
Et si le commérage avait sa place au boulot ?
Le commérage a bien mauvaise presse. Certains évoquent la radio du diable. Peu de gens voudraient d'ailleurs être identifiés comme une commère au travail. Cela dit, qui ne tend pas l'oreille lorsque ces délicieuses conversations ont lieu dans le bureau d'à côté ? Des anthropologues estiment même qu'il occupe jusqu'à 65 % de nos conversations de tous les jours. Serait-il temps de redonner ses lettres de noblesse à une pratique vieille comme le monde ?
Des chercheurs ont démontré que le commérage pouvait exercer une influence positive sur le succès des équipes, notamment parce qu'il favorise la responsabilisation et l'imputabilité.
Le commérage se définit simplement comme le fait de « parler de quelqu'un qui n'est pas présent ». Qu'on le veuille ou non, il joue un rôle prépondérant dans nos environnements de travail et dans la société. Une société sans commérage serait assurément dysfonctionnelle !
Une étude publiée dans la revue Psychoneuroendocrinology montre par ailleurs que le commérage amène le corps à sécréter de l'ocytocine, hormone responsable de l'amour, de l'attachement et de la générosité. Notez que c'est d'ailleurs un phénomène universel. Connaissez-vous bien des sociétés, ou des entreprises, où le commérage est absent ? Une recherche a d'ailleurs calculé qu'un courriel sur six échangé au travail était du commérage. Vous ne serez pas surpris d'apprendre que le commérage y est 2,7 fois plus fréquemment négatif que positif.
Même si vous tentez d'empêcher les gens de commérer, ils le feront quand même, mais en mentionnant à leur interlocuteur de ne répéter à personne l'information que vous venez de partager.
Cette nouvelle personne informée, on s'en doute, la répétera à une autre personne, en précisant à la prochaine de ne pas la répéter, car on lui a spécifié de ne pas en parler. Et ainsi de suite. Le commérage trouve assurément toujours son chemin.
Une étude publiée dans Nature Human Behaviour révèle que derrière ce qui semble être une banale décision de partager une information dans une conversation de corridor se cache en fait un calcul stratégique complexe et inconscient basé sur des cartes d'interactions sociales. Les chercheurs ont en effet montré que notre cerveau dessine des cartes des réseaux sociaux de relations pendant notre sommeil afin d'affiner notre stratégie de commérage, pour notamment savoir à qui raconter nos histoires.
Comment expliquer les effets bénéfiques du commérage au travail ? Dans une équipe, l'équilibre de la coopération est fragile ; les personnes qui agissent contre l'intérêt du groupe posent un risque à la cohésion sociale. L'anticipation que le commérage est possible est une forme de punition préventive. Des recherches témoignent d'ailleurs que la croyance que l'on pourrait être la proie du commérage augmente notre tendance à collaborer.
Pensez à l'arrivée des plateformes d'évaluation comme TripAdvisor. N'est-ce pas la plus grande plateforme de commérage au monde ? Et qui sera puni ? Gageons que les hôtels qui fonctionnaient sous des modèles de fausse représentation n'ont pas accueilli avec joie cette opportunité rapide et efficace de commérage, contrairement aux hôtels qui offraient un excellent service et pour qui enfin « le mot se passe ».
Il en va de même pour les travailleurs ; ceux qui sont des acteurs positifs dans leur entreprise se voient récompensés par le commérage de personnes qui soulignent à grands traits leurs forces. Cela devient un accélérateur de relation, car la confiance se construira rapidement quand les gens ont parlé positivement de vous dans votre dos.
Pour ceux qui dirigent une équipe, cela nous ramène à l'importance des pauses en groupe et des conversations autour de la machine à café. Peut-être que ce small talk a plus d'importance qu'on ne l'imagine. Ceux qui gèrent en contexte de télétravail doivent également se questionner : reste-t-il encore de la place pour ces conversations, alors que certains craignent aujourd'hui que leurs échanges soient enregistrés.
J'imagine que certains lecteurs sourient à la lecture de cet article en se disant : « J'aime parler dans le dos des gens, ça me réconforte ! » Attention, ce ne sont pas toutes les formes de commérage qui se valent. Les intentions de la personne qui fait du commérage sont analysées par celui qui reçoit l'information.
