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Entretien d'embauche : une histoire vaut mieux qu'un CV

Entretien d'embauche : une histoire vaut mieux qu'un CV

Les Echos29-07-2025
Lors d'un recrutement, le curriculum vitae (CV) reste un passage obligé. Face à la multiplication des profils similaires et à la montée en puissance des compétences, une tendance s'impose : lors de l'entretien d'embauche, rien ne vaut le récit d'une expérience vécue, incarnée, pour convaincre un recruteur.
Raconter une histoire, c'est donner vie à son parcours, dépasser la simple énumération des compétences et révéler sa singularité.
Pourquoi cette approche séduit-elle de plus en plus les employeurs ? Comment structurer un récit professionnel impactant ? Décryptage, chiffres officiels à l'appui.
CV standardisés : le storytelling, nouvel atout pour se démarquer
En France, la majorité des candidats adaptent leur CV aux exigences de l' offre d'emploi, mais peinent à se démarquer lors de l'entretien. Selon Pôle emploi, 78 % des recruteurs se disent attentifs face à la capacité du candidat à illustrer ses compétences par des exemples concrets lors de l'entretien : un chiffre en hausse constante depuis 2022. Le ministère du Travail insiste : « Les candidats qui savent contextualiser leurs expériences et démontrer leur savoir-faire à travers des situations vécues marquent davantage les esprits des recruteurs ».
Le CV, par nature, reste un document synthétique. Il liste des compétences, des fonctions, des dates. Mais il n'explique rien sur la façon dont le candidat a résolu un conflit, mené à bien une mission ou surmonté une difficulté. Or, c'est précisément ce que cherchent les employeurs.
L'art de la narration professionnelle
Raconter une histoire en entretien, ce n'est pas se livrer à un récit romancé. Il s'agit de structurer son propos autour d'une situation précise, en suivant le schéma :
Contexte
Action
Résultat.
Cette méthode, largement recommandée par les organismes publics et les cabinets de recrutement, permet de mettre en avant ses compétences techniques et comportementales, tout en démontrant sa capacité de recul et d'analyse.
Prenons l'exemple d'un candidat à un poste de gestionnaire de projet:
Plutôt que de se contenter d'affirmer « je suis rigoureux et organisé », le candidat gagnera à raconter : « Lors de la mise en place d'un nouvel outil de gestion, j'ai coordonné une équipe de 8 personnes sur 3 sites différents. Nous avons rencontré des réticences face au changement : j'ai donc organisé des ateliers participatifs pour recueillir les freins, puis adapté le planning.
Résultat : l'outil a été déployé dans les délais, avec un taux d'adhésion de 95 %. »
Ce type de récit, soutenu par des chiffres et des faits, donne du relief au parcours. Il permet au recruteur de se projeter et d'évaluer la capacité du candidat à agir dans des contextes similaires.
Quand les soft skills rencontrent la culture d'entreprise
Les recruteurs ne cherchent plus seulement des compétences techniques. Selon le baromètre annuel de l'Apec (2024), 62 % des employeurs placent désormais les soft skills, créativité, esprit d'équipe, gestion du stress et capacité d'adaptation, au cœur de leurs critères de sélection. Or, ces qualités s'évaluent difficilement sur un CV. Elles émergent à travers le récit d'expériences vécues, de choix assumés, de difficultés surmontées.
C'est pourquoi de nombreuses entreprises privilégient aujourd'hui les questions ouvertes en entretien : « Racontez-moi une fois où vous avez dû convaincre un collègue », « Donnez-moi un exemple de situation où vous avez fait preuve de créativité », « Comment avez-vous géré un échec ? ». Ces questions visent à révéler la personnalité du candidat, sa capacité de réflexion, son alignement avec la culture de l'entreprise.
Pour évaluer cette capacité d'adaptation et d'intégration, les recruteurs analysent également comment le candidat développe la cohésion d'équipe comme garantie du succès dans ses expériences passées.
La sincérité, clé de la crédibilité
Les sources officielles insistent : l'authenticité prime sur le storytelling formaté. Le site Emploi Public rappelle que « le jury veut savoir ce que vous savez faire ou ce que vous avez appris à faire dans vos emplois précédents ».
Il recommande de « présenter des faits et non des ressentis », de rester honnête et d'expliquer ses choix, sans chercher à deviner ce que le recruteur attend. Cette transparence renforce la confiance et évite les déconvenues lors de la prise de poste. Pour évaluer efficacement la motivation d'un candidat, les recruteurs analysent également la communication non verbale et l'attitude générale lors de l'entretien.
Des exemples concrets, pour quels bénéfices ?
Valoriser ses expériences par le récit présente plusieurs avantages :
Cela permet de sélectionner les expériences les plus pertinentes, en lien direct avec le poste visé.
Le candidat peut mettre en avant les résultats obtenus, les compétences développées, mais aussi les enseignements tirés des difficultés rencontrées.
Le récit favorise une discussion dynamique, où le recruteur peut rebondir sur des situations concrètes, et non sur des affirmations abstraites.
Il met en lumière les soft skills, de plus en plus décisives dans le choix final du candidat.
Recommandations officielles pour préparer son entretien
Les sites gouvernementaux et institutionnels (Pôle emploi, Emploi Public, Apec) convergent : pour réussir son entretien, il faut préparer en amont les expériences à valoriser, choisir des exemples variés (gestion de projet, résolution de conflit, prise d'initiative), et les relier aux besoins de l'entreprise.
Il est conseillé de :
Décrire le contexte de l'expérience (type d'entreprise, secteur, équipe).
Préciser les missions réalisées, les objectifs, les moyens mis en œuvre.
Mettre en avant les résultats obtenus, idéalement chiffrés.
Souligner les compétences acquises, tant techniques que comportementales.
À l'heure où les CV se ressemblent et où l'automatisation des candidatures progresse, l'entretien d'embauche redevient le lieu privilégié de l'échange humain. Raconter une histoire, c'est mettre en avant ce que le papier ne dit pas : sa capacité à agir, à s'adapter, à apprendre. Cela permet au recruteur la possibilité de se projeter, vérifier l'adéquation entre un parcours et une mission. À compétences égales, c'est souvent le récit le plus vivant, le plus incarné, qui fait la différence. Plus qu'un CV, une histoire : voilà le sésame du recrutement moderne.

