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Festival d'Avignon : notre sélection de spectacles durant le off
Festival d'Avignon : notre sélection de spectacles durant le off

Le Figaro

time2 hours ago

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Festival d'Avignon : notre sélection de spectacles durant le off

Le Journal de Maïa et Toutes les autres abordent des sujets délicats, mais avec tact et une interprétation au cordeau. Le Journal de Maïa, de Cédric Orain La famille de Maïa (Louise Bénichou époustouflante) vient de déménager. L'adolescente sympathise avec Alicia (Marion Brest au diapason) qui, comme elle, entre en 4e., mais elles ne sont pas dans la même classe. Elles parlent des professeurs qu'elles auront. Mme Leblanc, l'enseignante de français conseille à celle de Maïa de lire les Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand. Les deux les adolescentes soupirent. Cédric Orain, l'auteur du spectacle Le Journal de Maïa donne un premier indice au public. « La dépression, ça arrive qu'aux adultes, non ? », lance l'héroïne qui passe d'une humeur à l'autre sans s'en expliquer la cause, a peur « à l'intérieur » et s'isole de plus en plus. Sa mère s'inquiète. « Ça va ? » ne cesse-t-elle de lui demander. Par petites touches, empruntant un langage qui leur est familier, Cédric Orain développe le thème de l'anxiété chez les jeunes. À découvrir TV ce soir : retrouver notre sélection du jour « Est-ce que ce qu'on vit, nos émotions, ont une influence sur notre façon de grandir », s'interroge Maïa. Également metteur en scène, Cédric Orain qui a déjà fait entendre la voix d'Antonin Artaud a réalisé leur mal-être en animant des ateliers d'écriture dans des classes de 4e et 3e. « Je me suis reconnu en eux (…). Je me souviens très bien de ces années où j'ai découvert ce que voulait dire « être anxieux », explique cet ancien ingénieur en mathématiques appliquées. À 13 ans, j'étais avec l'angoisse un peu comme Monsieur Jourdain avec la prose, j'en faisais tous les jours sans le savoir. » Il réussit à transmettre ce que les élèves peuvent éprouver à un moment de leur existence. Dans la salle, ce jour-là, ceux qui sont présents sont émus. Ils s'identifient aisément aux interprètes, mais ils rient aussi beaucoup. Un spectacle salvateur. Publicité Au théâtre du Train Bleu, jusqu'au 24 juillet, puis à la Maison de la Culture d'Amiens, les 9 et 10 octobre et à la Comédie de Béthune, du 9 au 14 mars 2026. Toutes les autres, de Clotilde Cavaroc Infirmier, Antoine (Stéphane Hausauer) n'est pas un « gigolo », mais un « accompagnant sexuel » et il n'a pas affaire à des « clients » ou des « patients », mais à des « bénéficiaires ». Il fait partie d'une association qui aide les personnes en situation de handicap à redécouvrir et à se réapproprier leur corps. « J'aime quand c'est simple », assure-t-il en regardant le public. Un jour, Clémence (Kimiko Kitamura) qui n'a plus de relations sexuelles depuis qu'elle est immobilisée sur un fauteuil roulant sollicite ses services. Malgré la règle qui impose de garder ses distances, Antoine tombe sous son charme. Clotilde Cavaroc raconte une histoire d'amour contrariée sans tabou, ni pathos, mais au contraire agrémentée d'humour. Antoine ressemble à un assureur et Clémence imite une tortue de mer ! Dirigés par Elise Noiraud et la chorégraphe Ira Nadia Kodiche (elle-même en fauteuil roulant depuis un accident), les comédiens sont remarquables. Pour tout décor, une table, une chaise et des tapis au sol leur offrent un espace d'expression idéal. Elise Noiraud et la chorégraphe Ira Nadia Kodiche accompagnent avec délicatesse et pudeur la façon dont ces deux solitaires se rapprochent physiquement. La musique participe au romanesque de la chose. Soutenue par l'ADAMI, Clotilde Cavaroc a d'abord réalisé un court-métrage déjà nourri par un substrat documentaire (2022). Forte de l'art d'adapter une réalité sur scène, elle conseille ce spectacle à partir de 12 ans. À l'Artéphile, jusqu'au 26 juillet. Puis, au théâtre de Belleville (Paris 11e) du 5 au 28 octobre.

