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Gardien de but, chef de clan
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time4 days ago

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Gardien de but, chef de clan

Le gardien Thomas Gillier lors du match contre Club Puebla lors de la Coupe des ligues, mardi au stade Saputo Lorsque Thomas Gillier a fait le premier arrêt de sa carrière avec le CF Montréal, mardi soir, il s'est spontanément tourné vers les partisans derrière son filet pour célébrer, les poings brandis, la passion se lisant dans son visage. Ce moment, c'était d'un côté le symbole d'un nouveau chapitre pour le Franco-Chilien. Mais il représentait également l'aboutissement d'un autre, marqué de drames successifs et, par le fait même, d'une maturité acquise précocement. Thomas Gillier, aujourd'hui âgé de 21 ans, en avait 19 lorsqu'il a perdu ses deux parents en l'espace de quelques mois. Son père, d'origine française, est mort après un infarctus au printemps 2023. Au début de l'année 2024, sa mère, l'artiste chilienne Claudia Correa Bilbao, s'est éteinte après une bataille de trois ans contre un cancer. « Ça a été très dur », s'est-il rappelé devant La Presse, mercredi après-midi, au Centre Nutrilait. Notre entrevue, qui s'est déroulée en français du début à la fin, a eu lieu le lendemain de son premier match à Montréal, contre Puebla, au stade Saputo. « Mais tu sais, je suis très fier de ma famille, et surtout de mes frères et de ma sœur. On est faits forts. » Ils sont quatre. Thomas et son grand frère Matheo, qui avait alors 23 ans, ont « pris toute la responsabilité » de la famille, qui est restée dans la maison familiale de Santiago, au Chili, malgré tout. « Normalement, quand ce type de choses arrive, peut-être que l'un va chez sa grand-mère, l'autre part chez ses oncles, ses tantes. On a dit : 'Écoutez, on va le faire tout seuls.' On pensait qu'on avait la maturité pour le faire. On l'a fait. On a vécu pendant deux années ensemble. » Thomas et Matheo sont devenus comme les deux parents de leur frère Simon et de leur sœur Mathilde, qui avaient respectivement 17 et 14 ans à ce moment. Ces derniers ont poursuivi leurs études avec sérieux pendant cette période. Le gardien du CF Montréal, par exemple, s'est occupé de certaines tâches du quotidien comme la cuisine, et prenait la voiture de sa mère pour les conduire à l'école avant ses entraînements. L'un des « défis » a été la gestion du budget familial, raconte Thomas Gillier. « Par exemple, Simon voulait aller étudier en France, dit-il. Il fallait être intelligent, parce qu'une famille, ça fonctionne un peu comme une entreprise. Il y a de l'argent qui rentre, il faut faire des budgets. » Et surtout, comme le souhaitaient leurs parents, les quatre enfants devaient pouvoir réaliser leurs rêves. Aujourd'hui, Matheo est parti étudier la littérature à Madrid. Simon est à Paris pour tenter de devenir économiste. Pour l'instant, Mathilde est restée au Chili, chez leur tante. Thomas, par l'intermédiaire de Bologne, se retrouve en prêt à Montréal, en tant que footballeur professionnel. Et tous les quatre restent en contact, évidemment. « On a tout le temps eu une super bonne relation, dit Gillier. Mais maintenant, il y a quelque chose de plus grand [entre nous]. » PHOTO PETER MCCABE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Thomas Gillier plonge vers le ballon devant Efraín Orona (4), de Club Puebla. « Le normal, c'est de gagner » À travers tout ça, Thomas Gillier, imaginez-vous, était en train de faire ses premiers pas dans le soccer professionnel au Chili. Le produit du CD Universidad Católica, club de première division dans lequel il a grandi depuis ses 11 ans, a joué pas moins de 25 matchs avec la première équipe pendant cette année 2024 compliquée sur le plan personnel. « Je suis passé par toutes les phases de la formation là-bas, et j'ai pu jouer très jeune [avec la première équipe], à 19 ans. Pour un gardien au Chili, ce n'est pas commun du tout. » Universidad Católica, l'un des grands clubs du pays, a remporté 16 titres de première division, dont son plus récent en 2021. Il entretient une grande rivalité avec les deux autres clubs de Santiago, la capitale, soit Colo-Colo et Universidad de Chile. « J'ai grandi dans un club où si tu n'es pas premier, tu es vraiment critiqué, explique Gillier. Vivre toute la semaine avec cette intensité et cette responsabilité, être conscient qu'il faut plus gagner que perdre, c'est ce que j'ai essayé de transmettre ici aussi. » Il parle bien de Montréal, « ici ». Parce que selon lui, « ce n'est pas normal de perdre ». « Le normal, c'est de gagner. » Pour un gardien parachuté dans une équipe abonnée aux défaites et qui gît actuellement dans les bas-fonds du classement de la MLS, ces paroles surprennent. « Il y a un groupe très réceptif ici, assure-t-il. J'ai une bonne sensation de ce groupe. Je pense qu'on a beaucoup à améliorer, et on peut vraiment faire de très, très bonnes choses. » Évidemment, si Gillier joue, cela signifie que Jonathan Sirois ne jouera pas. Mais l'important, pour lui, c'est de se « concentrer sur ce qui dépend » de lui. Et d'être « préparé » lorsque son tour viendra. D'ailleurs, sa préparation, tant physique que mentale, il la prend au sérieux. « Je me prépare avec des psychologues, dit-il. Je lis beaucoup. […] Je suis complètement convaincu qu'il faut améliorer l'aspect psychologique parce que tu ne peux pas te dire : 'OK, moi, je suis fort mentalement, je le serai toujours.' Non. C'est de l'entraînement. C'est de la répétition, répétition, répétition [comme sur le terrain]. Il faut travailler, tout le temps. » PHOTO ERIC BOLTE, ARCHIVES IMAGN IMAGES Thomas Gillier (31) discute avec un juge de ligne lors du match contre Club Puebla. Une « responsabilité » envers Montréal Thomas Gillier a déjà franchi une grande étape dans son parcours, soit celle de signer un contrat avec une équipe européenne, Bologne. Son prêt du club italien à Montréal, en théorie, est valide jusqu'à la fin de cette saison 2025. Mais une option de prolongation pourrait très bien le faire rester à Montréal pour la saison 2026 également. « Juste avant de venir ici, j'ai eu beaucoup de réunions avec le directeur sportif Luca Saputo. Il m'a demandé seulement une chose. Qu'ici, je me concentre à 100 % sur Montréal. Même si je suis un joueur de Bologne. C'est ce que je suis en train de faire. Je vais tout donner de moi ici. » Peu importe le temps qu'il restera dans le giron montréalais, lui qui a été attiré par le « projet » de « grandir comme joueur » dans la métropole québécoise. « Je sais que toute une ville soutient ce club. Quand je vois ça, il y a vraiment de la responsabilité. »

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