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24 Heures
4 days ago
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Pourquoi les bergers du Mont-Tendre réclament de nouveaux tirs sur la meute?
Video À bout, de nombreux bergers et éleveurs demandent de nouveaux tirs sur la meute vaudoise. Après une saison de régulation, les prédations ont repris comme jamais, constate Christophe Morel. Publié aujourd'hui à 08h03 Christophe Morel est le berger du Mont-Tendre depuis deux saisons. Si les éleveurs sont les premiers à revendiquer des tirs sur les meutes, les bergers sont, en fait, en première ligne nuit et jour. Chantal Dervey En bref: Le berger Christophe Morel n'est pas fatigué, il arrive à dormir «avec les journées qu'on fait». Il garde le moral: «Vous avez vu les conditions de vie qu'on a ici? C'est idéal.» En effet, la vue sur le Mont-Blanc et la plaine, sur chaque détail du lac qui se détache. L'air. La silhouette rassurante du Mont-Tendre. Mais il en a marre. Il n'en peut plus. Trop, c'est trop. Le berger du Mont-Tendre était monté avec 235 vaches sur l'un des plus grands alpages de la région. Il y en a depuis quatre de moins, tombées sous les crocs de la meute du Mont-Tendre, l'une des plus problématiques du pays: « Noisette , c'était la première, puis il y a eu Berlin l'autre jour.» L'une d'elles a été retrouvée agonisante, l'arrière-train entamé. La vidéo a fait le tour du monde agricole, qui prépare activement la rentrée politique. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. On se sent comment quand on découvre l'une de ses bêtes dans cet état? Vous êtes dégoûté. Ça a beau ne pas être les miennes mais celles du syndicat du Mont-Tendre, qui regroupe huit éleveurs de Montricher, ça fiche quand même un coup. Au fond du bac quoi. Le loup ne tue pas ses proies, il leur arrache l'anus et les vide par l'arrière-train. Elles agonisent des heures. Un truc ignoble, dégueulasse. Je n'ai pas hurlé parce qu'on s'y attendait. On a déjà eu trois attaques dans le passé. On sait bien qu'ils sont là, ces loups. Mais là, la dernière, je n'en pouvais plus. J'ai écrit directement à Vassilis Venizelos. Il a répondu qu'aucun tir supplémentaire ne sera possible avant le 1er septembre. Vous demandez quoi à nos élus? Il faut supprimer cette meute. Il n'y a pas 50'000 solutions. Ou alors, qu'ils nous disent à quoi ils servent, ces loups… Les restes d'une des dernières proies du loup, rapidement devenue celle des charognards. C'est non loin que les gardes-faune ont abattu une louve de la meute dans la nuit du 1ᵉʳ au 2 août. Ils disposaient d'une autorisation valable pour M351 ou deux tiers de la dernière portée. Plus aucun tir ne sera possible sans repasser par l'Office fédéral de l'environnement. Chantal Dervey Officiellement, ils font baisser la pression des ongulés sur la forêt, limitent leurs effectifs et les maladies qu'ils transportent… La forêt, elle ne se portait pas plus mal avant qu'ils soient là. Il faut taper maintenant. Soit Venizelos agit, soit il faut qu'on lui retire son département. Un alpage au carrefour de la meute L'alpage du Mont-Tendre, c'est le carrefour de la meute du même nom , qui sillonne les principales combes. La tanière était située non loin. C'est là que les gardes-faune de l'État ont laissé des carcasses de jeunes génisses et ont monté un affût pour viser M351, le chef de la meute. Un soir, les loups les ont visiblement soigneusement contournés pour attaquer une vache quelques centaines de mètres plus bas. Dans la nuit du 1ᵉʳ au 2 août, ils ont été plus chanceux, atteignant une louve de la meute, revenue sur la masse de viande dévorée par les mouches et les charognards. On ne vous décrira pas l'odeur. Pourtant, des tirs, il y en a eu. Les gardes-faune ont mis le paquet l'hiver dernier face à cette meute, avec une autorisation pour l'anéantir. Oui, oui. Ils sont là, les gardes-faune, et ils n'en peuvent plus, je peux vous dire. Des heures sous la