
Zelensky salue une rencontre productive avec l'envoyé américain
(Kyiv) Volodymyr Zelensky a dit lundi avoir eu une « conversation productive » à Kyiv avec l'envoyé spécial américain Keith Kellogg, remerciant par ailleurs le président Donald Trump pour son « soutien », après l'annonce de nouvelles livraisons de systèmes de défense antiaérienne.
Agence France-Presse
Donald Trump a par ailleurs promis pour lundi une déclaration « importante » sur la Russie, sans en préciser la nature.
Le président ukrainien s'est dit « reconnaissant » envers son homologue américain pour « les importants signes de soutien et les décisions positives pour nos deux pays ».
PHOTO PRÉSIDENCE UKRAINIENNE, FOURNIE PAR ASSOCIATED PRESS
L'envoyé spécial américain Keith Kellogg
Il semblait faire référence à l'annonce de Donald Trump dimanche, qui a promis à l'Ukraine l'envoi de davantage de systèmes de défense antiaérienne Patriot.
M. Zelensky a aussi dit avoir eu lundi une « conversation productive » sur l'aide à la défense et les sanctions contre la Russie avec l'envoyé spécial des États-Unis, Keith Kellogg, en déplacement à Kyiv.
« Nous avons discuté du chemin vers la paix, et de ce que nous pouvons faire concrètement pour nous en rapprocher », a écrit le président ukrainien sur les réseaux sociaux.
« Cela inclut le renforcement de la défense aérienne ukrainienne, la production conjointe et l'acquisition d'armes de défense en collaboration avec l'Europe », ainsi que les « sanctions contre la Russie » et ses soutiens, a-t-il ajouté.
L'Ukraine et de nombreux élus américains, y compris dans le camp de M. Trump, poussent le président à adopter de nouvelles sanctions contre Moscou. Ce à quoi il s'est jusqu'à présent refusé, disant vouloir laisser une chance à la diplomatie.
L'annonce, dimanche, du futur envoi de systèmes Patriot, constitue déjà une volte-face de la part de l'impétueux président américain sur le dossier ukrainien. Washington avait annoncé il y a deux semaines la suspension de certaines livraisons d'armes à Kyiv.
PHOTO CLIFF OWEN, ASSOCIATED PRESS
Donald Trump s'est adressé à la presse à la base Andrews, au Maryland, avant de monter à bord d'Air Force One, le 13 juillet 2025.
Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, Donald Trump a tenté de se rapprocher de son homologue russe Vladimir Poutine, et de négocier avec lui une fin de l'invasion de l'Ukraine débutée en février 2022.
Mais après des sessions de pourparlers peu fructueuses entre Moscou et Kyiv, le processus diplomatique est dans l'impasse et Donald Trump semble s'impatienter. Il a encore dit la semaine dernière être « déçu » par Vladimir Poutine.
M. Trump, qui doit recevoir lundi à la Maison-Blanche le secrétaire général de l'OTAN Mark Rutte, a expliqué la veille que l'Ukraine avait « désespérément besoin » des systèmes Patriot.
La livraison d'armes par Washington fera partie d'un accord impliquant l'OTAN, qui paiera les États-Unis pour ce qu'elle enverra à l'Ukraine, selon M. Trump.
« Démunis »
Dans l'est de l'Ukraine, où les combats font rage, le soldat Adistron, 29 ans, s'est dit « très heureux » que son pays reçoive bientôt davantage de systèmes Patriot, efficaces selon lui pour protéger les civils mais aussi les troupes.
« Sans eux, nous sommes démunis », a-t-il dit à l'AFP. « Donc, M. Trump, donnez-nous-en davantage, davantage de Patriot. »
Un autre militaire de 29 ans, qui se fait appeler Grizzly, juge que « mieux vaut tard que jamais ».
« Grâce aux Patriot qu'ils nous donnent, nos familles seront plus en sécurité », a-t-il estimé.
Les frappes aériennes russes en Ukraine se sont intensifiées ces dernières semaines. Moscou bat chaque semaine des records en nombre d'engins tirés, fournis par une industrie de défense qui tourne à plein régime.
