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Le fentanyl a été « une arme pour justifier les droits de douane »
Durant les quatre premiers mois de 2024, l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a effectué une seule saisie de fentanyl destiné aux États-Unis, pour un total de 4 grammes. Durant la même période, les douaniers canadiens ont intercepté 349 grammes de fentanyl provenant des États-Unis et destiné au marché canadien, soit 87 fois plus. (Montréal) Une enquête de La Presse Canadienne démontre que le Canada s'est vu forcé d'investir plus d'un milliard pour sécuriser sa frontière avec les États-Unis sur la base d'une fausseté propagée par le président Donald Trump pour justifier l'imposition de droits de douane. Pierre Saint-Arnaud La Presse Canadienne L'objectif de l'enquête était de comparer le trafic de stupéfiants durant les quatre premiers mois de l'administration Trump, de janvier 2025 à avril 2025 inclusivement, à la même activité durant la même période en 2024 par une compilation exhaustive des données, statistiques et documents portant sur les saisies de stupéfiants – en particulier sur le fentanyl évoqué par le président américain, mais aussi sur plusieurs autres drogues illégales – tant par les services frontaliers américains que canadiens. Le résultat est sans équivoque. Les données recueillies par La Presse Canadienne, dont certaines jusqu'ici inédites, montrent que c'est le Canada qui a un problème de drogue provenant des États-Unis et non l'inverse. Fentanyl : des quantités insignifiantes Durant les quatre premiers mois de 2024, l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) avait effectué une seule saisie de fentanyl destiné aux États-Unis, pour un total de 4 grammes. Durant la même période, les douaniers canadiens ont intercepté 349 grammes de fentanyl provenant des États-Unis et destiné au marché canadien, soit 87 fois plus que dans l'autre direction. De leur côté, les douaniers américains saisissaient durant la même période « moins de 700 grammes » de fentanyl à la frontière canadienne, selon leurs statistiques. Or, aux autres frontières américaines (Mexique, Porto Rico, maritimes et aéroports), ils en ont saisi un peu plus de deux tonnes métriques et demie, soit 2540 kilos. Le fentanyl en provenance du Canada représentait alors 1,57 % du total des entrées saisies des deux côtés de la frontière. Effort majeur, résultats marginaux Un an plus tard, de janvier à avril 2025, après que le Canada se fut mis au garde-à-vous sous la menace tarifaire du président Trump en annonçant des investissements de 1,3 milliard dans la protection de la frontière (et la nomination d'un « tsar » du fentanyl, ou commissaire de la lutte canadienne du fentanyl), le nombre de saisies et la quantité interceptée explosaient. Cette fois, 145 saisies permettaient d'intercepter un peu plus de 2 kilos de fentanyl destinés aux États-Unis, principalement lors de l'opération Blizzard menée par l'ASFC en février et mars. Dans le sens inverse, cinq saisies avaient permis d'intercepter 28 grammes de fentanyl provenant des États-Unis. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE Le poste frontalier canadien de Saint-Bernard-de-Lacolle Le communiqué de l'ASFC précisait que cette offensive avait été « lancée dans le cadre du Plan frontalier du Canada (les investissements de 1,3 milliard annoncés en décembre par le premier ministre de l'époque, Justin Trudeau) afin d'intercepter le fentanyl et d'autres drogues illégales. […] Au cours de l'opération, les agents et les agentes des services frontaliers ont examiné les envois, en accordant une attention particulière au courrier, fret aérien et conteneurs maritimes à destination des États-Unis. » En d'autres termes, on a mis le paquet sur les envois vers les États-Unis pour trouver le fentanyl auquel faisait allusion Donald Trump. Les agents de la United States Customs and Border Protection (USCBP), de leur côté, saisissaient durant les quatre premiers mois de 2025 encore une fois « moins de 700 grammes » de fentanyl à la frontière canadienne, mais 1277 kilos de cet opioïde aux autres frontières, soit 600 fois plus que les quelque 2 kilos interceptés