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À Hiroshima, 80 ans après la bombe, un appel renouvelé pour l'abandon du nucléaire

À Hiroshima, 80 ans après la bombe, un appel renouvelé pour l'abandon du nucléaire

Le Parisien06-08-2025
Une minute de silence a été observée dans la nuit de mardi à mercredi à 1h15 à Hiroshima, l'heure exacte du largage de la bombe atomique qui a dévasté la ville il y a 80 ans et tué quelque 140 000 personnes. Trois jours plus tard, Nagasaki subissait le même sort, déplorant la mort d'environ 74 000 autres civils.
Lors de la cérémonie commémorative, à laquelle ont participé des représentants de 120 pays et régions, Hiroshima a une nouvelle fois exhorté la communauté internationale à renoncer aux armes nucléaires, dans un contexte mondial tendu marqué par l'invasion de l'Ukraine par la Russie et la guerre au Proche-Orient.
« Un monde sans armes nucléaires »
« Les États-Unis et la Russie possèdent 90 % des ogives nucléaires mondiales », a rappelé le maire de la ville, Kazumi Matsui, fustigeant une « tendance accélérée au renforcement militaire » et le fait que « certains dirigeants acceptent l'idée que les armes nucléaires sont essentielles à leur défense nationale ». Des positions qui, selon lui, « ignorent de manière flagrante les leçons » des drames de 1945.
VidéoEn larmes, ce rescapé de la bombe atomique reçoit le prix Nobel de la paix
Présent à Hiroshima, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a réaffirmé la responsabilité particulière du Japon : « Seule nation à avoir subi des bombardements atomiques en temps de guerre, notre pays a pour mission de prendre la tête des efforts internationaux pour un monde sans armes nucléaires. »
Sans la Russie ni la Chine
La cérémonie s'est tenue en l'absence de puissances nucléaires comme la Russie, la Chine ou le Pakistan. Contrairement à son habitude, le Japon a indiqué n'avoir pas « choisi ses invités » pour ces commémorations mais en a « notifié » tous les pays et régions. Ainsi, la Palestine et Taïwan, que Tokyo ne reconnaît pas officiellement, y ont annoncé leur présence pour la première fois. L'Iran, régulièrement accusé de vouloir se doter de la bombe, devait également être représenté. La France était, elle, représentée par le numéro deux de son ambassade.
De nombreux participants ont déposé des couronnes devant le cénotaphe commémoratif, où une vasque brûle en mémoire des victimes. À l'aube, des habitants et survivants sont venus prier. Takako Hirano, 69 ans, qui a perdu ses parents à la suite du bombardement, rappelle que « les habitants d'Hiroshima font de leur mieux pour transmettre leurs messages et témoigner de la souffrance endurée ».
« Les gens souffrent encore »
gé de 96 ans, Yoshie Yokoyama, dont la famille a été victime du bombardement, est venu assister à la cérémonie en fauteuil roulant, accompagné de son petit-fils. « Les gens souffrent encore », a-t-il témoigné. Son petit-fils Hiroki ajoute : « Je ressens le besoin d'écouter davantage, de transmettre son histoire à nos enfants. »
En mars, le Japon recensait encore 99 130 hibakusha, survivants des frappes nucléaires, dont l'âge moyen est désormais de 86 ans. Leurs récits demeurent au cœur du combat porté par le groupe Nihon Hidankyo, lauréat du prix Nobel de la paix 2024, qui milite pour l'abolition des armes nucléaires. Yukiyo Kokufu, 75 ans, a perdu son frère âgé de 18 mois et vu sa mère gravement brûlée. Il l'assure : « J'espère vraiment qu'il n'y aura jamais aucun nouvel hibakusha. Les gens parlent de dissuasion nucléaire, j'espère que tout le monde y réfléchira davantage pour réaliser la paix. »
L'hommage du pape Léon XIV
Le pape Léon XIV a rendu hommage dans un communiqué les villes d'Hiroshima et Nagasaki comme des « témoins vivants des profondes horreurs causées par les armes nucléaires ». De son côté, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a salué dans un message les habitants d'Hiroshima : « Vous n'avez pas seulement reconstruit une ville : vous avez redonné espoir et nourri la vision d'un monde sans armes nucléaires. »
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