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20-07-2025
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Poissons: les pêcheurs du lac de Neuchâtel sont en mode survie
Manque de poissons – Les pêcheurs du lac de Neuchâtel sont en mode survie Qualité de l'eau, moules quagga, températures douces et cormorans ont eu raison des perches, bondelles et palées. Les professionnels appellent à l'aide. Ivan Radja Pêcheur professionnel basé à Hauterive (NE), Samuel Progin témoigne de l'effondrement des populations de poissons. Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Les pêcheurs du lac de Neuchâtel font face à un effondrement historique des populations de poissons. Les cormorans consomment plus de 500 tonnes de poissons pendant la saison estivale. La moule quagga envahissante perturbe gravement l'écosystème du lac. Le réchauffement climatique modifie les périodes de reproduction des espèces lacustres. «Il y a sept ans que les pêcheurs du lac de Neuchâtel crèvent la dèche, c'est la chute libre, question volumes de poissons.» Avec son franc-parler, Denis Junod est, à 72 ans, le doyen de sa corporation. Il jette encore ses filets, par passion, et aussi par nécessité. «On n'a pas des retraites énormes, mais au moins j'ai pu vivre de mon métier, ce qui n'est pas le cas de mon fils, qui le pratique en mode survie.» À ses débuts, il y a cinquante ans, ils étaient 85. Aujourd'hui, 31 permis de pêche professionnels sont délivrés. «Et seulement cinq ou six jeunes», soupire le pêcheur d'Auvernier. Il a vu les populations de poissons s'effondrer, avec une accélération depuis sept ans. «Les corégones ont presque disparu, plus de palées, plus de bondelles, juste un peu de perches et un peu de brochets.» Basé à Hauterive, Samuel Progin confirme: «La pêche est devenue très compliquée depuis des années, et cette année, c'est le sommet du blues. Avec, cerise sur le gâteau, les dégâts infligés par les cormorans.» Avec 1250 couples recensés par les ornithologues, qui chaque année en mai ont deux à trois petits, cela fait environ 6000 cormorans. Pour Samuel Progin, le cormoran est l'un des grands responsables de la pénurie. Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia «Ils mangent chacun 500 grammes de poisson par jour, soit trois tonnes, ce qui équivaut à 540 tonnes de poissons pour les six mois de mai à fin octobre, précise-t-il. La faune entière est impactée, dont les grèbes huppés et les autres poissons carnassiers, qui voient les volumes à disposition se réduire drastiquement.» Pêcheurs peu aidés Les pêcheurs aussi. Certes, ils touchent 10'000 francs par an, mais uniquement en compensation de ce que les cormorans viennent voler dans leurs filets, ce qui ne représente que 6% du volume total des poissons ingérés par ce volatile, selon une étude du bureau Aquarius. Le poisson sauvage, lui, appartient au premier qui l'attrape. «Comme ce n'est pas considéré comme un dégât, il n'y a pas de dédommagement, alors que c'est précisément le nœud du problème avec le cormoran, regrette Samuel Progin. Un chiffre d'affaires normal est de 100'000 à 120'000 francs, résume-t-il. Maintenant, c'est plutôt entre 50'000 et 60'000. Et comme il y a toujours des frais fixes qui couvrent 50% du chiffre, cela nous laisse 30'000 francs, soit 2500 francs par mois.» On peut abattre les cormorans du 1er septembre à fin février, mais c'est insuffisant, estime-t-il: «D'une part, ce n'est pas durant ces mois-là qu'ils mangent le plus, et, d'autre part, les poissons sont à une profondeur où les cormorans ne peuvent les attraper, car ils plongent rarement plus bas que 25 mètres alors que les poissons sont à -30 mètres.» Le contenu qui place des cookies supplémentaires est affiché ici. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Autoriser les cookies Plus d'infos Selon la loi, le cormoran est protégé du 1er mars au 31 août, mais des exceptions sont possibles. Sur le lac de Bienne, il a par exemple été possible de les tirer toute l'année en 2023 et 2024. Les Cantons de Neuchâtel, Vaud et Fribourg, tous trois riverains du lac, ont fait une demande dans ce sens à l'Office fédéral de l'environnement, et attendent une réponse cet automne. Cette problématique est nouvelle. Au début des années 2000, il n'y avait pas de cormorans. Ils étaient environ 200 couples en 2007, et cinq fois plus aujourd'hui. Lac colonisé par la moule quagga Denis Junod pointe une autre menace, la moule quagga, une espèce invasive qui a progressivement colonisé les lacs suisses depuis son apparition dans le Rhin il y a une dizaine d'années. «Elle prolifère vite, chacune relâche un million de larves, et elles mangent tout le plancton, en profondeur, puisqu'elles nichent à moins 100-120 mètres.» Le problème est qu'elles se nourrissent de phytoplancton en grande quantité, affaiblissant toute la chaîne alimentaire. «Les espèces de mollusques indigènes, comme la mulette ou l'anodonte des cygnes, ont par contre disparu, on ne voit plus au fond les longs sillons qu'elles laissaient», ajoute-t-il. Samuel Progin savait que sa pêche du matin ne serait pas miraculeuse et souligne que cette année est particulièrement difficile. Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia Et tout cela dans des eaux «trop propres». L'équilibre est délicat: un excès de phosphates et de nitrates fait pousser trop d'algues, jusqu'à bloquer la lumière, ce qu'on appelle la turbidité de l'eau, alors qu'un manque provoque la disparition des nutriments. En manque de phosphates Au plus fort de la pollution, dans les années 70-80, il y avait des taux de phosphates de 40 microgrammes par litre. Mais aujourd'hui le traitement des eaux, depuis l'interdiction des phosphates dans les lessives en 1986, a fait baisser ce taux. Il était de 5 microgrammes par litre dans le lac de Neuchâtel en 2023. «Il y a toujours du phosphore natif dans les sédiments, mais plus en quantité suffisante.» Or ces phosphates, avec l'azote, présents naturellement, sont indispensables au développement du phytoplancton, puis du zooplancton, bref de toute la chaîne alimentaire. «Au-dessous de 10 à 15 microgrammes, un lac ne produit presque plus de masse piscicole», indique Samuel Progin. Avec un taux de 1 microgramme, le lac de Brienz, dans le canton de Berne, est ainsi presque vide. Il y a enfin les effets du réchauffement climatique, qui retarde le refroidissement de l'eau à l'automne. «En novembre, la température de l'air est parfois encore de 20 degrés», observe Samuel Progin. La tiédeur tardive de l'eau pourrait avoir un impact sur le zooplancton. Et sur les périodes de reproduction: «La bondelle par exemple, qui fraie par moins 80-100 mètres, normalement en janvier, a tendance à le faire fin février, début mars, et la palée, dont la période de frai est normalement en décembre, par zéro à -5 degrés, peut aussi être perturbée.» Manger d'autres poissons Certaines espèces s'accommodent mieux en revanche des changements de l'eau et des températures. C'est le cas des cyprinidés, comme la carpe prussienne, la tanche et le rotengle, en croissance – le vengeron étant un peu plus à la peine. La truite lacustre réapparaît, grâce aux efforts des gardes-faune pour l'aménagement des rivières où elle se reproduit en décembre. Les percidés en revanche souffrent, en raison de l'eau (pas assez de phosphates). C'est le cas de la perche. Le sandre, lui, est plus présent dans le lac de Morat, où l'eau est «moins pure». En forte croissance, le silure n'a pas une chair spécialement prisée. Mais cela pourrait changer. Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia Reste le silure, en forte croissance, qui pourrait gentiment remplacer les corégones, à condition que les clients l'acceptent. «Pesant de 2 à 20 kilos, la graisse, qui peut avoir un goût vaseux, est encore bien séparée de la chair, et l'on peut tailler de beaux filets dans le dos et les flancs, explique Samuel Progin. Vous obtenez de la chair ferme, délicieuse, comparable à celle du cabillaud, que l'on peut aussi fumer à froid ou apprêter sous forme de mousse.» Cet article vous a plu? Découvrez davantage de contenus dans l'édition actuelle de l'e-paper «Le Matin Dimanche» et dans nos archives. Chaque dimanche matin, retrouvez également votre journal en caissettes près de chez vous. Vous pouvez aussi vous inscrire à notre newsletter. Newsletter «La semaine neuchâteloise» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton de Neuchâtel, chaque vendredi. Autres newsletters Se connecter Ivan radja est journaliste à la rubrique économique depuis 2009. Il suit notamment l'actualité horlogère et le développement des nouvelles technologies vertes. Auparavant, il a travaillé pour L'Express et L'Impartial. Plus d'infos @Radjignac Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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17-07-2025
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Non, on ne peut pas mener des expériences sur des poissons sans autorisation
