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La Presse
26-07-2025
- Politics
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Les affrontements font 33 morts, appel au cessez-le-feu
Des soldats cambodgiens se tiennent sur un camion muni d'un canon antiaérien dans la province d'Oddar Meanchey, le 26 juillet 2025. (Samraong) Les combats frontaliers entre le Cambodge et la Thaïlande ont fait 33 morts de part et d'autre de la frontière, selon les derniers bilans disponibles samedi, Phnom Penh appelant à un « cessez-le-feu immédiat ». Suy SE avec Montira RUNGJIRAJITTRANON à Bangkok Agence France-Presse Ce différend frontalier couve de longue date et a dégénéré jeudi en affrontements impliquant des avions de combat, des chars, des troupes au sol et l'artillerie. Un niveau de violence jamais vu depuis 2011, qui a conduit le Conseil de sécurité de l'ONU à se réunir d'urgence. Samedi, le ministère de la Défense à Phnom Penh a affirmé que 13 personnes avaient été tuées et 71 autres blessées du côté cambodgien. La Thaïlande dénombre quant à elle 20 morts sur son sol, parmi lesquels six soldats. Tirs d'artillerie Au total, le bilan dépasse celui de la précédente série d'affrontements frontaliers majeurs entre les deux pays, qui avaient fait 28 morts entre 2008 et 2011. Les heurts ont éclaté au niveau de temples vieux de plusieurs siècles, avant que les combats ne se propagent le long de la frontière, qui consiste notamment en une longue ligne de crête de collines recouvertes d'arbres, entourées de jungle et de cultures de caoutchouc, de riz et d'ail. Les deux camps ont signalé des combats vers 5 h (18 h, heure de l'Est, vendredi) sur la côte. Phnom Penh a accusé les forces thaïlandaises d'avoir tiré « cinq obus d'artillerie lourde » en plusieurs endroits dans la province de Pursat, frontalière de la Thaïlande. Des journalistes de l'AFP présents dans la ville cambodgienne de Samraong, près de la frontière, ont entendu des tirs d'artillerie samedi. Un villageois thaïlandais réfugié à l'intérieur d'un abri joint au téléphone dans la province de Sisaket, à quelque 10 km de la frontière, a lui aussi évoqué le grondement des canons. « Je veux juste que cela se termine le plus rapidement possible », a déclaré Sutian Phiewchan à l'AFP. Les affrontements ont contraint plus de 138 000 personnes à évacuer les régions thaïlandaises adossées à la frontière, tandis qu'au Cambodge, plus de 35 000 personnes ont dû fuir leur domicile. PHOTO SOVEIT YARN, REUTERS Des Cambodgiens déplacés reçoivent de l'eau au camp de réinstallation de Battkhao dans la province d'Oddar Meanchey, au Cambodge, le 26 juillet 2025, alors que les affrontements frontaliers entre la Thaïlande et le Cambodge entrent dans leur troisième jour. À l'issue de la réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l'ONU vendredi à New York, l'ambassadeur cambodgien aux Nations unies, Chhea Keo, a fait savoir que son pays souhaitait un cessez-le-feu. « Le Cambodge a demandé un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et nous avons également appelé à un règlement pacifique du conflit », a-t-il dit à la presse. Différend frontalier Le ministre thaïlandais des Affaires étrangères Maris Sangiamposa a appelé samedi le Cambodge à faire preuve d'une « véritable sincérité pour mettre fin au conflit ». « J'exhorte le Cambodge à cesser de violer la souveraineté thaïlandaise » et à se tourner vers le « dialogue bipartite », a dit le ministre à la presse. Vendredi, avant la réunion aux Nations unies, la Thaïlande avait dit laisser la porte ouverte à des négociations, avec la Malaisie comme possible intermédiaire. Ce dernier pays préside actuellement l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), dont la Thaïlande et le Cambodge sont membres. Les deux camps s'accusent d'avoir ouvert le feu en premier. La Thaïlande affirme que le Cambodge a ciblé des infrastructures civiles, dont un hôpital et une station-service, ce dont Phnom Penh s'est défendu. Le Cambodge accuse pour sa part les forces thaïlandaises d'utiliser des armes à sous-munitions. L'ancien premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra, une personnalité influente dans le royaume, s'est rendu samedi dans plusieurs abris pour y rencontrer des personnes évacuées. « L'armée a besoin d'achever ses opérations avant que tout dialogue ne puisse avoir lieu », a lancé M. Thaksin devant la presse. PHOTO TANG CHHIN SOTHY, AGENCE FRANCE-PRESSE Des personnes fuient leurs maisons près de la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande dans la province d'Oddar Meanchey, le 26 juillet 2025. Ces combats constituent une escalade majeure dans le conflit entre le Cambodge et la Thaïlande au sujet de leur frontière commune de 800 kilomètres. Les deux États contestent son tracé, défini à l'époque de l'Indochine française. Une décision de la Cour internationale de justice des Nations unies en 2013 a réglé le problème pendant plus d'une décennie mais la crise actuelle a éclaté en mai lorsqu'un soldat cambodgien a été tué au cours d'un échange nocturne de tirs dans la zone dite du « Triangle d'émeraude ». Les relations entre Bangkok et Phnom Penh se sont particulièrement détériorées le mois dernier lorsque l'ancien premier ministre cambodgien Hun Sen a diffusé l'enregistrement de propos tenus par la cheffe du gouvernement thaïlandais d'alors, Paetongtarn Shinawatra, au sujet du différend frontalier. Cette fuite a provoqué une crise politique en Thaïlande. Les propos de la responsable politique, par ailleurs fille de M. Thaksin, ont été interprétés comme un désaveu des généraux de Bangkok et ont conduit à sa suspension par la Cour constitutionnelle.


