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Les sprinteurs en ont fini avec la victoire de Milan à Valence, place à la revanche entre Pogacar et Vingegaard sur le col de la Loze

Les sprinteurs en ont fini avec la victoire de Milan à Valence, place à la revanche entre Pogacar et Vingegaard sur le col de la Loze

L'Équipe23-07-2025
Alors que Jonathan Milan a remporté un sprint chaotique perturbé par une chute sous la flamme rouge, la montagne est de retour, ce jeudi, avec l'ascension finale du col de la Loze, où le Maillot Jaune Tadej Pogacar voudra effacer l'ardoise de 2023 face à Jonas Vingegaard.
Il ne reste que 618 km jusqu'à Paris, mais ils vont désormais paraître bien longs pour les sprinteurs, à qui le Tour de France ne promet plus qu'une série de calvaires. Une traversée des Alpes toujours pénible quand on a des cuissots d'une circonférence supérieure à celle d'un volatile, une étape pour puncheurs, samedi, où ils ne seront pas beaucoup plus à la fête, et une torture finale, celle d'être invités sur les Champs-Élysées mais juste pour se faire malmener à la maison, avec pour perspective de mourir dans la butte Montmartre sous les banderilles de tous ceux qui voudront leur faire la peau.
Il va en falloir du courage ce jeudi matin à Vif, au pied du Glandon, de la Madeleine et du col de la Loze, pour se lancer dans cet enfer juste pour la beauté de finir un Tour de France, 171 km et 5 450 m de dénivelé positif où la question du sens de la vie va s'inviter dans les boîtes crâniennes, où les buvettes et les tentes qui fument sur le bord des routes seront autant de tentations et de portes de sortie, pour tout plaquer et juste balancer son vélo dans un ravin.
Rien n'a été donné aux sprinteurs dans ce Tour de France, eux qui n'ont eu que cinq étapes pour briller, et même celle de mercredi vers Valence a été acharnée. Elle était présentée comme la dernière puisqu'une majorité, les intéressés inclus, semble désormais convaincue qu'ils ne survivront pas aux trois passages dans la rue Lepic, surtout en bout de Tour de France. On aurait pu penser qu'entre le Ventoux et le diptyque alpestre, une trêve serait décrétée, qu'on laisserait les grosses cuisses s'expliquer entre elles, eh bien non, chacun y est allé de son petit croche-pied pour tenter de les tanner.
Ineos, Abrahamsen et la pluie ont contrarié les plans des sprinteurs
Il y eut le coup des Ineos, à 95 km de l'arrivée, dans le col du Pertuis, qui décidèrent de briser le ronronnement de l'étape pour mettre en difficulté les équipes des bolides, et aussi bien Jonathan Milan que Tim Merlier, les deux favoris du jour, furent un temps piégés, éjectés, et durent s'employer pendant une vingtaine de bornes pour parvenir à recoller. Puis la météo s'en mêla, puisque la pluie à l'approche de Valence désorganisa la chasse derrière l'échappée de quatre - Quentin Pacher, Mathieu Burgaudeau, Jonas Abrahamsen, Vincenzo Albanese -, qui augmentait sa résistance, avec encore 45" d'avance à 25 km de l'arrivée alors que leur matelas n'avait jamais été très épais.
Derrière, on voyait d'ailleurs que les formations de sprinteurs avaient pour la plupart perdu le manche, remplacées en tête de peloton par les cerbères des favoris du général, qui les protégeaient des pièges sous la drache, notamment avec quelques ronds-points à traverser. Ce découpeur de bitume d'Abrahamsen mit encore tout le monde sous tension en partant seul à 12 km du terme et après tous ces efforts, une fois la tronçonneuse norvégienne rangée dans l'appentis huit bornes plus loin, beaucoup des sprinteurs n'eurent même pas la chance de disputer le sprint, fauchés ou ralentis par un gros gadin sous la flamme rouge, causé par un accrochage entre Cyril Barthe et Pavel Bittner, qui envoya pas mal de monde glisser sur la chaussée détrempée, Biniam Girmay, Carlos Rodriguez, Hugo Page.... Tim Merlier ne chuta pas, mais il fut suffisamment freiné pour ne pas pouvoir défendre ses chances, alors que Milan était passé d'un cheveu, bien accroché à la roue de Jasper Stuyven.