Un chercheur genevois a été condamné pour avoir injecté des produits à des poissons et les avoir euthanasiés sans y avoir été autorisé. L'homme dit avoir agi par manque de temps et de moyens. Publié aujourd'hui à 06h21 Les poissons étudiés sont de la famille des Loricariidae. L'objectif était d'en apprendre plus sur leur biodiversité. IMAGO En bref: Des poissons auxquels on injecte un produit, puis que l'on euthanasie, sans autorisation. Les pratiques d'un chercheur de l'Université de Genève ont récemment été sanctionnées par la justice. Malgré ses excuses et regrets, le scientifique a écopé d'une amende de 1500 francs pour avoir mené des expériences hors du cadre et via certaines méthodes non admises, a appris notre rédaction. Les manipulations reprochées par la justice ont été effectuées entre 2019 et 2020. Un doctorant du scientifique donne l'alerte: il assure que son enseignant lui a demandé de taire certains éléments: l'achat de poissons en Guyane française, tout d'abord, puis des injections sur ces animaux. Dans le cadre d'expérimentations, le scientifique et son collègue ont ainsi injecté à 51 spécimens de la famille des Loricariidae du chlorure de cobalt ou de la colchicine à l'aide d'une seringue, avant de les euthanasier et de faire des prélèvements. Objectif: pouvoir compter le nombre de chromosomes afin de mieux comprendre la biodiversité de ces espèces. Pas d'autorisation Alertée par l'étudiant, une commission est formée par le délégué à l'intégrité de l'Université. Elle émet deux rapports début 2021. Verdict: le professeur n'a pas enfreint de loi en important les poissons, mais il a bien dirigé des expérimentations sans autorisation, et ce depuis plusieurs années. Le scientifique a «adopté un comportement frauduleux en matière d'expérimentation animale, constituant ainsi une infraction très grave à l'intégrité scientifique», dit le rapport. L'enseignant écope d'une sanction disciplinaire et il est dénoncé à la justice. L'homme est entendu par la brigade des mœurs à qui il décrit ses expériences: contention du poisson hors de l'eau, injection du chlorure de cobalt ou de la colchicine, retour à l'animalerie dans l'attente de l'effet du produit. Douze à vingt-quatre heures plus tard, le poisson est sacrifié soit par un coup (avec un objet, comme un manche de tournevis), soit par surdose de médicament pour l'étourdir, avant de le saigner par incision des vaisseaux sanguins. On prélève ensuite des tissus post-mortem. «Pas de signe de souffrance» Le scientifique, qui a abandonné la recherche depuis les faits, l'affirme lors de la procédure: les poissons n'ont pas montré de signes de souffrance ou de mal-être, uniquement le stress de la manipulation. Une réaction similaire à celle lors du changement d'eau de l'aquarium. Mais il avoue qu'il ne s'est pas renseigné sur l'effet d'une telle injection: l'étude de laquelle il s'est inspiré ne fait mention d'aucune douleur, indique l'ordonnance pénale. Le lanceur d'alerte, lui, assure au contraire à la justice que les poissons souffraient, à cause de la profondeur à laquelle était enfoncée l'aiguille mais aussi de l'effet du produit. L'étudiant indique aussi avoir vu son professeur poser un anneau en plastique sur lesdits animaux, pour déterminer l'effet sur leur croissance. Quelques poissons sont morts spontanément, reconnaît le chercheur, mais la cause reste inconnue car aucune autopsie n'a été effectuée. Pour le prévenu, les euthanasies ont suivi le protocole en vigueur. Mais la mort par coup a été privilégiée, car moins stressante. Enfin, l'enseignant a reconnu avoir travaillé sur des embryons de poissons par le passé. Des cas plus anciens Le dossier s'est encore alourdi: un rapport rédigé par le directeur de l'expérimentation animale de l'université montre des centaines de photos de poissons lors d'expériences non autorisées, en souffrance. Des spécimens avec un anneau serré sur leur partie postérieure, leurs tissus «enflammés» et «enflés», voir «entaillés», «sans traitement anti-inflammatoire». Des cas remontent jusqu'à 2013. Exprimant ses regrets, le chercheur assume toutefois n'avoir jamais fait de demande d'autorisation pour ses expériences, car il effectuait plutôt de l'observation que de l'expérimentation, selon lui. Il met également en avant la pression, le surmenage, et le manque de moyens. Le Service cantonal de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV), compétent dans le domaine, a été sollicité par les enquêteurs. Il a déterminé que le scientifique ne pouvait pas ignorer, de par ses