
Des pluies torrentielles font cinq morts en une semaine
(Taipei) Plus de deux mètres de pluie ont été recensés à Taïwan depuis une semaine, provoquant des inondations et des glissements de terrain qui ont causé la mort de quatre personnes.
Agence France-Presse
Depuis le 28 juillet, de violentes précipitations se sont abattues sur de larges zones de l'île, forçant plusieurs milliers d'habitants à se réfugier et endommageant des routes.
Maolin, un district montagneux du sud de Taïwan, a enregistré plus de 2,8 mètres de pluie depuis le 28 juillet, d'après le centre météorologique local (CWA).
C'est plus que les précipitations annuelles de l'année dernière, qui se sont élevées à 2,1 mètres, selon les données de l'agence.
PHOTO SERVICE DES INCENDIES DE KAOHSIUNG, AGENCE FRANCE-PRESSE
Des débris emportés par les inondations dues aux pluies torrentielles à Kaohsiung, à Taïwan.
Pour la première fois depuis 1998, « Taïwan a connu sept jours consécutifs avec plus de 200 millimètres de pluie quotidiennement », a déclaré le prévisionniste Chen Yi-liang du CWA.
Les pluies exceptionnellement fortes ont été causées par un système de basse pression et de forts vents venant du sud-ouest, a décrit à l'AFP M. Chen. M. Li a déclaré que les vents du sud-ouest étaient généralement induits par les typhons affectant l'île en mai et en juin.
Cette fois-ci, les pluies ont été causées par le typhon Co-may, qui a atteint la semaine dernière Shanghai après être passé à l'est de Taïwan, a indiqué M. Li.
Les précipitations recensées sur l'île le mois dernier ont été les plus élevées pour un mois de juillet depuis 1939, a déclaré la CWA.
« Nous rencontrons rarement une catastrophe d'une telle ampleur », a déclaré le premier ministre Cho Jung-tai lors d'une visite dans une zone frappée par les inondations à Tainan, dans le sud, lundi.
« Depuis le typhon Danas jusqu'à aujourd'hui, nous avons fait face à presque un mois de pluie continue et abondante. »
Cette semaine de mauvais temps a provoqué la mort de cinq personnes, tandis que trois autres ont disparu et 78 sont blessées, a déclaré un responsable des catastrophes. Près de 6000 personnes ont été forcées de quitter leur domicile.
Mais le service de météorologie s'attend à ce que la pluie diminue dans les jours à venir.
Taïwan est habitué aux fréquentes tempêtes tropicales de juillet à octobre.
Selon les scientifiques, le changement climatique induit par les activités humaines provoque des phénomènes météorologiques plus intenses, ce qui peut favoriser les inondations destructrices.
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Plus de 150 juristes d'accord pour nommer ce qu'il se passe à Gaza
Dans cette lettre publiée le 8 août dans le journal Libération et soumise à La Presse, des spécialistes du droit international et pénal font collectivement huit constats sur la situation à Gaza. 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De tels actes commis sur le territoire israélien sont indéniablement des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité qu'aucune cause ne saurait justifier. 3. face à ces attaques provenant de l'intérieur d'un territoire occupé, Israël ne pouvait se réclamer du droit de légitime défense au sens de l'article 51 de la Charte des Nations unies mais, comme l'a rappelé la Cour internationale de justice dans son avis consultatif du 9 juillet 2004 sur le « Mur », l'État hébreu conserve « le droit, et même le devoir » de répondre à de tels actes « en vue de protéger la vie de ses citoyens. Ces mesures n'en doivent pas moins demeurer conformes au droit international applicable ». 4. dans le cadre de sa riposte, Israël a commis et continue de commettre de nombreuses violations graves du droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire. De telles violations, commises en lien avec un conflit armé, peuvent aussi recevoir la qualification de crimes de guerre. On songe spécialement au fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile et au fait d'utiliser la famine comme méthode de guerre contre les civils. Ces actes sont par ailleurs perpétrés dans le contexte d'une « attaque » systématique et généralisée contre les civils palestiniens, et peuvent ainsi être également qualifiés de crime contre l'humanité. 5. s'agissant du génocide, certains d'entre nous ont pu s'interroger sur l'existence d'une intention spécifique de détruire en tout ou en partie les Palestiniens de Gaza. Mais aujourd'hui nous nous accordons a minima pour constater que l'intention génocidaire du gouvernement israélien s'est cristallisée dans le projet de « ville humanitaire », qui fait suite au blocage de l'aide à destination de Gaza et à la mise en place d'un soi-disant dispositif alternatif à travers la « Gaza Humanitarian Foundation ». Les meilleurs internationalistes israéliens ont d'ailleurs fortement réagi à ce projet. 