
Autre coup dur pour l'économie québécoise
C'est au tour du cuivre, l'un des principaux produits d'exportation du Québec, de se retrouver dans le collimateur de l'administration Trump. Entretenant le flou, la Maison-Blanche fait miroiter des droits de douane de 50 % sur ce métal rougeâtre, sans dire quand ils pourraient entrer en vigueur.
S'il passe de la parole aux actes, le président Donald Trump viendrait mettre des bâtons dans les roues d'une filière qui représente, dans la province, quelque 3800 emplois directs et indirects.
« Je pense que nous allons porter les droits de douane sur le cuivre à 50 % », a-t-il déclaré, dans le cadre d'une réunion de son cabinet.
Le niveau des droits de douane a été confirmé lors de la réunion par le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, qui a déclaré plus tard à la chaîne de télévision CNBC que cette surtaxe pourrait être imposée rapidement, « fin juillet, peut-être le 1er août ».
Avec sa fonderie de cuivre à Rouyn-Noranda – l'unique du genre au pays, déjà aux prises avec des défis environnementaux – et son affinerie à Montréal-Est, Glencore pèse lourd dans ce créneau.
Ensemble, les deux complexes représentent plus de 1600 emplois directs, selon la multinationale.
« Le Canada et les États-Unis bénéficient d'une chaîne d'approvisionnement en cuivre solide et hautement intégrée – à laquelle Glencore contribue activement. Il s'agit d'un enjeu important pour notre entreprise, et nous continuons de suivre de près l'évolution de la situation », a réagi Glencore Canada par l'entremise de son porte-parole Fabrice de Dongo, directeur des médias et relations externes.
« C'est souvent cela avec M. Trump, rappelle Robert Wares, président de Métaux Osisko, qui a racheté le gisement de cuivre de Murdochville en 2023 pour le relancer. C'est comme un levier de négociation. Il procède comme cela. »
PHOTO YVES TREMBLAY, LES YEUX DU CIEL, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE
La Fonderie Horne de Glencore, à Rouyn-Noranda
Pour le Canada et le Québec, les États-Unis représentent un important acheteur de cuivre. Quelque 52 % des exportations canadiennes, soit des livraisons d'une valeur de 4,8 milliards de ce métal, ont été effectuées au sud de la frontière.
Dans la province, l'an dernier, les exportations de cuivre et ses alliages sous forme brute se sont chiffrées à 1,8 milliard, bon pour le neuvième rang des principaux produits expédiés dans le marché américain.
« Les États-Unis pourraient se tirer dans le pied rapidement », prévient M. Wares.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
Robert Wares, PDG de Métaux Osisko
Le pays dépend énormément des exportations. Il n'y a pratiquement pas de production domestique, contrairement à l'acier et l'aluminium.
Robert Wares, PDG de Métaux Osisko
Un exemple : l'an dernier, le Canada pesait pour la quasi-totalité (99 %) des importations américaines de concentré de cuivre, selon l'Institut d'études géologiques des États-Unis. En matière de cuivre raffiné, l'Unifolié était le deuxième exportateur en importance, derrière le Chili.
Le prix s'envole
Même si l'administration Trump est restée vague quant au moment où la surtaxe sur le cuivre entrerait en vigueur, sa simple annonce a eu des répercussions sur les prix de ce métal.
Sur le Chicago Mercantile Exchange, le prix de la livre de cuivre s'est envolé en prenant 13,3 %, pour clôturer à 5,65 $ US la livre, selon les contrats à terme. Un sommet de 5,95 $ US a même été atteint au courant de la journée.
« On reste calmes parce qu'on a vu comment fonctionne le président Trump avec de grands décrets repoussés, a expliqué le président-directeur général de la Chambre de commerce de l'est de Montréal (CCEM), Jean-Denis Charest, au cours d'un entretien téléphonique. On garde la tête froide. »
PHOTO LA PRESSE
Jean-Denis-Charest, président-directeur général de la Chambre de commerce de l'est de Montréal (CCEM)
Il y a néanmoins de l'inquiétude, puisque la Maison-Blanche ne s'est pas gênée pour appliquer des droits de douane sur l'acier et l'aluminium avant de les relever à 50 %, a ajouté M. Charest.
Selon lui, la filière du cuivre représente plus de 1000 emplois directs et indirects dans l'est de Montréal.
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