PHOTO PIGISTE, ARCHIVES REUTERS
Des pompiers travaillent sur le site de bâtiments endommagés par les frappes de drones et de missiles russes à Lviv, en Ukraine, le 12 juillet 2025.
Selon l'armée de l'air ukrainienne, la Russie a lancé dans la nuit de dimanche à lundi 136 drones et quatre missiles.
Sur le front ukrainien, l'armée de Moscou reste à l'avantage.
Le ministère russe de la Défense a encore revendiqué lundi la prise de deux petits villages ukrainiens. L'un, Maïak, se trouve dans la région orientale de Donetsk et l'autre, Malynivka, dans celle de Zaporijjia (Sud).
Des attaques ont tué lundi au moins trois civils dans les régions de Kharkiv et Soumy, toutes deux frontalières de la Russie et situées dans le nord-est de l'Ukraine, selon les autorités locales.
Volodymyr Zelensky a par ailleurs proposé lundi de nommer première ministre son actuelle ministre de l'Économie, Ioulia Svyrydenko, ce qui constituerait un remaniement politique majeur pour ce pays en guerre.
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10 hours ago
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Le cessez-le-feu est entré en vigueur
Le premier ministre cambodgien, Hun Manet, le premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim, et le premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai. (Surin) Le cessez-le-feu conclu entre la Thaïlande et le Cambodge est entré en vigueur à minuit dans la nuit de lundi à mardi, après cinq jours d'affrontements meurtriers à leur frontière. Chayanit ITTHIPONGMAETEE avec Suy SE au Cambodge Agence France-Presse Les deux pays sont parvenus à « un accord commun prévoyant un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel », avait déclaré plus tôt lundi le premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, dont le pays a joué les intermédiaires, après trois heures de discussions avec ses homologues des pays concernés. Le président américain Donald Trump s'est lui félicité de son rôle dans l'obtention de ce cessez-le-feu. « Je suis ravi d'annoncer qu'après l'intervention du président Donald J. Trump, les deux pays sont parvenus à un cessez-le-feu et à la paix. Félicitations à tous ! », a écrit le président sur son réseau Truth Social, indiquant avoir parlé depuis aux dirigeants des deux pays. Dans la ville cambodgienne de Samraong, à 20 kilomètres de la frontière, un journaliste de l'AFP a entendu des tirs d'artillerie incessants tout au long de la journée de lundi, avant que les explosions ne cessent 30 minutes avant minuit (13 h heure de l'Est lundi). Dans la province cambodgienne de Preah Vihear, où ont eu lieu certains des combats les plus intenses, le calme régnait vingt minutes après le début officiel du cessez-le-feu, a annoncé son gouverneur, Kim Rithy, sur Facebook. Les affrontements ont tué depuis jeudi dernier au moins 38 personnes et provoqué le déplacement d'environ 300 000 habitants. PHOTO ATHIT PERAWONGMETHA, REUTERS Une maison endommagée par les tirs d'obus du Cambodge est photographiée dans la province de Sisaket, en Thaïlande, le 28 juillet 2025. 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Retour à la « normale » Le premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, a salué l'intervention de la Malaisie, qui occupe la présidence tournante de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN), de la Chine et du « président Trump ». « Nous avons convenu d'un cessez-le-feu, qui, nous espérons, sera respecté de bonne foi par les deux parties », a-t-il déclaré. De son côté, le premier ministre cambodgien Hun Manet a jugé que cet accord de paix offrait une chance d'un « retour à la normale ». Un espoir prudent dominait parmi les déplacés, des deux côtés de la frontière, après l'annonce du cessez-le-feu. PHOTO TANG CHHIN SOTHY, AGENCE FRANCE-PRESSE Des enfants qui ont fui leurs maisons près de la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande passent devant des abris dans la province d'Oddar Meanchey, le 28 juillet 2025. Au Cambodge, Phean Neth, 45 ans, a trouvé refuge dans un vaste camp de déplacés sur le site d'un temple, loin des combats. « Je suis tellement heureuse que je ne peux pas le décrire ». Côté