Est-ce une intention prosociale, par exemple m'aviser d'être aux aguets avec un collègue qui a tendance à promettre des choses qu'il ne peut pas livrer, ou est-ce une intention égoïste de sa part, soit de servir sa cause ? Je vous invite donc à valider sincèrement vos intentions avant de vous lancer dans le commérage.
Et si quelqu'un propage de fausses rumeurs dans votre organisation et ose utiliser le pouvoir du commérage à ses propres fins pour faire avancer ses propres intérêts, soyez assurés que les gens s'en rendront compte et vont commérer aux autres à propos du tricheur de commérage. Appelons cela… le métacommérage !
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La Presse
a day ago
- La Presse
Avoir le diabète et atteindre les sommets
Quatorze personnes atteintes de diabète de type 1 ont gravi plusieurs sommets du massif du Mont-Blanc en juin dernier. Quatorze personnes atteintes du diabète de type 1, dont deux Québécois, ont gravi plusieurs sommets du massif du Mont-Blanc, qui chevauche la France, la Suisse et l'Italie, pour un projet de recherche franco-canadien hors norme. Cette aventure scientifique, mais aussi profondément humaine, était l'occasion d'étudier les effets d'un tel défi sportif en altitude sur des patients diabétiques. « On cherche de plus en plus à sortir du laboratoire et c'était une occasion en or », souligne le Dr Rémi Rabasa-Lhoret, de l'Institut de recherches cliniques de Montréal. Ce dernier a mené le projet de recherche dans le cadre de la Chaire de recherche sur le diabète de type 1 de l'Université de Lille. Ce passionné de randonnée s'est embarqué dans ce trek de sept jours avec les patients diabétiques et d'autres professionnels de la santé au mois de juin. Les ascensions ont culminé à plus de 4000 mètres. Le Dr Rabasa-Lhoret publiera bientôt un premier papier. « Ça permettra d'aiguiller un endocrinologue, une infirmière praticienne ou une éducatrice en diabète qui aurait un patient qui veut se lancer dans ce genre de défi. » Un des objectifs était de tester la résistance à l'altitude du matériel, dont les pompes à insuline. PHOTO FOURNIE PAR L'ÉQUIPE PROJET LES MASSIFS DU MONT-BLANC & VIRTYSENS L'équipe médicale s'affaire à compiler les résultats des tests. « On n'a pas encore les résultats finaux, mais c'est clair que les logiciels n'arrivent pas du tout à gérer ces conditions-là », conclut déjà le Dr Rabasa-Lhoret. Pour étudier l'impact de l'activité physique intensive sur le contrôle glycémique et évaluer la prise en charge du diabète en altitude, les participants devaient se soumettre à des batteries de tests. « Les patients ont totalement embarqué dans la recherche », souligne-t-il. Une communauté d'entraide « Quand on fait des randonnées, on est souvent gêné de dire aux gens : 'Ah, je suis en hypoglycémie, je dois faire une pause', relate un des participants québécois, James Ravel. Mais là, quand quelqu'un ne se sentait pas bien, on comprenait tout à fait. » Ces ascensions étaient une occasion rêvée pour lui, qui avait déjà relevé d'autres défis sportifs, mais qui touchait pour la première fois à l'alpinisme. C'était l'occasion de me dépasser, de faire quelque chose de complètement nouveau que je n'aurais pas fait par moi-même. James Ravel, participant C'était aussi l'occasion d'être avec une communauté de personnes diabétiques et de s'échanger des conseils. « On parle le même langage », affirme-t-il lors de l'entrevue avec La Presse. PHOTO MICKAEL CHATELLARD, FOURNIE