
Poissons: les pêcheurs du lac de Neuchâtel sont en mode survie
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Les pêcheurs du lac de Neuchâtel sont en mode survie
Qualité de l'eau, moules quagga, températures douces et cormorans ont eu raison des perches, bondelles et palées. Les professionnels appellent à l'aide.
Ivan Radja
Pêcheur professionnel basé à Hauterive (NE), Samuel Progin témoigne de l'effondrement des populations de poissons.
Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia
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En bref : Les pêcheurs du lac de Neuchâtel font face à un effondrement historique des populations de poissons.
Les cormorans consomment plus de 500 tonnes de poissons pendant la saison estivale.
La moule quagga envahissante perturbe gravement l'écosystème du lac.
Le réchauffement climatique modifie les périodes de reproduction des espèces lacustres.
«Il y a sept ans que les pêcheurs du lac de Neuchâtel crèvent la dèche, c'est la chute libre, question volumes de poissons.» Avec son franc-parler, Denis Junod est, à 72 ans, le doyen de sa corporation. Il jette encore ses filets, par passion, et aussi par nécessité. «On n'a pas des retraites énormes, mais au moins j'ai pu vivre de mon métier, ce qui n'est pas le cas de mon fils, qui le pratique en mode survie.»
À ses débuts, il y a cinquante ans, ils étaient 85. Aujourd'hui, 31 permis de pêche professionnels sont délivrés. «Et seulement cinq ou six jeunes», soupire le pêcheur d'Auvernier. Il a vu les populations de poissons s'effondrer, avec une accélération depuis sept ans. «Les corégones ont presque disparu, plus de palées, plus de bondelles, juste un peu de perches et un peu de brochets.»
Basé à Hauterive, Samuel Progin confirme: «La pêche est devenue très compliquée depuis des années, et cette année, c'est le sommet du blues. Avec, cerise sur le gâteau, les dégâts infligés par les cormorans.» Avec 1250 couples recensés par les ornithologues, qui chaque année en mai ont deux à trois petits, cela fait environ 6000 cormorans.
Pour Samuel Progin, le cormoran est l'un des grands responsables de la pénurie.
Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia
«Ils mangent chacun 500 grammes de poisson par jour, soit trois tonnes, ce qui équivaut à 540 tonnes de poissons pour les six mois de mai à fin octobre, précise-t-il. La faune entière est impactée, dont les grèbes huppés et les autres poissons carnassiers, qui voient les volumes à disposition se réduire drastiquement.»
Pêcheurs peu aidés
Les pêcheurs aussi. Certes, ils touchent 10'000 francs par an, mais uniquement en compensation de ce que les cormorans viennent voler dans leurs filets, ce qui ne représente que 6% du volume total des poissons ingérés par ce volatile, selon une étude du bureau Aquarius.
Le poisson sauvage, lui, appartient au premier qui l'attrape. «Comme ce n'est pas considéré comme un dégât, il n'y a pas de dédommagement, alors que c'est précisément le nœud du problème avec le cormoran, regrette Samuel Progin. Un chiffre d'affaires normal est de 100'000 à 120'000 francs, résume-t-il. Maintenant, c'est plutôt entre 50'000 et 60'000. Et comme il y a toujours des frais fixes qui couvrent 50% du chiffre, cela nous laisse 30'000 francs, soit 2500 francs par mois.»
On peut abattre les cormorans du 1er septembre à fin février, mais c'est insuffisant, estime-t-il: «D'une part, ce n'est pas durant ces mois-là qu'ils mangent le plus, et, d'autre part, les poissons sont à une profondeur où les cormorans ne peuvent les attraper, car ils plongent rarement plus bas que 25 mètres alors que les poissons sont à -30 mètres.»
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Selon la loi, le cormoran est protégé du 1er mars au 31 août, mais des exceptions sont possibles. Sur le lac de Bienne, il a par exemple été possible de les tirer toute l'année en 2023 et 2024. Les Cantons de Neuchâtel, Vaud et Fribourg, tous trois riverains du lac, ont fait une demande dans ce sens à l'Office fédéral de l'environnement, et attendent une réponse cet automne.
