« Je pense que je vais courir vite » : Noah Lyles de retour en piste au meeting de Ligue de diamant de Monaco
Le temps passe vite. Peut-être encore plus quand on le défie chaque jour. Jeudi, dans un stade Louis-II plus vieux que tout mais toujours aussi bien accompagné par le soleil et la brise marine, on pouvait déjà voir le présent et le futur du sprint mondial. D'un côté, Gout Gout, la perle australienne, grand sourire aux lèvres et yeux pétillants de celui qui n'a encore rien vu tel un nouveau-né dans un monde encore bien trop grand pour lui.
Et de l'autre, un Noah Lyles de retour sur un circuit qu'il connaît comme sa poche. Ce vendredi soir, l'Américain n'aura pas à se méfier de la jeunesse puisque la nouvelle terreur (20''02 sur 200 m à 17 ans) sera alignée en série « U23 », histoire de prendre gentiment ses marques à l'étage supérieur. Lyles, lui, sera bien dans le show et toute la question est de savoir à quel niveau.
Chose inhabituelle pour lui, le champion olympique du 100 m au Stade de France l'été dernier a en effet été ralenti par une blessure lors de sa préparation. Une inflammation à un tendon d'une cheville dont il ne veut pas évoquer la cause, lâchant dans un sourire « disons simplement que c'était un accident bizarre ».
Ce que l'on sait, en revanche, c'est que le sprinteur de bientôt 28 ans (le 18 juillet) a manqué un gros mois d'entraînement au printemps et ce n'est pas l'idéal quand on doit conserver le titre de coureur le plus rapide du monde. « Ça m'a empêché de faire du jogging ou de courir, expliquait-il jeudi soir assis dans les tribunes de l'enceinte monégasque, alors que le soleil commençait à disparaître derrière les arches. Je ne pouvais pas vraiment appuyer dessus. Je pouvais marcher, je pouvais même sauter un peu mais, à part ça, je ne pouvais rien faire. »
Une période qui a été d'ailleurs assez compliquée pour l'Américain, peu habitué à gérer la frustration d'une blessure. « C'était ma première blessure depuis mon entrée en première année professionnelle en 2017, lâche-t-il. Heureusement, c'était beaucoup plus facile à guérir. Mais oui, c'était très étrange, car je me blesse rarement. Du coup, devoir être patient, ce n'était pas drôle. Ce n'était pas le pire, car je savais que de bonnes choses se profilaient à l'horizon, mais ce n'était pas drôle. »
« C'était très difficile pour moi de me remettre à courir. Tout le mois de juin a été un véritable mois de réflexion »
Noah Lyles
Le tout sur un fond de fatigue mentale déjà existant depuis plusieurs mois, la saison olympique ayant été difficile à digérer pour celui qui avait fini sur civière après son 200 m (3e), les jambes anéanties par un Covid. « C'était vraiment difficile de commencer la saison, surtout parce que mon entraîneur (Lance Brauman) ne voulait pas repousser le début et on a commencé le 1er novembre, comme chaque année. Et je me souviens m'être dit : "Oh, c'est trop tôt !" Je voulais sortir, savourer ma médaille et participer à des événements. J'ai fini par prendre des vacances, faute de pouvoir le faire pendant l'intersaison, et je suis parti début avril, tellement épuisé. C'était très difficile pour moi de me remettre à courir. Tout le mois de juin a été un véritable mois de réflexion. C'était vraiment l'occasion pour moi de me demander : "Pourquoi est-ce que j'aime courir ? Pourquoi est-ce que j'aime m'entraîner ? Enfin, pourquoi est-ce que je fais ça ?" Et pouvoir dire : "OK, voici mes raisons et voici pourquoi je vais m'y tenir." »
Une période de réflexion qui lui a redonné la gouache. Désireux de rentrer dès le meeting Ligue de diamant d'Eugene (5 juillet), sur la piste du Hayward Field qui l'avait sacré champion du monde du 200 m en 2022, Lyles a dû renoncer sur les conseils de son coach, ce dernier ne voulant pas qu'il enchaîne trop, sachant qu'il sera au départ du 100 m de Londres la semaine prochaine (19 juillet) puis retournera aux États-Unis pour le Championnat national.
Le voilà donc à Monaco sur le demi-tour de piste où l'attend l'un de ses meilleurs ennemis, Letsile Tebogo, champion olympique de la distance. « J'ai fait d'excellents entraînements, avance-t-il. J'ai vraiment envie de voir ça se concrétiser sur la piste. Je n'ai aucune raison de penser que ce ne sera pas le cas. Donc oui, je pense que je vais courir vite. »
Lors de sa dernière sortie monégasque en 2022, Lyles s'était imposé en 19''46. Il n'en demandera pas tant ce vendredi, son intention étant surtout de dire qu'il est « back in the game ».
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