
Pourquoi la France ne parvient plus à baisser ses émissions de gaz à effet de serre
Publié aujourd'hui à 09h00
A photograph taken on October 16, 2022 shows smoke billowing from chimneys of the Degrad des Cannes Electricite De France (EDF) power plant, in Remire-Montjoly, French Guiana. (Photo by jody amiet / AFP)
AFP
Après avoir déjà marqué sérieusement le pas en 2024, la baisse des émissions de gaz à effet de serre de la France devrait à nouveau ralentir en 2025, avec une baisse estimée à seulement 0,8% sur l'ensemble de l'année, a annoncé vendredi le Citepa.
Sur 2025, les émissions brutes françaises (hors puits de carbone) devraient atteindre 366 millions de tonnes en équivalent CO₂ (MtCO2e), soit une baisse de «seulement 3 MtCO2e» par rapport à 2024, note l'organisme mandaté pour dresser le bilan carbone national, qui fait pour la première fois un «bilan prévisionnel» pour l'année en cours.
Cette faible diminution des émissions «confirmerait le ralentissement de la dynamique observée ces dernières années», souligne-t-il. En 2024, la baisse des émissions françaises était de 1,8%, après -6,8% en 2023. Bons élèves de la décarbonation
La France, longtemps présentée comme un des bons élèves de la décarbonation, semble ainsi perdre son élan, à l'image de l'Allemagne (-3% en 2024 après -10% en 2023) ou du Royaume-Uni (-3,6% après 5,1%), à l'heure où on rentre dans le dur des efforts à réaliser.
Ce ralentissement intervient dans un contexte politique marqué par plusieurs reculs ces dernières semaines sur l'artificialisation des sols (ZAN), la restriction des véhicules les plus polluants dans les grandes villes (ZFE), la remise en cause des aides de l'État pour la rénovation énergétique des logements (MaPrimeRénov').
«Il est ahurissant que l'année des 10 ans de l'Accord de Paris, et alors que les impacts du changement climatique s'aggravent, la France, par les reculs incessants de son gouvernement sur la transition écologique, soit en train de stopper la baisse de ses émissions (…). Ce n'est pas une fatalité, mais un choix politique qui va à l'encontre de la volonté des Françaises et Français», a réagi Anne Bringault, directrice des Programmes chez Réseau Action Climat (RAC).
Pour le premier trimestre, le Cipeta note que les émissions sont même reparties légèrement à la hausse (+0,2%) sous l'effet notamment de la fin des baisses record en matière de production d'énergie et d'émissions particulièrement élevées pour les bâtiments résidentiels et tertiaire (+5,2%) en raison d'une forte consommation de gaz et de chauffage liée à un hiver plus frais. «Le recours au nucléaire»
Pour l'année, le Citepa anticipe que le deuxième trimestre devrait voir ses émissions baisser de 1,8%, avant -0,9% et -0,8% pour les troisième et quatrième trimestres.
L'organisme prévoit que les secteurs qui seront en plus forte baisse seront l'industrie manufacturière et de construction(-2,4%) et l'agriculture et la sylviculture (-1,3%).
Les transports resteront stables, tandis que les baisses importantes observées ces dernières années sur le secteur de la production d'énergie (-7% en 2023 et -4% en 2024) devraient fortement ralentir en 2025 (-0,9%).
«Le recours au nucléaire devrait se stabiliser sur le second semestre 2025, restant à un niveau historiquement haut. De plus, le recours aux énergies fossiles étant déjà très bas, il devrait se stabiliser sans permettre le gain observé dans le passé», explique-t-il.
Le secteur industriel devrait voir ses émissions baisser de 2,4% mais, selon l'Insee, cette baisse sera «essentiellement» liée au recul de la production industrielle plutôt qu'à la décarbonation. Un «sursaut collectif»
Ce ralentissement, face auquel le Haut Conseil pour le climat a appelé à un «sursaut collectif» pour relancer l'action climatique, intervient alors que les pays développés doivent maintenant s'attaquer aux secteurs difficiles ou coûteux à décarboner. Et les ambitions doivent être revues à la hausse pour espérer limiter les effets désastreux (canicules, inondations, sécheresse, incendies …) du réchauffement climatique.
Les émissions de l'UE ont diminué de 8,3% en 2023, et sont désormais inférieures de 37% aux niveaux de 1990, selon la Commission européenne.
Mais la marche est encore très haute pour respecter les objectifs climatiques: mercredi, la Commission a proposé de réduire de 90% les émissions nettes par rapport à 1990.
D'autres pays comme les États-Unis, premiers émetteurs historiques, stagnent dans la réduction de leurs émissions (-0,2% en 2024), dans un contexte de remise en cause des politiques en faveur du climat.
L'objectif français actuel à l'horizon 2030 est de réduire d'au moins 40% les émissions brutes par rapport à 1990. La troisième stratégie nationale bas carbone, en cours d'élaboration, rehaussera cet objectif à -50%, ce qui suppose une réduction de l'ordre de 5% par an entre 2022 et 2030. Selon l'Insee, depuis 1900, les émissions françaises ont été réduites de 31%.
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