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« Ça porte ses fruits »

« Ça porte ses fruits »

La Presse14 hours ago
Les drones sont de plus en plus utilisés en agriculture.
(Saint-Hyacinthe) William Overbeek déverse 110 livres de semences de ray-grass dans un grand réservoir attaché à un drone. Le pilote agrippe sa télécommande et l'engin, d'une largeur de 10 pieds, s'envole sous le regard impressionné des quatre enfants de la ferme.
Alors qu'il survole un champ de maïs à 36 km/h, le drone laisse tomber les semences de la plante fourragère entre les rangs.
« C'est impressionnant », lance l'agricultrice Martine Rainville, le regard tourné vers le ciel.
C'est merveilleux. Ça fait avancer la technologie pour le monde agricole.
Martine Rainville, agricultrice
Au cours des prochaines semaines, le ray-grass poussera à l'ombre des plants de maïs. Cette technique agricole, qui prend de plus en plus d'ampleur au Québec, se nomme la culture intercalaire. Elle peut se réaliser à l'aide d'un tracteur, mais le drone permet d'éviter la compaction du sol due au poids de la machinerie et de réaliser cette opération plus tard en saison.
Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos
Le drone fait maintenant partie du coffre à outils des producteurs agricoles. Ils sont de plus en plus nombreux à semer du haut des airs. On les utilise aussi pour une pléthore d'autres fonctions comme l'application de biostimulants, le dépistage des mauvaises herbes, la cartographie d'un champ ou l'inventaire de légumes par caméra.
« Dès que j'ai commencé à l'utiliser et que j'ai vu le potentiel, j'y ai cru à 100 % », explique William Overbeek.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
William Overbeek détient un baccalauréat et une maîtrise en agronomie de l'Université McGill. Il est passionné de drones.
Mais dans les premières expositions agricoles, quand on présentait le drone, les gens riaient quasiment de nous. Ils nous disaient : « C'est un jouet, vous ne pourrez pas faire de choses très importantes. » Aujourd'hui, trois ans plus tard, ce sont des centaines de producteurs qui ont ce drone-là au Québec !
William Overbeek, agronome
L'agronome de 28 ans, qui a grandi dans une grande ferme de la région et qui réalise aujourd'hui un doctorat en sciences de l'environnement à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), visite entre 30 et 50 clients chaque saison.
Le drone permet aussi de semer lorsque les tracteurs ne peuvent pas passer après des épisodes de fortes pluies.
Éviter la compaction, réduire les pesticides
Le drone, un modèle Agras T40 de l'entreprise DJI, réussira à semer le champ de 11,7 hectares (ha) en une heure et demie environ.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Avant le vol, l'heure est au remplissage du drone !
« Tu regardes la charte de DJI et c'est vraiment exponentiel. En 2020, il y avait peut-être 10 000 drones comme ça vendus dans le monde. En 2025, on est rendus à 400 000 », souligne William Overbeek au sujet de ce modèle.
« En Chine, le drone remplace quasiment tout type de machinerie », ajoute-t-il.
À son avis, le drone continuera à gagner en popularité, notamment en raison de son prix.
« C'est 50 000 $ environ pour un kit complet. Pour un producteur qui a une bonne superficie et qui est habitué à acheter des tracteurs à 200 000 $ ou à 500 000 $, un drone, c'est vraiment une petite dépense. Le comptable ne regardera même pas c'est quoi ! »
Remplacer le tracteur ?
Développeur d'affaires pour l'entreprise Drone des Champs, Gil Weisman parle du drone comme d'une nouvelle corde à l'arc des agriculteurs.
Les agriculteurs ou les entreprises ont maintenant identifié les cas d'usage où le drone est véritablement intéressant.
Gil Weisman, développeur d'affaires pour l'entreprise Drone des Champs
« Au début, on imaginait que le drone allait remplacer la machine, mais en fait, ça, c'est une erreur, parce que le drone a des inconvénients notamment en raison de sa capacité. Ça n'a pas de sens pour un agriculteur de remplacer un très gros tracteur par un drone parce qu'il va perdre du temps et de l'argent. Par contre, après des années, on a compris que semer l'intercalaire ou les cultures de couverture, c'était plus facile, en fait, avec le drone. »
Les cultures de couverture comprennent la technique de l'intercalaire, mais aussi toute démarche qui vise à couvrir le sol durant l'automne et l'hiver après la récolte.
« Je crois beaucoup aux cultures de couverture, au fait qu'il faut couvrir le sol pour longtemps », explique William Overbeek.
C'est à l'automne 2020 qu'il a eu une idée : semer du seigle à travers les rangs de maïs à l'aide d'un drone sur la ferme familiale. C'était le début d'une nouvelle aventure. Il sème aujourd'hui des prairies, des cultures de couverture, du blé d'automne et, bien sûr, des cultures intercalaires.
Les cultures intercalaires ajoutent de la matière organique dans le sol et lui donnent une meilleure structure. En améliorant la portance du sol, il est plus facile d'entrer au champ avec de la machinerie lourde sans l'endommager.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
La famille Ménard-Rainville : Gilbert, 8 ans, Géraldine, 10 ans, Jean-François Ménard, Florent, 7 ans, Aline, 12 ans, et Martine Rainville. Ils élèvent un troupeau laitier et des bovins.
« Ça fait trois ans que l'on fait l'intercalaire avec le drone et ça porte ses fruits », estime le conjoint de Martine Rainville, Jean-François Ménard.
« Le ray-grass, sa job, c'est de mettre des racines dans la terre. Lors de la décomposition des racines, ça va créer de l'air et c'est là que les vers de terre vont avoir plus de place pour passer. De fil en aiguille, d'année en année, on se ramasse avec une structure de sol qui change. »
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Un exemple de ray-grass qui pousse entre des rangs de maïs à un stade de croissance d'environ un mois. Cette photo a été prise dans le champ d'un autre agriculteur, fin juillet.
Cette technique est officiellement reconnue par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec comme une pratique agroenvironnementale, car elle réduit le recours aux herbicides. Les mauvaises herbes ont moins de chances de s'installer lorsque le sol est constamment couvert.
« La terre, elle ne nous appartient pas, elle appartient aux générations futures », souligne Martine Rainville, qui a repris la ferme familiale fondée par son grand-père.
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