Thaïlandais, Tee Samanjai, 68 ans, pense déjà à son retour à la ferme et ce qu'il y fera : « vérifier les poulets, fertiliser le riz, et prendre soin des champs ». Mais l'inquiétude n'est pas loin. « Je veux rentrer mais je n'ai pas du tout confiance dans le Cambodge. Personne dans notre village n'a confiance ». Bangkok et Phnom Penh étaient à couteaux tirés depuis la mort d'un soldat khmer, fin mai, lors d'un échange de tirs dans une zone contestée. Depuis, sur fond de flambée du discours nationaliste, les deux pays se sont engagés dans une surenchère de mesures qui ont affecté les flux économiques et de personnes. Avant le déclenchement des affrontements, la Thaïlande avait aussi expulsé l'ambassadeur cambodgien de son territoire et rappelé le sien présent au Cambodge. Le royaume khmer avait répondu en dégradant « au plus bas niveau » les relations diplomatiques avec son voisin. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, par la voix d'un porte-parole, a « exhorté » lundi soir dans un communiqué « les deux pays à respecter pleinement l'accord et à créer un environnement propice au règlement des questions de longue date et à l'instauration d'une paix durable ». Les affrontements ont officiellement fait 25 morts côté thaïlandais, dont onze soldats, et 13 morts, dont cinq militaires, côté cambodgien. Plus de 138 000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 140 000 Cambodgiens ont fait de même, d'après Phnom Penh.


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13 hours ago
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Les États-Unis vont établir des centres de distribution alimentaire
Une femme cuisine pendant que des Palestiniens déplacés qui n'ont pas reçu de vivres survivent grâce aux restes de nourriture, le 28 juillet 2025 à Gaza. (Turnberry) Le président Donald Trump a annoncé lundi la prochaine mise en place par les États-Unis de centres de distribution alimentaire dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, où selon lui il y a des signes d'une « famine réelle ». Équipe de l'AFP avec Chloe ROUVEYROLLES-BAZIRE à Jérusalem Agence France-Presse Entretemps, des agences internationales ont commencé à distribuer des aides dans le territoire palestinien à la faveur d'une pause limitée dans les hostilités annoncée dimanche par Israël. Mais l'armée israélienne a poursuivi son offensive à Gaza hors des heures et des zones concernées par la pause, la Défense civile faisant état de 54 morts par des tirs et des bombardements israéliens dans le territoire palestinien. Ces dernières semaines, l'ONU et des ONG ont alerté sur un risque de famine généralisée parmi les plus de deux millions d'habitants de la bande de Gaza assiégée par Israël, où la guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023. PHOTO EVELYN HOCKSTEIN, REUTERS Le président Donald Trump « Nous voulons nourrir les enfants […] Je veux dire, certains de ces enfants, c'est une famine réelle », a dit le président américain en parlant de Gaza. « Nous allons mettre en place des centres alimentaires où les gens pourront entrer librement, sans limites. Nous n'aurons pas de clôtures », a-t-il ajouté en Écosse où il est en visite. Des aides internationales, acheminées par 120 camions entrés dans Gaza depuis l'Égypte pour la première fois depuis des mois, ont été « distribuées » dans le territoire par l'ONU et des organisations internationales, selon Israël. « Pour la première fois, j'ai reçu environ cinq kilos de farine, que j'ai partagés avec mon voisin », a déclaré Jamil Safadi, qui vit sous une tente avec sa femme, ses six enfants et son père malade dans la ville de Gaza. PHOTO DAWOUD ABU ALKAS, REUTERS Des Palestiniens déplacés qui n'ont pas reçu d'aide humanitaire collectent des restes de nourriture à Gaza, le 28 juillet 2025. « On dirait une guerre » Depuis deux semaines, cet homme de 37 ans se lève avant l'aube et part en quête de nourriture. Pour la première fois lundi, il n'est pas rentré bredouille. D'autres ont eu moins de chance et racontent que de l'aide a été volée ou que des gardes ont tiré sur eux près de points de distribution. « J'ai vu des morts et des blessés. Les gens