par les Canadiens. « Une arme pour justifier les droits de douane » Et malgré cette « augmentation » de la quantité de fentanyl saisi destiné aux États-Unis, l'opération Blizzard a permis un autre constat : « 67,5 % de toutes les saisies concernaient des stupéfiants illégaux provenant des États-Unis, tandis que 17,5 % concernaient des stupéfiants destinés aux États-Unis », précise le communiqué de l'ASFC. On y apprend que l'interception de fentanyl ne représentait que 116 saisies sur les 2600 de l'opération, l'écrasante majorité étant des interceptions d'autres stupéfiants entrant au Canada en provenance des États-Unis. Le professeur Eugene Oscapella, spécialiste en matière de trafic de stupéfiants au département de criminologie de l'Université d'Ottawa, n'est nullement étonné de ces constats. « Il y a une tendance historique des États-Unis de blâmer d'autres pays pour le problème de drogue chez eux. On le fait depuis des décennies, mais dans ce cas-ci, on l'utilise comme une arme pour justifier les droits de douane. Ça n'a rien à voir avec la réalité concernant les drogues au Canada et la vente de drogue aux États-Unis par voie du Canada. » La GRC dément L'obsession de Donald Trump face au fentanyl canadien a fait son chemin jusque dans un document officiel. Au mois de mai dernier, la Drug Enforcement Administration (DEA) avait fait sourciller les autorités canadiennes en consacrant un paragraphe dans son « National Drug Assessment 2025 » (Évaluation de la menace posée par les drogues 2025) en faisant état de la « préoccupation grandissante des États-Unis » face aux « super laboratoires » de fentanyl canadiens après le démantèlement d'une telle installation par la GRC en octobre 2024. Préoccupation qui mentionnait tout de même que les saisies de fentanyl provenant du Canada pour toute l'année 2024 et le printemps 2025 se chiffraient à 22,7 kilos, comparativement aux 9,354 tonnes métriques saisies à la frontière mexicaine. Ce seul paragraphe dans un document de 80 pages qui ne fait aucune autre mention du Canada en matière de menace liée aux stupéfiants a provoqué une réponse plutôt irritée de la GRC : « Il n'y a peu ou pas de preuves ou de données des forces de l'ordre canadiennes ou américaines pouvant soutenir l'affirmation selon laquelle le fentanyl produit au Canada représente une menace grandissante. […] Le fentanyl produit au Canada est destiné principalement à la consommation domestique », écrivait un porte-parole de la police fédérale au bureau de La Presse Canadienne à Washington en réponse à ces prétentions. États-Unis : exportations massives au Canada Nous nous sommes concentrés d'abord sur les saisies de fentanyl, en raison de l'importance démesurée que lui a accordée le président Trump, mais aussi sur celles de cocaïne, de métamphétamines et de cannabis en raison de l'importance des quantités saisies et parce qu'elles offrent des données comparables à celles des Américains, qui ne sont pas compilées de la même façon. Ainsi, le véritable problème du Canada, ce sont – au-delà du fentanyl – les autres drogues qui arrivent des États-Unis, surtout la cocaïne et les métamphétamines. Rebecca Purdy, porte-parole de l'ASFC, résume ainsi la situation : « Au cours des cinq dernières années, la quantité de fentanyl saisie en provenance des États-Unis a augmenté de plus de 1600 %, celle de cocaïne des États-Unis a augmenté de plus de 290 %, celle de méthamphétamine de plus de 200 %. » Les données canadiennes obtenues par La Presse Canadienne pour les quatre premiers mois de 2025 montrent cependant une pause de la tendance haussière. Lorsqu'on analyse les quantités de cocaïne, métamphétamines et de cannabis, le volume (en kilos) de stupéfiants venant des États-Unis a connu une baisse d'environ 10 % entre les quatre premiers mois de 2024 et 2025. De manière plus spécifique, on note une baisse de 90 % du volume des entrées de métamphétamines, mais une augmentation de 125 % de celui des importations de cocaïne. Quant aux exportations canadiennes de stupéfiants, celles-ci ont connu une baisse de 4,6 %. Le cannabis est, de loin, la drogue la plus exportée par le Canada, représentant 98 % du volume des saisies