Santé Canada a restreint l'accès à la psilocybine
Santé Canada a restreint l'accès à la psilocybine

La Presse

time8 hours ago

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Santé Canada a restreint l'accès à la psilocybine

Santé Canada autorise de moins en moins l'utilisation de psilocybine pour traiter la dépression résistante, selon des données inédites publiées par quatre chercheurs québécois dans la prestigieuse revue scientifique Nature Mental Health. D'après ces statistiques, les Canadiens prisonniers de la dépression ont vu s'effondrer leurs chances d'accéder à ce traitement expérimental entre 2022 et 2024. Le taux de refus a alors doublé, passant de 21 % à 43 %. Consommer des champignons hallucinogènes est illégal au Canada. Mais puisque la psilocybine qu'ils recèlent a permis de soulager certains troubles mentaux sévères lors d'études, Santé Canada permet parfois aux personnes très souffrantes d'y accéder en dernier recours, quand les autres méthodes ont échoué. Un médecin ou un infirmier praticien doit minutieusement motiver chaque demande. Et le patient doit être accompagné par un psychothérapeute avant, pendant et après la prise. Vu ces garde-fous, les quatre auteurs de l'article publié dans Nature Mental Health s'expliquent mal l'explosion des refus et remettent en cause un processus « opaque ». Consultez l'étude parue dans Nature Mental Health (en anglais) « Des médecins essuient des refus, alors que leurs demandes antérieures identiques avaient été acceptées. Personne ne comprend pourquoi », rapporte en entrevue l'un des auteurs, le Dr Nicolas Garel, du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). Le psychiatre – qui a traité quatre patients avec de la psilocybine – ne croit pas qu'un afflux de requêtes moins solides explique la baisse. Car en 2024, le nombre des refus a augmenté beaucoup plus que celui des demandes. Est-ce que de nouvelles données le justifient ? Absolument pas ! Les résultats des dernières études sont peut-être moins spectaculaires, mais demeurent positifs, comme souvent en médecine. Le Dr Nicolas Garel, psychiatre au CHUM Malgré tout, répondre aux questions du ministère fédéral et obtenir sa réponse nécessite désormais plusieurs semaines, parfois des mois, s'inquiète le Dr Garel. Appliquer un règlement de façon imprévisible et laborieuse risque de dissuader les cliniciens de déposer des demandes, ce qui priverait des patients en détresse d'un remède prometteur, dit-il. Détresse de fin de vie Paradoxalement, la grande majorité des participants aux essais cliniques souffraient de dépression, alors que c'est justement dans ce contexte que les refus se sont mis à pleuvoir. Les Canadiens en fin de vie – qui espèrent apaiser leur angoisse avec la psilocybine – semblent moins touchés par le resserrement des critères. La grande majorité de leurs requêtes demeurent couronnées de succès, soit 81 % en 2024 contre 92 % en 2022. Si Santé Canada est plus à l'aise avec le côté expérimental de la psilocybine dans un contexte palliatif que pour la