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Le Figaro
5 days ago
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Suppression des 35 heures: la porte-parole du gouvernement y est favorable «à titre personnel»
Sophie Primas a réagi jeudi sur LCI aux propos du député Renaissance Mathieu Lefèvre selon qui il faut mettre fin aux 35 heures. Elle a approuvé ce point de vue, tout en s'interrogeant sur «le moment de le faire», alors qu'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale. Alors que le débat sur le temps de travail des Français revient sur la table, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, s'est prononcée jeudi «à titre personnel» pour la suppression des 35 heures comme durée hebdomadaire légale du travail, dans un entretien à LCI. Sophie Primas était interrogée sur les propos tenus jeudi matin sur TF1 par le député Renaissance Mathieu Lefèvre, selon qui «il faudra mettre fin aux 35 heures dans ce pays et laisser la liberté aux entreprises de s'organiser, en lien évidemment avec leurs salariés». «S'il y a des entreprises qui ont besoin de plus de 35 heures et que leurs salariés sont d'accord, faisons-le», avait-il ajouté. À lire aussi Sophie Primas, la porte-parole du gouvernement qui prédit la fin du macronisme Publicité Une interrogation sur «le moment de le faire» «À titre personnel et comme membre de LR, oui, clairement, je partage son point de vue», a assuré la porte-parole du gouvernement, qui s'est néanmoins interrogée sur «le moment de le faire», alors que «nous avons cette Assemblée (nationale) dans laquelle il n'y a pas de majorité». «Il faut avoir ce dialogue avec l'ensemble des partis politiques du 'socle commun' (qui participent au gouvernement), mais élargi, naturellement, pour obtenir une majorité», a-t-elle ajouté. Sophie Primas a par ailleurs repris à son compte que la réforme faisant passer la durée hebdomadaire légale du travail de 39 à 35 heures, votée en 1998 sous le gouvernement du Premier ministre Lionel Jospin, était un «boulet». «C'est parti sur un dogme qu'en travaillant moins, on allait créer plus d'emplois. Ça a fait exactement le contraire», a-t-elle estimé.


Le HuffPost France
5 days ago
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Monétiser les vacances, jours fériés... Le gouvernement a-t-il raison de dire que les Français travaillent moins ?
POLITIQUE - L'avantage des statistiques c'est qu'on peut parfois leur faire dire ce qu'on veut. Ce mercredi 16 juillet Amélie de Montchalin, la ministre des Comptes publics, a assuré que les Français travaillaient 100 heures de moins que les Allemands. De quoi justifier dans la logique gouvernementale la suppression de deux jours fériés et mettre sur la table la monétisation de la cinquième semaine de congés payés ? La ministre Astrid Panosyan-Bouvet a évoqué mardi la possibilité pour les salariés de ne pas prendre leur 5e semaine de congés, mise en place sous Mitterrand en 1982, et de bénéficier en échange d'un coup de pouce financier. Sauf que comme l'ont repéré nos confrères de franceinfo, le chiffre avancé par Amélie de Montchalin provient d'une étude de l'OCDE trompeuse qui calcule le temps de travail sur le nombre total d'habitants. Enfant, étudiants, et retraités compris, donc. « Le temps de travail c'est de toute façon très compliqué à évaluer. Et si vous lisez bien les études de l'OCDE, les petites lignes précisent qu'on ne peut pas comparer les pays, et qu'il s'agit plutôt de comparer les données d'un pays dans le temp s », explique Éric Heyer au HuffPost, directeur à l'Observatoire français des conjonctures économiques. « Travailler deux jours gratuitement pour l'État » Un autre indicateur de l'OCDE, prenant cette fois en compte le nombre d'heures travaillées par travailleur montre que si la France est légèrement en dessous de la moyenne européenne, elle est en revanche devant l'Allemagne. Éric Heyer abonde, pointant que « la grande généralité c'est qu'entre 25 et 55 ans, en France, un salarié travaille comme tout le monde, sans grande différence avec les Italiens, les Allemands ». De quoi faire dire au spécialiste que la suppression des deux jours fériés - alors qu'avec 11 jours fériés la France se situe en dessous de la moyenne européenne qui est de 12 - est tout simplement un impôt déguisé : « L'entreprise ne va pas vous payer plus, mais l'État va taxer ces jours travaillés, c'est comme si vous alliez travailler deux jours gratuitement pour l'État ». En matière de congés payés en revanche, il est vrai, précise le spécialiste, que la France se situe plutôt au-dessus de la moyenne européenne. Même si, là encore met-il en garde, les chiffres cachent une hétérogénéité des situations, entre ceux qui sont au forfait jour, ceux qui n'ont pas de RTT, ceux qui travaillent en vacances, les autoentrepreneurs… « L'idée de parler de temps de travail, c'est un débat d'une autre époque. Depuis les années 2000, tous les pays ont réduit leur temps de travail, c'est le progrès social. Et la baisse a été plus forte par exemple en Allemagne et aux Pays-Bas qu'en France », ajoute Éric Heyer. Accepter de ralentir pour mieux repartir Néanmoins, admet le spécialiste, il y a bien en France un véritable besoin d'améliorer le taux d'emploi des jeunes et des séniors, plutôt que de jouer sur la durée du travail : « En France, on entre plus tard sur le marché du travail et on en sort plus tôt, c'est quelque chose qu'il faut améliorer ». C'est aussi en ce sens que les différents gouvernements depuis 2017 ont tour à tour mis en place la réforme des retraites, du RSA, ou encore de l'assurance chômage. Attention toutefois, pointe le chercheur, car derrière ces enjeux se trouve notamment le critère de la productivité. Entre 2019 et 2023 elle a certes baissé de manière générale en Europe, mais elle a décroché un peu plus en France. La notion peut apparaître comme un peu complexe, mais elle est particulièrement chérie par François Bayrou, dont la logique budgétaire, rappelons-le, vise à ce que les Français produisent plus pour faire rentrer plus de recettes dans les caisses de l'État. À en croire Éric Heyer, le gouvernement ouvre en réalité un œil pour fermer l'autre, et offre donc une vision partiale. Pour bien comprendre la situation, et comme Bercy est un paquebot, l'économiste prend l'image d'un bateau type aviron : dedans les 25-55 ans rament vite, mais si on y ajoute des rameurs moins efficaces (jeunes et séniors) alors le bateau, dont le poids est alourdi, avance d'abord moins vite. Dans le marché du travail, c'est pareil : l'intégration de jeunes en apprentissage, à l'égard duquel la macronie a multiplié les coups de pouce, fait baisser la moyenne de la productivité. « Il faut accepter ce jeu, c'est punitif de dire à ceux qui travaillent qu'ils ne travaillent pas assez. Il faut accepter que la baisse de productivité soit temporaire, en se disant par ailleurs qu'avec ces nouveaux rameurs-travailleurs, on enrichit la croissance en emploi », analyse le spécialiste qui avance une solution : « Il faut que quelqu'un paye pour former ces rameurs à aller plus vite, et il faut que ça soit l'État, parce que c'est un investissement ». Problème, dans le budget de François Bayrou, la dépense publique est désormais un gros mot. Quant au temps, il lui est largement compté.