formations, les autorisations nécessaires à ses expérimentations. Autant en 2019 que précédemment. Concernant la mise à mort des poissons, il ne s'est pas référé aux bonnes règles, celles des laboratoires. La technique de l'étourdissement par des coups n'est pas acceptée. Une faute «lourde» et répétée Quid de la souffrance des animaux? Un collègue du professeur a indiqué durant la procédure que les poissons auxquels on avait injecté de la colchicine se décomposaient et mouraient. Le vétérinaire cantonal, lui, a indiqué que le chlorure de cobalt, hautement toxique, provoquait «une mort par agonie» en endommageant les cellules. Si les autorisations avaient été demandées, un protocole d'anesthésie et antidouleur aurait été imposé au chercheur. Le Ministère public lui a infligé une amende, assorti des frais de procédure. La faute est «lourde» et répétée sur plusieurs années, indique l'ordonnance pénale. Mais la justice reconnaît que le prévenu a assumé ses fautes et exprimé de sincères regrets. Par ailleurs, l'homme s'est montré «soucieux du bien-être» de ses animaux. Il a été mû par «l'obligation de remplir trop d'objectifs à la fois, et face à la surcharge, a décidé de procéder seul, par commodité et gain de temps». Contactée, l'avocate du chercheur, Me Sarah Praplan, indique que son client «a pleinement collaboré dans le cadre de la procédure. Les circonstances particulières du dossier, qui ont dûment été mises en évidence, ont été appréciées de manière correcte et équitable par le Ministère public. Mon client a dès lors renoncé à contester l'ordonnance pénale.» Comment expliquer que le SCAV, responsable des contrôles, n'ait rien vu? «Sans respect de l'obligation d'annonce de la part du directeur de l'expérience, il n'est pas possible au service cantonal spécialisé d'entrer dans les laboratoires afin d'y effectuer des contrôles, répond le service. Une expérience se déroulant sans autorisation peut être découverte uniquement si des éléments de suspicion sont rapportés au service.» Sur les 105 contrôles effectués depuis 2023, seules trois inspections ont révélé des manquements mineurs. Des expériences cadrées À l'heure actuelle, douze institutions mènent des expériences animales à Genève. La Commission cantonale pour les expériences sur les animaux (CCEA), qui se réunit tous les mois, donne d'abord son préavis pour toute demande avec un degré de gravité supérieur à 0. Puis, le SCAV donne son aval. En 2024, il a émis 236 décisions. La bonne exécution des expériences doit être contrôlée pour au moins un cinquième du nombre d'autorisations en cours chaque année. Des contrôles inopinés peuvent avoir lieu. Les animaleries détenant des animaux destinés à l'expérimentation doivent être inspectées annuellement. Ces contrôles sont faits, assure le SCAV, qui a organisé l'an passé une rencontre entre les principaux acteurs de l'expérimentation animale pour renforcer la collaboration. Du côté de l'Université, c'est la Faculté de médecine qui conduit la majorité des expériences (95% des animaux en 2024). Quelque 219 expériences étaient autorisées et actives l'an passé, un chiffre stable. Chaque projet doit obtenir une autorisation. Sur place, le contrôle n'est pas uniquement assuré par le SCAV. Un directeur de l'expérimentation animale et un délégué à la protection des animaux sont nommés. Toutes les demandes sont ensuite révisées par la Direction de l'expérimentation animale (DEA) de l'Université puis avalisées par les autorités cantonales. L'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) peut faire recours dans les trente jours. Les expériences ne peuvent débuter qu'après ce délai. Les irrégularités mineures sont traitées à l'interne, avec information au rectorat. Pour les cas graves, une enquête interne précède une dénonciation au Ministère public. «Le SCAV est informé et peut décider de prendre des mesures complémentaires», précise Marco Cattaneo, porte-parole. Les lanceurs d'alerte disposent d'une plateforme sécurisée. En cas d'infraction, des amendes jusqu'à 20'000 francs peuvent être infligées, auxquelles peut s'ajouter une peine privative de liberté de 3 ans au plus. Sur l'expérimentation animale Newsletter «La semaine genevoise» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton de Genève, chaque semaine dans votre boîte mail. Autres newsletters Chloé Dethurens est journaliste au sein de la rubrique genevoise depuis 2019. Elle écrit pour la Tribune de Genève depuis 2007. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.