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L'Équipe
07-08-2025
- Politics
- L'Équipe
Il traverse l'Amérique du Sud à vélo sans avoir jamais fait de cyclisme : « La première fois que j'ai revu un arbre,
L'an dernier, Théo Février, 27 ans, a décidé de quitter son job de responsable de bar à Hossegor pour traverser l'Amérique du Sud du Nord au Sud, en solitaire, sur un vélo de fortune. Neuf mois de périple, 14 000 kilomètres et 150 000 m de dénivelé positif dans les jambes. Et beaucoup, beaucoup de galères. « À l'origine, j'avais pris un billet pour l'Amérique du Sud pour un voyage d'environ dix mois. Je voulais voyager en sac à dos à travers le continent, sans trop de projets. Je suis arrivé à Quito, en Équateur, puis je suis parti faire un volontariat. L'idée était d'apprendre la langue et de surfer. Mais je me suis vite ennuyé, je ne trouvais pas de sens à mon voyage. Sur un coup de tête, j'ai repris un avion, suis monté jusqu'au nord de la Colombie et j'ai acheté un vélo. Je n'y connaissais rien, je n'avais jamais fait de cyclisme. J'ai mis mon gros sac à dos sur le porte-bagages et je suis parti, avec pour objectif de rallier Carthagène des Indes [sur la côte septentrionale de la Colombie] à Ushuaia [aux confins de l'Argentine, dans l'archipel de la Terre de Feu]. Je savais que j'avais 14 000 bornes à faire, mais je ne savais pas combien de temps ça allait me prendre. Comme j'étais parti avec un équipement d'été, mon impératif était d'arriver à Ushuaia avant l'hiver. Une sacrée course contre la montre. En dépit des galères, je m'obligeais à avancer chaque jour. « Je sais juste que pour aller à Ushuaia, c'est tout droit vers le Sud » Au moment où je me lance, je me demande sacrément ce que je suis en train de faire, d'autant plus que je ne connais même pas le début du trajet ! Je sais juste que pour aller à Ushuaia, c'est tout droit vers le Sud ! Ma sortie de Carthagène se fait par l'autoroute, pendant 50 km, avant que je comprenne que ce n'est pas une bonne idée. J'entendais les klaxons de camions qui me frôlaient, j'étais un peu en panique. Je ne gérais pas du tout mon vélo, qui pesait 60 kg et était très peu maniable. Après ça, je suis allé chercher les petits sentiers. Au départ, j'allais souvent dormir près des postes douaniers ou dans les commissariats. Ça me rassurait et m'a permis de trouver peu à peu mon autonomie, d'oser poser la tente à droite ou à gauche avant de reprendre la route. J'allais voir les policiers et je leur demandais si le coin était "safe". La plupart du temps, ils me disaient que ce n'était pas une bonne idée de poser la tente n'importe où et je m'installais à côté du commissariat. Une fois, en Colombie, j'ai même été escorté par la police jusqu'à un endroit où j'étais vraiment en sécurité. « Cette fois-là, j'ai passé la nuit enfermé à clé, dans un endroit qui puait la pisse et les excréments. En fait, j'étais comme un peu en garde à vue » Au sujet d'une nuit dans un commissariat au Pérou Au Pérou, j'ai roulé en haute montagne, sur des cols situés entre 4 800 mètres et 5 000 mètres. Les gravir a pris un temps fou parce qu'on manque d'oxygène à cette altitude et parce que mon vélo était infernal. J'ai réussi à en passer un à 4 850 mètres après avoir roulé trois heures pour parcourir... deux kilomètres. Je me suis retrouvé dans les nuages, entre la neige et la pluie, obligé de descendre de nuit un col pour retrouver la ville d'Oyon [au centre du Pérou] et trouver un endroit où dormir au sec et en sécurité. Ma lampe frontale n'avait alors presque plus de batterie, avec le froid, elles étaient toutes mortes. Je suis descendu pleine balle et j'ai fini par rejoindre Oyon épuisé, complètement congelé. Arrivé là-bas, ma seule solution était d'aller au commissariat, pour voir s'ils pouvaient m'héberger. Ils m'ont répondu : "Pas de problème, mais en ce moment, on a des problèmes de terrorisme dans la ville. On peut t'accueillir pour la nuit, mais en cellule". Cette fois-là, j'ai passé la nuit enfermé à clé, dans un endroit qui puait la pisse et les excréments. En fait, j'étais comme un