canadiennes en 2024 et 90,5 % en 2025. Cependant, ce cannabis étant légal au Canada et dans 24 des 50 États américains, la quasi-totalité des quantités importantes de cannabis saisies était destinée principalement à des pays européens. Du côté américain, mises à part les données spécifiques sur le fentanyl et l'héroïne, la USCBS ne tient que des statistiques générales amalgamées montrant les quantités totales saisies de l'ensemble des drogues. À la frontière nord, celle du Canada, 607 kilos de stupéfiants ont été saisis durant les quatre premiers mois de 2024, contre 561 kilos de stupéfiants pour la même période de 2025, soit une baisse de 7,6 %. Cette réduction survient toutefois au même moment où l'on constate une baisse marquée du nombre de Canadiens entrant aux États-Unis, mais il est impossible d'établir un lien de cause à effet entre les deux. Pendant ce temps, aux autres points d'entrée (au Mexique, par mer et par avion), les quantités de stupéfiants entrant aux États-Unis atteignaient 10 660 kilos de janvier à avril 2024, soit 17,6 fois plus qu'à la frontière canadienne, et 9752 kilos durant la même période de 2025, soit une diminution de 8,5 %, mais toujours 17,4 fois plus qu'à la frontière nord. Le professeur Oscapella estime effectivement que « le Canada a un problème d'importation de drogue par la voie des États-Unis et on a surtout un problème d'importation d'armes des États-Unis lié au trafic de drogue », prend-il soin d'ajouter. Communications publiques des douaniers Un survol de la douzaine de communiqués publiés par l'ASFC durant les quatre premiers mois de 2025 montre notamment deux saisies totalisant deux tonnes métriques de cannabis en route vers l'Espagne et le Nigeria et des saisies de 148 kilos de métamphétamines destinés à Hong Kong et à l'Australie, mais rien à destination des États-Unis. En matière d'importation, on note la découverte de 142 kilos de cocaïne venus du Mexique par train et découverts à Montréal après avoir traversé les frontières américaines au sud et au nord sans encombre. Par voie terrestre, les douaniers canadiens interceptaient un total de 569 kilos de cocaïne et 186 kilos de métamphétamines dans des camions provenant des États-Unis. L'année précédente, l'ASFC n'avait publié que trois communiqués de janvier à avril 2024 reliés aux stupéfiants, dont 406 kilos de métamphétamines venus des États-Unis par camion et un peu plus d'une tonne métrique et demie (1556 kilos) de cocaïne venant aussi des États-Unis, mais destinée à l'Europe, interceptée dans un port canadien. Encore là, rien à destination des États-Unis. Côté américain, nous avons également analysé les communiqués publiés par les services frontaliers, toujours durant les quatre premiers mois de 2024 et de 2025. Bien que ces communiqués représentent une source plus anecdotique que statistique, ils témoignant néanmoins d'un déséquilibre absolu entre ce qui se passe à la frontière canadienne et à celles du Mexique, en mer et dans les aéroports. Ainsi, l'USCBS a publié 81 communiqués liés aux stupéfiants durant les quatre premiers mois de 2024, dont un seul parle de drogue saisie à la frontière nord, soit 0,6 kg de drogues diverses dont de la cocaïne au poste frontalier Champlain (côté américain de Saint-Bernard-de-Lacolle). Les 80 autres communiqués font état d'un peu plus de 18 tonnes métriques et demie (18 559 kilos) constituées, par ordre d'importance, de métamphétamines, de cannabis, de cocaïne et de fentanyl, aux frontières sud, maritimes et aéroportuaires. Durant les quatre premiers mois de 2025, l'USCBS a publié 49 communiqués dont seulement trois se rapportent à des saisies à la frontière canadienne. Or, deux de ces trois dossiers concernent des camions amenant au total 207 kilos de cocaïne au Canada. Le troisième fait état d'un paquet en provenance du Canada dans un entrepôt de Seattle contenant 0,5 kilo de fentanyl. Les 46 autres communiqués américains rapportent, pendant la même période aux frontières mexicaines, maritime et aéroportuaire, des saisies totalisant près de 5 tonnes métriques (4955 kilos), dans l'ordre d'importance des volumes saisis, de métamphétamines, de cocaïne, de cannabis et de fentanyl.