pluie, la neige, de nuit… Ils sont en sous-effectif et au bout du rouleau, avec des conditions de tir qui sont impossibles à tenir! Il faut que le loup soit là, entouré des autres, près du bétail, et ci, et ça… Impossible. Et s'ils tirent le mauvais, ils risquent leur place. Raison pour laquelle M351 est encore là. Et c'est un malin lui, il ne repasse jamais deux fois au même endroit. Ce que je veux dire, c'est que la première tentative d'éradication n'a pas fonctionné. Pire, les attaques explosent. Et là, vous demandez une deuxième? Les Valaisans, eux, ils savent comment faire. Ils ont fait appel aux chasseurs, des gars qui sont là, qui connaissent la forêt. J'en connais plusieurs qui les ont eus dans le viseur, ces loups… Mettons qu'on y parvienne. Ce que disent les biologistes, c'est que si une meute disparaît, elle est remplacée par une autre. D'autres disent que les meutes, s'il y en a trop, se renforcent entre elles et rentrent en concurrence. Qui croire? Mais qu'ils viennent ici, les biologistes. À 7 h du matin, quand on fait le tour de l'alpage, la boule au ventre d'en trouver une dévorée. La première, on n'a retrouvé que sa cloche et sa boucle d'oreille. Une des génisses de l'alpage du Mont-Tendre attaquée ces derniers jours. Elle a été laissée au sol, dans l'espoir que la meute préfère revenir sur celle-ci plutôt que sur le reste du troupeau. Chantal Dervey Mais la hausse des attaques, malgré des tirs, comment vous l'expliquez depuis ici? Je ne sais pas. Soit la régulation s'est mal passée, soit la meute apprend à chasser à ses petits. L'OFEV avait autorisé le Canton à abattre M351 ou deux tiers de la portée. Ce qui aurait permis de limiter justement le nombre de bouches à nourrir. Une erreur? C'est surtout la preuve qu'ils ne gèrent plus rien. On doit avoir 50 loups dans le canton, et personne ne réagit! Depuis mi-juin, presque une bête par jour, et ça ne semble déranger personne. Le loup, on pourrait supporter qu'il tue mettons dix bêtes par année pour se nourrir. Mais là, ça va trop loin. Selon les chiffres officiels du Canton, 39 bêtes ont été victimes du loup dans le Jura vaudois depuis début juin, blessées et disparues comprises. Contre quatorze à la même période en 2024. Vous êtes ici depuis deux saisons, vous saviez que vous étiez en plein dans la zone d'une meute spécialisée dans les bovins. Comment avez-vous adapté votre pratique? On ne peut rien faire ici. Comment ça? On a six parcs, répartis sur 250 hectares, aller au bout, ça peut prendre une heure, comment vous voulez surveiller ça? On a contacté les bénévoles d'Opal, mais ils demandaient de rapprocher les bêtes, impossible pour nous, ça prendrait des heures et je ne vous raconte pas leur état. Les clôtures à cinq fils? Venez les mettre. Le terrain est complètement vallonné, au milieu de forêts. Et pour bien faire, il faudrait électrifier, et donc demander à la Romande de venir tirer des câbles jusqu'ici… Non, vraiment… Pour vous dire, nous avons un mur en pierres sèches, tout juste refait par le Parc du Jura vaudois, je ne suis pas certain qu'ils soient enchantés de voir des fils devant. Et mélanger les troupeaux, pour que les vaches allaitantes fassent front? Mais elles sont mélangées! Mais sur le terrain, elles forment des groupes si vous voulez, et les loups parviennent toujours à en isoler une. Des patous? Ils feraient comment avec dix bêtes là, quinze là-bas… En fait, votre alpage, c'est aussi l'image d'une agriculture qui grandit, autour de grands domaines avec de grands troupeaux… Vous avez des collègues qui réclament un retour en arrière, avec des alpages plus faciles à gérer. Oui, mais le nôtre a toujours été comme ça, un des plus vastes. Non, vraiment, même engager je ne sais pas combien de bergers n'aiderait pas mieux, le loup peut toujours trouver une génisse isolée tout au fond du parc et on n'entendrait rien. Non, que ceux qui ont les solutions à tout viennent ici et nous expliquent