
À Hiroshima, 80 ans après la bombe, un appel renouvelé pour l'abandon du nucléaire
Lors de la cérémonie commémorative, à laquelle ont participé des représentants de 120 pays et régions, Hiroshima a une nouvelle fois exhorté la communauté internationale à renoncer aux armes nucléaires, dans un contexte mondial tendu marqué par l'invasion de l'Ukraine par la Russie et la guerre au Proche-Orient.
« Un monde sans armes nucléaires »
« Les États-Unis et la Russie possèdent 90 % des ogives nucléaires mondiales », a rappelé le maire de la ville, Kazumi Matsui, fustigeant une « tendance accélérée au renforcement militaire » et le fait que « certains dirigeants acceptent l'idée que les armes nucléaires sont essentielles à leur défense nationale ». Des positions qui, selon lui, « ignorent de manière flagrante les leçons » des drames de 1945.
VidéoEn larmes, ce rescapé de la bombe atomique reçoit le prix Nobel de la paix
Présent à Hiroshima, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a réaffirmé la responsabilité particulière du Japon : « Seule nation à avoir subi des bombardements atomiques en temps de guerre, notre pays a pour mission de prendre la tête des efforts internationaux pour un monde sans armes nucléaires. »
Sans la Russie ni la Chine
La cérémonie s'est tenue en l'absence de puissances nucléaires comme la Russie, la Chine ou le Pakistan. Contrairement à son habitude, le Japon a indiqué n'avoir pas « choisi ses invités » pour ces commémorations mais en a « notifié » tous les pays et régions. Ainsi, la Palestine et Taïwan, que Tokyo ne reconnaît pas officiellement, y ont annoncé leur présence pour la première fois. L'Iran, régulièrement accusé de vouloir se doter de la bombe, devait également être représenté. La France était, elle, représentée par le numéro deux de son ambassade.
De nombreux participants ont déposé des couronnes devant le cénotaphe commémoratif, où une vasque brûle en mémoire des victimes. À l'aube, des habitants et survivants sont venus prier. Takako Hirano, 69 ans, qui a perdu ses parents à la suite du bombardement, rappelle que « les habitants d'Hiroshima font de leur mieux pour transmettre leurs messages et témoigner de la souffrance endurée ».
« Les gens souffrent encore »
gé de 96 ans, Yoshie Yokoyama, dont la famille a été victime du bombardement, est venu assister à la cérémonie en fauteuil roulant, accompagné de son petit-fils. « Les gens souffrent encore », a-t-il témoigné. Son petit-fils Hiroki ajoute : « Je ressens le besoin d'écouter davantage, de transmettre son histoire à nos enfants. »
En mars, le Japon recensait encore 99 130 hibakusha, survivants des frappes nucléaires, dont l'âge moyen est désormais de 86 ans. Leurs récits demeurent au cœur du combat porté par le groupe Nihon Hidankyo, lauréat du prix Nobel de la paix 2024, qui milite pour l'abolition des armes nucléaires. Yukiyo Kokufu, 75 ans, a perdu son frère âgé de 18 mois et vu sa mère gravement brûlée. Il l'assure : « J'espère vraiment qu'il n'y aura jamais aucun nouvel hibakusha. Les gens parlent de dissuasion nucléaire, j'espère que tout le monde y réfléchira davantage pour réaliser la paix. »
L'hommage du pape Léon XIV
Le pape Léon XIV a rendu hommage dans un communiqué les villes d'Hiroshima et Nagasaki comme des « témoins vivants des profondes horreurs causées par les armes nucléaires ». De son côté, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a salué dans un message les habitants d'Hiroshima : « Vous n'avez pas seulement reconstruit une ville : vous avez redonné espoir et nourri la vision d'un monde sans armes nucléaires. »
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


Le Figaro
3 hours ago
- Le Figaro
Sommet de l'Alaska : le sort de l'Ukraine entre les mains de Donald Trump et Vladimir Poutine
Réservé aux abonnés DÉCRYPTAGE - Débarrassé des experts et des contre-pouvoirs, le président américain mène une diplomatie toute personnelle. Rarement la diplomatie américaine aura été menée de façon aussi personnelle. Depuis son retour au pouvoir, Trump a déjà imposé aux États-Unis une volte-face stratégique vis-à-vis de la Russie. Alors qu'une majorité d'Américains et d'élus au Congrès demeure favorable à l'Ukraine, il s'est éloigné de ce pays pour se rapprocher de la position russe. Si l'abandon de Kiev n'a pas encore été complet, les espoirs des analystes, des Européens et des partisans de l'Ukraine de voir Trump comprendre que Poutine veut la victoire plus que la paix ont été déçus. Trump n'a pas complètement rompu avec l'Ukraine en faisant des ouvertures à Moscou. Mais il n'a pas montré la moindre intention de reprendre l'aide militaire à Kiev, pas plus qu'il n'a jusqu'à présent pris une seule mesure de rétorsion directe contre la Russie, se contentant d'exprimer son mécontentement. Sommet en tête-à-tête À l'approche de l'une des dates annoncées par Trump pour imposer des sanctions plus dures, Poutine a joué magistralement en faisant mine d'accorder…


Le Figaro
3 hours ago
- Le Figaro
L'éditorial de Philippe Gélie : «Trump-Poutine, le vertige d'un sommet»
Réservé aux abonnés Pour le maître du Kremlin, la normalisation des relations avec Washington, une coopération économique accrue et la relégation de l'Ukraine au rang de question subsidiaire semblent à portée de main. Ainsi, Vladimir Poutine va ajouter les États-Unis d'Amérique à la liste, jusque-là moins reluisante, des pays l'ayant accueilli depuis qu'il fait l'objet d'un mandat d'arrêt international pour crimes de guerre. Un succès en soi, mais qui n'est qu'un avant-goût du festin diplomatique auquel se prépare l'ex-paria du Kremlin, en allant rencontrer vendredi Donald Trump à Anchorage. À découvrir PODCAST - Écoutez le club Le Club Le Figaro Idées avec Eugénie Bastié On peut être saisi de vertige devant les implications de ce sommet, dont les absents seront nécessairement voués à payer les pots cassés. Les deux chefs de puissances aux aspirations hégémoniques semblent décidés à se réconcilier, ce qu'ils ne peuvent concrètement faire que sur le dos de l'Ukraine et de l'Europe. Le plus grand flou règne à Washington : au-delà des « échanges de territoires » envisagés, quelles intentions, quels plans, quelles attentes, quelles concessions, quelles lignes rouges ? Il y a là de quoi justifier l'agitation des Européens, mobilisés en mode panique ces derniers jours pour…


Le Parisien
4 hours ago
- Le Parisien
Avant sa rencontre avec Poutine, Trump menace la Russie de « conséquences très graves » si elle ne met pas fin à la guerre en Ukraine
Un sommet en tête à tête avant une rencontre à trois ? Après un « très bon appel » avec les dirigeants européens, à deux jours d'un sommet en Alaska avec Vladimir Poutine sur la guerre en Ukraine où il compte « négocier », Donald Trump a indiqué vouloir une rencontre entre le président russe et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, « rapidement ». Donald Trump a également menacé la Russie de « conséquences très graves » si elle ne met pas fin à la guerre en Ukraine.