Le Parisien
16-07-2025
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Une Américaine inculpée pour avoir voulu empoisonner son ex-mari avec des chocolats au fentanyl
Elle s'est trahie elle-même lors d'une conversation enregistrée à son insu. Pamela Jean Stanley, une Américaine de 63 ans, a dévoilé son plan pour se venger de son ex-mari, en empoisonnant une boîte de chocolats. Arrêtée en mai dernier, la sexagénaire a été inculpée le 10 juillet pour tentative de meurtre, selon le Washington Post . Elle a été libérée sous caution de 450 000 dollars, en attendant sa prochaine comparution, au mois d'août. Dans la conversation captée à son insu, la Texane explique vouloir injecter du fentanyl , un analgésique opioïde très puissant responsable de dizaines de milliers de morts chaque année aux États-Unis, dans une boîte de chocolats « haut de gamme » qu'elle comptait faire livrer à son ex, Jeff Kauth, récemment fiancé. Son plan était de faire faire passer le colis pour un cadeau offert par une agence de voyages proposant des lunes de miel, a indiqué le bureau du shérif du comté de Parker. Pamela Jean Stanley a été arrêtée en mai dernier alors qu'elle tentait d'acheter ce qu'elle pensait être du fentanyl à un agent infiltré, sur le parking d'un motel près d'une autoroute. Lors de son interpellation, elle avait également en sa possession 9,5 g de méthamphétamine ( une drogue de synthèse ). Jeff Kauth, avec qui elle a divorcé en 2019 après 14 ans de mariage, avait déjà alerté les autorités sur le comportement de son ex. Il la soupçonnait d'avoir engagé un tueur à gages quelques mois plus tôt. Par précaution, il avait placé un mannequin de sa corpulence dans sa cuisine comme leurre, détaille le Washington Post, et installé des caméras de surveillance autour de sa maison. « J'espérais qu'elle passerait à autre chose ou qu'elle trouverait le bonheur, et j'espérais qu'elle me souhaiterait la même chose, mais ça ne s'est pas passé comme ça », a-t-il déclaré à la chaîne ABC News Dallas WFAA . Et d'ajouter : « Je ne regarderai plus jamais une boîte de chocolats de la même manière. » Remarié depuis la semaine dernière, Jeff Kauth ne souhaite plus faire de commentaires sur cette affaire, par crainte de nouvelles représailles.


Le Figaro
16-07-2025
- Le Figaro
États-Unis : 10 millions de dollars de cryptomonnaies saisis liées au cartel de Sinaloa
Le cartel de Sinaloa est l'un des six groupes de trafiquants de drogue mexicains que le président américain Donald Trump a désigné comme des organisations «terroristes» au niveau mondial en janvier. Les agents américains de lutte contre la drogue ont annoncé ce mardi 15 juillet avoir saisi plus de 10 millions de dollars en cryptomonnaies liées au cartel mexicain de Sinaloa, alors que d'autres opérations ont permis de mettre la main sur des quantités massives de fentanyl et d'autres drogues. Le cartel de Sinaloa est l'un des six groupes de trafiquants de drogue mexicains que le président américain Donald Trump a désigné comme des organisations «terroristes» au niveau mondial en janvier. Cette saisie de cryptomonnaies à Miami s'inscrit dans le cadre d'opérations nationales en Californie, au Texas, en Géorgie et dans d'autres États qui ont permis de saisir 44 millions de pilules de fentanyl, deux tonnes de fentanyl en poudre et près de 30 tonnes de méthamphétamine depuis janvier, a indiqué la Drug Enforcement Administration (DEA), l'agence antidrogue américaine, dans un communiqué. Publicité Dans la mégapole floridienne, la DEA, en coordination avec ses partenaires du FBI, «a saisi plus de 10 millions de dollars en cryptomonnaie, directement liés au cartel de Sinaloa», a déclaré le ministère américain de la Justice dans un communiqué. «El Chapo« condamné à la prison à perpétuité Ovidio Guzman Lopez, l'un des fils du fondateur de ce cartel, Joaquin «El