Dernières actualités avec #responsabilisation


La Presse
15-07-2025
- Science
- La Presse
Et si le commérage avait sa place au boulot ?
Des chercheurs ont démontré que le commérage pouvait exercer une influence positive sur le succès des équipes. Le commérage a bien mauvaise presse. Certains évoquent la radio du diable. Peu de gens voudraient d'ailleurs être identifiés comme une commère au travail. Cela dit, qui ne tend pas l'oreille lorsque ces délicieuses conversations ont lieu dans le bureau d'à côté ? Des anthropologues estiment même qu'il occupe jusqu'à 65 % de nos conversations de tous les jours. Serait-il temps de redonner ses lettres de noblesse à une pratique vieille comme le monde ? Des chercheurs ont démontré que le commérage pouvait exercer une influence positive sur le succès des équipes, notamment parce qu'il favorise la responsabilisation et l'imputabilité. Le commérage se définit simplement comme le fait de « parler de quelqu'un qui n'est pas présent ». Qu'on le veuille ou non, il joue un rôle prépondérant dans nos environnements de travail et dans la société. Une société sans commérage serait assurément dysfonctionnelle ! Une étude publiée dans la revue Psychoneuroendocrinology montre par ailleurs que le commérage amène le corps à sécréter de l'ocytocine, hormone responsable de l'amour, de l'attachement et de la générosité. Notez que c'est d'ailleurs un phénomène universel. Connaissez-vous bien des sociétés, ou des entreprises, où le commérage est absent ? Une recherche a d'ailleurs calculé qu'un courriel sur six échangé au travail était du commérage. Vous ne serez pas surpris d'apprendre que le commérage y est 2,7 fois plus fréquemment négatif que positif. Même si vous tentez d'empêcher les gens de commérer, ils le feront quand même, mais en mentionnant à leur interlocuteur de ne répéter à personne l'information que vous venez de partager. Cette nouvelle personne informée, on s'en doute, la répétera à une autre personne, en précisant à la prochaine de ne pas la répéter, car on lui a spécifié de ne pas en parler. Et ainsi de suite. Le commérage trouve assurément toujours son chemin. Une étude publiée dans Nature Human Behaviour révèle que derrière ce qui semble être une banale décision de partager une information dans une conversation de corridor se cache en fait un calcul stratégique complexe et inconscient basé sur des cartes d'interactions sociales. Les chercheurs ont en effet montré que notre cerveau dessine des cartes des réseaux sociaux de relations pendant notre sommeil afin d'affiner notre stratégie de commérage, pour notamment savoir à qui raconter nos histoires. Comment expliquer les effets bénéfiques du commérage au travail ? Dans une équipe, l'équilibre de la coopération est fragile ; les personnes qui agissent contre l'intérêt du groupe posent un risque à la cohésion sociale. L'anticipation que le commérage est possible est une forme de punition préventive. Des recherches témoignent d'ailleurs que la croyance que l'on pourrait être la proie du commérage augmente notre tendance à collaborer. Pensez à l'arrivée des plateformes d'évaluation comme TripAdvisor. N'est-ce pas la plus grande plateforme de commérage au monde ? Et qui sera puni ? Gageons que les hôtels qui fonctionnaient sous des modèles de fausse représentation n'ont pas accueilli avec joie cette opportunité rapide et efficace de commérage, contrairement aux hôtels qui offraient un excellent service et pour qui enfin « le mot se passe ». Il en va de même pour les travailleurs ; ceux qui sont des acteurs positifs dans leur entreprise se voient récompensés par le commérage de personnes qui soulignent à grands traits leurs forces. Cela devient un accélérateur de relation, car la confiance se construira rapidement quand les gens ont parlé positivement de vous dans votre dos. Pour ceux qui dirigent une équipe, cela nous ramène à l'importance des pauses en groupe et des conversations autour de la machine à café. Peut-être que ce small talk a plus d'importance qu'on ne l'imagine. Ceux qui gèrent en contexte de télétravail doivent également se questionner : reste-t-il encore de la place pour ces conversations, alors que certains craignent aujourd'hui que leurs échanges soient enregistrés. J'imagine que certains lecteurs sourient à la lecture de cet article en se disant : « J'aime parler dans le dos des gens, ça me réconforte ! » Attention, ce ne sont pas toutes les formes de commérage qui se valent. Les intentions de la personne qui fait du commérage sont analysées par celui qui reçoit l'information. Est-ce une intention prosociale, par exemple m'aviser d'être aux aguets avec un collègue qui a tendance à promettre des choses qu'il ne peut pas livrer, ou est-ce une intention égoïste de sa part, soit de servir sa cause ? Je vous invite donc à valider sincèrement vos intentions avant de vous lancer dans le commérage. Et si quelqu'un propage de fausses rumeurs dans votre organisation et ose utiliser le pouvoir du commérage à ses propres fins pour faire avancer ses propres intérêts, soyez assurés que les gens s'en rendront compte et vont commérer aux autres à propos du tricheur de commérage. Appelons cela… le métacommérage !