Cette problématique est nouvelle. Au début des années 2000, il n'y avait pas de cormorans. Ils étaient environ 200 couples en 2007, et cinq fois plus aujourd'hui.
Lac colonisé par la moule quagga
Denis Junod pointe une autre menace, la moule quagga, une espèce invasive qui a progressivement colonisé les lacs suisses depuis son apparition dans le Rhin il y a une dizaine d'années. «Elle prolifère vite, chacune relâche un million de larves, et elles mangent tout le plancton, en profondeur, puisqu'elles nichent à moins 100-120 mètres.»
Le problème est qu'elles se nourrissent de phytoplancton en grande quantité, affaiblissant toute la chaîne alimentaire. «Les espèces de mollusques indigènes, comme la mulette ou l'anodonte des cygnes, ont par contre disparu, on ne voit plus au fond les longs sillons qu'elles laissaient», ajoute-t-il.
Samuel Progin savait que sa pêche du matin ne serait pas miraculeuse et souligne que cette année est particulièrement difficile.
Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia
Et tout cela dans des eaux «trop propres». L'équilibre est délicat: un excès de phosphates et de nitrates fait pousser trop d'algues, jusqu'à bloquer la lumière, ce qu'on appelle la turbidité de l'eau, alors qu'un manque provoque la disparition des nutriments.
En manque de phosphates
Au plus fort de la pollution, dans les années 70-80, il y avait des taux de phosphates de 40 microgrammes par litre. Mais aujourd'hui le traitement des eaux, depuis l'interdiction des phosphates dans les lessives en 1986, a fait baisser ce taux. Il était de 5 microgrammes par litre dans le lac de Neuchâtel en 2023. «Il y a toujours du phosphore natif dans les sédiments, mais plus en quantité suffisante.» Or ces phosphates, avec l'azote, présents naturellement, sont indispensables au développement du phytoplancton, puis du zooplancton, bref de toute la chaîne alimentaire.
«Au-dessous de 10 à 15 microgrammes, un lac ne produit presque plus de masse piscicole», indique Samuel Progin. Avec un taux de 1 microgramme, le lac de Brienz, dans le canton de Berne, est ainsi presque vide.
Il y a enfin les effets du réchauffement climatique, qui retarde le refroidissement de l'eau à l'automne. «En novembre, la température de l'air est parfois encore de 20 degrés», observe Samuel Progin. La tiédeur tardive de l'eau pourrait avoir un impact sur le zooplancton. Et sur les périodes de reproduction: «La bondelle par exemple, qui fraie par moins 80-100 mètres, normalement en janvier, a tendance à le faire fin février, début mars, et la palée, dont la période de frai est normalement en décembre, par zéro à -5 degrés, peut aussi être perturbée.»
Manger d'autres poissons
Certaines espèces s'accommodent mieux en revanche des changements de l'eau et des températures. C'est le cas des cyprinidés, comme la carpe prussienne, la tanche et le rotengle, en croissance – le vengeron étant un peu plus à la peine. La truite lacustre réapparaît, grâce aux efforts des gardes-faune pour l'aménagement des rivières où elle se reproduit en décembre. Les percidés en revanche souffrent, en raison de l'eau (pas assez de phosphates). C'est le cas de la perche. Le sandre, lui, est plus présent dans le lac de Morat, où l'eau est «moins pure».
En forte croissance, le silure n'a pas une chair spécialement prisée. Mais cela pourrait changer.
Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia
Reste le silure, en forte croissance, qui pourrait gentiment remplacer les corégones, à condition que les clients l'acceptent. «Pesant de 2 à 20 kilos, la graisse, qui peut avoir un goût vaseux, est encore bien séparée de la chair, et l'on peut tailler de beaux filets dans le dos et les flancs, explique Samuel Progin. Vous obtenez de la chair ferme, délicieuse, comparable à celle du cabillaud, que l'on peut aussi fumer à froid ou apprêter sous forme de mousse.»
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Ivan radja est journaliste à la rubrique économique depuis 2009. Il suit notamment l'actualité horlogère et le développement des nouvelles technologies vertes. Auparavant, il a travaillé pour Dimanche.ch, L'Express et L'Impartial. Plus d'infos
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