Le HuffPost France
24-07-2025
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Thaïlande - Cambodge : ce que l'on sait des vifs affrontements entre les deux pays
ASIE - Un conflit armé de plus ? Des affrontements frontaliers d'une intensité rare opposent ce jeudi 24 juillet la Thaïlande et le Cambodge. Des avions de combat thaïlandais ont frappé des cibles militaires cambodgiennes, et des tirs d'artillerie attribués au Cambodge ont fait au moins 9 morts selon Bangkok, dont un enfant. Des tensions accumulées depuis plusieurs semaines qui culminent ce jeudi matin, après un nouvel échange de coups de feu près de vieux temples disputés, au niveau de la province thaïlandaise de Surin (nord-est) et celle cambodgienne d'Oddar Meanchey (nord-ouest). Le HuffPost fait le point sur la situation. Que se passe-t-il aujourd'hui ? Alors que le conflit semble s'embraser, les deux armées s'accusent mutuellement d'avoir fait feu en premier. L'armée thaïlandaise affirme que ses adversaires ont tiré vers 8 h 20 à environ 200 mètres de la base thaïlandaise, après qu'un drone a survolé la zone contestée et que six soldats cambodgiens armés s'étaient approchés d'une clôture barbelée. De son côté, la porte-parole du ministère cambodgien de la Défense, Maly Socheata, accuse l'armée thaïlandaise d'avoir « violé l'intégrité territoriale du Cambodge en lançant une attaque armée sur les forces cambodgiennes. » « Les forces armées cambodgiennes ont exercé leur droit de légitime défense [...] pour repousser l'incursion thaïlandaise », a-t-elle assuré. Selon l'armée thaïlandaise, des tirs d'artillerie cambodgiens dans le nord-est de la Thaïlande ont fait au moins neuf morts, dont un enfant de huit ans, et 14 blessés. La Thaïlande a quant à elle déployé six avions de combat F-16 pour frapper « deux cibles militaires cambodgiennes au sol », a déclaré le porte-parole adjoint des forces armées, Ritcha Suksuwanon. Le Cambodge n'a pas communiqué de bilan à la suite de ces frappes. D'où viennent ces tensions ? Les deux royaumes d'Asie du Sud-Est se déchirent de longue date sur le tracé de leur frontière commune, définie durant l'Indochine française, notamment autour d'une zone contestée surnommée le « Triangle d'émeraude ». Mais le bras de fer entre Bangkok et Phnom Penh s'est intensifié depuis la mort d'un soldat khmer fin mai, menant finalement à ces affrontements ce jeudi. Mercredi déjà, Bangkok avait rappelé son ambassadeur en place à Phnom Penh et expulsé de son territoire l'ambassadeur cambodgien, après qu'un soldat thaïlandais a perdu une jambe en marchant sur une mine à la frontière. Une enquête de l'armée thaïlandaise a permis de déterminer que le Cambodge avait posé de nouvelles mines terrestres à la frontière, ont indiqué les autorités thaïlandaises. Le Cambodge a rejeté ces accusations, et indiqué que des zones frontalières restent infestées de mines actives datant de « guerres du passé ». Les tensions ont conduit le Cambodge à suspendre l'importation de certains produits thaïlandais, et la Thaïlande à restreindre les déplacements aux points de passage à la frontière. L'inquiètude de la communauté internationale L'ambassade thaïlandaise au Cambodge a appelé ses concitoyens à quitter le pays « le plus tôt possible ». Le Premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, a estimé que « la situation exigeait une gestion prudente » et « d'agir conformément au droit international ». « Nous ferons de notre mieux pour protéger notre souveraineté. » Le ministère cambodgien des Affaires étrangères a de son côté condamné l' « agression militaire » thaïlandaise et Phnom Penh a annoncé avoir rétrogradé au « plus bas niveau » les relations diplomatiques avec son voisin. Le Premier ministre cambodgien Hun Manet a partagé sur Facebook une lettre qu'il a adressée au président du Conseil de sécurité de l'ONU dans laquelle il dénonce les attaques « non-provoquées, préméditées et délibérées » de la Thaïlande, réclamant une réunion « d'urgence » du Conseil de sécurité. Dès lors, l'inquiétude dépasse les frontières de ces deux pays. La Chine, qui entretient traditionnellement de bonnes relations avec les deux parties, les a exhortés à résoudre leur différend frontalier par le dialogue, se disant « profondément préoccupée », selon un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Guo Jiakun. La France déconseille fortement quant à elle d'effectuer des « déplacements dans les zones situées entre Phanom Dong Rak et Chong Bok, limitrophes du Cambodge. »