dépression, il faudrait le savoir sur le terrain. Le Dr Nicolas Garel, psychiatre au CHUM Chose certaine, la psilocybine ne pourra être prescrite librement avant plusieurs années. Car les soignants manquent de temps, de locaux adaptés et de repères pour offrir un traitement aussi complexe. L'absence de formation standardisée et de consensus sur les meilleures pratiques les expose par ailleurs à des poursuites si un patient subit des effets indésirables. Malgré ces obstacles, le Dr Garel reste optimiste : « D'après moi, ces traitements ne disparaîtront pas. Des centaines de millions ont été investis et des études arrivent partout, en Europe, au Canada et aux États-Unis. » Poursuites L'imprévisibilité de Santé Canada et le flou entourant ses critères viennent aussi d'être critiqués par la Cour d'appel fédérale. En 2020, le Ministère autorisait 19 thérapeutes à tester les effets de la psilocybine dans le cadre d'une formation de l'organisme TheraPsil. Mais deux ans plus tard, il refusait 73 demandes identiques, n'étant plus convaincu qu'il faut avoir consommé de la psilocybine pour « guider en sécurité les patients à travers les séances de traitement », alors qu'il l'était auparavant. Puisque la science n'est pas « statique », rien n'interdit à l'actuelle ministre de la Santé, Marjorie Michel, de changer d'avis, mais le Ministère doit alors expliquer sur quoi il se base, ce qu'il n'a pas fait, a tranché la cour le 18 juin. Elle lui a donc ordonné de réétudier chaque dossier afin de rendre de nouvelles décisions dûment motivées. Même si rien n'est joué, TheraPsil se réjouit d'avoir gagné sa cause. « Avoir déjà ressenti les vagues émotionnelles provoquées par la psilocybine permet aux thérapeutes de comprendre ce que vit le patient pendant la séance. Ça approfondit leur lien de confiance », expose le porte-parole de l'organisme, John Gilchrist. Il estime que Santé Canada met les patients et les thérapeutes en danger, puisque plusieurs se rabattent sur le marché noir. Ce n'est pas la première fois que Santé Canada est forcé de réétudier un dossier. En 2024, la Cour fédérale lui reprochait de ne pas avoir traité avec sérieux et compassion la demande de Jody Lance, un Albertain qui souffrait de céphalées d'une violence insoutenable que seules des microdoses de psilocybine soulageaient. Il envisageait donc le suicide ou l'aide médicale à mourir. Le Ministère a finalement fait volte-face. « Que la mort soit plus accessible qu'un traitement est insensé ! s'exclame M. Gilchrist. La Cour a reconnu que Santé Canada devait baser ses décisions sur des données probantes. S'il ne change pas d'avis, nous retournerons au tribunal. » Le Ministère nous a écrit qu'il examine la décision judiciaire sur les thérapeutes « afin de déterminer les prochaines étapes ». Les demandes des patients sont, de leur côté, devenues plus complexes, ce qui « peut influencer les résultats globaux », ajoute-t-il, en précisant que ses statistiques englobent dans une seule catégorie toutes les demandes refusées, retirées ou incomplètes.