PAR JAMES RAVEL James Ravel, un des participants à l'étude, se trouve à l'avant. Le Dr Rabasa-Lhoret a aussi été touché par cette fraternité, qui s'étendait même au corps médical. « Il n'y a rien comme une cordée pour se rendre compte de ça, parce qu'on est physiquement encordés les uns aux autres et qu'on doit être à l'écoute des autres. » Il a pu également davantage miser sur le partenariat avec le patient, très cher à ses yeux. « Des fois, le patient me demandait quoi faire, moi je lui demandais ce qu'il ferait, raconte-t-il. Neuf fois sur dix, je lui disais de suivre son plan, même si je n'avais pas fait ça. Et ça fonctionnait la plupart du temps. » Le projet lui a aussi permis de saisir l'ampleur de la gestion du diabète au quotidien, avoue le spécialiste. « On a vécu leur réalité. Quand ils disent que c'est 24 heures sur 24, c'est littéralement 24 heures sur 24. » Malgré tout, le projet n'a pas été « lourd ». « Par moments, on oubliait complètement cette gestion-là, c'était naturel et surtout, c'était magique. » Des défis techniques et de la fierté Un des défis techniques est de bien anticiper la quantité de glucides nécessaires pour faire les efforts physiques, explique James Ravel. « On ne peut pas partir pendant six heures sans rien manger, explique-t-il. Il fallait aussi que la nourriture ne gèle pas et soit très accessible. » PHOTO FOURNIE PAR L'ÉQUIPE PROJET LES MASSIFS DU MONT-BLANC & VIRTYSENS La gestion de l'hypoglycémie était un défi constant pour les participants. Le Dr Rabasa-Lhoret a dû aider un participant en hypoglycémie. Heureusement, personne n'a eu de souci médical. « Mais les guides nous prenaient pour des fous furieux quand ils voyaient tout le matériel qu'on emportait dans le sac à dos », dit-il avec le sourire en coin. Le froid en altitude a posé un autre défi. On avait moins le temps de prendre des pauses, donc ce n'était pas le bon moment de tomber en hypoglycémie ou en hyperglycémie. James Ravel, participant Lui-même l'a expérimenté lors de la dernière et plus costaude ascension du séjour, celle du Grand Paradis, qui atteint les 4061 mètres. « Il y avait une tempête, et je n'étais plus capable au niveau du froid, de la glycémie », raconte-t-il. Son équipe a donc rebroussé chemin, « mais l'effort et l'accomplissement étaient quand même là », dit-il. Est-ce que le diabète est handicapant pour ce genre de défis sportifs ? « Il y a des limites, mais si tu veux les dépasser, c'est juste plus de préparation, de travail et d'anticipation », fait-il savoir. L'aventure – impensable il y a quelques années, indique le Dr Rabasa-Lhoret – était aussi un moyen de déstigmatiser le diabète de type 1 et de montrer qu'un exploit de ce genre est possible. Le diabète de type 1 et le sport Le diabète de type 1 se caractérise par l'absence totale de production d'insuline par le pancréas. Lors de ce projet, tous les participants avaient une pompe à insuline en boucle fermée. Celle-ci agit comme un système semi-automatisé qui utilise les données d'un dispositif de surveillance du glucose en continu pour ajuster automatiquement l'administration d'insuline. L'activité physique augmente l'utilisation du glucose par les muscles et augmente la sensibilité à l'insuline. Il y a donc un risque d'hypoglycémie pendant et après la pratique d'activité physique. Les patients étaient aussi à risque d'hyperglycémie, le stress et l'adrénaline tout particulièrement peuvent entraîner une hausse de la glycémie.


