15-07-2025
Un syndicat monte au front: Philip Morris critiqué pour le licenciement de ses testeurs
Unia reproche à la multinationale sise à Lausanne de laisser sur le carreau 80 dégustateurs de produits en sous-traitance. Le géant du tabac renvoie la balle aux sociétés qu'il a mandatées. Publié aujourd'hui à 18h34
Le siège international de Philip Morris, à Lausanne. La multinationale est critiquée pour son «absence de dialogue», selon Unia, avec les dégustateurs de produits qui ont perdu leur job.
KEYSTONE
En bref:
Le syndicat Unia dénonce le comportement de Philip Morris , dont le centre mondial des opérations se situe à Lausanne, envers environ 80 dégustateurs de produits. Leur engagement était sous-traité à SAM Sensory and Marketing depuis onze ans.
La multinationale active dans les produits de tabac, mais aussi alternatifs à la fumée traditionnelle, a mis fin au contrat avec SAM en avril 2025. Cette rupture provoque le licenciement de l'ensemble du personnel pour le 31 juillet. Selon le syndicat, sans proposition de transfert vers le nouveau sous-traitant, MMR Research , ni de mesures d'accompagnement.
Unia donne des détails sur le contexte socioprofessionnel: «Cet emploi, qui nécessite capacités gustatives, concentration et suivi d'entraînements, est exercé, en raison de sa particularité, à un très faible taux d'activité.» Dégustateurs en situation difficile
Même précaire, ajoute le syndicat, cette activité «permet à des personnes souvent en situation financière fragile – au chômage, à l'AI ou à l'aide sociale – d'être dans la vie active et de générer un revenu qui est en partie déduit des aides touchées. Ces personnes montrent ainsi leur volonté de se prendre en charge.» Certaines personnes touchées ont jusqu'à dix-sept ans de service. «Nous refusons que la précarité soit la norme pour les sous-traitants», proclame Unia.
Une dégustatrice, qui effectue ce travail depuis treize ans à un taux de 12 à 13%, à 50 fr. de l'heure pour une partie de ses tâches, 39 fr. pour l'autre, se dit «résignée et dégoûtée». Elle ajoute: «On nous a laissés sur le trottoir.» Elle explique qu'elle et ses collègues ont reçu, mardi à 23 h, un courriel provenant de MMR. Un formulaire et un questionnaire de santé, rien d'autre, affirme-t-elle.
Philip Morris Products SA (PMP SA), de son côté, renvoie la balle vers les sociétés mandatées: «Cette relation contractuelle repose sur un accord de projet avec un prestataire tiers qui recrute et gère de manière indépendante ses propres employés. Après une analyse approfondie de la situation, il a été décidé de mettre fin à cet accord de projet, avec effet à la fin juillet 2025. PMP SA a sélectionné un nouveau prestataire tiers à l'issue d'une évaluation complète de ses compétences, de sa fiabilité et de sa capacité à répondre aux besoins spécifiques de PMP SA.»
Philip Morris ajoute avoir été «informée d'un désaccord entre les deux prestataires impliqués dans cette transition». La multinationale affirme qu'elle n'a «jamais eu de relation contractuelle directe avec les employés concernés, ceux-ci étant employés par le prestataire tiers». Déçu par la position de Philip Morris, un autre dégustateur déclare hésiter à remplir le formulaire reçu mardi à 23 h: «J'ai un sentiment d'abandon», lance-t-il.
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Autres newsletters Philippe Maspoli est journaliste à la rubrique vaudoise et à la cellule enquêtes et reportages. Il a travaillé dans le journalisme local, a été responsable des rédactions régionales et a suivi les affaires judiciaires. Il se consacre actuellement à tous les sujets qui touchent les gens dans leur vie quotidienne. Plus d'infos @PhilippeMas
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