«Pour sensibiliser, il n'y a rien de plus puissant qu'un témoignage de star» : quand les films et les célébrités brisent les clichés de la santé mentale
«Pour sensibiliser, il n'y a rien de plus puissant qu'un témoignage de star» : quand les films et les célébrités brisent les clichés de la santé mentale

Le Figaro

time2 days ago

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«Pour sensibiliser, il n'y a rien de plus puissant qu'un témoignage de star» : quand les films et les célébrités brisent les clichés de la santé mentale

DÉCRYPTAGE - Les troubles psychiques ne sont plus un tabou. Les films et séries s'emparent du sujet tandis que les célébrités témoignent et brisent les clichés. Analyse d'une déstigmatisation de salubrité publique. «Une véritable ode à la psychothérapie.» Quatre ans après le succès phénoménal d'En thérapie, dont la saison 1 avait réuni près de 54 millions de spectateurs sur la saison 2 de Bref (Disney+) semble faire l'effet d'un puissant anxiolytique sur toute une génération. En dépression post-rupture et crise existentielle, son héros, incarné par Kyan Khojandi, est un quadra sans emploi, rongé par des tocs (troubles obsessionnels compulsifs). Sa planche de salut : un psy alcoolique et provocateur (Alexandre Astier), qui le pousse à renouer un dialogue sincère avec ses proches et à sortir la tête de l'eau. Deux jours après sa mise en ligne en février, Bref 2 était la série «la plus visionnée de Disney+» , et «la mieux notée de tous les temps» sur AlloCiné. Un triomphe télévisuel, mais aussi thérapeutique : Bref s'est invité sur les divans, et ses thèmes comme l'anxiété, le rapport à l'autre ou la passivité pathologique ont été référencés comme «vus dans Bref » et évoqués en séance. Mieux, tout comme En thérapie, la série a convaincu de nouveaux patients à aller voir un praticien. Car elle a aussi tapé juste sur une maladie «pourtant pas drôle du tout : la dépression», comme le souligne Christophe Debien, psychiatre au CHU de Lille (1). «Un film ou une série sur la dépression, c'est ennuyeux à mourir. On voit quelqu'un qui ne bouge pas, qui ne dit rien, qui n'est pas fun. Sauf que Khojandi a réussi à nous faire rire, en restant juste sur le sujet.» Bref est un remarquable exemple de déstigmatisation de troubles de santé mentale, plus que bienvenu en cette année de « grande cause nationale ». Il y a urgence : un Français sur quatre y sera confronté au moins une fois dans sa vie, et le retard de diagnostic, obstacle majeur d'accès aux soins, contribue à l'exclusion sociale des personnes vivant avec des troubles mentaux, selon un rapport de la Haute Autorité de santé datant de février. Publicité Les stars et les séries libèrent la parole Depuis quelques années, les stars américaines font leur psy coming out, que ce soit Catherine Zeta-Jones, qui parle ouvertement de sa bipolarité, Selena Gomez, de sa dépression, Bradley Cooper et Brad Pitt, de leur sobriété heureuse, Lily Collins, de ses troubles du comportement alimentaire, ou Lady Gaga, de sa psychose et de son stress post-traumatique. Quand les stars mettent leurs maux en mots, la maladie revêt un visage familier que l'on peut mieux assumer. Et la France n'est plus en reste. Antoine de Caunes, Charlotte Gainsbourg et Valérie Lemercier évoquent pudiquement leurs périodes de dépression, Muriel Robin et Noémie Lvovsky, toutes deux en rétablissement, s'expriment sur leur addiction à l'alcool, Nicolas Demorand, bipolaire, s'avoue « malade mental » mais fonctionnel malgré tout, brisant ainsi les stéréotypes liés à ce trouble chronique. «Pour sensibiliser, il n'y a rien de plus puissant qu'un témoignage de star», constate Nathalie Pauwels, responsable du programme de prévention du suicide Papageno. La représentation et l'inclusion font désormais bouger les lignes au travers des séries et du cinéma. D'autant que les studios et les plateformes semblent s'être donné le