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Le Figaro
2 days ago
- Le Figaro
Fraude, vols, incivilités... La police du rail sur le qui-vive à l'heure des grands départs
REPORTAGE - Alors que ce samedi 5 juillet marque le début des vacances d'été, les agents de la Sûreté ferroviaire de la SNCF redoublent de vigilance pour assurer tranquillité des voyageurs. À chaque prise de service, c'est le même rituel. Leur gilet pare-balles enfilé, Hervé, Olivier et Maylis s'enferment dans une salle aux airs de coffre de banque pour s'équiper de leurs armes de service : pistolet, matraque télescopique et gaz lacrymogène. Sans oublier leur radio et leur caméra-piéton, activée dans les situations les plus tendues. Affectés à la direction de zone sûreté (DZS) de Paris IDF Sud, les trois agents font partie des 3200 que compte la Sûreté ferroviaire, une entité du groupe SNCF chargée d'assurer la sécurité des voyageurs, des personnels et des biens du réseau ferré national. Aide à l'embarquement, lutte contre la fraude et les vols de bagages, répression des incivilités envers les contrôleurs ou les passagers, levée de doute sur les bagages abandonnés... L'éventail des missions répond à leur devise inscrite sur leur écusson depuis 1914, année de création de la «Sûreté générale» (SUGE), ancêtre de la sûreté ferroviaire : «Transporter, intervenir, protéger». Dans les gares et à bord des trains, la présence de cette «police du rail» est de nature à rassurer le million de voyageurs attendu en ce week-end de grands départs en vacances. Bagage abandonné et chien renifleur Newton, l'un des 75 chiens détecteurs d'explosifs de la sûreté ferroviaire, est dépêché pour une levée de doute sur un bagage oublié à bord d'un TGV. Jean-Marc De Jaeger / Le Figaro Publicité «Avec la police nationale et le groupe de protection et de sécurité des réseaux (GPSR) de la RATP, la sûreté ferroviaire de la SNCF constitue une sorte de continuum de sécurité dans les transports», décrit Hervé, l'aîné de l'équipe avec ses 25 ans d'expérience. Ce qui nous distingue des autres entités, c'est notre périmètre d'action et notre expertise sur la complexité du milieu ferroviaire.» En tenue ou en civil, avec ou sans arme, les agents sont tous issus de l'université de la sûreté SNCF qui assure une formation théorique (droit, déontologie...) et pratique (tir au pistolet, techniques de combat...) proche de celle dispensée aux futurs policiers. Une fois diplômés, ils sont assermentés et habilités à intervenir auprès de tous les opérateurs ferroviaires circulant en France : SNCF Voyageurs, mais aussi Trenitalia, Renfe ou Transdev entre Marseille et Nice. En ce début de matinée de juin, Hervé, Olivier et Maylis commencent leur service par une ronde de surveillance en gare de Paris-Montparnasse. Mais bien vite, leur radio grésille : «Un chef de bord signale un bagage abandonné dans un TGV à l'arrivée, voie 3.» Notre équipe se rend sur place en attendant l'intervention de la brigade canine. Après avoir établi un périmètre de sécurité, Newton est dépêché pour une «levée de doute» en compagnie de son maître attitré. L'absence de réaction du malinois, qui fait partie des 75 chiens détecteurs d'explosifs de la sûreté ferroviaire – auxquels s'ajoutent 60 chiens d'intervention –, est rassurante : le bagage ne contient rien de suspect et finira au bureau des objets trouvés, avec amende à la clé pour son propriétaire. «Cette intervention rapide a permis de limiter les conséquences sur le trafic, soulignent les agents. Après la découverte d'un colis abandonné, l'intervention de l'une de nos équipes cynotechniques doit se faire dans les 20 minutes. Passé ce délai, la procédure de levée de doute est confiée aux forces de l'ordre qui peuvent alors mobiliser une équipe de démineurs, voire évacuer la gare.» Et de rappeler que l'étourderie des passagers est la première cause de retard des trains en France. Une coordination avec les forces de l'ordre Maylis, Olivier et Hervé suppléent les agents de bord pendant leur opération de contrôle des titres de transport. Jean-Marc De Jaeger / Le Figaro L'incident résolu, nos trois agents embarquent à bord d'un TGV inOui à destination de Bordeaux, un trajet qui n'est pas choisi au hasard. «Nous travaillons avec les opérateurs de transports et les autorités de police afin d'identifier les trains à accompagner en priorité», souligne Hervé. L'essentiel des missions se fait dans les trains de banlieue qui représentent 10 % du réseau ferré mais près de 80 % des voyageurs au niveau national. Les missions dans les TGV sont peu fréquentes : «Les trains grandes lignes présentent généralement peu de problèmes par rapport à celles de banlieue», ajoute-t-il. Leurs interventions se font également en fonction des signalements émis par les passagers eux-mêmes au numéro d'alerte SNCF (3117 par téléphone ou 31177 par SMS). Peu après le départ, les agents de la sûreté ferroviaire ont pour habitude de passer dans chaque voiture, à la fois pour repérer d'éventuelles anomalies et montrer leur présence à l'ensemble des passagers. Après le contrôle des billets, le chef de bord leur signale la présence d'une jeune femme qui n'a pas présenté sa pièce d'identité pour justifier d'une réduction. L'étudiante déclare se l'être fait voler et, faute de pouvoir présenter l'original, montre une photo du document sur son smartphone. Le personnel fait preuve de clémence : le chef de bord dresse le procès-verbal sur la base des informations fournies, mais aurait pu aussi contacter les forces de l'ordre pour