Girmay, la grosse frayeur à quatre jours de l'arrivée sur les Champs-Elysées
Le gros coup de Milan pour le maillot vert
L'Italien n'avait plus qu'à régler un groupe d'une dizaine de coureurs, pas insurmontable pour un sprinteur de son rang, même si Jordi Meeus (2e) le mit en joue mais commit l'erreur de ne pas lancer le premier, alors que Tobias Lund Andresen décrochait une jolie 3e place. À l'image de Stuyven, Milan pouvait remercier son équipe, qui lui a offert un voyage en première classe malgré les turbulences. Les Lidl-Trek ont ainsi bien serré les rangs au moment de la crise du Pertuis, avec un Quinn Simmons phénoménal, qui depuis le groupe Maillot Jaune a tout contrôlé, ralenti le rythme quand il le pouvait pour faire tomber l'écart avec son leader largué, alpagué tous ceux qui tentaient d'en profiter pour se faire la malle, un shérif au look de hors-la-loi, sa tignasse blonde au vent, la bannière étoilée sur les épaules.
Milan a donc remporté sa deuxième victoire de ce Tour de France, il a égalisé face à Merlier dans cette édition, mais il a à chaque fois gagné quand le Belge n'était pas dans le sprint face à lui, au contraire de ce dernier, ce qui nous oblige à donner un léger avantage au champion d'Europe mais surtout à écrire notre frustration de ne pas avoir pu jauger les deux au coude à coude plus souvent.
Décryptage : comment Milan a évité la chute pour s'imposer sur la 17e étape
Milan n'aura pas les arrière-pensées de ceux de sa caste ce jeudi matin, au pied des Alpes, car il a le maillot vert sur le paletot et c'est une magnifique raison de pousser jusqu'aux Champs-Élysées. Il l'a bien renforcé mercredi, d'une soixantaine de points, et il n'a plus que deux obstacles à franchir : entrer dans les délais en montagne et Tadej Pogacar, son seul adversaire pour la tunique, qu'il domine de 72 points et qui a a priori d'autres batailles à mener.
Pogacar à nouveau sur la défensive ou revanchard ?
Le Slovène se dit entièrement focalisé sur le Maillot Jaune, sur sa victoire dans le Tour de France, mais il ne peut pas ignorer que le combat qu'il va mener ce jeudi va convoquer les fantômes d'il y a deux ans. L'ascension finale du col de la Loze se fera par l'autre versant, c'est un brin dommage, mais c'est tout de même par là qu'en 2023, Pogacar avait capitulé face à Jonas Vingegaard, au lendemain de la débâcle du chrono de Combloux, une seconde abdication, un Waterloo, et surtout un rare aveu public de faiblesse, de défaite, puisqu'on l'avait entendu dire à sa radio : « Je suis mort. » À l'issue de l'étape, il avait ainsi concédé 5'45'' à son rival danois.
Avec plus de quatre minutes de débours au général, les regards sont braqués sur Vingegaard, sur ses Visma, dans l'attente de savoir ce qu'ils vont pouvoir inventer pour au moins essayer de bousculer leur rival, mais en réalité, c'est avant tout le jour du champion du monde. Un jour à ressortir de sa coquille alors qu'il se recroqueville dans une attitude défensive depuis la raclée d'Hautacam, d'autant plus qu'il a loupé le rendez-vous du Ventoux, car gagner en jaune là-haut était une opportunité qui s'offre à tellement peu d'élus et il n'est pas sûr qu'elle se représentera.
Il n'est pas impossible qu'une revanche personnelle motive davantage le Maillot Jaune que la « grande » histoire du Tour, effacer les défaites passées a toujours été un de ses ressorts, mais en tout cas, c'est l'heure de coudre un peu plus de prestige à ce quatrième sacre qui l'attend à Paris dimanche. L'heure de mettre des paillettes sur sa cape dorée.
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