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Keller-Sutter refuse de se mouiller face à cet impôt que beaucoup veulent voir disparaître
La Saint-Galloise rappelle que l'idée d'abolir cet impôt vient du parlement. Mais elle juge positif que le peuple puisse enfin trancher la question. Publié aujourd'hui à 16h01
Le Conseil fédéral défend toujours les projets du parlement, a rappelé Karin Keller-Sutter, ministre des Finances et actuelle présidente de la Confédération.
En bref:
C'est une campagne éclaire et intense qui s'annonce sur l'abolition de la valeur locative soumise au vote le 28 septembre. Après le calme estival, les choses sérieuses ont commencé ce vendredi, avec Karin Keller-Sutter venue défendre le projet. Mais en l'écoutant, on se demandait parfois si l'on assistait vraiment à une présentation en faveur du oui.
La ministre des Finances a répété que la proposition venait du parlement. Est-elle, elle-même, convaincue? «Le Conseil fédéral défend toujours les projets adoptés par le parlement, répond-elle d'abord. Si nous soutenons cette réforme, c'est qu'elle est conséquente.» L'abolition de la valeur locative entraîne en effet la fin des déductions fiscales des travaux de rénovation, mais aussi des intérêts de la dette. Ce qui permet d'assurer un certain équilibre.
Mais il y aura tout de même un manque à gagner fiscal. Compte tenu des taux hypothécaires actuels, il est estimé à 1,7 milliard pour les collectivités publiques. Pour le compenser, la réforme prévoit un nouvel impôt sur les résidences secondaires, que les cantons pourraient introduire. Formellement, c'est sur la création de cette nouvelle taxe que nous voterons. Les deux projets étant liés, il faut qu'elle soit acceptée pour que l'abolition de la valeur locative passe. Et inversement.
Alors que les finances de la Confédération sont dans le rouge et que l'heure est aux économies, est-ce vraiment le bon moment pour une telle réforme? La grande argentière s'en est sortie avec une pirouette. «Je trouve positif que le peuple puisse enfin trancher la question de l'abolition de valeur locative, dont on parle depuis si longtemps, explique Karin Keller-Sutter. Si le peuple dit non, je pars du principe que le débat sera clos. Pour un moment du moins.» Mazzone, Broulis et Wermuth, main dans la main sur la valeur locative
Si Karin Keller-Sutter a refusé de trop se mouiller ce vendredi, il en sera tout autrement la semaine prochaine avec l'entrée en piste des partisans et des opposants, car le contexte est explosif. Il y a deux jours, la publication du premier sondage Tamedia (éditeur de ce contenu) montrait que le oui (65%) avait une large avance sur le non (30%). Mais l'enquête montrait surtout une large part d'indécis. De quoi motiver chaque camp à combattre d'ici au 28 septembre.
Et comme l e monde ne sera pas touché de la même manière par cette réforme, il ne s'agira pas d'un duel classique gauche-droite ou propriétaires-locataires.
Lundi, les partisans ouvriront les hostilités avec une campagne axée sur le thème «oui à des impôts équitables». Le podium réunira des élus de l'UDC, du PLR, du Centre et des Vert'libéraux, mais aucun président de parti. Le camp du oui estime qu'abolir la valeur locative mettra fin à «une relique injuste», qui impose «un revenu fictif». «Les familles et les retraités à faible revenu sont particulièrement touchés par cette charge inutile. La valeur locative constitue également un obstacle majeur pour les personnes qui acquièrent ou héritent d'un logement.»
Quel sera l'effet de l'abolition de la valeur locative sur l'acquisition et la construction de logement?
LMS L'équité fiscale en Suisse au cœur de la votation?
Selon les partisans, la suppression de la valeur locative permettra ainsi d'instaurer une plus grande équité fiscale. «La modification constitutionnelle prévue donne ensuite aux cantons la possibilité d'introduire un impôt foncier sur les résidences secondaires afin de compenser en partie les éventuelles pertes fiscales.»
Mardi, la réplique sera donnée par une coalition qui réunit les présidents des Verts et du PS, Lisa Mazzone (GE) et Cédric Wermuth (AG), mais aussi Pascal Broulis (PLR/VD) et des représentants de la construction. Leur slogan: «Non à l'arrêt des rénovations.» Ils craignent que la suppression de la valeur locative entraîne un arrêt brutal des rénovations.
Pascal Broulis (PLR/VD) fait partie du comité qui s'oppose à la suppression de la valeur locative.
Yvain Genevay / Tamedia
Pour eux, ce changement de système ne profitera qu'à une minorité de la population suisse. «Sans rénovations, les maisons perdront de la valeur et le secteur de la construction subira une baisse des commandes et des emplois. La classe moyenne devra compenser des pertes fiscales en milliards par des hausses d'impôts et des dépenses importantes ne pourront plus être déduites des impôts.» À noter que les cantons sont aussi dans le camp du non.
Tout comprendre à la valeur locative et au nouvel impôt sur les résidences secondaires Newsletter
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Florent Quiquerez est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2015. Spécialisé en politique, il couvre avant tout l'actualité fédérale. Auparavant, il a travaillé comme correspondant parlementaire pour les Radios Régionales Romandes. Plus d'infos
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