
Les hôtels, restaurants et espaces « no kids » existent-ils vraiment en France ? Pas tant que cela
Elle consiste à exclure les mineurs de certains hôtels et restaurants, de certains voyages et autres activités de loisirs. Mais en France, est-ce que cette fameuse tendance, qui a fait l'objet de plusieurs réunions entre la Haute commissaire à l'Enfance et plusieurs fédérations du secteur du tourisme et des transports, est-elle vraiment en voie de développement ?
Une enquête Odoxa pour Lou média révélait en mai dernier que 54 % des Français étaient pour les espaces réservés aux adultes. Une position qui semble corrélée aux autres résultats de l'enquête, selon lesquels 75 % des Français estiment que « les enfants sont moins bien élevés qu'avant », 83 % des répondants pensent que les « méthodes d'éducation moderne rendent les enfants plus capricieux » ou « plus difficiles à gérer », et 84 % d'entre eux considèrent que « les parents laissent trop souvent leurs enfants perturber la tranquillité d'autrui ».
Néanmoins, l'offre « no kids » reste assez limitée en France : elle est « beaucoup plus développée dans d'autres pays européens, dans d'autres pays asiatiques », soulignait Sarah el Haïry elle-même en mai sur RTL, ajoutant qu'il ne fallait pas la « laisser s'installer en France ». « On en voit l'étendue sur les plateformes et le ressenti ou les retours d'expériences se multiplient au quotidien autour de soi. Ça peut être le 'chut' ou le regard accusateur dans le train, le refus de place sur une terrasse car on vient avec une poussette », énumère au HuffPost une source de premier plan qui entend lutter contre.
Si quelques restaurants et hôtels campings se sont lancés, la situation reste encore très éloignée d'autres pays, à l'instar de la Belgique par exemple, où TF1 rapportait en 2023 qu'un restaurant sur dix interdisait les enfants.
Les établissements « adult only », c'est 3 % de l'offre
En France, les offres commerciales dites « adult only » (« adultes seulement ») restent pour l'instant marginales, comme le rapporte Le Nouvel Obs, qui cite le syndicat Entreprises du voyage, qui estimait en 2024 auprès de l'AFP qu'elles représentaient « à vue de nez [...] 3 % de l'offre ». L'Obs donne également les chiffres de la Fédération nationale de l'Hôtellerie de plein Air (FNHPA), qui recense de son côté une vingtaine de campings de ce type sur les 7400 que compte la France.
Il faut dire que l'article 225-1 du Code pénal interdit « toute distinction opérée entre les personnes physiques, sur fondement de leurs origines, leur sexe, leur situation de famille, leur âge », sous peine de trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. Il n'empêche que le débat est de plus en plus présent en Hexagone et que certains établissements, contournant la loi, n'hésitent pas à afficher sans complexe vouloir « préserver la tranquillité des clients » et tout faire pour éviter la présence d'enfants.
Sur M6, l'émission Un jour, un doc, consacrée au sujet et intitulée « Enfants interdits ou enfants rois : quelle formule magique pour vos vacances ? », montre notamment les stratégies mises en place par certains restaurants, hôtels et plages pour offrir à leurs clients un espace garanti presque « no kids ». C'est le cas par exemple de Cathy, qui gère un hôtel 4 étoiles à Ajaccio, en Corse, elle assume, malgré le fait que cela soit illégal, donner la priorité aux clients sans enfants de moins de 12 ans.
« Des espaces de tranquillité à l'abri des indésirables »
Elle va même plus loin que cela, puisqu'elle explique que, face aux plaintes des clients concernant le « chahut » lié à la présence d'enfants, elle a décidé il y a 4 ans, de rendre son établissement « adult only », par le biais de « stratagèmes ». Elle facture par exemple l'installation d'un lit supplémentaire dans une chambre au prix fort : 100 € par nuit. Un choix qui est également commercial, puisque les budgets des familles en vacances sont « plus restreints » sur place que ceux des couples seuls ou des adultes entre amis, qui « ne regardent pas à la dépense », explique Cathy sur M6.
Pour le sociologue Clément Rivière, auteur de Leurs enfants dans la ville (Presses universitaires de Lyon, 2021), le nombre d'offres « no kids » n'ayant pas été étudié ni chiffré en France, il est difficile d'y déceler un phénomène de société à proprement parler.
« J'ai l'impression que ces prestations sont essentiellement proposées à des gens qui ont les moyens, soulignait Clément Rivière auprès du HuffPost. Et cela dit plus de choses des classes supérieures et de leur rapport aux autres, leur désir d'entre-soi, leur capacité à s'acheter des espaces de tranquillité à l'abri des indésirables - en l'occurrence leurs propres enfants ou ceux des autres - que de la société dans son ensemble. »

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