
Un « S » pour « sécurité »
La transformation considérable du portrait géopolitique mondial depuis quelques années rend assurément l'attitude du public plus favorable à l'égard des dépenses dans le secteur de la défense, estime celui qui est aujourd'hui associé chez J.C. Flowers & Co, une firme d'investissement de New York.
Les politiques et restrictions ont changé, croit-il.
« Un deuxième 'S' s'est ajouté pour 'sécurité' dans les discours sur l'aspect social de la gestion de portefeuille en Europe et en Amérique du Nord », dit celui qui a été intronisé à titre de lieutenant-colonel honoraire par les Fusiliers Mont-Royal en 2016.
Le réinvestissement massif de l'Europe, mais aussi du Canada, dans la défense a fait en sorte qu'on parle plus de « ESSG ».
PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
Louis Vachon
Ça veut dire que les pourvoyeurs de capitaux ont un rôle à jouer dans la sécurité nationale. C'est récent. Et le tournant a clairement été l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Louis Vachon
L'occasion de créer un « champion »
L'engagement du Canada à augmenter les dépenses en matière de défense à 5 % du produit intérieur brut d'ici 10 ans est à son avis une occasion pour élaborer une stratégie industrielle dans le secteur de la défense qui permettra de diversifier l'économie et de créer des « champions ».
C'est l'occasion de développer un fournisseur privilégié de services et de produits militaires, dit Louis Vachon.
« Les Français ont Thales et Dassault. Les Anglais ont BAE et Babcock. Les Suédois ont Saab. Les Allemands ont Rheinmetall. Les Américains en ont plusieurs », précise-t-il.
Ça prend au moins un « defense contractor » au Canada. Cette compagnie-là n'existe pas actuellement. On a des entreprises impliquées en défense, mais leurs activités commerciales sont plus importantes. Des entreprises qui carburent majoritairement au militaire, on n'en a pas.
Louis Vachon
Louis Vachon estime aussi que le Canada doit bâtir un secteur « defense tech », ce qui inclut une certaine expertise en capital de risque lié aux enjeux de sécurité nationale. « Et pas uniquement en approvisionnement militaire », dit-il.
La sécurité, ce n'est pas que la défense, souligne-t-il, ça touche les infrastructures névralgiques, la cybersécurité, l'informatique quantique, l'intelligence artificielle et le matériel militaire.
« Passer à 5 % du PIB, ce n'est pas des peanuts. Ça va prendre plus que de la dette bancaire », lance Louis Vachon.
De multiples sources de capitaux seront requises. « Les banques joueront leur rôle. Le marché boursier aussi. Le capital de risque doit jouer son rôle. Les fonds privés aussi », dit Louis Vachon.
Exportation et développement Canada, la Banque de développement du Canada et d'autres organismes comme Investissement Québec, par exemple, devront aussi contribuer.
Et une politique fiscale pour le secteur de la défense pourrait s'avérer une bonne idée, selon lui. « C'est un vieux truc utilisé durant la Seconde Guerre mondiale. »
L'expansion des activités de défense au Canada a été financée en mettant en place un programme accéléré d'amortissement, dit-il.
« Les compagnies qui construisaient de nouvelles usines et achetaient de l'équipement pouvaient amortir leurs achats de façon très rapide en quelques années au lieu de le faire sur 10 ou 20 ans. Ça leur permettait de générer beaucoup de cash flow. »
Pour avoir une industrie de la défense soutenable à 5 % du PIB, le Canada doit s'assurer d'avoir des fournisseurs locaux et la capacité de produire au pays, soutient Louis Vachon.
« Idéalement, une partie de ces compagnies doivent être de propriété canadienne et une partie étrangère qui fabrique au pays. C'est un défi d'augmenter l'infrastructure physique. »
Le grand patron du fabricant de trains d'atterrissage Héroux-Devtek, Martin Brassard, abonde dans le même sens.
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE
Martin Brassard, PDG d'Héroux-Devtek
On a besoin d'une stratégie fédérale sur mesure spécifiquement pour les besoins dans le secteur de la défense.
Martin Brassard, PDG d'Héroux-Devtek
Il faut développer des programmes de financement qui nous rendent plus compétitifs, précise-t-il.
Plusieurs sous-segments de l'industrie de la défense sont déjà ou seront d'intérêt pour La Caisse (CDPQ), comme le secteur de l'aéronautique et celui des technologies de pointe.
« Nos exclusions en matière d'armement sont conformes aux conventions internationales d'Oslo et d'Ottawa », dit la porte-parole Marjaurie Côté-Boileau en précisant que les bombes à sous-munitions et les mines antipersonnel sont exclues du périmètre d'investissement.
Marjaurie Côté-Boileau rappelle que le secteur de la défense est hautement réglementé et appelé à croître, et que les enjeux de droits de la personne et d'éthique, et évidemment le respect des obligations légales de La Caisse, sont systématiquement pris en compte dans les processus de revue diligente et les décisions d'investissement.
Investissement Québec n'a pas souhaité dévoiler les détails de la directive élaborée pour guider ses décisions dans le secteur de la défense.
« Essentiellement, l'esprit de nos interventions dans le secteur de la défense est de soutenir les entreprises qui œuvrent directement et indirectement dans le secteur de la défense, dont les activités sont alignées sur les intérêts stratégiques du Canada et réalisés dans le cadre de ses alliances internationales », indique le porte-parole Mathieu Rouy.
Investissement Québec entend contribuer à diversifier l'économie et faciliter l'intégration des entreprises de la province dans des chaînes d'approvisionnement stratégiques au sein des économies alliées.
Tout investissement lié aux armes controversées (armes chimiques, biologiques, nucléaires, mines antipersonnel, armes à sous-munitions, systèmes entièrement autonomes, etc.) – et à leurs composantes – et toute entreprise dont les produits liés à la défense sont vendus à des pays qui ne font pas partie de l'OTAN ou ses partenaires privilégiés continuent toutefois d'être exclus par Investissement Québec.
Mathieu Rouy souligne que la hausse des dépenses militaires engendrera des occasions pour les entreprises québécoises en aérospatiale, dans le secteur naval, le secteur des drones et autres systèmes aériens télépilotés, les systèmes terrestres, l'intelligence artificielle, l'optique-photonique, les communications et la cybersécurité.
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