Au bout du chemin de croix, les feux d'artifice pour les rescapés du Tour de France
C'est étrange ce samedi soir, veille de retour à Paris, où l'on ne remballe pas tout, où l'on n'écrit pas les premiers bilans, où le Maillot Jaune ne vient pas en conférence de presse pour enfin tomber le masque, raconter sa course, dévoiler certains secrets de ses trois semaines, les jours sans, les coups de mou, les stratégies. Un soir d'étape presque comme un autre, même si ça sent l'écurie mais sans le petit relâchement ordinaire, sans avoir envie de lancer une échappée, car la modification du tracé du parcours parisien va garder beaucoup plus de monde sous pression.
On maintient qu'il est dommage d'avoir privé les sprinteurs de leur arrivée sur les Champs-Élysées, de cette garantie de pouvoir disputer ce sprint massif qui était leur graal mais aussi la carotte qui les faisait gravir des montagnes, mais il y aura tout de même ce dimanche matin de l'excitation devant cette nouveauté. Une dernière petite étincelle, l'envie de voir ce que la triple ascension de la butte Montmartre peut donner, si elle sera le début d'une tradition qu'on devinera incontournable ou pas pour les prochaines années. Mais aussi ce qu'un peloton du Tour de France, tellement différent de celui des Jeux Olympiques, en taille, en composition d'équipes, en niveau de fatigue, peut en faire, si la rue Lepic sera un tremplin assez sévère pour isoler un homme, ce dont on doute beaucoup, de quelle taille sera le groupe qui se présentera sur la ligne pour la gagne.
Comment Montmartre se prépare pour la dernière étape
Le saut dans l'inconnu fait beaucoup dans nos trépignements avant cette nouvelle étape. Tout le monde se demande si Tadej Pogacar va mettre le feu à la butte du Sacré-Coeur, mais le Pac-Man jaune est au régime sec depuis sa victoire dans le chrono de Peyragudes, c'était le 18 juillet, il ne gloutonne plus depuis, alors on ne sait pas si plus rien ne brûle en lui, physiquement, mentalement, en cette fin de Tour de France, ou s'il ne pourra résister à l'envie de briller avec le maillot jaune, sur la plus belle avenue du monde, et on aurait pu ajouter dans un soleil déclinant mais c'est plutôt la grisaille qui serait annoncée du côté de la capitale.
Des coureurs lessivés après un chemin de croix long de trois semaines
Samedi soir, le champion du monde a plutôt évoqué ses équipiers, à qui il pourrait octroyer quelques libertés pour la dernière, et il est vrai que Tim Wellens et Jhonatan Narvaez ont des bonnes têtes de dynamiteurs. De toute manière, tout ne dépendra pas du Maillot Jaune, qui peut bien rester au calme, il y aura forcément un bataillon de coureurs qui auront envie d'allumer des pétards. La journée de samedi a également été particulière car il était devenu rare de ne pas avoir de la montagne ou un contre-la-montre à la veille de l'arrivée à Paris, un dernier acte dans la lutte pour le général, en somme. Une originalité qui tombait plutôt bien cette année, puisque les étapes auxquelles le Maillot Jaune avait tourné le dos dans cette édition furent souvent les plus trépidantes.
Celle de samedi vers Pontarlier n'a pas fait exception, encore une bataille sauvage, 70 km de baston pour laisser filer l'échappée, encore 45 km/h de moyenne alors qu'il y avait 3 000 m de dénivelé positif au programme, encore une boucherie. Il suffisait de parcourir les classements samedi pour se rendre compte de la difficulté de cette étape, mais surtout de la difficulté d'une telle étape en fin de Tour de France. La moitié du peloton a terminé dans un gruppetto, à 22 ou 28 minutes de la gagne et même si le Jura et le Doubs sont bien cabossés, nous n'étions tout de même pas en haute montagne.
