec notre système démocratique » L'administration Trump n'est évidemment pas la première à lancer des procédures de dénaturalisation contre des individus ayant falsifié leurs documents ou caché leur passé criminel pour obtenir la citoyenneté américaine. L'administration Obama a notamment mis sur pied un programme appelé « Opération Janus » qui exploitait les banques de données, y compris les empreintes digitales, pour identifier les personnes ayant obtenu la citoyenneté par des moyens frauduleux. Mais certains juristes craignent une politisation de la procédure de dénaturalisation sous l'administration Trump II. Selon eux, les déclarations des Trump, Giuliani et Ogles à propos de Zohran Mamdani envoient un message clair aux quelque 20 millions de citoyens américains naturalisés : les critiques de l'administration sont susceptibles de faire l'objet d'une enquête pouvant mener à une procédure de dénaturalisation. Selon Cassandra Burke Robertson, professeure de droit à l'Université Case Western, le lien entre la procédure de dénaturalisation et la politique est « beaucoup plus étroit que par le passé ». « Et pour moi, c'est très inquiétant, déclare-t-elle en entrevue. Parce que s'en prendre à des personnes pour des raisons politiques, c'est vraiment un effort pour étouffer la dissidence. C'est incompatible avec notre système démocratique. Nous voulons que les gens participent au processus politique, nous voulons qu'ils votent, nous voulons qu'ils expriment leur désaccord avec le gouvernement. C'est la raison pour laquelle les États-Unis se sont battus pour leur indépendance. » L'administration Trump ne serait pas la première à politiser les procédures de dénaturalisation. De 1906 à 1967, celles-ci ont servi d'« outil pour débarrasser la population américaine d''indésirables' », a écrit l'historien Patrick Weil dans un livre publié en 2012 et intitulé The Sovereign Citizen : Denaturalization and the Origins of the American Republic. Ont figuré parmi ces « indésirables » les fascistes et les communistes, entre autres. Cependant, un arrêt de la Cour suprême a mis fin à cette pratique en 1967, garantissant de façon absolue la sécurité juridique de toute personne née ou naturalisée aux États-Unis, sauf dans les cas de fraude ou de crimes contre l'humanité. Il s'agit peut-être d'une autre garantie à laquelle l'administration Trump pourrait vouloir s'attaquer dans le cadre de son projet de purger les États-Unis de tous ceux et celles qu'elle considère comme « indésirables ».