
Myriam et Julien Tuffery, le couple qui fait renaître le jean made in France
Dans une industrie textile ravagée par les délocalisations, Tuffery, qui ne compte plus que quatre salariés, est alors au bord du dépôt de bilan. Mais le couple lui prédit un avenir. « L'entreprise cochait toutes les cases de nos aspirations : la mode responsable, faire moins et mieux, offrir une traçabilité du vêtement », lâche Julien Tuffery. « La fibre entrepreneuriale, je la tiens de mon père, vigneron biologique dans l'Hérault. Cela n'a pas été un sacrifice de reprendre une entreprise moribonde », complète Myriam Tuffery, directrice générale.
Répartition des tâches
La reprise d'Atelier Tuffery est conclue en 2016. Avec un capital partagé à 50/50. Soudé, le couple ne prend pas de précaution juridique en cas de séparation. « On n'a pas envisagé que les choses puissent mal aller entre nous. Nous sommes dans une logique de transmission aux enfants. Tuffery, c'est autant l'entreprise de Myriam que la mienne », lance Julien, pas peu fier de faire entrer une « non Tuffery » au sein de la PME créée en 1892. « Il a fallu trouver ma place, notamment auprès de certains clients. Je n'étais pas la soeur de Julien », rembobine Myriam.
En moins de dix ans, le duo a métamorphosé le modèle économique de l'entreprise, qui emploie aujourd'hui 40 salariés. L'image et la conquête commerciale pour lui, l'organisation du travail pour elle. « Le chiffre d'affaires est passé de 50.000 euros en 2016 à environ 5 millions cette année, sans ouverture du capital, précise Julien Tuffery. Chaque euro gagné a été réinvesti. »
Plusieurs fronts ont été ouverts : stratégie e-commerce, nouveaux process de production et de flux logistiques, reconstitution de filières d'approvisionnement locales, identification des bons filateurs et tisseurs, extension de la manufacture. En 2024, une deuxième boutique ouvre en plus que celle de Florac, à Montpellier. Etape majeure pour la marque, une autre ouvrira cet automne à Paris, dans le quartier du Marais.
« Le projet de leur vie »
Vivre ensemble au quotidien est à double tranchant. « On se parle boulot de 6 heures à 22 h 30. Le point positif, c'est que les projets avancent vite, car ils sont discutés en permanence », note Myriam. « Tous deux mettent une très forte intensité dans leur travail, comme s'ils étaient investis d'une mission, analyse une de leurs relations professionnelles. On sent que c'est le projet de leur vie. »
Mais tout n'est pas rose, dans un quotidien surchargé. Principal revers de la médaille, un temps disponible moindre pour les deux jeunes enfants. « A l'école, ils sont les premiers arrivés et les derniers partis. La difficulté, c'est de concilier le métier de cheffe d'entreprise, la gestion des enfants et les déplacements », glisse Myriam Tuffery, qui s'accorde quelques footings dans les Cévennes. Pour décompresser, son mari assure chaque mercredi l'entraînement de football des jeunes du village.
La force de ce duo calme et posé réside surtout dans sa complémentarité, renforcée par dix-sept ans de vie commune. « Si on a fait ce projet, c'est parce que Myriam est la meilleure associée que j'aie pu trouver. Elle apporte une très grande rigueur », loue l'entrepreneur, se disant un « phobique administratif ». Ayant appris à coudre, et attiré par la mécanique des machines, Julien Tuffery aime, lui, « aller au charbon » devant les médias et sur les réseaux sociaux.
Projet de recherche
Le showroom de Florac, qui attire 20.000 personnes par an, est devenu un lieu « d'éveil des consciences, pour inciter les gens à changer leur façon de consommer ». Le tandem porte une forme de résistance à la fast fashion, qualifiée par Julien Tuffery de « calvaire écologique et d'esclavagisme moderne ». Tous deux ont gravé dans le marbre des valeurs partagées autour de la mode durable, une politique de formation et une polyvalence en atelier pour éviter la répétitivité des tâches.
Le couple insuffle également sa culture scientifique héritée de la vie étudiante. Atelier Tuffery a lancé, avec l'Inra de Marseille et Polytech Montpellier, un projet de recherche sur le traitement des jeans après confection. L'idée est d'utiliser moins d'eau et de produits chimiques. « Dans un an, nous verrons si nous pourrons passer à la phase préindustrielle », conclut Myriam Tuffery. Le cap est déjà mis sur août 2026, avec la célébration des 10 ans de la reprise et des 40 ans du duo. Pour une fois, ils prendront le temps de faire la fête.
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