vérifier son identité. Éviter les sabotages et vols de cuivre Olivier (à gauche) et Hervé (à droite) et Maylis profitent d'un arrêt en gare de Vendôme - Villiers-sur-Loir TGV pour passer d'une rame à l'autre. Jean-Marc De Jaeger / Le Figaro Publicité Un peu plus tard pendant le trajet, un autre passager n'aura pas droit à la même clémence. «Un homme, la vingtaine, n'a pas son billet et refuse de décliner son identité», leur indique le chef de bord. Le fraudeur est introuvable, et pour cause : il a profité de l'arrêt en gare de Vendôme - Villiers-sur-Loir TGV pour passer de la rame de queue à la rame de tête et ainsi terminer son trajet incognito. Raté : le fraudeur est repéré par les contrôleurs de l'autre rame et sera interpellé au terminus par une autre équipe de la sûreté ferroviaire, qui pourra le livrer à la police s'il se montre peu coopératif. En dehors des missions auprès des voyageurs, la sûreté ferroviaire a aussi en charge la surveillance de l'ensemble du réseau ferré national (voies, ateliers de maintenance...), notamment au moyen de drones. Vol de cuivre, dégradation du matériel, sabotages... Autant de fléaux qui pèsent sur les intérêts financiers de la SNCF : le vol de cuivre représente à lui seul 20 à 30 millions d'euros de pertes par an. La fiabilité du service s'en trouve affectée. Que l'on se souvienne du sabotage coordonné qui a paralysé la quasi-totalité des lignes à grande vitesse le jour d'ouverture des Jeux olympiques de Paris, en juillet 2024. En œuvrant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, la sûreté ferroviaire s'assure qu'un tel chaos ne se reproduise plus, en particulier à une période aussi cruciale que les grandes vacances. EN VIDÉO - Gare Montparnasse: un jeune catholique verbalisé pour avoir entonné un chant de grâce


Le Figaro
4 days ago
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«Sales arabes», «vous devez tout à la France» : deux enquêtes ouvertes pour propos racistes dans des services de la métropole de Lyon
Des propos racistes tenus contre les usagers et le personnel par des managers ont été remontés par le syndicat CFTC, qui pointe le délai de réaction de la métropole. «À la base, nous voulions laver notre linge sale en famille mais nous n'avons pas été écoutés». Le syndicat CFTC alerte sur la tenue de propos racistes dans deux services distincts de la métropole de Lyon, selon une information du Progrès confirmée au Figaro. Une alerte d'abord relayée auprès du cabinet du président de la collectivité, Bruno Bernard (EELV), sans que les syndicats ne soient informés des suites. Son entourage assure à l'inverse qu'une enquête a été ouverte dès réception des signalements. La première scène se déroule au mois d'octobre dernier, sur le plateau d'un service important de la collectivité comptant 9000 agents dont 1000 rue du Lac, dans le 3e arrondissement de Lyon. «Un agent appelle son manager pour lui signifier un arrêt maladie, retrace une responsable syndicale au Figaro. Et en raccrochant il dit comme cela devant tout le monde : 'ce n'est pas possible ces sales arabes qui tombent malades.' C'est un racisme décomplexé». Publicité Plusieurs collaborateurs, choqués sont allés voir la responsable du manager, demandant une rencontre. Sans nouvelles, ils en réfèrent à la N+3, qui reçoit le manager. «Elle a évoqué 'une indélicatesse', ce sont ses termes, prenant à son compte la défense du manager». «Quand on est migrant on ne fait pas d'enfant» L'autre «cas» remonté par le syndicat est «plus systémique». «Ce sont des propos racistes tenus envers le public reçu, et en présence de professionnels dont la plupart sont des travailleurs sociaux», racontent les syndicalistes. «Vous devez tout à la France», aurait déclaré une chef d'équipe à un usager. «Quand on est migrant on ne fait pas d'enfant», aurait hurlé une seconde à une mère de famille. «Ils les appellent 'tête blonde', disent 'à tes souhaits' quand une personne épelle son prénom, ou prennent des accents supposés étrangers», poursuit la CFTC. Au point de créer «un climat qui impacte le fonctionnement des travailleurs», selon le syndicat. Une salariée aurait démissionné pour ces raisons. Elle a accepté de témoigner par écrit. «C'est un racisme systémique qui est mis en place», attaque la CFTC évoquant aussi une «pression» sur les personnes assistants aux réunions syndicales. La situation paraît extrêmement grave aux syndicalistes qui alertent directement le directeur de cabinet du président de la métropole le 27 février, lui remettant des éléments à charge. «Il nous a dit qu'il allait regarder et transmettre, se remémorent les syndicalistes. Le souci c'est que les délais sont inacceptables» Réaction tardive de la métropole La métropole assure prendre «très au sérieux la lutte contre toutes les discriminations» et avoir immédiatement mobilisé ses services dont la cellule discrimination «missionnée dès réception de témoignages documentés». D'après la CFTC pourtant, cette cellule dédiée n'a été alertée que tardivement, au mois d'avril. Publicité «Une enquête a été ouverte sur les deux signalements. Des auditions sont en cours. La métropole se donne le temps et les moyens d'une enquête sérieuse, poursuit la collectivité. Une enquête administrative sera ouverte dès la rentrée. Ses conclusions sont attendues d'ici la fin de l'année.» De leur côté, les syndicalistes regrettent le manque de diligence et de mesures conservatoires, «alors que ces situations ont largement impacté les services concernés». Ils pointent aussi la longueur de l'enquête.