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time26 minutes ago

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La période du Covid révolue, Qiagen, l'un des géants mondiaux des tests PCR aux côtés de Roche et de Thermo Fisher qui a tenté de le racheter en 2020, se devait d'impressionner la Bourse avec des relais de croissance à deux chiffres. Cette semaine, l'entreprise allemande de diagnostic moléculaire, basée aux Pays-Bas mais cotée à Wall Street, a publié des résultats trimestriels à fin juin « excellents » du point de vue de la banque d'investissement Jefferies. A partir d'un chiffre d'affaires meilleur que prévu de 534 millions de dollars (+6% à taux de change constants), Qiagen a dégagé une marge opérationnelle de 29,9%, en hausse de 1,5 point de pourcentage. Invest Securities parle de résultats de « bonne facture » mais regrette néanmoins que les objectifs annuels de croissance n'aient été relevés que « modestement » et que les prévisions de bénéfices par action aient été laissées inchangées. « Ce relèvement est prudent et ne traduit pas une confiance excessive dans la dynamique au second semestre. » L'analyste Jan Koch de Deutsche Bank retient surtout que la copie rendue démontre la « forte dynamique de sa solution QIAstat-Dx », destinée notamment à la détection et à l'identification des agents pathogènes associés aux maladies gastro-intestinales ou à la méningite. Il constate que « la croissance s'est accélérée pour atteindre un impressionnant 41% en termes organiques, alimentée par les récentes extensions de la gamme de tests, un volume élevé de placements d'instruments [au-delà de l'objectif trimestriel de 150], ainsi qu'une croissance à deux chiffres des panels respiratoires », pour la grippe, les adénovirus ou la pneumonie en plus du coronavirus. Le PDG de l'entreprise, Thierry Bernard, a précisé lors d'une conférence téléphonique que QIAstat-Dx connaissait « une présence croissante à l'échelle mondiale. » Un quart des ventes « Cette solide performance de Qiagen est de bon augure pour les résultats du deuxième trimestre de bioMérieux [qui publiera ses comptes le 4 septembre], d'autant plus que les rapports actuels des pairs et les attentes du marché indiquent une baisse en glissement annuel des tests respiratoires Biofire (qui représentent 21% des ventes du groupe en 2024) », explique Jan Koch chez Deutsche Bank. bioMérieux, entreprise qui a atteint des record à la Bourse de Paris en 2020, est spécialisée dans le diagnostic in vitro. Elle conçoit et développe des solutions (machines, réactifs, logiciels) utilisées principalement pour le diagnostic des maladies infectieuses ainsi que pour la détection de micro-organismes dans les produits agroalimentaires, pharmaceutiques et cosmétiques. Les tests BioFire de bioMérieux interviennent, comme ceux de Qiagen, au niveau du diagnostic moléculaire : détection de l'ADN ou de l'ARN d'un virus ou d'une bactérie là où un test sérologique, par exemple, recherche des traces d'anticorps (et répond à la question « avez-vous été infecté récemment » plutôt qu'à celle « êtes-vous infecté en ce moment »). Deutsche Bank relève ses prévisions de résultats du deuxième trimestre pour BioMérieux et table désormais sur une croissance organique de 3% pour les tests respiratoires (contre -3% précédemment). Plus globalement, Jan Koch prévoit une croissance organique des ventes de 7% (contre +5 % précédemment) et, sur le semestre, une progression organique de 19% du bénéfice opérationnel (contre 18 % précédemment), ce qui représente une marge de 16,6% (+50 points de base en glissement annuel). Pierre Boulud, le PDG de BioMérieux, a déjà expliqué que la saison des maladies respiratoires se retranscrivait dans les comptes des premier et quatrième trimestres (d'octobre à mars). Aussi, généralement, le deuxième trimestre est une période de retour à la normale de l'activité. Sauf que la saison grippale tend maintenant à jouer les prolongations et que la baisse du taux de vaccination favorise la propagation des virus.