mot. De nos jours, il n'y a presque pas de séries sans thérapeute ou personnage atteint d'un trouble psychopathologique, en cours de traitement ou en grand besoin de l'être. Un exemple récent ? Le phénomène #BenzoQueen a inondé les réseaux sociaux de vidéos parodiques de Victoria Ratliff, le personnage de The White Lotus (joué par la charismatique Parker Posey). Une ultrariche qui enchaîne les cachets de Lorazepam – de la benzodiazépine, anxiolytique très addictif – et les cocktails comme remède à son ennui existentiel. Sous la caricature acide, le propos pointe une réalité alarmante : en 2024, 30,6 millions d'Américains et près de 9 millions de Français consommaient des «benzo» (dont le Lexomil) contre l'insomnie et l'anxiété, sur une durée trop longue, néfaste pour leur santé. Le phénomène Adolescence Avec pertinence, Adolescence (Netflix), série coup de poing sur le harcèlement scolaire, les dérives des réseaux sociaux et les féminicides, consacre un épisode entier à l'évaluation psy de Jamie, un collégien accusé du meurtre d'une camarade. Huis clos glaçant, ce long face-à-face avec une psychologue judiciaire est une première dans la représentation de cette mission-clé auprès des tribunaux. Depuis son succès, il est question de faire de cette série un outil pédagogique préventif au collège contre la violence et la misogynie en Grande-Bretagne et en France. Plus légère, Shrinking (Apple TV+) met en scène trois psys, dont Harrison Ford, vieux sage bourru atteint de la maladie de Parkinson, et Jason Segel (How I Met Your Mother), veuf en déni de deuil et père désemparé qui applique des méthodes peu orthodoxes avec ses patients. Enfin, la maladie psychique n'est pas en reste dans Vrais Voisins, faux amis (Apple TV+), dans laquelle Coop (Jon Hamm), un ex-financier devenu cambrioleur, est aussi le grand frère protecteur d'une musicienne bipolaire, qu'elle harcèle dès qu'elle arrête son traitement. La série met en lumière cette maladie encore méconnue qui touche jusqu'à 2,5 % de la population. Aujourd'hui encore, il faut entre deux et cinq ans pour obtenir la confirmation d'un diagnostic qui sauve des vies face à un taux de tentatives de suicide de près de 50 % chez ces patients. «Après des années de stigmatisation sur les écrans autant que dans la société, on assiste à une nette multiplication et amélioration de la qualité de la représentation des pathologies et de ceux et celles qui en sont atteints», observe le Dr Jean-Victor Blanc, psychiatre à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris, auteur de Pop & Psy. Comment la pop culture nous aide à comprendre les troubles psychiques (Éd. Plon, 2019) et cocréateur du Festival Pop & Psy (3). Adolescence, la série coup de poing sur le harcèlement scolaire, les dérives des réseaux sociaux et les féminicides. Ici, la confrontation glaçante entre la psychologue judiciaire (Erin Doherty) et Jamie (Owen Cooper). Courtesy of Ben Blackall/Netflix La fin de la «psychophobie» ? L'évolution de la représentation de la maladie mentale, amorcée par les séries, infuse désormais le cinéma. En 2024, Vice-versa 2 (Pixar), meilleur démarrage de l'histoire pour un film d'animation, a accueilli une nouvelle venue dans la famille des émotions de Riley, l'héroïne : l'anxiété, qui supplantait ses autres affects, dévorant sa psyché, comme c'est le cas de 49 % des ados en France et de 30 % des 13-14 ans, victimes de troubles anxieux généralisés. Depuis les crises d'angoisse d'Iron Man, même les superhéros Marvel peinent à dissimuler leurs failles intimes. Dans Thunderbolts*, récent opus de la saga, des mercenaires cabossés sont envoyés au casse-pipe, telle Florence Pugh, meurtrière au spleen sarcastique. Entre deux scènes d'action, on parle d'estime de soi, de deuils, de traumatismes, de troubles mentaux et dépressifs : une thérapie de groupe, option pop-corn en prime ! Cette inspirante galerie de portraits