Le Figaro
08-07-2025
- Business
- Le Figaro
Aides publiques : le Sénat veut contraindre les entreprises à rembourser en cas de délocalisation
Des élus dénoncent une politique jugée trop laxiste envers les grands acteurs économiques, compte tenu de l'ampleur des soutiens financiers accordés. La commission d'enquête sénatoriale sur l'utilisation des aides publiques aux grandes entreprises propose «d'imposer le remboursement total» d'une aide si l'entreprise délocalise dans les deux ans le site ou l'activité ayant justifié l'aide, dans son rapport publié mardi 8 juillet. La commission d'enquête appelle à un «choc de responsabilisation» pour les entreprises qui perçoivent ces aides tout en délocalisant, mais aussi pour celles qui distribuent des dividendes: elle recommande «de déduire les aides publiques du périmètre du résultat distribuable», sauf celles reçues sous forme d'exonérations et d'allègements de cotisations sociales. Le rapport, qui fait 26 propositions, épingle certaines entreprises comme Michelin : il a perçu 72,8 millions d'euros d'exonérations et crédit d'impôt en 2023-2024, mais annoncé un plan social de 1254 salariés et, selon les calculs du rapporteur, versé 1,4 milliard d'euros de dividendes en 2024, relève la commission. Ce genre de situation «choque l'opinion», estime-t-il. La Commission avait été lancée en janvier à l'initiative du groupe communiste et écologiste CRCE-K, auquel appartient le rapporteur Fabien Gay. Elle est présidée par le sénateur LR Olivier Rietmann. Publicité Crédit d'impôt, Pacte Dutreil Les 87 heures d'auditions de février à juin ont permis d'entendre 33 dirigeants de très grandes entreprises comme LVMH, CMA-CGM, Kering, Danone, Orange, EDF, Airbus, Carrefour ou TotalEnergies. Le rapport souligne qu'il «est impossible de déterminer avec précision le montant des aides publiques versées aux grandes entreprises». Mais la commission a réalisé son propre calcul, selon lequel 211 milliards d'euros ont été versés en 2023 aux 5 millions d'entreprises françaises. Le rapport reconnaît que les aides «doivent s'apprécier dans un contexte global» de très forte concurrence, notamment avec la Chine et les États-Unis, justifiant de soutenir les entreprises. Il délivre «un satisfecit global sur le contrôle des aides» comme le crédit d'impôt-recherche (CIR) ou le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), mais juge «défaillants» le suivi et l'évaluation des dépenses fiscales sous la forme de réductions d'impôts, comme le Pacte Dutreil, qui permet aux enfants reprenant l'entreprise familiale d'obtenir un abattement de 75% sur la valeur de celle-ci. Outre le choc de «responsabilisation», le rapport appelle à trois autres «chocs» : «transparence», avec la création par l'Insee d'ici au 1er janvier 2027 d'un tableau annuel détaillé des aides ; «rationalisation», avec l'obligation d'une étude d'impact avant de créer toute nouvelle aide publique «d'un montant significatif» ; «évaluation», pour déterminer dès la création d'une aide la manière dont elle sera ensuite évaluée.