Chapo» Guzman, a plaidé coupable vendredi devant un tribunal fédéral à Chicago pour trafic de drogue et participation à une organisation criminelle, espérant une peine réduite en échange de sa coopération avec la justice américaine. Si «El Chapo» a été condamné à la prison à perpétuité en 2019 à l'issue d'un procès très médiatisé, plusieurs de ses fils se disputent toujours le contrôle du cartel de Sinaloa face à d'autres factions. L'administration Trump a dévoilé en juin des sanctions supplémentaires contre «Los Chapitos», une faction du cartel de Sinaloa, pour trafic de fentanyl et a augmenté la récompense à 10 millions de dollars pour chacun des frères fugitifs. «La DEA frappe les cartels là où ça fait mal - avec des arrestations, des saisies et une pression sans relâche», a déclaré son administrateur par intérim Robert Murphy. L'opération menée à Miami montre que les cartels de la drogue utilisent des méthodes de plus en plus sophistiquées fondées sur l'anonymat des monnaies numériques, pour stocker leurs profits et effectuer des transactions. La ministre de la Justice Pam Bondi a affirmé que cette saisie était la preuve du «travail historique» effectué par les agents de la DEA dans leur combat pour détruire les cartels de drogue.


La Presse
11-07-2025
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La lettre de Trump soumise à l'épreuve des faits
La lettre du président américain Donald Trump, envoyée jeudi au premier ministre du Canada, Mark Carney, contient des affirmations difficiles à prouver, des demi-vérités ou carrément des faussetés. En voici cinq extraits commentés. « Les États-Unis ont imposé des droits de douane au Canada pour endiguer la crise du fentanyl de notre nation, causée en partie par l'échec du Canada à empêcher les drogues d'affluer dans notre pays. » Il s'agit d'une fausseté souvent répétée par l'administration Trump, et totalement contredite par les faits établis par les autorités américaines elles-mêmes. Selon les statistiques de la US Customs and Border Protection, on a saisi 53 kg de fentanyl en provenance de la « frontière nord » avec le Canada depuis 2022. On note une hausse substantielle des saisies entre octobre 2024 et mai 2025, alors qu'on a intercepté 26 kg durant cette période contrairement à moins de 20 kg les 12 mois précédents. Ce qui peut sembler énorme pour cette drogue 50 fois plus puissante que l'héroïne, mais ne représente qu'une infime proportion des saisies. Celles-ci ont totalisé 33,8 tonnes depuis 2022. Le Canada n'en représente que 0,07 %. C'est à la frontière mexicaine, avec 31,8 tonnes ou 97,1 % des saisies, que se trouve le réel problème. « Au lieu de travailler avec les États-Unis (sur le dossier du fentanyl), le Canada a riposté avec ses propres droits de douane. » On peut bien entendu estimer que le Canada n'en a pas fait assez contre le fentanyl, mais il serait faux d'affirmer que rien n'a été fait. En décembre 2024, on a annoncé un « plan frontalier » de 1,3 milliard haussant de 8500 à 10 000 agents l'effectif pour protéger la frontière et réservant spécifiquement 200 millions au renseignement pour lutter contre le crime organisé et le fentanyl. De décembre 2024 au 18 janvier 2025, la Gendarmerie royale du Canada a rapporté avoir procédé à 524 arrestations et saisi 46,2 kg de fentanyl. Comme le demandait Washington, le gouvernement Trudeau a annoncé en février 2025 la nomination d'un nouveau « tsar du fentanyl », tel que désigné dans le communiqué officiel, Kevin Brosseau. « Le Canada […] compte de nombreuses politiques tarifaires et non tarifaires et barrières commerciales qui entraînent des déficits commerciaux insoutenables contre les États-Unis ». Cette affirmation se divise en fait en deux parties, qui ne sont pas nécessairement liées. Avant l'élection de Donald Trump, les administrations américaines ont souvent