sonne-t-elle le glas de la «psychophobie» ? C'est tout ce qu'espèrent les praticiens, après des décennies de représentations caricaturales et souvent délétères de la maladie, des malades et des soignants. Un ver qui rongeait le fruit dès les prémices du 7e art. «L'histoire du cinéma se confond avec celle de la psychanalyse, née à peu près en même temps, rappelle Christophe Debien. Dans Maniac Chase, l'un des premiers films produits par Thomas Edison, en 1904, 'tout' y est : un personnage habillé en Napoléon (parce qu'il se prend pour lui), un hôpital psychiatrique qui ressemble à une prison, des infirmiers qui le brutalisent…» Une stigmatisation des malades à l'écran Le plus souvent, dans les films hollywoodiens, les personnes atteintes de troubles mentaux étaient des criminels. Le plus iconique ? Norman Bates (Anthony Perkins) dans Psychose, d'Hitchcock, le film matrice de tous les slasher movies (films d'horreur sanglants). Fascinants éléments de narration dramatique, souvent ressorts de suspense, la plupart des pathologies psys sont ainsi entrées dans notre inconscient collectif, «entre romantisation de destins tragiques et stigmatisation, assure le Dr Blanc. Une stigmatisation qui était encore très importante avant le Covid, dans la société comme dans les médias.» Un obstacle au diagnostic et au traitement, qui inquiète toujours les soignants. «Beaucoup de noms de pathologies sont utilisés de manière impropre, et en général péjorative, comme bipolaire, schizophrène, autiste, psychose… La personne à qui est délivré un diagnostic peut prendre ces abus de langage pour argent comptant, se sentir insultée», déplore le psychiatre. Publicité Les responsables ? La société, évidemment, mais également le monde du spectacle dans son ensemble. Tous ceux qui ont trop souvent donné une fausse représentation des malades et des soignants. Ce qui a donné des personnages caricaturaux de tueurs psychopathes atteints de trouble dissociatif de la personnalité, et non pas de schizophrénie, dans Psychose ou dans Split, de M. Night Shyamalan. Le psychiatre cannibale culte, Hannibal Lecter, dans Le Silence des agneaux, a aussi marqué les esprits. Et mention spéciale pour l'internement abusif, l'utilisation punitive de sismothérapie et les abus de pouvoir du personnel subis par Jack Nicholson dans Vol au-dessus d'un nid de coucou. Toutes les infirmières ne ressemblent pas à la tyrannique Ratched (jouée par Louise Fletcher), mais cinquante ans après la sortie du film de Milos Forman, la simple évocation d'«hôpital psychiatrique» donne encore des sueurs froides… The White Lotus, saison 3 : le couple Ratliff, Timothy (Jason Isaacs) et Victoria (Parker Posey), dépendante aux anxiolytiques. Stefano Delia/HBO Vers une meilleure représentation «Heureusement, une évolution est en cours depuis le début des années 2000 au cinéma, observe Marie-Dorée Delachair-Dubreuil, psychothérapeute franco-américaine. Si les personnages sont en dépression, en burn-out, en prise avec un trauma ou un trouble anxieux, cela ne définit plus toute leur identité. On ne se limite plus à l'image du 'fou dangereux' ou du génie torturé.» Exemple ? On sait désormais que tous les autistes ne sont pas comme Dustin Hoffman dans Rain Man (1988). Aujourd'hui, les films et les séries s'attachent à plus de nuances et de justesse. Ainsi, le héros d'Atypical (Netflix) est d'abord décrit comme un adolescent qui s'avère aussi être autiste. Avec des problématiques liées à son âge autant qu'à la maladie. Reste que certains stéréotypes auront toujours la vie dure pour la bonne cause de l'entertainment. Le TDI (trouble dissociatif de l'identité) reste un formidable twist scénaristique, comme dans Fight Club. Les tueurs en série échappés de l'asile (Halloween) sont des gages de frissons dont Hollywood et les films de genre ne peuvent faire l'économie. «Pour autant, si certaines réalisations entretiennent encore la