« Il était une part de nous tous » : à Anfield, la famille de Liverpool endeuillée après la disparition de Diogo Jota
On ne choisit pas sa famille, mais eux l'ont fait depuis longtemps, pour le meilleur, souvent, et pour le pire, parfois. Maillots rouges et yeux de la même couleur, les membres de la « Liverpool Family » ont convergé par milliers vers Anfield depuis jeudi, pour rendre hommage à un petit-fils, à un fils, à un frère ou un tonton. C'est bien cela que représentait Diogo Jota pour cette foule d'anonymes connectés entre eux, c'est bien cela qu'ils pleurent au pied du temple, après le décès brutal de l'attaquant de 28 ans et de son frère André Silva dans un accident de la route en Espagne, dans la nuit de mercredi à jeudi.
« J'ai perdu un de mes fils », répétait tous les deux mètres une femme à la voix éraillée, en remontant l'impressionnante allée de fleurs et de mots laissés sur le gazon faisant face à l'Hillsborough Memorial, à l'heure du breakfast vendredi. Ses paroles et ses sanglots brisaient alors un silence bouleversant, dans lequel un jeune sosie de John Arne Riise semblait se complaire. Assis sur le banc Bill Shankly, le regard perdu dans les bouquets, ce dernier est resté immobile pendant près d'une demi-heure. « Je crois qu'il était une part de nous tous », a-t-il simplement soufflé avant de filer pour son embauche à 9 heures.
L'heure à laquelle les portes de la réception de l'Anfield Road Stand ont ouvert pour permettre à la « LFC Family » d'aller inscrire un mot dans un registre de condoléances. Quatre pupitres alignés sous le sourire à jamais figé du Portugais, et des dizaines de cahiers noircis d'amour et arrosés de larmes. Le petit Renzo, intenable dans la file d'attente, sur draisienne rouge avec un dossard n° 20 sur le devant, s'est arrêté net quand son papa a pénétré dans la pièce. Il avait déjà levé la tête, interloqué lorsqu'un steward était tombé dans les bras du paternel, en mimant l'accolade que lui aurait donnée Jota le 25 mai, lors des célébrations du titre à Anfield...
Des ballons, des crampons, des lettres signées d'Ethiopie ou de Malaisie, des écharpes, des fanzines, des maillots...
Si le club en deuil a fermé toutes ses boutiques, ses musées et ses tours organisés jusqu'à lundi - au grand désarroi de fans asiatiques qui avaient prévu leur programme depuis des mois - l'âme de l'institution, qui a construit sa légende en se relevant de tous les drames, était partout. Des centaines de « Liverbird », l'analogue britannique de l'oiseau phénix qui constitue le blason au LFC, surnageaient d'ailleurs au milieu de la marée de fleurs déposées pour Jota. Il y avait aussi des ballons, des crampons, des lettres signées d'Éthiopie ou de Malaisie, des écharpes, des fanzines, des maillots, rouges principalement, mais pas que.
On a par exemple vu un homme âgé éviter de marcher sur des maillots Reds pour léguer son écharpe et un maillot relique d'Everton, le rival de l'autre côté du Stanley Park, en signe de respect. On a aussi observé une dame en larmes s'acharner avec une brosse à dents sur le Walk of Fame pour raviver l'éclat d'une plaque « Helen, Forever Red », avant d'y déposer juste à côté un bouquet pour Jota avec le même message.
« Il est arrivé en 2020, il avait le numéro 20 et il a gagné le 20e titre, donc il faut retirer son maillot c'est le minimum »
Sue, une fan de Liverpool
De puissantes rafales de vent ont fait irruption peu avant midi, mais aucune offrande ne s'est envolée. Comme si même les éléments s'étaient accordés en révérence à l'un des chouchous de la famille. « Je ne devrais pas dire ça, mais si ça n'avait pas été lui, ça n'aurait pas été comme ça, glissait Joseph, dit "Joe ", à un ami stadier au sujet de l'intensité de l'hommage apporté par les Reds. Regarde, tout le monde parle de l'homme qu'il était et pas du joueur, parce que c'était un cerveau, un coeur, c'était un des nôtres. Un gars du Portugal mais qui était un vrai Scouser, qui aimait le snooker et les fléchettes, la meilleure pub anti-Brexit. » L'ancien capitaine Jordan Henderson, effondré, s'est fondu comme d'autres personnalités à une foule qui ne désemplit pas depuis 48 heures pour « l'enfant adopté de la ville », comme le stipulait une carte de condoléances.
Tandis que le club se laisse du temps avant de planifier les actions mises en oeuvre pour que Diogo Jota soit honoré à jamais, le peuple rouge a déjà ses idées. « Il est arrivé en 2020, il avait le numéro 20 et il a gagné le 20e titre, donc il faut retirer son maillot, c'est le minimum », avançait Sue, la trentaine. Certains fans proposent aussi d'entonner le chant du « Lad from Portugal » à chaque 20e minute, d'autres exigent d'urgence une fresque en son honneur sur un des murs du quartier, comme celles de Ian Rush, Robbie Fowler ou Trent Alexander-Arnold. « Ils n'ont qu'à la faire à la place de celle de Trent, Diogo était un vrai amoureux du club, lui », soufflait un fan encore écoeuré du départ de l'Anglais au Real Madrid.
« J'aimerais qu'il soit peint avec l'écharpe devant le Kop », confiait plus tard Annie, quand son mari était plutôt favorable à immortaliser la célébration de son ultime but, dans le derby contre Everton (1-0, le 2 avril). On pourrait aussi proposer le poster de Jota et son regard lointain, celui accroché par une écharpe à un arbre d'Anfield vendredi. Un ancien supporter, appuyé sur sa canne, l'a contemplé avec une telle intensité qu'on a soudain compris la formule affichée partout : « Diogo, tu ne marcheras jamais seul ».
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