n'ont pas d'autre choix que d'aller chaque jour pour essayer de chercher de la farine », a témoigné Amir al-Rash, un déplacé de 33 ans qui n'a pas trouvé de nourriture. Les largages de vivres ont aussi repris dimanche à Gaza. « Des avions israéliens ont largué sept caisses de vivres. Des dizaines de personnes se sont précipitées pour les récupérer, on dirait une guerre », a témoigné à Gaza Samih Hmaid, un homme de 23 ans, rentré avec « seulement trois boîtes de fèves ». « La faim est impitoyable. » PHOTO KHAMIS AL-RIFI, REUTERS Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. Face à une forte pression internationale concernant la catastrophe humanitaire à Gaza, Israël a annoncé dimanche une « pause tactique » quotidienne « de 10 h à 20 h (7 h à 13 h heure de l'Est) » dans certains secteurs de Gaza à des fins humanitaires. Il n'a pas précisé sa durée. Début mars, Israël a totalement interdit l'entrée des aides à Gaza, avant qu'il n'autorise fin mai l'acheminement de quantités très limitées, entraînant de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant. Les taux de malnutrition à Gaza atteignent « des niveaux alarmants », a prévenu dimanche l'Organisation mondiale de la santé, estimant que le « blocage délibéré » de l'aide avait fait de nombreux morts. Israël accusé de « génocide » Israël, qui contrôle tous les accès à Gaza, dément y avoir provoqué un désastre humanitaire, accusant le Hamas de piller les cargaisons, ce qu'il dément, et les organisations humanitaires de ne pas les distribuer. Mais ces organisations affirment qu'Israël impose des restrictions excessives qui bloquent leur travail et jugent très dangereux de distribuer l'aide en zone de guerre. PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE Des tentes abritant des Palestiniens déplacés par le conflit sont photographiées au nord-ouest de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 28 juillet 2025. Après l'autorisation des aides, plusieurs organisations internationales ont souligné qu'elles restaient très insuffisantes face à des besoins immenses. L'ONU a dit qu'il fallait au moins 500 à 600 camions de nourriture, de médicaments et de produits d'hygiène chaque jour. Selon elle « des milliers de camions, actuellement en Jordanie et en Égypte, attendent le feu vert » d'Israël. Deux organisations israéliennes de défense des droits de l'homme ont en outre accusé Israël de commettre un « génocide » à Gaza, ce que le gouvernement Nétanyahou a « fermement rejeté ». L'attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. En riposte, Israël a lancé une offensive d'envergure qui a fait au moins 59 921 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.


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La parole de Ghislaine Maxwell
(New York) Que vaut la parole de Ghislaine Maxwell, qui a été condamnée à 20 ans de prison en 2022 pour avoir recruté des filles mineures afin que Jeffrey Epstein les exploite sexuellement ? Rien, selon le ministère de la Justice de 2020. Ses procureurs ont alors accusé la complice d'Epstein de deux chefs d'accusation de parjure, en plus des accusations plus graves dont elle faisait l'objet. Ces chefs d'accusation découlaient d'une déposition civile faite par Maxwell en 2016. Elle avait alors déclaré n'avoir aucune connaissance du stratagème d'Epstein « pour recruter des filles mineures pour des massages sexuels ». Elle avait aussi nié savoir qu'Epstein possédait des jouets sexuels. Maxwell n'a pas eu à répondre de ces chefs d'accusation en cour, mais ceux-ci ont plané sur l'interrogatoire extraordinaire mené auprès d'elle, jeudi et vendredi derniers, par le numéro 2 du ministère de la Justice, Todd Blanche. Il en est évidemment de même pour les cinq chefs d'accusation de trafic sexuel et d'autres crimes odieux liés à l'exploitation de mineures pour lesquels un jury de New York l'a reconnue coupable. Le mot « extraordinaire » s'applique en particulier au rôle de Todd Blanche dans cette entrevue orchestrée au beau milieu de la tempête Epstein, provoquée par la décision de l'administration Trump de ne pas rendre publics les dossiers concernant le pédocriminel, comme elle l'avait