confusion entre maladie mentale et dangerosité, ou idéalisent la souffrance comme moteur de génie, le mouvement est lancé, se réjouit Marie-Dorée Delachair-Dubreuil. Cette tendance est portée par des artistes qui exercent des métiers exigeants émotionnellement. Ces personnalités sensibles sont en quête de reconnaissance ou de réparation après un trauma. Si leurs blessures n'empêchent pas la création, elles en sont également souvent la source. C'est le revers de la médaille, l'industrie hollywoodienne reste un terreau fertile pour développer des troubles.» Dans ce contexte, les nouvelles représentations de la maladie mentale relèvent d'une démarche thérapeutique. Les expériences personnelles racontées par ceux qui les vivent ou les ont vécues offrent un storytelling beaucoup plus juste. Dans la série Euphoria, Sam Levinson parle de sa jeunesse de toxico. Dans son premier film de réalisateur, A Star Is Born, Bradley Cooper, ex-cocaïnomane dans la vie, joue une star de country alcoolique. Dans le glaçant Mon petit renne, succès sur Netflix en 2024, Richard Gadd a exploré comment l'agression sexuelle et le harcèlement dont il avait été victime, qu'il a rejoué dans la série, a impacté sa santé mentale et l'a incité à libérer la parole. Psycho positive Les séries parviennent à faire bouger les lignes. L'un des premiers héros à avoir marqué un tournant ? Un certain parrain de la mafia du New Jersey, Tony Soprano, célèbre pour avoir poussé la porte du cabinet de la docteure Jennifer Melfi un soir de janvier 1999. Terrifié par des crises de panique, ce premier grand antihéros du petit écran allait se lancer, et nous avec lui, six ans et demi durant, «dans la première psychothérapie réaliste de l'histoire de la télévision», de l'avis de Christophe Debien. «Les Soprano offrent une représentation exacte de la relation psychiatre-patient, avec ses hésitations, ses accélérations, ses reculs. Les séries ont cette supériorité-là par rapport au cinéma : on se rend compte que la psychiatrie prend du temps. Celui de l'évolution du psychisme humain. On ne peut pas changer du jour au lendemain», conclut-il. Série multirécompensée, Les Soprano, de David Chase, auront donné le la d'une nouvelle ère où le petit écran est devenu un fantastique moyen de sensibilisation aux traitements. «L'essor du sujet de la santé mentale a accompagné celui des séries sur les plateformes : on a le temps de montrer qu'une personne malade ne peut pas être résumée à son trouble. On peut aller mieux, rechuter et vivre sa vie malgré tout. Dans un film, amener cette subtilité en moins de trois heures est plus complexe», analyse Jean-Victor Blanc. Bref 2 : Marla (Bérengère Krief) avec le héros dépressif de la série (Kyan Khojandi). Service Presse C'est ainsi que l'agent de la CIA Carrie Mathison, de Homeland (Canal+), est devenue en huit saisons l'icône de la normalisation de la bipolarité : tantôt en phase maniaque, traitée en sismothérapie, parfois down, mais aussi femme amoureuse et espionne pugnace. Elle ne sera plus jamais la seule dans son cas. De l'avis des thérapeutes, en 2025, la question de l'inclusivité des malades mentaux à l'écran n'est plus un problème, mais elle le reste au sein de la société. Le Dr Blanc attend cependant le «Jurassic Park de la psychiatrie», le film ou la série qui inspirera des vocations, comme le film de Spielberg avait donné naissance à toute une nouvelle génération de paléontologues. «La fiction audiovisuelle a ce pouvoir rare de révéler des choses invisibles. Un film, une série, une scène bien écrite peuvent ouvrir une brèche. Faire écho à une expérience vécue. Mettre des mots là où il n'y en avait pas. Ce n'est pas une thérapie, bien sûr, mais c'est parfois le début d'un chemin», souligne Marie-Dorée Delachair-Dubreuil. Publicité (1) Cofondateur de la chaîne YouTube «PsyLab» et auteur de Nos héros sont malades, aux Éditions HumensSciences, 2020. (2) (3)