La Presse
a day ago
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Créateurs du quotidien
Plus les espaces médiatiques se multiplient et se personnalisent, moins nos diètes médiatiques se ressemblent. On peut donc avoir l'impression d'évoluer en vase clos. Pour tâter le pouls du web québécois, notre collaboratrice est allée à la rencontre de trois citoyens qui peuplent sa bulle algorithmique. Un cri du cœur Stephanie Gauthier, 46 ans Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos On publie parfois une première vidéo comme on lance une bouteille à la mer. « Si je fais ce message, c'est pour tous les gens dans la même situation que moi, et ça a l'air qu'il y en a de plus en plus », lance Stephanie Gauthier dans une vidéo qu'elle publie sur son compte TikTok. Celle qui est aussi veuve et qui élève seule deux enfants continue : « J'ai 46 ans et j'ai fait deux AVC le 13 avril dernier. » Stephanie faisait des crêpes quand elle a perdu la vue du côté droit. Une douche froide plus tard, son visage s'affaissait et un de ses bras ne levait plus. Elle a donc composé le 911. À l'hôpital, on lui a fait passer une IRM et on a diagnostiqué un accident vasculaire cérébral. Elle en a fait un deuxième sur place. Sur son compte, elle documente son processus de réadaptation. « Plus vite t'es prise en charge, moins les séquelles sont grandes », m'explique-t-elle. Selon la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC, 1,9 million de cellules cérébrales meurent toutes les minutes après ce type d'accident. « Le lendemain, je pensais que je retournais travailler. » Stephanie sous-estimait la gravité de sa situation. Deux mois et demi après son accident, elle réapprend encore à vivre. Son horaire est rempli de rendez-vous chez le médecin, en physiothérapie, en ergothérapie, en orthophonie et même en ophtalmologie. Mais comment s'y rendre ? Pendant plus d'un mois, le permis de conduire de Stephanie a été suspendu. Et puisque peu de gens autour d'elle étaient en mesure de l'aider, la maman a tenté d'accéder au transport adapté de Saint-Jérôme. Or, ces services lui ont été refusés en raison de son jeune âge : « Je n'ai pas 65 ans et mon cognitif n'a pas été touché. Je n'entre dans aucune case. » Stephanie fait partie des victimes d'AVC de moins de 60 ans, un groupe que Maryse Bégin, de la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC, me dit pourtant être en hausse. Dans le communiqué de presse que la Fondation a publié en juin à l'occasion du mois de l'AVC, on avance qu'« un AVC sur 20 au Canada survient chez une personne de moins de 45 ans ». Aujourd'hui, Stephanie souhaite une meilleure prise en charge pour les victimes d'AVC de son âge, surtout dans les trois mois qui suivent l'accident, car cette période est cruciale dans leur processus de réadaptation. Un autre défi ? Apprendre à ralentir. « Je suis quelqu'un qui avait la pédale dans le plancher depuis longtemps. […] Aujourd'hui, je réapprends à vivre, à profiter du moment présent. Ça m'a pris 46 ans à comprendre. » Consultez le compte TikTok de Stephanie Gauthier Histoires immobilières Kristian Gravenor, 62 ans Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Je rencontre Kristian Gravenor à l'Orange Julep sur Décarie. Il m'avertit : selon lui, la grosse boule orange est vouée à disparaître. « Avec la valeur du terrain, c'est presque certain qu'elle sera démolie. » Ce Montréalais diplômé en histoire passe son temps libre à filmer des capsules (en anglais) sur les bâtiments de Montréal et à documenter leur transformation. Depuis environ un an, il publie ses historiettes sur TikTok sous le pseudonyme de Coolopolis. Ses vidéos injectent de la vie et du sens dans l'environnement, mettent en récit le paysage. Et si certaines des constructions dont il parle n'existent plus aujourd'hui, leurs histoires demeurent et ne demandent qu'à être racontées. Grâce à Kristian, j'ai par exemple appris l'existence d'un Palais des Nains rue Rachel Est. À l'intérieur de cet édifice anciennement flanqué de deux lions de pierre a vécu un illustre couple de petite taille, Philippe Nicol et Rose Dufresne. Pendant des années, le « palais » dans lequel ils vivaient a été fréquenté par des touristes qui pouvaient le visiter et y acheter des cartes postales. Dans une autre de ses vignettes, Kristian Gravenor filme un immeuble d'appartements quelconque sur le boulevard Bouchard, à Dorval. Il affirme, coupure de journal à l'appui, que dans les années 1970, seuls les célibataires ouverts à l'échangisme