Les activistes mettent toujours autant la pression sur les entreprises cotées
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Les actionnaires activistes ne lèvent pas le pied après une année 2024 record. Ces investisseurs, qui tentent d'influencer la gouvernance ou la stratégie des entreprises, ont été très combatifs depuis janvier. Harley Davidson, Hewlett Packard, Bausch Health, Warner Bros, Victoria's Secret: les sociétés cotées sont nombreuses à avoir été visées. La banque Lazard a recensé 150 nouvelles campagnes d'activisme dans le monde. Ce chiffre est comparable aux 153 campagnes des six premiers mois de 2024 et dépasse de 23 % la moyenne historique sur cinq ans. Le record de l'année dernière (avec au total 255 campagnes) pourrait donc être battu. Avec 70 campagnes, les Etats-Unis restent, comme souvent, le terrain de chasse privilégié des activistes. Les secteurs de la technologie, de l'industrie et de l'immobilier ont été particulièrement visés. L'Asie-Pacifique, un territoire attractif Le fonds Land & Buildings s'est montré particulièrement actif et a réalisé un quart des campagnes totales. Il a été remarqué pour, en février, avoir réussi à remporter 3 sièges au conseil d'administration de la firme NHI, société de placement immobilier, bien qu'il ne détenait que 1 % des parts avant la campagne. L'Asie-Pacifique est également un territoire attractif. Lazard note que les activistes ont été dynamiques sur le marché japonais avec 34 campagnes, le double du total habituel. Les fonds spéculatifs occidentaux, jusque-là peu présents sur le marché nippon, s'y découvrent un appétit nouveau. Dalton Investments a demandé à Fuji Media Holdings de nommer de nouveaux administrateurs, de scinder ses activités immobilières et de réformer la gouvernance d'entreprise, tout en cherchant à éviter une lutte pour le contrôle de l'entreprise. Baisse des nouvelles campagnes en Europe En Europe, a contrario, les données font ressortir une baisse de 23 % du nombre de nouvelles campagnes (30) par rapport au premier semestre 2024. Le Royaume-Uni est resté la juridiction la plus ciblée, représentant 33 % des nouvelles campagnes, bien qu'en baisse par rapport à la moyenne historique de 39 %. Pour la première fois depuis plusieurs années, la santé a été le secteur le plus visé. Le fond Elliott Management reste, avec 7 campagnes, le champion de l'activisme actionnarial. Fort de son expérience, le fonds d'investissement américain est même le seul acteur à avoir réalisé au moins une campagne dans chaque zone géographique. Le fonds de Paul Singer continue d'aligner les coups d'éclat : il est parvenu en février à contraindre le pétrolier britannique BP à changer de cap et de direction, après une arrivée au capital remarquée. Aux Etats-Unis, il s'est intéressé à Phillips 66, le raffineur texan qui avait tapé dans l'oeil de Warren Buffett il y a quelques années. Les nouvelles structures peinent, en revanche, à se faire une place sur un marché si compétitif : à peine un quart des campagnes lancées au premier semestre ont été le fait de nouveaux entrants sur le marché.

