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5 days ago
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Des rapports à l'argent différents
On aime se reconnaître à travers les histoires des autres. D'ailleurs, ma boîte courriel s'est remplie de « merci de m'avoir décrit, je suis exactement pareil comme vous », après ma chronique énumérant mes habitudes financières dignes d'un écureuil. Je m'attendais aux critiques classiques du genre « vous pourriez mourir demain matin, Madame », mais non. Autre grand absent : les récits d'anti-écureuils, ces personnes dépensières qui s'assument… ou pas. Pourtant, j'avais envie d'explorer l'autre réalité. Celle où les chiffres effraient, où l'argent file entre les doigts, où l'on achète pour se réconforter, pour oublier, ou simplement pour se sentir vivant. L'argent, ce n'est pas seulement des colonnes dans un budget. C'est un reflet de notre histoire personnelle, de nos besoins affectifs, de nos insécurités parfois bien enfouies, des aléas d'une vie remplie de mauvaises surprises, parfois. C'est un terrain miné de contradictions où les mauvaises habitudes s'installent vite… et s'accrochent longtemps. C'est exactement ce que démontrent les trois témoignages très personnels que j'ai recueillis. Trois personnes m'ont confié leur histoire, avec des détails et des réflexions qu'elles n'oseraient pas toujours admettre à leurs amis, à leur famille, parfois même à leur conjoint. L'argent est tabou, encore plus lorsqu'on a l'impression de mal le gérer. C'est pourquoi j'ai accepté de changer leur prénom. Sarah, d'abord. Une mère de famille avec une dette de consommation écrasante. Son problème ressemble à une dépendance aux achats en ligne. Les colis qui s'accumulent à sa porte sont devenus, au fil du temps, une source de plaisir et un piège redoutable. Antoine, ensuite. Il a acheté une maison l'an dernier, tout juste avant que la vie ne lui envoie une série de claques financières. Résultat : une spirale d'endettement à laquelle il tente d'échapper avec des offres spéciales de cartes de crédit et un tableau Excel. Et Julie. Même si elle n'a aucune dette, elle dépense tout. Chaque dollar qu'elle gagne y passe. Restaurants, vêtements, voyages, électroménagers de luxe, filet mignon à prix courant. Elle vit comme si elle était très riche… sans l'être. Comme si elle était perpétuellement en vacances. Trois histoires. Trois rapports à l'argent. Dans leurs récits, vous reconnaîtrez peut-être votre propre relation à l'argent, vos habitudes, vos contradictions, vos angles morts. Personne n'y échappe, même ceux qui font partie du club des écureuils.


La Presse
06-07-2025
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Le bonheur… sans dépenser assez !
« À moins de vivre avec des revenus très faibles, on peut épargner sans constamment avoir l'impression de se priver », écrit notre chroniqueuse. Que ce soit avec une pointe d'admiration ou plus souvent d'agacement, mes copines me qualifient régulièrement d'écureuil. Je ne dépense pas assez, semble-t-il, et à l'évidence, ça dérange. Certes, je ne suis pas un cordonnier mal chaussé qui écrit sur les finances personnelles tout en vivant de paie en paie. J'ai entièrement remboursé mon hypothèque il y a quelques années, j'ai acheté ma petite voiture usagée comptant et mon REER est plein. Pourtant, je n'adopte pas tous les judicieux conseils de mon collègue Nicolas Bérubé qui se déplace surtout à vélo1 et privilégie le minimalisme vestimentaire. Confidence gênante : mes placards débordent de robes, je voyage, j'assiste régulièrement à des concerts. Il va me le pardonner puisque comme lui, je ne rêve pas de rouler en BMW et je ne commande jamais de pizza2. J'aime avoir les mains dans la pâte et épargner 40 $ par le fait même. Cette combinaison peut sembler insignifiante dans une planification financière. C'est plutôt la preuve qu'on peut être heureux sans dépenser beaucoup. À moins de vivre avec des revenus très faibles, on peut épargner sans constamment avoir l'impression de se priver. Mais intuitivement, ces notions semblent paradoxales. Lorsqu'il est question d'argent, je constate que l'expression « Je veux vivre » justifie beaucoup d'achats censés