pouvaient y emménager. On l'appelait alors le « Swingle Building ». PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE Kristian Gravenor (Coolopolis) devant l'Orange Julep à Montréal Aujourd'hui, le tiktokeur travaille comme journaliste pour CoStar News, une immense plateforme américaine qui fournit des renseignements et des analyses sur le secteur de l'immobilier commercial. Ce n'est d'ailleurs pas la première personne que je rencontre qui travaille pour cette entreprise. Et ce n'est pas étonnant, à l'heure où la spéculation immobilière bat son plein. A-t-il des plans pour l'avenir ? L'auteur de deux livres me dit qu'il peaufine actuellement un troisième ouvrage sur le Gang de l'Ouest, une mafia irlandaise fondée à Montréal. Consultez le compte TikTok de Kristian Gravenor PDG en herbe Logan, 13 ans* Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Que font les jeunes sur Instagram ? Logan, 13 ans, produit du contenu humoristique sur les parfums. « Je m'en vais au dépanneur pour acheter un paquet de gomme balloune, il faut que je sente bon, ça fait que appliquez un parfum avec moi », lance-t-il à la caméra avant de se vaporiser une cinquantaine de fois. Logan fabrique d'ailleurs des parfums à la main chez lui. L'entrepreneur en herbe a nommé son projet Evolux Fragrances. « Je prends des huiles essentielles, je les mets dans un pot Mason, j'ajoute de l'alcool, et quand l'odeur me plaît, je laisse ça macérer pendant un mois dans un endroit sombre et frais », m'explique-t-il en entrevue. Le garçon a à son actif deux créations, Épinette et Vanoria, en vente sur son site web. Je passe une commande, qui arrive par la poste, avec un échantillon, un petit mot et un autocollant. PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE Les deux créations de Logan, 13 ans Quand Logan a commencé à publier sur Instagram, en mars dernier, il encourageait les internautes à suivre sa quête : il disait vouloir démarrer sa propre entreprise, lock in (un anglicisme qui pointe vers une soif de discipline et de rigueur) et se remettre en forme. L'adolescent s'inscrit ainsi dans la culture entrepreneuriale très présente sur le web, une culture qui va souvent de pair avec une éthique de perfectionnement de soi. S'il affirme vouloir devenir millionnaire à 13 ans dans certaines vidéos, « c'est surtout pour capter l'attention des gens », dit-il. Il dit avoir été influencé par son cousin de 15 ans qui vendait sa propre pommade capillaire en ligne. Il tire aussi son inspiration d'autres créateurs québécois, comme les jeunes derrière le compte VCM Fragrance, qui décortiquent les odeurs sur TikTok, mais aussi TheCologneBoy, un Canadien de 19 ans qui est suivi par des millions d'internautes et qui consacre son temps à parler de parfums. Tout porte donc à croire que le parfum cartonne auprès des jeunes garçons… du moins dans un coin de l'internet. Et pourquoi se parfumer ? « Honnêtement, je pense que c'est pour attirer les filles. Et pas puer », répond Logan. Depuis le début de son projet, le jeune débrouillard a développé un intérêt pour la science et l'informatique. Il travaille à créer un nouveau parfum, en plus d'économiser pour se procurer de nouveaux outils. Son message : « Si quelque chose t'inspire, fais-le ! » * Le nom de famille de Logan n'est pas dévoilé à la demande de sa mère Consultez le compte Instagram de Logan


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2 days ago
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Poule, tigre, gendarme… les risques des étiquettes parentales
« Être parent, c'est vivre des joies, des doutes, des défis et des ajustements. Au fil du temps, les parents adoptent différents styles parentaux selon les contextes », écrivent les auteurs. Hélicoptère, drone, tigre, curling, pompier, gendarme… Qu'ont ces mots en commun ? À première vue, difficile d'établir un lien entre eux. Pourtant, tous sont des adjectifs utilisés pour décrire des styles parentaux. Si cette catégorisation vise à mieux comprendre le sujet, elle peut aussi entraîner des effets inattendus, voire néfastes, pour les parents. Rima Habib Professionnelle de recherche et en implantation de programmes parentaux, Triple P Canada Dr Alexandre Hubert Pédopsychiatre, Paris Depuis quelques années, des termes ont émergé pour expliquer les différentes façons d'être parent. On les retrouve dans les médias, sur les réseaux sociaux, et dans certains discours professionnels. Cette tendance répond à un besoin collectif de mieux comprendre un rôle complexe en