L'enseigne Naf Naf reprise très partiellement par Groupe Beaumanoir
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L'enseigne Naf Naf reprise très partiellement par Groupe Beaumanoir

Une reprise très partielle pour Naf Naf, l'enseigne iconique des années 1990 de prêt-à-porter féminin. C'est finalement le projet porté par Groupe Beaumanoir (Caroll, Bonobo, Cache Cache, Morgan, Sarenza, etc.) qui a été retenu dans une décision du tribunal de commerce de Bobigny, mardi. Beaumanoir avait déjà signé, fin juin, la reprise partielle de Jennyfer. Cette fois-ci, le groupe a proposé de reprendre la marque Naf Naf et environ 300 salariés sur les quelque 528 employés que compte actuellement l'enseigne, ainsi que 12 boutiques sur les… 102 existantes, mais pour les exploiter sous ses propres marques, selon un document que l'AFP et « Les Echos » ont pu consulter. Dans le détail, Beaumanoir reprend toutefois 55 salariés et propose un reclassement à 253 personnes dans ses enseignes. Dans son offre (résumée dans le document du Tribunal), le groupe se propose de « participer à une solution pérenne pour les salariés », avec une « reprise ciblée de points de vente au service du maillage territorial des marques du groupe ». Ainsi cette offre de reprise partielle de points de vente va permettre à certaines des marques actuelles de son portefeuille (Bonobo, Morgan, Caroll International, …) de finaliser leur maillage territorial sur des zones où elles ne sont pas encore implantées. La marque risque de s'estomper Quant à la marque Naf Naf, elle risque dans un premier temps de s'estomper. « Les magasins ne seront pas conservés à l'enseigne Naf Naf mais basculeront sous l'enseigne de l'une ou l'autre de ses marques », précise encore le document. Le repreneur explique, en outre, que pour ces marques en « croissance dynamique dans un marché compliqué », des investissements sont prévus pour les magasins dont « les surfaces sont compatibles en taille et en loyer avec une exploitation bénéficiaire ». En complément, Beaumanoir propose de reprendre la marque « afin d'adresser une cible de clientèle plus jeune que les cibles actuelles de ses marques ». Sa présence se ferait en priorité sur le web, au travers de Sarenza, sa plateforme maison. Le nouveau propriétaire ne cache pas qu'il faudra du temps avant de trouver le bon positionnement. « Compte tenu des changements constants de stratégie, de positionnement, de « nom », de logos, de communication de ces dernières années, le travail sur la plateforme de marque et la plateforme de Style sera long pour redonner une identité claire et identifiable à cette marque, avant de pouvoir la relancer effectivement », précise-t-il encore. En finale face à Amoniss Naf Naf se trouvait dans une situation financière inextricable. Confrontée à « des difficultés de trésorerie », Naf Naf avait été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny en mai. Au 31 mars, sur 9 mois, l'entreprise présentait un chiffre d'affaires de 47,5 millions d'euros pour un résultat net déficitaire de 28,8 millions d'euros. L'offre de Beaumanoir a été dans la dernière ligne droite préférée à celle d'Amoniss (Pimkie), un groupe « en plan de sauvegarde depuis octobre 2024 et qui présente une fragilité financière », souligne le tribunal. Fin juillet, c'était justement Amoniss qui trouvait davantage grâce aux yeux du personnel. La CFDT s'était dite favorable à cette offre qui reprenait davantage de salariés et de magasins, mais ne cachait pas ses inquiétudes sur la situation financière de ce candidat.

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