promis. PHOTO JACQUELYN MARTIN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS Todd Blanche, procureur général adjoint des États-Unis, à la Maison-Blanche, en juin dernier Blanche ne connaît pas à fond l'histoire de Maxwell et Epstein, contrairement à Maurene Comey, ancienne procureure fédérale de New York chargée des poursuites visant le duo. Coïncidence ou non, Comey, fille de l'ancien directeur du FBI James Comey, a été virée sans explications le 16 juillet dernier. Blanche est aussi l'avocat principal qui a défendu Donald Trump lors de son procès à New York en lien avec l'affaire Stormy Daniels. « Le conflit d'intérêts est flagrant. Cela sent la corruption à plein nez », s'est indigné Chuck Schumer, chef des démocrates au Sénat, jeudi dernier sur X. « La vérité sera révélée » Il va sans dire que Todd Blanche a présenté sa démarche sous un autre jour. « La justice exige du courage. Pour la première fois, le ministère de la Justice contacte Ghislaine Maxwell pour lui demander : que savez-vous ? », a-t-il écrit sur X mardi dernier en annonçant sa rencontre prochaine avec la prédatrice sexuelle. « Personne n'est au-dessus des lois, et aucune piste n'est à exclure. » Maxwell connaît sans doute Epstein mieux que quiconque. Fille du milliardaire et ancien membre du Parlement britannique Robert Maxwell, cette femme élevée dans la richesse et la mondanité a fait la connaissance du financier new-yorkais au début des années 1990. Après avoir été son amoureuse, elle est devenue son employée et sa complice. Or, tous les personnages riches et puissants qu'elle a fréquentés avec Epstein, y compris Donald Trump, Bill Clinton et le prince Andrew, répètent qu'ils ne savaient rien des activités criminelles du duo. Ils font sans doute partie des quelque 100 personnes à propos desquelles Todd Blanche a interrogé Ghislaine Maxwell la semaine dernière, selon l'avocat de cette dernière. Blanche a posé à Maxwell « toutes les questions possibles et imaginables », a déclaré son avocat, David Oscar Markus, aux journalistes vendredi dernier. « La vérité sera révélée sur ce qui s'est passé avec M. Epstein », a-t-il ajouté en précisant qu'il n'avait rien demandé au ministère de la Justice en retour des réponses de sa cliente. Mais il a flatté Donald Trump en le qualifiant de « négociateur hors pair ». Et il a souligné que le président avait lui-même reconnu quelques heures plus tôt qu'il avait le pouvoir d'accorder la grâce présidentielle à Maxwell. « Nous espérons qu'il exercera ce pouvoir », a-t-il précisé. Todd Blanche, lui, s'est contenté de dire après la première journée d'interrogatoire que « le ministère de la Justice communiquera des informations supplémentaires sur ce que nous avons appris en temps voulu ». Un virage spectaculaire Que vaut la parole de Ghislaine Maxwell ? À la fin, le ministère de la Justice conclura peut-être qu'elle ne vaut pas plus aujourd'hui qu'en 2020. Cependant, en attendant, certains alliés de Donald Trump et influenceurs MAGA ont amorcé un virage spectaculaire. À les entendre, le témoignage de Ghislaine Maxwell, menteuse avérée et trafiquante sexuelle condamnée, est plus important que le contenu des dossiers Epstein. ILLUSTRATION JANE ROSENBERG, ARCHIVES REUTERS Croquis d'audience représentant Ghislaine Maxwell lors d'une audience de son procès pour trafic sexuel, en 2022, à New York « Elle est la pierre de Rosette. Elle sait tout. Elle a organisé chaque voyage », a déclaré sur Fox News Alan Dershowitz, ancien avocat de Jeffrey Epstein et de Donald Trump. L'influenceur MAGA Charlie Kirk, qui avait critiqué le refus du ministère de la Justice de rendre publics les dossiers Epstein, a également salué la démarche de ce même ministère auprès de Maxwell. « Si quelqu'un détient réellement des informations sur ce qui s'est passé autour de Jeffrey Epstein, […] c'est bien Ghislaine Maxwell », a-t-il déclaré dans son balado. La ficelle est un peu grosse. Il en est de même pour ce qui concerne les théories du complot promues par Donald Trump ces jours-ci. 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Donald Trump, ami de Jeffrey Epstein pendant 15 ans, a peut-être déjà un prix en tête.