constante évolution. Le récent article de La Presse, « Le règne de l'enfant dieu, l'enfant qui fait la loi1 », en est un bon exemple : il aborde des enjeux familiaux à travers des images fortes. C'est compréhensible : l'éducation des enfants n'est pas chose simple et les repères d'autrefois ne suffisent pas toujours. Cela nous invite justement à faire preuve de plus de nuance et de bienveillance envers les parents. Le rôle de parents ne se résume pas à une image Être parent, c'est vivre des joies, des doutes, des défis et des ajustements. Au fil du temps, les parents adoptent différents styles parentaux selon les contextes. La parentalité ne saurait donc se résumer à une seule image. En cherchant trop à classer les parents par des étiquettes, on risque de réduire leur vécu à une seule facette. Même bien intentionnées, les étiquettes peuvent peser lourd sur les parents. Ce ne sont pas tant les mots eux-mêmes, mais plutôt le sentiment d'insuffisance ou de jugement qu'ils pourraient induire. Elles désignent souvent des styles parentaux perçus comme peu optimaux, accentuant la culpabilité et ajoutant à la pression qu'ils subissent déjà. Selon l'Enquête québécoise sur la parentalité de 2022, 80 % des parents s'imposent une pression, en plus de celle de leur entourage et des réseaux sociaux2. De plus, les étiquettes ont tendance à définir la personne plutôt que son comportement. À force d'entendre ces généralisations, certains parents finissent par s'autostigmatiser, intériorisant les messages sociaux négatifs, ce qui peut nuire à l'estime de soi et à la recherche d'aide. D'autres parents peuvent également se rattacher à un courant éducatif pour se rassurer. Ce phénomène, visible sur les réseaux sociaux, alimente parfois les divisions plutôt que la compréhension. En France, les débats entre partisans de l'approche Montessori et ceux qui la critiquent, les « Ghettossori », en sont un exemple. Enfin, l'utilisation d'étiquettes peut figer des réalités parentales jusque-là fluides. En consultation, une mère nous confiait : « Je sais, je suis une maman poule, alors je demande au papa d'être plus autoritaire. » En s'identifiant ainsi, elle se cantonne à un rôle permissif et projette sur le père celui de la fermeté. Ces représentations peuvent engendrer des tensions, surtout si elles ne correspondent pas aux préférences des parents. Viser les pratiques plutôt que l'identité La catégorisation peut s'avérer utile pour mieux comprendre et intervenir, notamment en santé mentale. Cependant, même dans ce domaine, les pratiques évoluent : on privilégie de plus en plus de parler de personnes vivant avec un trouble afin de reconnaître leur vécu dans sa globalité, au-delà du diagnostic. Et si nous faisions de même dans notre manière de parler des parents ? Au lieu de dire qu'un parent est ceci ou cela, intéressons-nous à ce qu'il fait. Mettre l'accent sur ses pratiques lui redonne le pouvoir d'agir : celui d'un adulte capable de s'ajuster pour mieux répondre aux besoins de son enfant. Il peut ainsi mieux identifier ses difficultés et choisir les pratiques qu'il souhaite renforcer ou améliorer. Éviter d'étiqueter ne signifie pas tout excuser ni écarter les discussions difficiles. On tente plutôt de considérer le parent dans sa globalité, avec ses forces, ses limites, ses valeurs, et surtout, avec la possibilité de progresser. Et les étiquettes positives ? Souligner les qualités d'un parent, comme lui dire qu'il est « patient » ou « sécurisant » peut lui faire du bien. Mais l'aider à décrire précisément ce qu'il fait bien est encore plus bénéfique, car cela lui donne des repères clairs à reproduire. Un parent qui se sent soutenu, respecté et compris est plus enclin à demander de l'aide et à éduquer son enfant avec bienveillance. Il sera également moins tenté d'étiqueter son enfant, et plus enclin à l'apprécier tel qu'il est. Décoller les étiquettes, ensemble La parentalité est un parcours fait d'ajustements constants. Les mots que nous utilisons pour parler des parents comptent : ils peuvent soutenir ou fragiliser. En évitant les étiquettes parentales, nous laissons place à la nuance, à la compréhension et à la confiance. Si nous voulons que les enfants grandissent dans un climat sain et sécurisant, créons ensemble ce climat pour les adultes qui les élèvent. 1. Lisez « Après le roi et le tyran – Le règne de l'enfant dieu, l'enfant qui fait la loi » 2. Consultez l'enquête « Être parent au Québec en 2022 » Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue