logo
« C'est de la foutaise » : dans l'indifférence ou l'agacement, le carton jaune se fait une place dans le peloton

« C'est de la foutaise » : dans l'indifférence ou l'agacement, le carton jaune se fait une place dans le peloton

L'Équipe17 hours ago
Depuis janvier, le carton jaune sévit dans les pelotons, en particulier lors des sprints massifs. Si certains n'en font pas grand cas, nouveauté oblige, d'autres reprochent que les règles du jeu qui y sont associées soient trop évasives.
Plus d'un demi-siècle que ce petit bout de plastique jaune jonquille anime les matches de football, vigoureusement saisi entre les deux doigts d'un arbitre, bras tendu et sifflet à la bouche. En test depuis l'été dernier, et effectif depuis janvier, le système punitif des cartons jaunes s'est introduit dans le peloton, sans grand bruit mais loin, pourtant, de faire de la figuration. À l'orée du Tour de France, qui part samedi de Lille, 158 ont été distribués depuis la reprise, 23 depuis le début du mois de juin.
Il y a dix jours, le Néerlandais Oscar Riesebeek a, sous un certain angle, marqué l'histoire, en devenant le premier coureur à ramasser une suspension (une semaine) pour avoir reçu deux cartons jaunes sur le Tour de Belgique. Il était reproché au grand baroudeur d'Alpecin-Deceuninck d'avoir, par deux fois donc, remonté le peloton sur le bas-côté à l'approche du sprint.
« J'ai vraiment l'impression que l'UCI est en train de ruiner petit à petit les sprints en peloton »
Adam Blythe, ancien coureur britannique
Au palmarès des motifs les plus invoqués, et sans originalité, les mouvements un peu trop audacieux pendant les arrivées massives - vague, freinage brusque, coup de coude ou d'épaule - ouvrent la voie. Et des polémiques, aussi. Sur la 4e étape du Tour d'Italie, qui a couronné Casper van Uden, quasi inconnu au palmarès modeste (5 victoires pros), deux coureurs ont écopé d'un avertissement : l'Allemand Max Kanter qui, en essayant de se coller aux roues du train de tête, a perturbé la trajectoire de Mads Pedersen, alors maillot rose ; et le Néerlandais Bram Welten, coéquipier du vainqueur, pour une décélération dangereuse dans ses derniers coups de pédale.
« C'est de la foutaise », s'indignait, sur les antennes de TNT Sports, l'ancien coureur britannique Adam Blythe, en s'appuyant sur le cas Kanter : « L'UCI dit qu'il faut rester sur sa ligne. Mais en fait, ne restez pas sur cette ligne parce que vous pourriez gêner quelqu'un. C'est ridicule. Alors que c'est ça le sprint : des manoeuvres, de l'audace, des mouvements subtils. J'ai vraiment l'impression que l'UCI est en train de ruiner petit à petit les sprints en peloton. »
En tout cas, Max Kanter, déclassé, a reçu une amende de 500 francs suisses (530 €) et perdu treize unités au classement par points du Giro. Dans l'hypothèse d'un deuxième carton sur une même épreuve, un puni risque une éviction de la course, une suspension de deux semaines s'il en ramasse un troisième dans le mois, et trente jours au sixième sur une période d'un an. Ils sont, pour l'instant, cinq à en cumuler deux depuis janvier : Riesebeek, Alexys Brunel, Kaden Groves, Cédrine Kerbaol et Danny Van Poppel.
À conséquences lourdes, intérêt léger. Trop tôt. « C'est encore nouveau, on n'a pas eu trop de cartons, avoue Kurt Van de Wouwer, manager sportif chez Lotto Pro Cycling, juste après que son sprinteur Milan Menten en a reçu un au Grand Prix du Morbihan, en mai. Mais à l'avenir, ça pourra avoir une incidence, surtout sur un Grand Tour. Si un coureur a déjà eu un carton, il va être un peu plus attentif aux dangers, surtout dans les sprints. »
« Dans de nombreux cas récents, il n'est pas évident de savoir si un carton jaune est approprié ou non »
Rolf Aldag, directeur sportif de Red Bull-Bora Hansgrohe
L'ancien coureur belge voit dans cette réforme une prévention plus qu'une sanction : « Dans le football, si un joueur a un carton, un coach peut potentiellement le changer par quelqu'un d'autre. Dans le vélo, ça n'aura pas beaucoup d'influence sur la tactique. Je ne pense pas qu'un coureur qui a déjà reçu un carton puisse vraiment en recevoir un deuxième. »
N'empêche que les vingt critères d'attribution de ce que Marc Madiot nomme « un gadget » font tiquer. Pour les plus illustres, la position non conforme, le ravitaillement irrégulier - le célèbre « bidon collé » - et les déviations de trajectoire au sprint, donc. « Ce qui est le plus important, c'est la cohérence et la transparence dans la prise de décision - ce qui, pour l'instant, n'est pas toujours facile à identifier, regrette Rolf Aldag, directeur sportif de la formation Red Bull-Bora Hansgrohe, déjà sanctionnée à trois reprises lors d'arrivées massives. Dans de nombreux cas récents, il n'est pas évident de savoir si un carton jaune est approprié ou non. Une fois que chacun saura clairement quand et pourquoi un carton jaune est émis et ce qu'il signifie, il pourra certainement devenir un outil utile. À ce moment-là, la controverse initiale qui entoure souvent l'innovation s'apaisera probablement. »
La solution pour réduire les chutes ?
Unisson chez les sprinteurs du plateau, qui rejoignent le camp des plaintifs. Les règles, jugées trop floues, les font naviguer à vue entre le permis et l'interdit. « Ne pas applaudir un coéquipier qui remporte un sprint massif, c'est une règle claire, illustre Elmar Reinders, le poisson-pilote de Dylan Groenewegen à NOS, une chaîne de télévision néerlandaise. Mais comment garder sa ligne ? Quand on arrive par-derrière, il faut toujours aller à gauche ou à droite à un moment ou à un autre. » Contactée, l'UCI n'a pas souhaité répondre à nos questions. « Mais ça reste une décision humaine, nuance Kurt Van de Wouver. D'autant plus que, dans le vélo, c'est compliqué de tout voir, souvent seuls les commissaires ont un bon aperçu de ce qui s'est passé. »
Au milieu des réactions plus ou moins circonspectes, reste le constat de l'augmentation des gamelles à haute vitesse qui précèdent, parfois, de longs séjours à l'hôpital. Le carton jaune enrayera-t-il ce problème d'accrochages ultra-violents que l'on souhaite unanimement - en façade, du moins - limiter ? Le Tour de France, climax de l'année, apportera un éclairage supplémentaire, avant que l'UCI ne s'attaque à la vitesse, via la limitation des braquets, un autre facteur aggravant, complexe, et tout aussi clivant.
À lire aussi
Pourquoi la première semaine va être folle
Prudhomme : «Brouiller les pistes, encore et toujours»
L. Martinez : «L'envie de faire pareil que mon grand-père !»
50 ans de maillots à pois, les records et les spécialistes