peu en garde à vue. De tout le périple, ma plus grosse galère a duré une bonne dizaine de jours, en Amazonie. J'ai descendu la Colombie à vélo, puis je me suis arrêté en Équateur pour acheter un packraft, un canoé gonflable, dans l'idée de descendre un affluent de l'Amazone, le Rio-Napo, sur 1 000 kilomètres, en totale autonomie. La phase équatorienne du Rio-Napo est un peu touristique. Mais une fois côté péruvien, on entre dans l'Amazonie profonde. À ce moment-là, je n'avais plus aucune communication avec mes parents, j'avais complètement disparu des radars, j'étais vraiment en autonomie totale. Je me suis retrouvé confronté à des communautés indigènes croyant au diable, et notamment à ce qu'ils appellent le « pela cara », des gens qui viendraient des États-Unis pour décapiter les populations indigènes, récupérer les corps, vendre les visages et de la graisse humaine. J'étais sans cesse agressé à la machette et au fusil. Pendant dix jours, entre les huit à dix heures par jour passées à ramer et l'obligation constante de se justifier, ça a été une sacrée galère. C'est à la fois la plus belle expérience du voyage et celle où j'ai eu le plus peur. Peur de mourir, en fait. La nuit, j'entendais des bruits qui laissaient penser que des gens étaient là. Un soir, je suis resté tétanisé dans ma cabane abandonnée et j'ai vraiment cru que c'était la fin pour moi. Le moment où je me suis le plus remis en question, en mode "pourquoi fais-tu ce voyage ?", c'est en Argentine, avec 800 kilomètres consécutifs à rouler en plein désert. C'est très très plat, avec du vent de face à 70 kilomètres heure de moyenne. Pas des rafales, du vent constant. C'était épuisant. Des lignes droites de 100 kilomètres, pour qu'au bout, je trouve une minuscule bifurcation pour encore une ligne droite de 100 kilomètres... À ce moment-là, je me suis dit : "Putain, mais c'est quoi l'idée ? " Je ne prenais plus aucun plaisir. J'ai passé deux mois sans voir un arbre. Quand j'en ai revu un, je me suis effondré et je me suis mis à pleurer. 53 crevaisons, le porte-bagage cassé, un genou qui craque, et aucun regret Je crois que, parfois, je suis devenu fou. Le fait de ne jamais être accompagné, de ne dépendre que de soi-même, c'est dur. Ce voyage a duré 286 jours, et ça a été 286 jours seul. Je pense vraiment que la solitude rend fou. Je me mettais à parler, pour me motiver à avancer. En me parlant à moi-même, j'avais l'impression de partager quelque chose avec quelqu'un. J'ai aussi connu des galères de matos. J'ai crevé cinquante-trois fois. Mon vélo n'était pas du tout adapté au voyage. Je l'ai acheté en seconde main, il y avait écrit "pour pratiques occasionnelles". Bon... Le porte-bagages n'était pas non plus en capacité de supporter tout le poids. Je l'ai cassé deux fois, ce qui m'a obligé à marcher en poussant le vélo pendant 40 kilomètres avec toutes les affaires sur le dos, avant d'atteindre une ville pour réparer tout ça. Le moment où je me suis senti le plus heureux, c'est à l'approche de la fin du voyage, à l'entrée en Patagonie. Après tous ces soucis, j'étais dans une région très venteuse, avec des paysages hallucinants, des lacs et des rivières bleu turquoise. Il me restait encore 3 000 kilomètres à parcourir mais j'avais déjà l'impression que c'était la fin. Il y avait un côté très contemplatif et satisfaisant à se dire que c'était potentiellement ma dernière galère, ma dernière pluie, ma dernière rafale de vent... C'est là que j'ai compris pourquoi j'avais fait ce voyage. Si je n'avais pas eu tous ces ennuis, de matériel, mais aussi physiques - mon genou a craqué, j'ai eu des problèmes buccaux, des problèmes de ventre, d'intestin, tout ça -, si ça avait été trop facile, je me serais arrêté bien avant. Je n'aurais pas trouvé ce que j'avais envie de venir chercher. Treize ans après être sorti du coma, il est devenu footballeur pro... à 37 ans Je ne regrette absolument rien de ce voyage. En Patagonie, j'ai vécu beaucoup de galères, mais je les ai toujours prises avec le sourire. Je rigolais beaucoup tout seul. Ma course contre-la-montre jusqu'à Ushuaia