dénoncé les « barrières » imposées par le Canada. Dans un rapport datant de novembre 2023, par exemple, l'International Trade Administration citait une dizaine de catégories allant du bannissement de produits à la discrimination concernant les appels d'offres, à l'établissement de normes désavantageant les produits non canadiens ou pénalisant les produits qui auraient profité de dumping. Par ailleurs, en 2024, le Canada affichait un surplus de 100 milliards pour l'échange des biens avec les États-Unis, et un déficit de 12,6 milliards pour les services. Cela dit, le déficit américain de 100 milliards disparaît quand on exclut les importations de pétrole canadien, qui ont été exactement de ce montant en 2024. Autrement dit, les « barrières » canadiennes n'ont rien à y voir. « Le Canada fait payer des droits de douane extraordinaires à nos producteurs laitiers – jusqu'à 400 % – et c'est en supposant que nos producteurs laitiers aient accès au [marché canadien] pour y vendre leurs produits aux gens du Canada. » La gestion de l'offre, qui régit depuis 1972 la production agricole canadienne pour le lait, les œufs et la volaille, irrite bien des Américains, et pas seulement Donald Trump. Ce système complexe octroie des quotas aux agriculteurs canadiens et impose des droits de douane sur les importations. Mais depuis la ratification de l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) en 2018, on permet l'importation au Canada d'un certain quota sans droits de douane, équivalant environ à 3,5 % du marché canadien. C'est au-delà de ce quota que des droits pouvant atteindre 315,5 % peuvent être imposés. Or, dans le cas spécifique du lait, ce quota n'a jamais été atteint et les producteurs laitiers américains n'ont donc jamais eu à payer ces droits de douane. « C'est un grand honneur pour moi de vous faire parvenir cette lettre en ceci qu'elle témoigne de la force et de l'engagement de notre relation commerciale… » « Vous ne serez jamais déçu avec les États-Unis d'Amérique. Je vous remercie de l'attention que vous porterez à cette question ! » Si elle contient des menaces claires et des affirmations douteuses, voire carrément fausses, la lettre de Donald Trump commence et se termine par d'étonnantes formules de politesse. Faut-il y voir de l'ironie ou de la moquerie ? « 'Thank you for your attention !' avec un point d'exclamation, c'est dur de ne pas y voir une pointe d'humour, il y a là un ton moqueur, commente Rafael Jacob, auteur et chercheur à la Chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM. Ç'a l'air d'être sa nouvelle expression favorite, ça fait plusieurs fois au courant des dernières semaines qu'il la ressort. C'est son style à lui, qui est pour le moins extraordinairement inorthodoxe et extrêmement dur à suivre, très souvent. » S'il s'avoue « réticent » à psychanalyser Donald Trump sur la forme, l'expert est cinglant quant au fond de cette lettre. « Le fond est complètement impossible à suivre également. C'est complètement incohérent. » Lisez la lettre de Donald Trump adressée à Mark Carney (en anglais) Lisez la traduction de la lettre dans l'article « La Maison-Blanche accentue la pression sur Ottawa »


La Presse
11-07-2025
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Un des fils de « El Chapo » plaide coupable aux États-Unis