Hashtags

Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

France U20 - pays de Galles : à quelle heure et sur quelle chaîne TV voir le match de la Coupe du Monde ?
France U20 - pays de Galles : à quelle heure et sur quelle chaîne TV voir le match de la Coupe du Monde ?

Le Parisien

timean hour ago

  • Le Parisien

France U20 - pays de Galles : à quelle heure et sur quelle chaîne TV voir le match de la Coupe du Monde ?

Après un match d'ouverture parfaitement maîtrisé face à l'Espagne (49-11), la France veut continuer son parcours sans faute à la Coupe du monde U20 de rugby . Ce vendredi, à Rovigo en Italie, l'adversité des Bleuets va monter d'un cran : les joueurs de Cédric Laborde affrontent le pays de Galles, troisième du dernier Tournoi des Six Nations. Les Gallois voudront se refaire après avoir perdu leur match inaugural face à l'Argentine (34-27). Entre les deux sélections, l'historique est nettement en faveur des Français, qui se sont imposés lors de leur dernière confrontation en date, en février, en inscrivant neuf essais (63-19). En l'emportant avec un résultat similaire, ils confirmeraient leur statut de favori de la compétition, eux qui ont remporté trois des quatre dernières éditions… Mais échoué en finale de la plus récente, face à l'Angleterre. Le match de groupe de la Coupe du monde de rugby U20 entre la France et le pays de Galles est à suivre ce vendredi 4 juillet à 15h30 sur la chaîne L'Equipe.

Tour de France : prize-money, étapes, général, cols... Combien gagnent les coureurs en primes ?
Tour de France : prize-money, étapes, général, cols... Combien gagnent les coureurs en primes ?

Le Parisien

timean hour ago

  • Le Parisien

Tour de France : prize-money, étapes, général, cols... Combien gagnent les coureurs en primes ?