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L'expulsion forcée des populations, la destruction des villages, les meurtres, les tortures et les mauvais traitements et les détentions arbitraires sont autant de faits qui relèvent des qualifications pénales les plus graves. 7. l'ensemble de ces manquements constatés aux instruments clés du droit international conventionnel et général sont susceptibles d'engager la responsabilité des États et des personnes impliquées devant les juridictions nationales et internationales compétentes. Les parties au Statut de Rome sont en ce sens tenues de coopérer avec la Cour pénale internationale dans l'enquête et les poursuites initiées dans la situation de l'État de Palestine. 8. les normes du droit international sont ici non seulement des normes erga omnes (qui valent à l'égard de tous les États, et que tous ont un intérêt juridique à faire respecter) mais aussi des normes de jus cogens. En conséquence, tous les États ont non seulement l'obligation de ne pas prêter aide ou assistance à ces violations, mais aussi l'obligation de coopérer pour mettre fin, par des moyens licites, à ces violations. Plus spécifiquement, les États ont l'obligation de « respecter et faire respecter » le droit international humanitaire. En vertu de la Convention sur le génocide, les États ont une obligation de « prévenir » le génocide mais aussi de « punir » les auteurs de génocide et les personnes qui se rendent coupable d'incitation directe et publique au génocide. Ces obligations s'appliquent à Israël mais aussi à tous les autres États de la « communauté internationale ». Et tout acte qui aurait pour effet d'aider, de faciliter, ou de fournir les moyens de la commission de crimes en connaissance de cause – à l'instar de la livraison d'armes à Israël – est constitutif de complicité des crimes commis. Les signataires de cette tribune appellent en définitive au plein respect des obligations applicables à la situation. Chacun devrait œuvrer à une paix juste et durable dans le respect du droit international. 1. Consultez la liste complète des signataires 2. Lisez « Manifestly Illegal : Israeli International Law Scholars on the Stated Plan to 'Concentrate' the Palestinian Population in South Gaza » (en anglais) 3. Lisez « Our Genocide » (en anglais) 4. Lisez « Genocide in Gaza » (en anglais) 5. Lisez « La population palestinienne de Gaza victime d'un génocide » 6. Lisez « Extermination and Acts of Genocide – Israel Deliberately Depriving Palestinians in Gaza of Water » (en anglais) Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


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Sommes-nous encore capables de cohabiter ?
L'actualité des dernières semaines nous montre à quel point la cohabitation entre les différents acteurs de la ville est mise à rude épreuve, observe notre chroniqueuse. On parle beaucoup de cohabitation sociale en lien avec l'itinérance. Mais la cohabitation sociale ne se limite pas à nos contacts avec les personnes sans logement. Elle évoque aussi une cohabitation harmonieuse entre les différents acteurs de la ville. Or, l'actualité des dernières semaines nous montre à quel point cette cohabitation est mise à rude épreuve. Les conflits urbains se multiplient parce que les usagers de la ville n'ont pas tous les mêmes intérêts. Pour certains, c'est la recherche d'un logement à prix abordable, pour d'autres c'est la quiétude, pour d'autres encore, c'est le profit. Je pense à quelques cas précis. On apprenait, il y a quelques jours, qu'Hydro-Québec lorgnait le site de l'ancien hôpital de la Miséricorde pour construire son fameux poste électrique. 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Les chercheurs partaient du constat que nos approches actuelles – consultations, tables rondes, etc. –favorisent les groupes les plus visibles et les plus influents au détriment des voix minoritaires. Le prototype qu'ils ont développé ajustait donc automatiquement les poids de chaque groupe selon les désaccords. Il ne visait pas un consensus qui écrasait les voix les plus faibles. Et il gardait la trace de toutes les oppositions exprimées, question de rendre tout ça très transparent. Un exemple ? Disons qu'un quartier souhaite aménager un parc. La majorité des personnes consultées trouvent le parc agréable, mais une minorité de personnes, en fauteuil roulant par exemple, le trouvent inaccessible. Plutôt que d'écarter leur opinion en la considérant comme négligeable, le modèle préserve leur désaccord et recommande des changements qui vont satisfaire les personnes en fauteuil roulant sans enlever quoi que ce soit au groupe majoritaire. 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