comment faire. Nos agriculteurs élèvent leurs bêtes avec amour et passion, pour nous proposer des produits locaux, de la viande et du fromage de qualité pour nourrir les gens d'ici. Pas pour nourrir des loups ou toucher des indemnités. Pro Natura a tendance à dire que le problème n'est pas seulement le loup, mais une agriculture qui étouffe, une sécheresse en altitude… Oui, mais pour la sécheresse, on peut monter de l'eau, du fourrage, ou redescendre les bêtes, on l'a fait. La sécheresse ne tue pas, les loups, oui. L'alpage du Mont-Tendre est l'un des plus vastes de la région, regroupant plus de 200 têtes de bétail. Yvain Genevay/Tamedia Alors la solution, c'est quoi? Un seul département chargé du loup et de l'agriculture au lieu d'avoir deux élus qui ne s'entendent pas? Des tirs rapides comme en France? Armer les bergers? Oui, peut-être. On a un problème, un gros problème, c'est le manque de réactivité d'un certain conseiller d'État. Mais pour tirer, en tout cas, moi, je suis prêt. Les éleveurs ont fait des lettres, des feux, déposé des cadavres à Lausanne… Vous avez obtenu plus de tirs, mais le discours de fond reste le même d'année en année. Finalement, la cohabitation, c'est impossible pour vous? De nouveau, s'il n'y avait que quelques prédations par année… Aujourd'hui on a trop de loups, trop d'attaques, et personne ne réagit. Je ne sais pas s'il faut frapper un gros coup ou si quelqu'un va finir par empoisonner les carcasses. Mais là, ce n'est plus possible. On a une meute qui s'en prend maintenant à de grosses bêtes, des génisses portantes. Quand est-ce que ça va s'arrêter? Nos articles sur le loup Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Erwan Le Bec écrit pour le quotidien 24heures depuis 2010. Il couvre, entre autres, l'actualité vaudoise. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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4 days ago
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Au Mont-Tendre, sans nuance avec les loups
Accueil | Opinion | Éditorial | Opinion Au cœur du territoire de la meute vaudoise, les prédations sur le bétail atteignent des records, pourtant, après une saison de tirs. Éditorial Publié aujourd'hui à 08h04 Nous avons peut-être bien trouvé le nœud gordien de la problématique du loup, et c'est un alpage au sommet du Mont-Tendre. Un alpage immense, au cœur du territoire de la plus active des meutes vaudoise. C'est sans doute un des plus beaux morceaux de ce bout de pays. Des murets en pierre sèche, un sol escarpé, vallonné, dessiné par les sapins et les roches du massif, rendu paisible par la présence de plus de 200 vaches. Protéger tout le bétail de la région de Montricher semble toutefois impossible ou, en tout cas, un non-sens, économiquement parlant. Des clôtures immenses , des drones, des dizaines de bergers 24 h/24… on peut oublier. C'est l'exemple rêvé pour développer l'argumentaire de Prométerre: impossible de protéger, priorité au tir. Or, le Mont-Tendre est aussi le nom de l'impasse de plus en plus évidente des politiques de tirs fédérales et cantonales. L'investissement énorme des gardes-faunes du canton l'hiver dernier , déterminés à éliminer le mâle reproducteur et réduire la meute, n'a au final ni éliminé M351 ni sa meute, au fil d'une série de couacs. Pire: les prédations ont repris comme jamais. Les opposants à la régulation ont un boulevard devant eux pour parler d'éclatement des meutes, de louveteaux qui deviennent incontrôlables ou de loups qui réagissent aux tirs en attaquant encore plus . Ironiquement, à l'heure où les nouvelles demandes de régulations préventives de meutes entières sont en préparation. Le Grand Conseil reprend dans dix jours. D'ici là, nos élus ont encore le temps d'aller faire un tour au Mont-Tendre. Attaques de loups Erwan Le Bec écrit pour le quotidien 24heures depuis 2010. Il couvre, entre autres, l'actualité vaudoise. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.