Au total, environ 2,3 millions d'euros sont mis en jeu sur ce Tour de France 2025 (1-24 juillet). Cette somme sera répartie et distribuée aux vainqueurs du classement général, vainqueurs d'étapes et porteurs des différents maillots. Celui qui repart avec la besace la plus remplie est évidemment le vainqueur qui empoche 500 000 euros. Quant aux deuxième et troisième, ils remportent respectivement 200 000 et 100 000 euros. Dans tous les cas, terminer le Tour confère a minima 1 000 euros. À noter que les coureurs n'empochent pas l'entièreté de ces sommes. En effet, le prize-money est en règle général partagé entre les différents coureurs et membres du staff des équipes concernées. Les gains pour le classement général : 1er : 500 000 € 2e : 200 000 € 3e : 100 000 € 4e : 70 000 € 5e : 50 000 € 6e : 23 000 € 7e : 11 500 € 8e : 7 600 € 9e : 4 500 € 10e : 3 800 € 11e : 3 000 € 12e : 2 700 € 13e : 2 500 € 14e : 2 100 € 15e : 2 000 € 16e : 1 500 € 17e : 1 300 € 18e : 1 200 € 19e : 1 100 € Du 20e au 176e : 1 000 € En ce qui concerne les victoires d'étape, 28 650 euros seront distribués entre les 20 premiers de chaque course. Le vainqueur sera lui gratifié de 11 000 euros. Ce qui est donc plus rentable que de terminer après la 7e place du classement général. Les primes pour chaque étape : 1er : 11 000 € 2e : 5 500 € 3e : 2 800 € 4e : 1 500 € 5e : 830 € Il existe de plus de nombreuses primes. Le maillot jaune empoche par exemple 500 euros par nombre de journées passées avec le précieux sésame. Les porteurs des autres maillots gagnent quant à eux 300 euros par jour . Les maillots distinctifs peuvent aussi rapporter gros : celui qui arrive sur les Champs-Élysées avec le maillot vert, qui récompense chaque jour le coureur en tête du classement par points, ajoute 25 000 euros à sa cagnotte, tout comme celui qui termine avec le maillot à pois du meilleur grimpeur. Le meilleur jeune coureur de moins de 25 ans, porteur du maillot blanc, recevra quant à lui 20 000 euros. Les différentes primes : Vainqueur d'un maillot distinctif (vert, pois) : 25.000 euros Vainqueur du maillot blanc : 20.000 euros Passer en tête au sommet d'un col : 800 euros (hors-catégorie), 650 euros (1ere catégorie), 500 euros (2e catégorie), 300 euros (3e catégorie), 200 euros (4e catégorie) Combatif de l'étape : 2000 euros Super combatif du Tour : 20.000 euros Chaque étape rapporte aussi ses propres primes. Franchir un sommet peut rapporter jusqu'à 800 euros et les trois gagnants de chaque sprint intermédiaires encaissent jusqu'à 1 500 euros. Le classement de la combativité rapporte aussi : le coureur désigné comme le plus combatif sur chaque étape (exceptée la 21e) engrange 2 000 euros. Le « Super Combatif » remporte dix fois plus, soit 20 000 euros. Il existe aussi des primes exceptionnelles pour deux cols mythiques : les « Souvenirs Jacques Goddet » et « Souvenir Henri Desgranges » récompensent respectivement à hauteur de 5 000 euros le premier à gravir le col du Tourmalet et le col de la Loze. Chaque semaine, le « meilleur équipier » reçoit 2 000 euros et le « meilleur équipier du Tour de France 2025 » 3 000 euros. La meilleure équipe empoche 2 800 euros par étape, soit 50 000 euros. Enfin, pour célébrer les 50 ans du maillot à pois, le premier participant à comptabiliser 50 points au classement du meilleur grimpeur recevra 5 000 euros.

Palmeiras - Chelsea : à quelle heure et sur quelle chaîne TV voir le quart de la Coupe du monde des clubs ?
Palmeiras - Chelsea : à quelle heure et sur quelle chaîne TV voir le quart de la Coupe du monde des clubs ?

Le Parisien

time2 hours ago

  • Le Parisien

Palmeiras - Chelsea : à quelle heure et sur quelle chaîne TV voir le quart de la Coupe du monde des clubs ?

Petit à petit, les tours avançant, la Coupe du monde des clubs se transforme en affrontement entre les clubs européens. Palmeiras a ainsi hérité d'une lourde tâche : celle d'entretenir la flamme pour le reste du monde. Arrivé jusqu'en quart de finale au forceps, après avoir battu Botafogo au tour précédent (1-0), le vice-champion du Brésil affronte dans la nuit de vendredi à samedi Chelsea, à Philadelphie. De par leur pedigree, les Londoniens partiront évidemment favoris, même s'ils n'ont pas franchement convaincu depuis le début de la compétition, s'inclinant contre Flamengo en poule (3-1), puis passant par une prolongation pour éliminer Benfica en huitièmes (4-1). Pour le staff des Blues, le match sera l'occasion d'observer de près l'ailier gaucher Estevao , 18 ans seulement, attendu au club dès la fin du tournoi. Le quart de finale de la Coupe du monde des clubs entre Palmeiras et Chelsea est à suivre dans la nuit du vendredi 4 juillet au samedi 5 juillet à 3 heures (heure française) sur DAZN.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store