rendre plus heureux : mocktails à 12 $, piscine creusée, fin de semaine dans un chalet avec spa, iPhone 16 Pro. Le hic, c'est que la définition du mot « vivre » change grandement au cours de la carrière et des augmentations de salaire. Ce phénomène est assez curieux, quand on y pense. Dans l'un de ses spectacles, Louis-José Houde se demandait à quelle heure de la nuit on est soudainement frappés par la mauvaise haleine. Le même genre de question se pose en matière de finances personnelles. • À quel moment un VUS avec des sièges chauffants en cuir devient-il nécessaire au bien-être ? • À partir de quand a-t-on besoin de boire des cafés à 7 $ pour se sentir en vie ? • Quand est-ce que les lunettes, les sacs à main et les montres griffés font tout à coup partie de l'équipement de base pour se présenter en public ? On ne s'en rend pas nécessairement compte, mais nos « besoins » prennent souvent de l'ampleur plus rapidement que nos revenus. Résultat, les dettes de consommation sont monnaie courante. L'endettement non hypothécaire moyen s'élève à 21 859 $ par personne au Canada. Au Québec, ces dettes atteignent 18 985 $ (+2 % sur un an), selon Equifax. De son côté, Statistique Canada calcule que chaque ménage doit 1,74 $ par dollar gagné. Comme l'a déjà écrit Nicolas, « je travaille fort, je peux me le permettre » est un très mauvais guide pour nos finances3. Cette philosophie nous amène bien souvent à faire des choix trop coûteux. En résistant tout simplement à la tentation de s'inventer de nouveaux besoins, on accroît sa capacité d'épargne au fil du temps sans se priver. C'est mathématique. Et drôlement efficace dans mon cas. J'ai demandé à mes amies de m'énumérer mes autres comportements qui leur font dire que je suis un écureuil. « Quand tu voyages, tu échanges ta maison. » C'est beaucoup plus commode pour avoir de l'espace, des jouets pour fiston, une piscine privée et une cuisine pour préparer des pique-niques. J'aime découvrir les cultures à travers l'aménagement, la décoration et le contenu des lieux qu'on me prête. « Vous n'avez qu'une seule voiture. » Je préfère pouvoir lire dans le transport en commun plutôt qu'être prise dans les embouteillages sur le pont. En plus, il n'y a pas de stationnement à La Presse et ça me permet de faire quelque chose pour la planète. C'est aussi par conscience écologique que j'ai remplacé le joint d'étanchéité de mon vieux frigo (surprise, il fonctionne encore !) plutôt que d'en acheter un neuf qui envoie des textos4. « Tu apportes toujours ton lunch au bureau. » Ça m'évite de sortir au froid l'hiver (qui dure neuf mois par année selon mes standards) et de manger plus santé qu'au restaurant. « Tu cuisines beaucoup. » C'est mon passe-temps préféré. Celui qui me permet de décrocher, d'user de créativité, d'améliorer mes techniques (notamment en matière de pain et de pâte à pizza). Quand je vais au restaurant, c'est pour manger des plats compliqués, comme le Doro wat ou la pastilla. « Tu ne t'achètes pas de bijoux en or ou de diamants. Tu portes toujours les mêmes bagues en argent. » Question de goût. Le métal jaune ne me plaît pas particulièrement, et les diamants, ça accroche dans les bas de nylon. « Tu achètes tout au rabais. » Si je peux étirer chaque dollar que je gagne, je ne vois pas pourquoi je me priverais de cette satisfaction. Même chose pour les gratuités obtenues avec mes cartes de points et de crédit. Ces dernières années, j'ai obtenu au moins 3000 $ d'épicerie gratuite. Je ne compte plus les pleins d'essence, les billets d'avion, les produits de pharmacie et les bouteilles de vin qui ne m'ont rien coûté. C'est devenu un jeu. « Tu n'es abonnée à aucune plateforme de streaming. » Je paie pour le bon vieux câble et je n'arrive même pas à regarder tout ce qui m'intéresse à Télé-Québec, TV5, ARTV, Explora et RDI. N'en rajoutez pas, la cour est pleine ! Comme quoi on peut aussi trouver toutes sortes d'arguments pour justifier… de faibles dépenses ! 1. Lisez « Le vélo est une machine secrète à fabriquer des millionnaires » 2. Lisez « Six choses sur lesquelles je ne dépense pas mon argent » 3. Lisez « Pas de million, pas de BMW » 4. Lisez « Un prochain frigo qui envoie des textos ? »