Les projets de fusion qui remuent le peloton
On avait vu Arnaud De Lie largué dès le départ, malade, Pavel Sivakov lui aussi éjecté de bonne heure, et tous ces radeaux de naufragés frappés par le déluge dans les forêts du Jura, protégés de bâches de fortune, tous vidés, sidérés, épinglés comme des papillons dans un museum d'histoire naturelle par trois semaines de souffrances. Tous à la merci de la violence du Tour de France, sa cruauté, qui faisait dire à notre ancien confrère Philippe Bouvet samedi matin que tout cela nous rappelait « combien la troisième semaine est moins une course qu'une épreuve ».
Malgré les injures, Jegat récompensé
Le Tour donne de temps en temps, et c'est alors souvent grandiose, mais il prend le reste du temps. Pour un jour de grâce, il y a des semaines de galères, c'est en tout cas le lot des coureurs ordinaires, pour lesquels il faudra avoir une pensée à l'entrée sur les Champs, cette armée des invisibles, avant de célébrer le quatrième sacre de Pogacar. Ce chemin de croix du Tour, Jordan Jegat l'a parcouru en faisant le dos rond la plupart du temps, sans jamais rompre, et encore samedi, alors qu'on pensait le top 10 gelé, il s'est glissé dans la bonne échappée, hyperactif, fier d'être là. Il se faisait tancer par ses compagnons de fugue car avec sa 11e place au général, il menaçait leur aventure, Simone Velasco avait beau mouliner des gestes d'injure, Jegat s'en fichait et il avait bien raison.
Jegat, l'obstiné récompensé
Derrière, les Jayco de Ben O'Connor roulaient pour défendre la 10e position de l'Australien. Mais dans la vacharde côte de Thésy, le Français allait accélérer lui-même et dans le peloton, un gros contre s'extirpa, ce qui eut pour effet de noyer la poursuite des hommes d'O'Connor et en fin d'étape, de faire entrer Jegat, 7e à Pontarlier, dans le top 10 du général à Paris, ce qui n'est pas rien quand il y a encore trois ans, il courait au troisième échelon.
Grégoire victime de l'impitoyabilité du Tour
Si Jegat est parvenu à traverser le Tour sans gros dégât, Romain Grégoire s'est lui heurté à son impitoyabilité. Le Français avait bien démarré, 4e à Boulogne-sur-Mer et 5e à Rouen sur des journées très sélectives, mais il avait ensuite plongé dans l'anonymat, à l'image de son équipe Groupama-FDJ. Samedi, il pensait apercevoir la lumière dans la tempête qui secouait le début de l'étape, sur ses terres du Doubs. À l'attaque de la côte de Longeville, à moins de 30 km de l'arrivée, une fois Harry Sweeny repris, il évoluait dans le groupe pour la gagne, avec Ivan Romeo, Velasco, Kaden Groves, Frank Van den Broek et Jake Stewart. Le Bisontin se montrait à la manoeuvre, très fort, attentif quand Romeo accélérait dans la côte. Mais un peu plus loin, dans la descente, l'Espagnol attaquait très fort un virage détrempé en descente et dans sa roue, Grégoire fut fauché dans le même mouvement. Il se releva vite mais le coup était passé, pas la déception, cette sensation de se heurter au mur du Tour de France.
Après la chute, le groupe se disloqua avec un trio Van den Broek-Stewart-Groves qui ouvrait désormais la route. L'Australien démarra la meuleuse à 16 km de l'arrivée et il n'y avait rien à faire pour les deux autres, un sprinteur qui gagne en solitaire, c'était bien la preuve que le Tour de France se finit à l'envers. Grégoire ne se démobilisa pas pour autant et alla arracher la 5e place. Le Français apprend, le Tour le malmène, il a dû se faire poser quelques points de suture à la hanche après l'arrivée, mais il a les moyens pour poser une mine dans Montmartre dimanche. Il faut toujours caresser le chien qui nous a mordus la veille.
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