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"Cela traduit une certaine ignorance de la langue française" : cette faute se répand chez tout le monde
"Cela traduit une certaine ignorance de la langue française" : cette faute se répand chez tout le monde

Le Figaro

time4 days ago

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"Cela traduit une certaine ignorance de la langue française" : cette faute se répand chez tout le monde

Une linguiste interrogée par Le Figaro Étudiant alerte sur une tournure de plus en plus employée et fautive sur le plan grammatical. "Je l'entends partout, dans les médias, sur Internet, dans les discussions quotidiennes." Françoise Nore, docteure en linguistique et spécialiste de la lexicologie, ne décolère pas. Depuis plusieurs années, elle observe la montée en puissance d'une tournure erronée. Une faute que l'Académie française qualifie sans détour de "grave incorrection". Selon l'institution, cette expression se "répand de plus en plus chez des locuteurs de tous âges". Cette faute n'est autre qu'un pléonasme, c'est-à-dire une redondance inutile, comme dans "monter en haut" ou "prévoir à l'avance". Dans le premier cas, par exemple, "monter" implique déjà un mouvement vers le haut et, dans le second, "prévoir" inclut déjà la notion d'anticipation. Des erreurs fréquentes, qu'un bon usage de la langue permet d'éviter. "Lorsqu'un mot est perçu comme trop bref, on a tendance à lui accoler d'autres termes pour lui donner plus de poids sonore", explique Françoise Nore. "C'est une manière d'insister, d'appuyer le propos. Mais ce n'est pas parce que c'est courant que c'est correct." La locution visée par l'Académie française et la linguiste repose sur un mot comparatif, voire superlatif, auquel on vient maladroitement ajouter… un autre comparatif. "Grammaticalement, cela ne tient pas", tranche Françoise Nore. "On a un mot qui signifie déjà 'plus mauvais', et on vient lui adjoindre 'plus' ou 'moins'. C'est une double intensité injustifiable." Vous l'aurez peut-être deviné : la locution fautive est 'plus pire ou moins pire'. Selon l'Académie française, dire "plus pire" revient à dire "plus plus mauvais". Il convient aussi d'éviter les variantes comme "moins pire", "aussi pire" ou encore "si pire". "L'emploi de cette expression est révélateur d'une méconnaissance des règles fondamentales et traduit une certaine ignorance de la langue française", déplore Françoise Nore. Pourtant, des alternatives simples existent, comme "C'est aussi grave", "C'est aussi catastrophique" ou "C'est encore pire". La linguiste va plus loin et rappelle que "pis", aujourd'hui quasi-oublié, est le superlatif de pire. "Par exemple, on devrait dire 'ces événements sont pis que ce qu'on aurait pu imaginer'. Mais, phonétiquement, pis paraît plus faible que pire, donc il a été peu à peu abandonné", explique Françoise Nore. Autrement dit, "plus pire" n'est pas seulement une erreur : c'est une double faute qui masque, au passage, un mot juste et oublié de la langue française.

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