
Le cabinet de Bonnardel savait que le coût total de SAAQclic était caché aux députés
Le cabinet du ministre François Bonnardel savait, à l'hiver 2021, que des chiffres partiels étaient communiqués aux parlementaires sur le coût réel de SAAQclic, mais n'a pas cru bon d'intervenir.
Ce qu'il faut savoir Le conseiller du ministre François Bonnardel, Alain Généreux, témoignait mardi devant la commission Gallant.
Il a alors été révélé que le cabinet du ministre étant au courant que des informations partielles étaient remises aux autres députés à propos de SAAQclic.
Alain Généreux a toutefois affirmé ne pas se souvenir d'avoir été informé d'un dépassement de coûts de 222 millions en lien avec le projet informatique.
Cette information est ressortie du témoignage de son proche conseiller, Alain Généreux, devant la commission Gallant mardi.
Se décrivant comme un « perspicace » et un « picosseux », celui-ci s'est défendu d'avoir acheté trop facilement les explications de la SAAQ qui affirmait que sa transformation numérique était toujours bien sur les rails.
Responsable du dossier de la SAAQ dans le cabinet de François Bonnardel de 2019 à 2021, le conseiller a relaté ses premiers contacts avec le dossier du Carrefour des services (CASA) de la SAAQ, qui comprend la plateforme SAAQclic, qu'il situe en janvier 2020.
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Le de la Sécurité publique et ex-ministre des Transports, François Bonnardel
Le contrat de 458 millions accordé à « l'Alliance » pour la réalisation du projet lui apparaît « très cher » à l'époque, mais il comprend qu'il s'agit d'un « clé en main ».
Sa surprise est d'autant plus grande lorsque, début 2021, la SAAQ l'informe que la facture sera en fait de 682 millions. Un montant qui inclut les sommes investies à l'interne par la société d'État pour sa transformation numérique et la valeur du contrat.
« Pour votre usage uniquement »
Déjà inquiète à l'époque de l'évolution du projet, la Commission de l'administration publique (CAP) a demandé une mise à jour annuel. Composée d'élus de tous les partis, cette commission de l'Assemblée nationale est responsable de tenir les comptes de tous les organismes gouvernementaux, dont la SAAQ.
Or, en mars 2021, l'information qui lui est envoyée par la SAAQ ne concerne que le contrat de 458 millions, montre un échange courriel daté de mars 2021 et dont Alain Généreux était destinataire.
« De l'information complémentaire pour votre usage uniquement (pas d'envoi à la CAP) », lui écrit même le vice-président aux affaires publiques de la SAAQ Martin Demers.
« Pourquoi toute l'information n'est-elle pas envoyée à la CAP ? », l'a pressé le commissaire Denis Gallant, mardi. « J'ai posé la question à la SAAQ », a répondu Alain Généreux en expliquant que la société d'État lui avait répondu que sa reddition de compte ne concernait que le contrat de CASA, sans plus.
Le député libéral Monsef Derraji s'est tout de suite saisi de la déclaration pour appeler à la démission de François Bonnardel en l'accusant d'avoir « menti » aux parlementaires.
Un trou de mémoire
Le témoignage d'Alain Généreux était d'autant plus attendu que c'est par lui que l'ancien PDG de la SAAQ, Denis Marsolais, aurait fait savoir au ministre, et donc « indirectement » au gouvernement, que le projet coûterait au moins 222 millions de plus.
Le haut fonctionnaire avait témoigné en juin dernier avoir attendu la fin d'une rencontre en présence de trois de ses vice-présidents, le 8 juin 2022, pour accoster le conseiller politique et lui faire part de cette information.
« J'ai jugé que je ne pouvais pas dire ce que j'avais à dire en présence des trois VP qui étaient là », avait-il relaté devant la commission Gallant.
Or, Alain Généreux a affirmé sous serment mardi n'avoir aucun souvenir de cette discussion officieuse avec Denis Marsolais.
« Si j'avais eu de l'information à l'effet qu'il y avait un dépassement de coûts, un avenant ou autre, j'aurais demandé, pourquoi on m'a soumis un document à 682 millions », a-t-il expliqué en référence au « napperon » issu de cette rencontre et présenté à la commission Gallant mardi.
Ce document affichait un voyant jaune, le premier à faire son apparition dans tous les comptes rendus de la SAAQ en lien avec CASA, a témoigné Alain Généreux. « Une stratégie contractuelle est en cours de validation pour compléter les travaux, et ce, sans impact sur le budget du projet de 682 millions », peut-on y lire.
« On a tous été surpris »
Le conseiller politique s'est autrement défendu d'avoir acheté trop facilement la version de la SAAQ à propos de ce qui serait livré dans le cadre du contrat de 458 millions avec son fournisseur.
En septembre 2021, il élargit ses vérifications en dehors de la SAAQ pour s'assurer que « l'information que j'ai, elle est corroborée ». Une réunion est convoquée avec des représentants de la SAAQ, le ministre Bonnardel et des membres du cabinet de la Cybersécurité et du numérique et du Conseil du trésor.
La PDG de la SAAQ à l'époque, Nathalie Tremblay, y fait un long exposé pour rappeler les tenants et aboutissants du projet. Par la suite, « le volet financier était comme évacué », dit Alain Généreux. François Bonnardel exige un rapport mensuel.
PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL
L'ex-PDG de la SAAQ, Nathalie TremblaY
« C'était une rencontre sérieuse, mais ce n'était pas une rencontre houleuse », s'est souvenu Alain Généreux.
Les documents alors présentés mentionnent que le montant du contrat de 458 millions doit permettre de livrer une partie seulement du projet, lui a pointé le procureur Simon Tremblay, lui reprochant d'avoir eu « une vision très tunnel ».
« L'information qui nous est transmise c'est qu'on est encore up and running par la présidente et cheffe de la direction, devant le [Conseil du] trésor. À un moment donné, il faut se fier à nos organismes, on ne peut pas s'ingérer », s'est défendu Alain Généreux.
Son témoignage doit se poursuivre mercredi matin.
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