La détresse de Zverev ravive l'alerte
La détresse de Zverev ravive l'alerte

La Presse

time3 days ago

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La détresse de Zverev ravive l'alerte

(Wimbledon) Dépression, solitude, quête de « sens » : la détresse du N.3 mondial Alexander Zverev après sa défaite d'entrée à Wimbledon a rappelé le coût mental parfois exorbitant que payent les joueurs de tennis de haut niveau. Damien GAUDISSART Agence France-Presse « De manière générale, je me sens assez seul dans ma vie en ce moment », a déploré Zverev mardi après sa défaite en cinq manches contre le Français Arthur Rinderknech (72e). « Je ne me suis jamais senti aussi vide. Je ne ressens aucune joie dans tout ce que je fais, même quand je gagne », a insisté l'Allemand de 28 ans, triple finaliste en Grand Chelem. Fin mai, juste avant Roland-Garros, c'est le Finlandais Emil Ruusuvuori (actuel 317e, 37e mondial en 2023) qui s'était ouvert sur ses difficultés mentales dans un long texte publié sur le site de l'ATP. « J'ai parlé pour la première fois de ma santé mentale à un professionnel il y a 10 ans […] mais j'ai vécu ma première crise de panique il y a trois ans seulement, à Miami. Un matin je me suis levé et j'avais l'impression que quelqu'un était en train de m'étrangler. C'était impossible de respirer, comme si quelqu'un piétinait ma poitrine », a raconté Ruusuvuori, vainqueur malgré tout de son premier tour en deux manches. Quand tu es sportif professionnel, tu essaies de survivre à toutes sortes de problèmes, de les oublier dans l'espoir qu'ils disparaissent. Emil Ruusuvuori Mais à l'été 2024, incapable de continuer, le Finlandais se retire du Masters 1000 de Montréal et « ne touche plus une raquette pendant quatre mois et demi ». Ruusuvuori ne jouera plus de la saison 2024 et ne s'est aligné que sur des tournois Challenger, le deuxième échelon du circuit, en 2025. Ancien préparateur mental des Français Gilles Simon et Corentin Moutet, Ronan Lafaix juge « intéressants » les propos de Zverev. « Je trouve qu'il va plus loin que les autres » à s'être déjà exprimés publiquement sur le sujet, comme Naomi Osaka, Caroline Garcia, Andrey Rublev, ou Casper Ruud qui avait confié au printemps s'être parfois senti « comme un hamster dans sa roue » sur le circuit. « Confiance à personne » L'Allemand aborde en effet la « notion de sens. Philosophiquement, finalement, tu as beau être numéro trois mondial, tu te poses plein de questions. Il ne gagne pas de Grand Chelem, ça doit commencer à tourner dans sa tête », développe auprès de l'AFP Ronan Lafaix. En France, « beaucoup d'entraîneurs vont te dire de mettre la balle dans le court. Mais ça sert à quoi de mettre la balle dans le court ? Qu'est-ce que j'ai envie de faire ? Quels sont mes rêves ? Je pense qu'à un certain moment », les joueurs doivent avoir une approche dépassant le cadre du tennis, ajoute-t-il. « Les plus grands, ils ont eu envie de défendre une cause ». « Djokovic » et ses prises de position fortes sur la Serbie, « en est l'archétype », juge-t-il. Or « je ne sais pas si Zverev défend quelque chose ». « Tout dépend du mental aujourd'hui », appuie Andrey Rublev. « Les joueurs qui sont plus stables obtiennent de meilleurs résultats », a estimé le Russe mercredi après sa qualification pour le deuxième tour de Wimbledon. Lauréate en janvier des Internationaux d'Australie, Madison Keys juge que « de plus en plus de joueurs disent ouvertement qu'ils parlent à quelqu'un » de leurs difficultés mentales. La N.1 mondiale Aryna Sabalenka a ainsi travaillé pendant « cinq ans » avec un psychothérapeute, mais n'y recourt plus depuis quelques années. PHOTO KIRILL KUDRYAVTSEV, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Aryna Sabalenka « Quelles que soient les difficultés qu'on traverse, je pense que c'est très important d'en parler ouvertement », a soutenu mercredi la Bélarusse. « Je n'ai pas besoin de psychologue, parce que j'ai mon équipe et qu'on se parle beaucoup. Je sais qu'ils ne vont pas me juger. » Reste à trouver la personne adéquate à qui se confier. « Quand tu es dixième mondial, tu ne fais plus confiance à personne », prévient Ronan Lafaix. « Tu es dans une espèce de bulle et c'est ça qui te renvoie à une solitude incroyable, parce que tu as toujours peur » que l'entourage soit davantage là pour profiter de la notoriété d'un joueur plutôt que de l'aider. « Comment trouver un professionnel qui va être compétent et me rentrer dedans, me remettre en question sans que la personne ait un ego énorme pour vouloir se mettre en avant ? C'est ça, l'enjeu », conclut le préparateur mental.

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