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La Presse
5 hours ago
- La Presse
La maladie est aussi présente au Canada
Un lapin atteint par le papillomavirus de Shope au Minnesota Des photos de lapins cornus au Colorado ont inquiété l'internet cette semaine, en grande partie parce qu'ils ressemblent aux zombies de The Last of US, la série postapocalyptique de HBO. Cette mystérieuse maladie, qui n'est probablement pas dangereuse pour l'humain, est aussi présente au Canada, nous indique-t-on. Qu'est-ce qui donne leurs cornes aux lapins du Colorado ? Il s'agit du « papillomavirus de Shope », nommé en l'honneur d'un biologiste de l'Université Rockefeller, dans l'État de New York, qui l'a découvert dans les années 1930. Touchant le lapin à queue blanche (Sylvilagus floridanus), ce virus est transmis par des moustiques, nous indique Robert Timm de l'Université du Kansas, l'un des rares spécialistes du sujet. La maladie n'est pas en soi dommageable pour le lapin, mais elle entrave ses activités, souligne-t-il. Sur les réseaux sociaux, les lapins affectés ont été surnommés « frankensteins », « démons » et « zombies ». Le papillomavirus de Shope a probablement donné naissance au mythe du « jackalope », un lapin à cornes, selon M. Timm. Est-ce que ce virus est apparu au Canada ? Aucun cas n'a été rapporté au Québec, mais quelques-uns ont été signalés dans le sud de l'Ontario entre 2006 et 2022, affirme Émilie Couture, vétérinaire à l'Université de Montréal et au Centre québécois sur la santé des animaux sauvages (CQSAV). La Dre Couture a épluché la base de données du Réseau canadien pour la santé de la faune (RCSF), dont fait partie le CQSAV. « Bien que nous n'ayons pas documenté cette condition à ma connaissance au Québec, il faut savoir que nous ne recevons pas une grande quantité de lapins à queue blanche pour diagnostic, comparativement à nos collègues de l'Ontario, dit-elle. Cette espèce ne fait présentement pas partie des programmes de surveillance ciblée provinciaux. Ce n'est donc pas impossible que cette condition soit présente, mais non documentée par nous. » « À moins que les lésions ne deviennent débilitantes pour l'animal et l'empêchent de s'alimenter (elle est considérée comme surtout débilitante pour les nouveau-nés), cette condition est généralement auto-limitante et n'est généralement pas considérée comme ayant un impact sur les populations de lapin », ajoute Mme Couture. De son côté, M. Timm du Kansas n'a pas entendu parler de cas au Canada. « Mais il serait possible qu'il y en ait dans les Prairies, dans des environnements semblables au Midwest. » Rapportez Une maladie d'un animal au RCSF Est-ce qu'il est dangereux pour les humains ? A priori non, selon M. Timm. « Il n'a jamais été rapporté chez l'humain. » Mais ce virus est étudié par les biologistes parce que c'est l'un des rares exemples de cancer touchant l'animal, note le biologiste du Kansas. « Il y a beaucoup de travail en médecine, notamment pour mieux comprendre le lien entre les papillomes humains et le cancer. » Le vaccin contre le VPH, souvent transmis par des relations sexuelles, vise à prévenir le cancer du col de l'utérus. Pourquoi est-il surtout présent dans le Midwest ? « C'est un mystère, répond M. Timm. J'ai publié en 2015 une étude sur les lapins empaillés dans les musées et on a retrouvé des cas remontant à 100 ans. Mais ni dans les musées ni dans les bases de données vétérinaires, on n'a de cas sur la côte Est aux États-Unis, et seulement un cas sur la côte Ouest, dans l'État de Washington. » Le biologiste du Kansas pense que ce dernier cas est issu du commerce de lapins vivants qui avait lieu dans les années 1920 et 1930. « À l'époque, les clubs de chasse des côtes Est et Ouest faisaient venir des lapins du Midwest. Il y en avait tellement, et le Midwest était tellement pauvre, que des agriculteurs devaient arrondir leurs fins de mois en attrapant des lapins pour les envoyer aux clubs de chasse des élites des grandes villes côtières. On parle de millions de lapins. C'est peut-être ce qui est arrivé dans l'État de Washington. Si c'est le cas, ça confirme que la maladie est particulièrement bien adaptée au Midwest. » PHOTO FOURNIE PAR ROBERT TIMM Robert Timm au Costa Rica en train d'étudier des écureuils Est-ce que des lapins ont ainsi été envoyés à des clubs de chasse canadiens ? Probablement pas, dit M. Timm. « Même à l'époque, les envois d'animaux par la frontière canado-américaine étaient surveillés. » Le réchauffement climatique fera-t-il migrer le papillomavirus de Shope vers le nord ? « Il est certain que le virus est influencé par la température et l'humidité, répond M. Timm. Mais au Kansas, il peut faire très froid l'hiver. Alors je ne vois pas pourquoi le Canada serait plus à risque à cause des changements climatiques. »
La Presse
9 hours ago
- La Presse
La fièvre pourprée des Rocheuses vraiment présente en Estrie ?
