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a day ago
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L'affaire Epstein est devenue un boulet pour Donald Trump et ce vote au Congrès le montre bien
ÉTATS-UNIS - Les trumpistes sont pris à leur propre piège. Après avoir fait miroiter la divulgation d'une « liste de clients » de Jeffrey Epstein, un financier mort en prison avant d'être jugé pour des crimes sexuels, la procureur générale Pam Bondi, proche de Donald Trump, a dû rétropédaler, suscitant la colère des militants MAGA (« Make America Great Again »). Pour cause, les supposés « dossiers Epstein », dont l'existence reste à prouver, fascinent les complotistes et l'extrême droite américaine, persuadés qu'ils comprennent des révélations compromettantes sur des personnalités publiques. Leur non-révélation par le département de la Justice suscite des remous parmi les soutiens trumpistes et donne prise aux démocrates, qui ont ciblé l'exécutif sur le sujet le lundi 14 juillet. Comme le rapportent The Guardian et l'édition américaine du HuffPost, des élus démocrates au Congrès ont déposé un texte pour exiger la révélation d'un certain nombre d'informations et de pièces à conviction. Toutes figurent dans une liste de preuves détenue par le ministère de la Justice et portant sur l'affaire de trafic sexuel d'enfants qui a visé Jeffrey Epstein en 2019. Une polémique qui profite aux démocrates L'amendement, rattaché à une loi sur les cryptomonnaies, n'a pas été adopté en commission à cause des républicains... qui avaient pourtant fait campagne pour plus de transparence sur cette affaire. « Les démocrates se sont empressés de profiter de l'occasion, reprochant à Trump et au parti républicain d'être revenus sur leur parole », analyse le HuffPost américain. Le fait que les « dossiers Epstein » relèvent plus du « trésor quasi-mythologique » que de l'information réelle selon le très sérieux Guardian ne dissuade pas les démocrates de s'engouffrer pleinement dans la brèche. Dans ses publications sur X, Ro Khanna, le représentant de Californie qui a porté l'amendement, a repris un argumentaire qui rappelle celui longtemps tenu par les républicains. « Une nation qui choisit de protéger les hommes riches et puissants qui agressent et violent de petites filles est une nation qui a perdu sa boussole morale », a-t-il écrit, prévenant qu'il continuera de se « battre pour la publication des dossiers Epstein ». S'il n'est pas (du tout) acquis que les MAGA les plus frénétiques glisseront un bulletin démocrate lors des prochaines élections, la manoeuvre a le mérite de diviser encore plus le parti présidentiel. En témoigne le tweet excédé de Marjorie Taylor Greene, élue de Géorgie longtemps décrite comme un des plus fervents soutiens de Donald Trump. Trump tente de désarmocer... sans trop de succès « L'Amérique mérite la vérité sur Jeffrey Epstein et les riches et puissantes élites qui l'entouraient », a-t-elle écrit dans un premier message sur X dans la nuit de lundi à mardi, reprochant plus tard aux « mêmes républicains [...] qui ont bloqué la publication des dossiers Epstein » d'avoir « bloqué [son] amendement » sur l'Ukraine. Le mouvement « MAGA a donné la majorité aux républicains », a protesté l'élue conservatrice, accusant « les républicains de l'establishment » d'avoir « piraté » MAGA. Les guerres intestines dans son propre camp ne plaisent pas du tout à Donald Trump qui cherche à évacuer la polémique Epstein au plus vite. Dans un message sur sa plateforme Truth Social le 12 juillet, le président américain a dénoncé les conservateurs qui critiquent la gestion des « dossiers Epstein » par l'exécutif : « Nous sommes dans la même équipe MAGA, et je n'aime pas ce qui se passe ». La suite du message, plus brouillonne, cherchait à délégitimer les questions sur l' « affaire Epstein »... en accusant les démocrates. « Depuis des années, on parle encore et encore d'Epstein », a-t-il écrit, affirmant que ce sont Barack Obama, Hillary Clinton « la corrompue » et « les perdants et les criminels de l'administration Biden » qui ont « écrit » les « dossiers Epstein ». Un argumentaire qui n'a visiblement pas suffi à convaincre les élus comme Marjorie Taylor Greene et qui risque d'être à nouveau mis à mal par les démocrates. Ro Khanna a déjà promis de présenter « encore, encore et encore » son amendement pour demander la publication de nouvelles informations sur l' « affaire Epstein ».


