
Quand les huards s'encanaillent
« Ça fait longtemps qu'il y a de la pêche sur nos lacs, note Yoann Combe-Duthion, responsable du service de la Conservation et de l'Éducation aux parcs nationaux des Grands-Jardins et des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. Je pense qu'il y a certains oiseaux un peu plus créatifs que les autres qui ont compris qu'ils avaient tout intérêt à se tenir proches d'un pêcheur. »
Normalement, les plongeons huards éprouvent une certaine crainte par rapport aux chaloupes et aux pêcheurs et ne s'approchent pas.
« Ce sont des oiseaux territoriaux qui doivent défendre, sécuriser l'espace où ils nidifient, note M. Combe-Duthion. Nous demandons aux gens de ne pas s'approcher des huards, de respecter leur zone de vie. Mais là, le problème, c'est que ce sont les huards qui s'approchent. »
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
Il ne faut pas s'approcher des huards pour ne pas les déranger, surtout pendant la nidification.
Il raconte que lors d'une récente sortie de pêche à titre personnel, un huard a émergé à une quinzaine de mètres de sa chaloupe.
« Je me suis dit : c'est juste un adon. Je me suis déplacé, j'ai traversé le lac au complet. Je me suis rendu compte que peu importe le secteur du lac, le huard me suivait en permanence. »
Ce comportement a des conséquences pour le pêcheur parce que la présence d'un huard dans un secteur fait fuir les poissons. En outre, il est arrivé que des huards mangent les prises que les pêcheurs avaient attachées à une chaîne qui traînait dans l'eau.
C'est d'ailleurs une très mauvaise pratique : l'eau de surface dépasse les 20 degrés de plus en plus fréquemment au cours de l'été, ce qui peut rendre la prise impropre à la consommation si elle y reste trop longtemps.
Après avoir pêché votre poisson, vous devriez le mettre tout de suite dans une glacière avec de la glace : vous ne vous faites pas manger vos poissons et vous conservez vos prises dans de bonnes conditions.
Yoann Combe-Duthion, responsable du service de la Conservation et de l'Éducation aux parcs nationaux des Grands-Jardins et des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie
Il reste que le comportement de ces huards trop familiers est déplaisant et peut constituer un danger pour eux-mêmes.
« On ne voudrait pas qu'un oiseau cherche à capturer un leurre artificiel qui imite un poisson et qu'il se retrouve avec un hameçon dans le bec. »
Il ne faudrait pas non plus que les pêcheurs excédés se fassent justice à coups de rame.
« Ça reste un parc national, les animaux, on ne leur tape pas dessus avec une rame. »
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
De petits huards profitent du transport en commun.
Le personnel du parc a essayé divers moyens pour effaroucher les huards trop familiers, comme faire de grands gestes ou utiliser un sifflet, sans grand succès.
Yoann Combe-Duthion aimerait bien que des chercheurs se penchent sur la question pour découvrir l'origine de ce comportement et trouvent des façons de l'infléchir.
Ça nous prendrait une étude scientifique en bonne et due forme pour avoir des conclusions plus étayées.
Yoann Combe-Duthion, responsable du service de la Conservation et de l'Éducation aux parcs nationaux des Grands-Jardins et des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie
Le personnel a certaines hypothèses liées notamment à la remise à l'eau.
« On peut imaginer qu'un poisson qui a été attrapé puis remis à l'eau est moins énergique, indique M. Combe-Duthion. Il doit peut-être nager moins vite, ce qui en fait une proie beaucoup plus facile pour le huard. Celui-ci a alors tout intérêt à rester près du bateau et attendre qu'on rejette le poisson. »
La limite de prises de truites est passée de 15 à 10, observe-t-il. Certains pêcheurs ont peut-être pris l'habitude de rejeter les plus petites prises pour garder la possibilité de capturer de plus gros poissons, ce qui n'aurait pas échappé à l'œil exercé de certains huards.
Et est-ce que les parents huards refileraient ce truc à leur progéniture ? Pour l'instant, on ne le sait pas.
« C'est pour ça qu'on serait très contents que cela suscite l'intérêt d'une équipe de chercheurs en comportement animal ou de biologistes. »
PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE
Le porc-épic donne aussi des maux de tête au personnel des parcs des Grands-Jardins et des Hautes-Gorges.
Les parcs des Grands-Jardins et des Hautes-Gorges ont un autre problème : des porcs-épics qui grugent à peu près n'importe quoi – du bois, bien sûr, mais aussi de l'aluminium.
« Apparemment, ils aiment le goût de la colle qu'on utilise pour coller le vinyle sur les plaques en aluminium, dit en soupirant M. Combe-Duthion. J'en ai vu un en descendant le sentier de l'acropole, il était en train de bouffer le panneau d'aluminium. Je l'ai engueulé et il m'a regardé comme s'il se disait : qu'est-ce qu'il me veut, lui, là ? »
Plus préoccupant, certains porcs-épics grugent les câbles de frein en dessous des voitures.
« Apparemment, c'est le liquide de frein qu'ils aiment beaucoup. Ça crée des enjeux de sécurité pour les visiteurs, mais je me questionne aussi sur la santé animale parce que tous ces produits chimiques toxiques ne vont pas leur faire du bien. »
Malheureusement, il n'a pas été possible d'interviewer un huard ou un porc-épic pour cet article.
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