La Direction de la santé publique de l'Estrie va enquêter sur un cas de fièvre pourprée des Rocheuses – une infection transmise par une tique – qui a touché un homme de la région. La grande question de l'enquête : l'homme a-t-il réellement été piqué dans la région ? Microbiologiste-infectiologue au CIUSSS de l'Estrie, Alex Carignan tenait lundi à aviser les médecins de la province, par l'entremise des médias sociaux, qu'il suivait un patient qui, pour la première fois au Québec à sa connaissance, a contacté la fièvre pourprée des Rocheuses. Or, après les entrevues qu'il a accordées dans les médias, le patient, dit-il à La Presse, a fini par lui dire qu'il avait aussi séjourné en Ontario, une province où l'infection est déjà rapportée chez les chiens. Il avait omis de le rapporter à son équipe traitante jusque-là. La direction de la santé publique de l'Estrie fera néanmoins enquête. « La source d'acquisition de la maladie la plus probable se trouve en Ontario, peut-on lire dans un communiqué. On ne peut toutefois écarter hors de tout doute que la source d'acquisition puisse se trouver en Estrie, puisque les tiques qui transmettent cette maladie sont présentes (en petit nombre) sur notre territoire. » « L'enquête se poursuit et nous serons à l'affût pour accroître si nécessaire la surveillance de cette maladie et des tiques qui la transmettent tout en sensibilisant la population aux risques des maladies transmises par les tiques et à l'importance d'appliquer les conseils de prévention. » Toujours sur Facebook, Alex Carignan soutient maintenant qu'il « ne sera vraisemblablement pas possible de déterminer avec certitude le lieu d'acquisition précis de l'infection. Il n'en demeure pas moins que cette infection est à notre porte et qu'il est important de développer des activités de surveillance pour bien suivre son arrivée au Québec et de s'assurer que les professionnels de la santé soient en mesure de bien la reconnaître ». Pour la tique en cause ici – la Dermacentor – comme pour les autres tiques qui sont particulièrement présentes en Estrie et en Montérégie, il est recommandé, dans un monde idéal, de privilégier des vêtements longs et dans les zones particulièrement à risque, de se mettre du répulsif à insectes. Une douche au retour d'une longue journée en plein air est aussi indiquée puisque les tiques qui ne seraient pas encore entrées dans la peau pourraient être ainsi délogées.
La Presse
11 hours ago
- La Presse
Du dépistage de maladies chroniques dans des centres de prévention
Le ministre de la Santé Christian Dubé lors d'une conférence de presse tenue à Montréal Du dépistage de maladies chroniques dans des centres de prévention Québec investit 15 millions de dollars cette année dans la mise en œuvre de sa nouvelle stratégie nationale de prévention en santé 2025-2035. Il compte transformer les points de services locaux, offrant la vaccination et la prise de prélèvements, en « centre de prévention ». Des projets pilotes doivent être lancés au cours de l'année afin de repérer les personnes à risque de maladie chronique, comme le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires. C'est l'une des cinq mesures annoncées par le ministre de la Santé Christian Dubé lors d'une conférence de presse tenue à Montréal jeudi, en compagnie de plusieurs ministres et du directeur national de santé publique du Québec, le Dr Luc Boileau. « Il faut agir à la source, a dit Christian Dubé. La prévention fait partie des solutions pour être capable de diminuer la pression sur le réseau de la santé. Si on limite la pression sur le réseau, on va améliorer l'accès pour ceux qui en ont vraiment besoin. » La stratégie nationale de prévention en santé 2025-2035 prévoit des cibles chiffrées : réduire de 10 % l'impact des maladies évitables sur le système de santé et diminuer de 10 % l'écart de mortalité prématurée lié aux inégalités socioéconomiques. Le ministre Dubé promet un « véritable virage » du « curatif » vers la prévention. Un plan d'action détaillé sera présenté dans les prochains mois. Si on fait une bonne job dans les prochains mois, on va convaincre le ministre des Finances d'en mettre un peu plus en prévention. Christian Dubé, ministre de la Santé Le budget de la santé dépasse les 60 milliards. Sur cette somme, environ 1,5 milliard est destiné à la Santé publique. Le montant accordé à la prévention en santé n'est toutefois pas clair au sein des divers ministères, selon le ministre. Christian Dubé souhaite que le Dr Boileau et Santé Québec déterminent la somme exacte dépensée en la matière afin de pouvoir présenter un portrait de la situation à ses collègues et au ministre des Finances, Éric Girard. PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE Le directeur national de santé publique du Québec, le Dr Luc Boileau. Lors du point de presse, le Dr Boileau a plaidé que « chaque dollar investi en prévention génère des retombées individuelles et collectives souvent inestimables ». « Pour un dollar, on va aller chercher 7, 14, 25, 33, 34 $ de plus de rentabilité, quand on calcule tous les bénéfices qui sont associés à cela », a-t-il précisé.
