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Au milieu des Pyrénées, une frontière oubliée et ses bornes, vestiges de royaumes disparus
Les frontières d'antan avaient les qualités de leurs défauts. D'une part, elles pouvaient être fluctuantes au gré des conflits locaux. D'autre part, elles n'étaient pas forcément très précises, laissant alors de nombreuses raisons aux belliqueux de croiser le fer. Dans les Pyrénées-Orientales, on trouve encore la trace matérielle d'une vieille frontière qui cherchait à limiter ces escarmouches, entre les royaumes de France et d'Aragon.
Il faut pour cela se perdre dans la garrigue entre Ille-sur-Têt, Bélesta et Montalba et chercher du regard les bornes placées alors sur les sommets les plus visibles. On compte quatre de ces bornes dans ce secteur que l'on peut rejoindre par des sentiers, sur le Puig Pedros, le Pilo d'en Gil et deux autres un peu plus bas non loin de Bélesta, dont le nom complet est évocateur, Bélesta-de-la-Frontière. La végétation a cependant bien poussé depuis leur installation. Une bonne carte est ainsi une aide précieuse.
Certaines de ces bornes vivent une retraite pour le moins paisible, perdues au milieu de la garigue. LP/Yann Kerveno
Ces bornes maçonnées, qui font jusqu'à 1,5 m de haut et 70 cm de diamètre, ont très certainement été installées à la suite de la signature du traité de Corbeil entre 1258.
D'autres marques enfouies
Par ce document que signent alors Jacques 1er d'Aragon et Louis IX, roi de France, prennent fin des décennies d'instabilité. Les termes de l'accord ? Le roi d'Aragon abandonnait sine die ses vues les terres occitanes, ne conservant que Montpellier et deux autres territoires, tandis que le roi de France renonçait à son projet de reconstituer les Marches d'Espagne chères à Charlemagne et abandonnait ses droits sur Barcelone et le Roussillon.
De quoi figer une frontière qui bougera un peu plus vers le sud, après de nombreuses escarmouches… Mais seulement quatre siècles plus tard, en 1659 avec la signature du Traité des Pyrénées, qui déplace la frontière dans la forme que nous lui connaissons aujourd'hui.