s'est terminée juste à temps, le 6 avril 2024. Le lendemain, toute la zone était recouverte de vingt-cinq centimètres de neige. J'ai halluciné de ce timing de fou. De cette aventure, j'ai fait un film qui s'appelle « Seul libre ». En ce moment, je réfléchis à mon prochain voyage. J'ai compris que je n'étais pas un fan de vélo, alors pourquoi ne pas changer ? Je pourrais faire la descente du Yukon, le plus grand fleuve d'Alaska et du Canada, depuis sa source jusqu'à son embouchure, en hydrospeed. Il y a les ours, les loups, bref, tout ce bazar-là... Je ne connais pas du tout la faisabilité de ce truc. C'est peut-être une énorme connerie. » (sourires)


Le Figaro
07-08-2025
- Politics
- Le Figaro
«Je préparais des cocktails dans un décor paradisiaque» : le bénévolat, le bon plan des jeunes pour partir en voyage
TÉMOIGNAGES - Cambodge, Croatie, Grèce… Pour explorer le monde sans se ruiner, de nombreux jeunes optent pour le bénévolat. En échange de quelques heures de travail, ils profitent d'un toit, de repas, et parfois d'un cadre idyllique, sans débourser un centime. Allier l'utile à l'agréable. Pour voyager, certains jeunes troquent leur casquette de touristes pour s'essayer au volontariat. Entre 18 et 30 ans, ils s'engagent à l'étranger dans des missions variées. Gérer les réseaux sociaux d'une association à Madrid ou enseigner l'anglais à des enfants au Vietnam : autant de séjours sont organisés, afin de répondre à un réel besoin dans tous les secteurs. Pour promouvoir ces actions, des annonces d'associations locales sont relayées quotidiennement sur différents sites web. Dans la majorité des cas, aucune qualification spécifique n'est requise pour se lancer et souvent, même la maîtrise d'une langue étrangère n'est pas indispensable. À quoi ressemble une journée type ? En plus du travail, reste-t-il du temps pour explorer les environs ? Quatre Français racontent au Figaro leurs expériences solidaires (presque) gratuites, en Europe ou sur d'autres continents. Agathe - Laos et Corée du Sud Une auberge de jeunesse semblable à celle où Agathe exerçait, au Laos. ANTON IVANOV / Anton Ivanov Photo - Publicité Agathe a toujours été attirée par l'Asie. Depuis juin, cette Francilienne de 25 ans réalise enfin son rêve : bénévole au Laos, elle s'envolera bientôt pour la Corée du Sud pour une autre mission. «Le volontariat, c'est une manière plus authentique de voyager : on s'immerge dans la vie locale et on reste plus longtemps», estime-t-elle. Pour bénéficier des offres, elle s'abonne à la plateforme Worldpackers, accessible via un abonnement annuel à partir de 50 €. Excepté le coût des billets d'avion aller-retour et des dépenses personnelles occasionnelles, Agathe ne paie rien d'autre pour son voyage de deux mois. «Le logement et la nourriture sont offerts, en échange des tâches que j'effectue», explique la jeune fille. Au Laos, elle devient réceptionniste dans une auberge de jeunesse. «Il y avait peu de clients, alors je travaillais en moyenne cinq heures par jour, et le reste du temps, je partais explorer les alentours», raconte-t-elle. En Corée du Sud, elle se chargera de travaux dans une ferme. «En plus de voyager, on apprend plein de choses et ça aide à mieux se connaître», confie la jeune fille en recherche d'emploi. Juliette – Croatie Les olives ramassées par Juliette et son groupe de bénévoles sur l'île de Brač, en Croatie. Juliette Remy Pour Juliette, nul besoin de changer de continent pour se sentir dépaysée. Au printemps, la Parisienne de 25 ans s'est envolée pour la Croatie avec le Corps européen de solidarité (CES). Ce programme propose des missions de volontariat en Europe, en prenant en charge tous les frais. «Nous sommes allés dans un village isolé au nord du pays pour aider à construire un mur d'escalade et une tyrolienne pour un centre de loisirs», décrit Juliette. S'ensuivent ensuite sept jours sur l'île de Brač, bordée par la mer Adriatique, pour aider à la récolte d'olives chez des particuliers. «Après les journées dans les champs, on allait se baigner, et le week-end, nous visitions d'autres villes, comme Split», raconte celle qui partageait l'expérience avec une vingtaine d'autres jeunes, originaires de Géorgie, de Serbie ou d'Espagne. En tant qu'étudiante, elle aurait eu des difficultés à financer un séjour de deux semaines à l'étranger. «Que ce soit le transport ou le logement, je n'ai rien eu à payer. On recevait même de l'argent de poche, six euros par jour», sourit Juliette. L'occasion de voyager à moindre coût et de s'engager en même temps. «On améliore aussi notre anglais», note la jeune fille. Mathéo – Grèce Le tri des vêtements effectué en Grèce par Mathéo et son groupe. Mathéo Mathéo revient d'un séjour de deux mois en Grèce, dans la banlieue d'Athènes. «Ce que j'ai le plus aimé, c'est l'esprit de communauté et le fait de tout faire ensemble», livre le Parisien de 23 ans, qui résidait dans une maison en bord de mer, avec des volontaires espagnols et italiens. Engagé auprès d'une association locale, il était en charge de préparer des activités pour des personnes atteintes de troubles mentaux ou d'organiser des rencontres avec les pompiers, essentiels dans cette région exposée aux incendies. «La Grèce est un pays très touristique, alors j'ai apprécié découvrir une autre facette à travers ses habitants et ses défis», souligne-t-il. Publicité Parmi les autres missions figuraient les tris de vêtements destinés à des réfugiés ou à des établissements pénitentiaires. «Mais globalement, nos journées n'étaient pas très chargées, ce qui nous laissait du temps pour aller à la plage ou explorer des îles grecques», raconte-t-il. Autre avantage non négligeable : le coût du voyage. Parti, comme Juliette, avec le Corps européen de solidarité (CES), il a bénéficié d'une prise en charge complète de ses trajets en train et en bateau jusqu'à Athènes. Même lorsque l'on choisit un moyen de transport plus cher que l'avion, l'organisme couvre l'intégralité des dépenses pour favoriser un trajet plus responsable. «Cette option m'a convaincu à partir en mission» conclut Mathéo. Enzo – Cambodge Enzo au soleil couchant, dans l'écolodge où il était volontaire au Cambodge. Enzo Pasquier Après une année de voyage en Australie, Enzo, 26 ans, voulait poursuivre ses expéditions jusqu'en Asie. «Tous les sites que je trouvais pour chercher des offres de volontariat étaient payants, alors j'ai utilisé une autre technique» révèle celui qui a grandi à Angers. C'est sur un groupe Facebook consacré aux expatriés au Cambodge qu'il repère l'annonce d'un établissement à la recherche de bénévoles. Direction l'île de Koh Rong, au nord du pays, où le propriétaire d'un écolodge accepte de l'accueillir. Sur place, Enzo multiplie les casquettes : informaticien, réceptionniste, serveur ou barman. «Mon travail consistait à boire des bières avec les clients, préparer des cocktails, organiser des fêtes et à présenter les lieux aux touristes, le tout dans un décor paradisiaque», résume-t-il. Sur cette île aux airs de «bout du monde», il consacre ses matinées à ses missions et les après-midi à la détente. «J'adorais lire dans les hamacs en face des criques et rencontrer les voyageurs de passage» se souvient-il. Comme les autres participants, le jeune homme alerte tout de même sur les risques «d'exploitations» dans certains endroits. «Il faut prendre le temps d'échanger en amont avec les propriétaires des lieux, se renseigner et s'assurer que l'environnement est sain», recommande-t-il. Comment participer ? En payant une adhésion annuelle de 40 à 60 euros, des plateformes comme Worldpackers, Workaway, Helpx ou WWOOF (agriculture) donnent accès à des offres de volontariat. Totalement gratuit, le site du Corps européen de solidarité (CES) propose toute l'année des missions dans l'Union européenne pour ses résidents âgés de 18 à 35 ans. L'inscription se fait en ligne via un simple dossier. L'association française Youth ID relaie notamment ces offres, d'une durée de deux semaines à un an, accessibles jusqu'à quinze jours avant le départ. À écouter - C'est quoi le PVT, ce visa très particulier qui permet de voyager et travailler dans certains pays pendant un an ?