« L'exemple de la nana qu'il fallait imiter » : Laura Dahlmeier, l'ex-biathlète qui aimait la montagne, morte à 31 ans dans un accident d'alpinisme
« C'était quelqu'un d'influent dans son sport et en dehors. La pluie d'hommages qui va tomber va nous le montrer. Beaucoup vont être touchés par ce drame. » Quelques minutes après l'annonce du décès de Laura Dahlmeier à 31 ans, Anaïs Chevalier-Bouchet ne s'est pas trompée en décrivant la trace laissée par l'ancienne biathlète, « victime d'une chute de pierres » au Pakistan.
L'accident s'est produit lundi à près de 5 700 m d'altitude sur le pic Laila. Sa partenaire de cordée Marina Eva Krauss a lancé un appel de détresse, mais la dangerosité du site a rendu toute tentative de sauvetage impossible, selon son agence. Elle serait « morte sur le coup », estime les secours.
Retraitée depuis 2019 du circuit, la double championne olympique a été honorée par l'IBU, des champions comme Quentin Fillon Maillet, Ingrid Landmark Tandrevold ou Lou Jeanmonnot ainsi que le président allemand Frank-Walter Steinmeier. « J'ai fait toute ma carrière avec elle, poursuit Chevalier-Bouchet, émue. Elle passait souvent à Chamonix, on se croisait. C'est quelqu'un qui m'a aidée à grandir dans le sport. C'est bouleversant, tragique, on s'identifie. »
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« Je suis choqué que ce soit arrivé à Laura, que je suis depuis qu'elle est biathlète et qui, je le sais, est devenue une alpiniste remarquable », a assuré Reinhold Messner, l'un des plus grands alpinistes du siècle passé, au média allemand RTL. Guide de haute montagne diplômée d'État, l'Allemande ne faisait rien à moitié. Comme lorsqu'elle a dominé la planète biathlon en 2017.
Sa suprématie ne s'est pas éternisée, mais ça, c'est elle qui l'a choisi. Si elle n'a pas décidé de grandir à Garmisch-Partenkirchen, au pied du plus haut sommet d'Allemagne, la « Zugspitze », elle a jeté son dévolu sur le biathlon à 12 ans. Dix années après avoir chaussé ses premiers skis, trois ans après sa découverte de la discipline.
Des Mondiaux historiques en 2017
« Elle était très forte chez les juniors et les jeunes, se remémore Chevalier-Bouchet, née, comme Dahlmeier, en 1993. C'était la fille à battre. » Précoce, elle a décroché ses premiers podiums en Coupe du monde en 2014-2015. Un an avant son premier couronnement individuel mondial, deux saisons avant d'avaler la concurrence. Son année 2017 ? Un gros globe de cristal et cinq titres de championne du monde à Hochfilzen, sur six possibles. Une médaille d'argent en mass-start complète sa collection autrichienne. Personne n'avait réussi pareils Mondiaux. Le tout à 23 ans.
Sa compétition avait été marquée par deux malaises en bout de course, preuve de son jusqu'au-boutisme. « Elle a toujours été devant, mais de là à écraser le circuit comme ça, souligne Chevalier-Bouchet. Ça restera un exploit. Je me disais : elle a mon âge et elle arrive à dominer des courses comme ça. »
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En 2018, Dahlmeier a illuminé les Jeux Olympiques de Pyeongchang, avec deux médailles d'or sur le sprint et la poursuite ainsi que le bronze en individuel. La biathlète avait pourtant été affaiblie par quelques coups de froid en début de saison. Ses performances lui avaient valu des comparaisons avec Martin Fourcade, sextuple champion olympique. « Martin est le meilleur depuis des années, c'est un modèle pour tous les biathlètes, lui rendait-elle hommage. J'apprécie ses positions dans la lutte antidopage. »
JO de Pyeongchang : Laura Dahlmeier en or au sprint, Marie Dorin-Habert 4e
Elle non plus n'hésitait pas à élever la voix pour défendre un sport propre. « En Allemagne, les biathlètes sont reconnus, importants. Elle avait des prises de parole engagées », commente Chevalier-Bouchet. Cette dernière la décrivait comme « respectueuse, nature, humble et sans chichi ». Fair-play, aussi. Alors que la France avait remporté le relais dames pour la dernière étape de Marie Dorin-Habert en Coupe du monde, la Bavaroise avait glissé que les Allemandes, deuxièmes, étaient « contentes que Marie gagne ».
Retraite à la montagne
« Je garde l'image d'une fille impeccable techniquement, retrace Chevalier-Bouchet. C'était l'exemple de la nana qu'il fallait imiter. C'était propre, c'était beau, c'était félin. » Lorsque l'Iséroise a remporté la seule course de sa carrière en Coupe du monde, à Nove Mesto en 2016, l'Allemande s'était invitée dans ses pensées. « J'étais tellement fière de l'avoir battue, elle. Dans le dernier tour, on m'annonce que je suis en tête, je me suis dit que c'était la seule fois de ma vie où j'allais la battre. J'étais devant un ogre. »
Après le monde et l'Olympe, quel chapitre ouvrir ? Celui de la retraite pour celle qui a glané 22 victoires en Coupe du monde. À 25 ans, un an seulement après les Jeux de PyeongChang, Dahlmeier est « partie par la grande porte ». À l'instar de son inspiration Magdalena Neuner - retraitée au même âge - elle a refusé de sentir la passion s'évaporer. Il faut dire qu'elle savait avec quoi s'occuper. La jeune retraitée avait déjà gravi des sommets durant sa carrière. Elle avait ainsi escaladé « El Capitan » (2 307 m) aux États-Unis, passant une nuit suspendue dans le vide.
Escalade, saut en parachute, trail, vélo, guide : elle cochait toutes les cases de la parfaite montagnarde. « Elle aimait ça, confirme Chevalier-Bouchet. Je commence à comprendre cet esprit de guide. Ce sont des gens qui acceptent le risque, conscients que quand ils partent en montagne, ils peuvent ne pas revenir. » Une passion qui était devenue son activité majeure. Par ailleurs consultante TV pour la chaîne allemabde ZDF, elle avait grimpé le Mont Blanc par le pilier rouge du brouillard en 2021, avant de s'attaquer à l'ascension de l'Ama Dablam (6 812 m), dans l'Himalaya en 2024.
Un court métrage réalisé sur son escapade dans les Alpes lui avait valu d'être invitée d'honneur au Bayern Outdoor Film Festival. Sollicitée pour ses expériences, elle a tenu des conférences, dont une avec les joueuses du Bayern Munich très récemment.
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