04-07-2025
«J'exige du respect» : Emmanuel Macron outré par une critique du président colombien
Gustavo Petro a tancé son homologue français et les pays du Nord lundi 30 juin, à Séville, lors de la conférence internationale sur le financement du développement. En question ? Le changement climatique et la crise migratoire.
Une passe d'armes en Espagne. Lundi 30 juin, Gustavo Petro, le premier président de gauche de l'histoire moderne de la Colombie, a pris la parole à Séville lors de la conférence internationale sur le financement du développement organisée par l'ONU. Celui qui est au pouvoir à Bogota depuis août 2022 a d'abord critiqué les inégalités mondiales et cité en exemple l'accès aux médicaments et aux vaccins pendant la pandémie de Covid-19. Prenant nommément à partie Emmanuel Macron.
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«Président Macron, on peut produire deux fois plus de vaccins en Afrique du Sud , mais quand des gens mouraient du Covid-19, à quelle vitesse le vaccin a-t-il atteint un pays et un autre ? Je l'ai vu et j'en ai été témoin ; il est arrivé d'abord aux États-Unis et en Europe, a-t-il déploré, dans des propos relayés par El País . Combien de décès gratuits y a-t-il eus en Afrique ? Il y en a eu beaucoup moins en Europe que dans les pays pauvres». Première pique sévère.
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Petro a ensuite plus largement poursuivi ses attaques contre les pays du Nord. «Il y a trois ans, la crise climatique était le thème central des réunions internationales, et aujourd'hui, c'est l'immigration. On recueille des votes grâce à un discours anti-immigrés [...] Il est plus facile de gagner des voix avec des mensonges et des fétiches, en affirmant que la vie sera meilleure si l'on expulse ceux qui n'ont pas la même couleur de peau ou la même religion. »
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«Ne simplifions pas la réalité de notre vie politique»
Des propos qui ont fait bondir Emmanuel Macron. Le président français lui a largement répondu durant son discours. «J'exige du respect. Nous avons des hommes politiques en Europe qui ne sont pas obsédés par l'immigration et qui luttent avec acharnement contre l'extrême droite. Ne simplifions pas la réalité de notre vie politique, je vous en prie», a-t-il déclaré sous les applaudissements, comme l'indique toujours El País.
Avant d'enchérir : «Vous êtes le premier à cette réunion à parler d'immigration ; personne ne l'a fait auparavant, nous ne sommes donc pas obsédés par l'immigration. Il ne s'agit pas de faire la leçon à des étrangers ; vous venez du Sud, et je sais qu'il y a des gens du Nord qui ont aussi de bons discours. »
Macron a enfin invité Petro à «travailler ensemble» en s'appuyant «sur les données et la science». Un appel que le président colombien semble avoir entendu, puisqu'il a réagi sur X mercredi 3 juillet à la polémique naissante. «Macron est mon ami, il s'est bien comporté», a-t-il plaidé, tout en affirmant l'avoir «un peu déstabilisé. C'est le débat mondial».