La Presse
2 days ago
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« Abondance », l'idée qui inspire les démocrates
(New York) Un train à grande vitesse reliant San Francisco à Los Angeles en moins de trois heures. Un projet à la hauteur de la Californie, n'est-ce pas ? C'est sans doute ce qu'espérait le gouverneur démocrate de l'État, Jerry Brown, en signant une loi pour en étudier la faisabilité, en 1982. Quatorze ans plus tard, le plan pour réaliser ce projet inédit aux États-Unis est né. Vingt-six ans plus tard, les électeurs californiens ont approuvé la construction du premier segment du réseau ferroviaire, qui devait être terminé en 2020 pour 33 milliards de dollars. Quarante-trois ans plus tard, où en est le projet ? Si tout va bien, le premier segment sera terminé entre 2030 et 2033. Il reliera les centres agricoles de Merced et Bakersfield, où personne n'en veut vraiment. « Durant tout ce temps où la Californie n'a pas réussi à compléter son réseau ferroviaire de 800 km, la Chine a construit plus de 37 000 km de lignes à grande vitesse », soulignent les journalistes Ezra Klein et Derek Thompson, auteurs d'un essai provocateur intitulé Abundance. Vendu à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, le livre n'est pas seulement un best-seller inattendu aux États-Unis. C'est aussi une source d'inspiration pour de nombreux démocrates déboussolés depuis novembre dernier. Il explore les raisons pour lesquelles les progressistes ou les démocrates sont souvent incapables de réaliser leurs grands projets. Au nombre de ces raisons se trouvent des lois, règlements et procédures qui ont été voulus par ces mêmes progressistes ou démocrates, souvent pour de bonnes raisons, mais qui sont devenus des obstacles. « Les trains sont plus propres que les voitures, mais la ligne à grande vitesse a dû faire l'objet d'un examen environnemental sur chaque centimètre de son tracé, avec des poursuites judiciaires à chaque coin de rue. Le processus d'évaluation environnementale a commencé en 2012 et, en 2024, il n'était toujours pas terminé », écrivent Klein et Thompson (le premier est chroniqueur et baladodiffuseur au New York Times, le second a quitté récemment le magazine The Atlantic). Une forte réaction Les progressistes ou démocrates échouent sur d'autres fronts, dont celui du logement. Ces dernières années, ils ont vu plusieurs États où ils sont au pouvoir, dont la Californie et l'État de New York, perdre de jeunes familles au profit du Texas, de l'Arizona ou de la Floride, entre autres États où l'accès à un logement abordable et à la propriété est un objectif plus réaliste. En 2024, ils ont aussi vu le Texas produire près de deux fois plus d'électricité éolienne et solaire que la Californie. PHOTO ERIC GAY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS Un parc éolien près de Del Rio, dans le sud-ouest du Texas C'est donc un changement d'attitude face aux excès de la réglementation et de la procédure que réclament Klein et Thompson dans Abundance. Ces journalistes progressistes définissent le concept d'abondance comme « un état […] dans lequel il y a suffisamment de ce dont nous avons besoin pour créer des vies meilleures que celles que nous avons eues. C'est pourquoi nous nous concentrons sur les éléments constitutifs de l'avenir. Le logement. Les transports. L'énergie. La santé. Et nous nous concentrons sur les institutions et les personnes qui doivent construire et inventer cet avenir. » Même s'ils avaient l'ambition d'influencer le Parti démocrate, Klein et Thompson ne s'attendaient pas à ce que leur petit livre suscite une réaction aussi forte. Des groupes ont vu le jour dans plusieurs villes américaines sous l'enseigne de l'« Abondance ». Deux de ces groupes ont été créés par des élus démocrates du Congrès. Le système est brisé. Le gouvernement est trop inefficace pour relever les défis du XXIe siècle. Mais la réponse n'est pas le DOGE. C'est l'ABONDANCE. Ritchie Torres, représentant démocrate de New York, sur X Le concept d'abondance est également populaire auprès des gouverneurs démocrates – ceux de l'État de New York, du Minnesota, du Colorado et du Maryland, entre autres, ont vanté ses mérites en public. Mais le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, est vraisemblablement le premier élu démocrate à avoir lié un de ses projets de loi à ce qu'il appelle un « programme d'abondance », expression devenue courante. « Un budget qui construit » Ainsi, le 1er juillet dernier, Gavin Newsom a promulgué une réforme des règles californiennes de protection de l'environnement qui ont fait date, mais dont le gouverneur estime qu'elles font désormais obstacle à la lutte contre la crise du logement en Californie. Cette réforme s'inscrivait dans le budget annuel de l'État. PHOTO MEG KINNARD, ASSOCIATED PRESS Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom « Il ne s'agit pas seulement d'un budget », a déclaré Gavin Newsom, auquel on prête des ambitions présidentielles. « C'est un budget qui construit. Il prouve ce qui est possible lorsque nous gouvernons dans l'urgence, avec clarté, et avec la conviction que l'abondance l'emporte sur la pénurie. » Des groupes environnementaux ont dénoncé cette réforme. Ils ne sont pas les seuls, chez les progressistes ou les démocrates de gauche, à critiquer le concept d'« abondance ». Certains y voient un retour du « néo-libéralisme » à un moment où les progressistes ou les démocrates devraient, selon eux, épouser le combat populiste contre l'« oligarchie » mené par Bernie Sanders, Alexandria Ocasio-Cortez et d'autres. Selon Aaron Regunberg, collaborateur du magazine de gauche The Nation, Klein et Thompson « détournent la colère du public envers le parasitisme des élites économiques et l'orientent vers les régimes réglementaires des États et des villes démocrates ». Mais les auteurs d'Abundance n'inventent pas les échecs des démocrates. Un des exemples qu'ils donnent est issu du projet de loi sur les infrastructures dont s'est vanté Joe Biden. La mesure prévoyait 7,5 milliards de dollars pour la construction d'un réseau national de 500 000 stations de recharge de véhicules électriques. En mars 2024 – plus de deux ans après l'adoption du projet de loi –, seules sept nouvelles stations de recharge étaient en service. « Si les [progressistes] ne veulent pas que les Américains se tournent vers les fausses promesses des hommes forts, ils doivent offrir les fruits d'un gouvernement efficace », écrivent Klein et Thompson.