(Chicago) Un des fils du célèbre baron mexicain de la drogue « El Chapo » a plaidé coupable vendredi à des accusations de trafic de drogue aux États-Unis, devenant ainsi le premier de ses fils à conclure un accord de plaidoyer. Christine Fernando Associated Press Les procureurs accusent Ovidio Guzman Lopez et son frère, Joaquin Guzman Lopez, d'avoir dirigé une faction du cartel de Sinaloa. Ils étaient connus localement sous le nom de « Chapitos », ou « petits Chapos », et les autorités fédérales ont affirmé en 2023 qu'ils menaient une opération massive visant à faire entrer des quantités « ahurissantes » de fentanyl aux États-Unis. Dans le cadre de l'accord de plaidoyer, Ovidio Guzman Lopez a admis avoir contribué à la supervision de la production et de la contrebande de grandes quantités de cocaïne, d'héroïne, de méthamphétamine, de marijuana et de fentanyl aux États-Unis, alimentant une crise qui contribue à des dizaines de milliers de décès par overdose chaque année. Guzman Lopez a plaidé coupable de trafic de drogue, de blanchiment d'argent et de port d'armes à feu en lien avec son rôle au sein du cartel. Les termes de l'accord, notamment les recommandations de peine et les ententes de coopération, n'ont pas été immédiatement divulgués. Les rumeurs d'un accord circulaient depuis des mois, tandis que les négociations progressaient en coulisses. Jeffrey Lichtman, avocat des deux frères, a déclaré vendredi qu'il attendrait la condamnation d'Ovidio Guzman Lopez avant de discuter de la pertinence de l'accord. La condamnation de Guzman Lopez a été reportée jusqu'à la fin de sa coopération avec les autorités américaines, conformément à l'accord de vendredi qu'il a accepté. Ses chances d'éviter la prison à vie dépendent de la satisfaction des autorités quant au respect de sa part du contrat. Me Lichtman a déclaré ignorer si l'affaire contre Joaquin Guzman Lopez pourrait être réglée par un accord de plaidoyer, soulignant qu'elle est « complètement différente ». « N'oubliez pas que Joaquin a été arrêté aux États-Unis bien après Ovidio, alors cela peut prendre du temps », a-t-il rappelé. Laurie Levenson, professeure de droit à la Loyola Law School et ancienne procureure adjointe à Los Angeles, a noté qu'en plaidant coupable, Guzman Lopez aurait pu « sauver d'autres membres de sa famille ». « De cette façon, il a un certain contrôle sur les personnes au sujet desquelles il coopère et sur ce que le monde saura de cette coopération. » Mme Levenson estime que ce changement de plaidoyer est un grand pas pour le gouvernement américain, soutenant que Guzman Lopez pourrait fournir « une feuille de route pour identifier les membres du cartel ». « C'est un tournant, a-t-elle affirmé. Le meilleur moyen pour eux de démanteler le cartel est de se renseigner sur ses opérations auprès d'une personne de l'intérieur, et c'est ce qu'ils obtiennent grâce à sa coopération. » La présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, a critiqué vendredi le « manque de cohérence » de la politique américaine à l'égard des cartels mexicains. Elle a entre autres souligné le fait que le gouvernement américain a déclaré les cartels comme des organisations terroristes étrangères, mais qu'il fait maintenant des accords avec leurs dirigeants. PHOTO RAQUEL CUNHA, ARCHIVES REUTERS La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum Joaquin « El Chapo » Guzman purge une peine de prison à perpétuité après avoir été reconnu coupable en 2019 d'avoir dirigé le cartel de Sinaloa, faisant entrer des montagnes de cocaïne et d'autres drogues aux États-Unis pendant 25 ans. Les frères auraient repris le rôle de leur père à la tête du cartel. Ovidio Guzman Lopez a été arrêté au Mexique en 2023 et extradé vers les États-Unis. Il avait initialement plaidé non coupable, mais a finalement indiqué son intention de revenir sur sa décision. Joaquin Guzman Lopez et un autre dirigeant de longue date de Sinaloa, Ismael « El Mayo » Zambada, ont été arrêtés en juillet 2024 au Texas après leur atterrissage aux États-Unis à bord d'un avion privé. Les deux hommes ont plaidé non coupables de plusieurs chefs d'accusation. Leur arrestation spectaculaire a provoqué une flambée de violence dans l'État de Sinaloa, au nord du Mexique, où deux factions du cartel se sont affrontées. La journaliste de l'Associated Press Megan Janetsky a contribué à cet article depuis Mexico