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Proposition de Soraya Martinez Ferrada

Proposition de Soraya Martinez Ferrada

La Pressea day ago
La candidate à la mairie de Montréal Soraya Martinez Ferrada a fait une annonce à propos des aménagements cyclables, lundi.
« On doit s'assurer que toutes les pistes cyclables sont sécuritaires. Malheureusement, il y a des pistes cyclables qui ne le sont pas, comme celle-ci. »
Voilà ce qu'a affirmé Soraya Martinez Ferrada devant la piste cyclable de Port-Royal Ouest, à Montréal.
Il faut avouer que c'est habile. Si la candidate à la mairie de Montréal propose un « audit » de toutes les pistes cyclables de la ville, ce serait au nom de la sécurité des cyclistes.
Difficile de s'opposer à tant de bienveillance, n'est-ce pas ?
Mme Martinez Ferrada va jusqu'à promettre de démanteler certaines pistes cyclables si celles-ci s'avèrent dangereuses. Et ce, même si implanter une piste pour ensuite la démolir peut ressembler à un gaspillage d'argent.
« Il n'y a pas de coût à la sécurité », justifie-t-elle.
Sous le couvert d'incarner un sens des responsabilités, ce raisonnement est rempli d'angles morts.
D'abord, « l'audit » des pistes cyclables que propose Soraya Martinez Ferrada existe déjà en grande partie. En parcourant les cartes interactives de Vision Zéro de la Ville de Montréal, vous pouvez retracer toutes les collisions avec blessures graves ou décès survenues depuis 2014, qu'elles impliquent des piétons, des cyclistes ou des automobilistes1. On peut même fouiller dans les données par scénarios, pour retracer par exemple tous les accidents impliquant une voiture tournant à gauche ayant percuté un vélo qui traversait une intersection.
Un tel outil peut nous indiquer quelles pistes sont problématiques, s'il en existe réellement. Notons qu'aucun accident n'a été répertorié sur celle de Port-Royal Ouest jugée « dangereuse » par Mme Martinez Ferrada.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Piste cyclable de Port-Royal Ouest, dans Ahuntsic, à Montréal
L'autre problème avec la proposition de la candidate d'Ensemble Montréal, c'est que les experts en mobilité disent tous la même chose : une piste cyclable, même imparfaite, protège mieux les cyclistes que pas de piste du tout.
Si Mme Martinez Ferrada se préoccupe réellement de la sécurité des cyclistes, elle devrait donc aussi étendre son audit aux rues qui ne comptent pas de pistes cyclables, mais qui devraient en accueillir.
On sait finalement que plusieurs pistes cyclables à Montréal sont aujourd'hui si populaires qu'elles arrivent à saturation. Mes collègues nous apprenaient récemment que les déplacements à vélo ont atteint des records en juin et en juillet à Montréal, totalisant 4 986 165 passages pour ces deux mois2. Allez rouler à l'heure de pointe sur le REV Saint-Denis, rue Rachel, boulevard De Maisonneuve ou le long du canal de Lachine et vous le constaterez : c'est dense et ça joue dur.
C'est d'autant plus vrai que des engins électriques zigzaguent maintenant entre les cyclistes non motorisés. La solution à cela n'est pas de retirer des pistes, mais de continuer à étendre le réseau pour répondre à la demande et améliorer le bien-être et la sécurité des usagers. Un ménage des véhicules autorisés à y circuler pourrait aussi être envisagé. Mais cela, Soraya Martinez Ferrada n'en parle pas.
Vous voulez mon avis ? Si la proposition de Soraya Martinez Ferrada comporte autant de trous, c'est qu'elle ne vise pas à améliorer le bien-être de qui que ce soit, mais plutôt à remuer le vieux sentiment anti-vélo pour des raisons partisanes.
En proposant un audit sur les pistes cyclables, mais pas sur les routes ou les trottoirs, Mme Martinez Ferrada envoie un message : les pistes cyclables représentent un problème.
On aimerait voir le débat se dérouler à un niveau supérieur. Il ne s'agit pas de nier que les pistes cyclables, comme n'importe quelle infrastructure, peuvent générer certains inconvénients. Et que certaines pourraient être mieux aménagées.
Mais le jour où tous les cyclistes de la ville sauteront dans une voiture, on verra ce qu'est de la congestion. Et on réalisera que les cyclistes ne sont pas les ennemis des automobilistes. Cette fausse guerre que Soraya Martinez Ferrada entretient ne sert personne. Et elle nous détourne des véritables enjeux de Montréal, qui ne manquent pourtant pas.
Parlant de pistes cyclables, Le Devoir nous apprenait récemment que des solutions particulièrement créatives ont été proposées pour faire circuler des vélos sur le pont Jacques-Cartier3. Avec ses pentes abruptes et ses chicanes dans lesquelles se croisent piétons et cyclistes, la piste actuelle en fait voir de toutes les couleurs à ses utilisateurs, comme le rapportait aussi La Presse2.
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
La piste cyclable sur le pont-Jacques-Cartier, un axe cyclable qui est de plus en plus emprunté, notamment depuis 2019
Spirales donnant accès au pont, passerelles permettant d'éviter le croisement des cyclistes et des automobilistes, pistes cyclables installées sous le tablier : les ingénieurs du consortium formé des firmes Parsons et WSP ont vraiment pensé « hors du cadre » lorsqu'ils ont soumis leurs propositions, en 2020. Le hic : le coût des aménagements retenus était estimé à l'époque entre 277 et 340 millions de dollars.
Devant de tels coûts, la société d'État fédérale responsable du pont Jacques-Cartier a dit vouloir repousser les travaux au moment du remplacement du tablier du pont. Ça me semblait logique… jusqu'à ce que je demande pour quand est prévu ce remplacement. La réponse m'a scié les jambes : 2060.
Je ne suis pas en train de dire qu'il faut investir 300 millions de dollars pour une piste cyclable sur le pont Jacques-Cartier. On parle de beaucoup d'argent – l'équivalent de toute la somme prévue par Montréal pour développer le réseau cyclable d'ici 2033.
Mais il est sidérant de constater que ce débat n'a jamais gagné l'espace public et a été enterré jusqu'en 2060. Ces sommes sont-elles vraiment déraisonnables compte tenu de leur impact ? Des solutions moins dispendieuses sont-elles possibles ? Il faudrait au moins en parler.
Pendant ce temps, la CAQ a déjà débloqué 275 millions pour engager le projet de troisième lien dans un casier à homards duquel il sera coûteux de s'extirper. Et c'est sans compter l'incroyable quantité d'énergie dépensée à parler de ce projet jugé largement inutile par toutes les études.
Si ça démontre une chose, c'est qu'il faut commencer à considérer le transport actif comme une solution de mobilité sérieuse et non comme un joujou ou un caprice récréatif – encore moins comme un sac de boxe sur lequel on tape pour attirer des votes.
1. Consultez la carte des collisions de Vision Zéro de la Ville de Montréal
2. Lisez l'article « Pas toujours facile, pédaler en cohabitation » de Mark Suciu
3. Lisez l'article « Des plans ambitieux pour les vélos sur le pont Jacques-Cartier » du Devoir (abonnement requis)
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