Clavicule cassée il y a un mois, écraseur de pédales... Jonas Abrahamsen, la force norvégienne qui s'est imposée sur la 11e étape du Tour de France
Le héros du jour est un Viking, il s'appelle Jonas Abrahamsen, le car de son équipe est stationné devant le bar L'Hercule et la trentaine de supporters norvégiens qui font un boucan d'enfer ont pris place devant le square L'Héraclès. La mythologie s'est invitée toute seule à la table de la formation Uno-X Mobility ce mercredi dans les rues toulousaines pour célébrer un coureur, une équipe et un pays.
Uno-X a décroché son premier succès sur le Tour, son premier sur un Grand Tour, aussi, et elle le doit à un écraseur de pédales, un tyran du bitume, qui s'était révélé l'an dernier en juillet. Et qui, il y a quelques semaines, ne savait pas comment il serait sur son vélo. « Je me suis cassé la clavicule au Tour de Belgique il y a un mois (le 18 juin) et j'ai pleuré à l'hôpital parce que je savais que j'avais peut-être laissé passer ma chance d'être sur le Tour de France, explique Abrahamsen. J'ai fait tout ce que je pouvais pour revenir. Être au départ, c'était déjà une très grande victoire. Gagner une étape, c'est fantastique. »
« C'est un garçon qui sait pousser très loin la souffrance »
Joona Laukka, agent de Jonas Abrahamsen
S'avance ensuite le patron de l'équipe norvégienne, Thor Hushovd, dix étapes du Tour au compteur et deux maillots verts entre 2001 et 2010. Tout le monde lui tombe dans les bras, tout le monde s'embrasse et laisse des larmes pointer au coin des yeux. « C'était extraordinaire, confie-t-il. Ce succès, on est allés le chercher, pas seulement aujourd'hui (mercredi), mais depuis nos débuts en 2017 et nos débuts sur le Tour il y a trois ans. Jonas mérite cette victoire. C'est celle de tout un pays. » « On n'a jamais gagné sur le Tour, je ne sais même pas comment on doit fêter ça », rigole Andreas Leknessund, porteur du maillot rose pendant cinq jours sur le Giro 2023. Abrahamsen n'est pas encore là, mais ses coéquipiers, du Danois Magnus Cort, le seul non-Norvégien, aux frères Johannessen, Anders et Tobias, en passant par le jeune Stian Fredheim, ne parlent que de lui.
Abrahamsen, qui n'avait gagné à 29 ans que la Classique Bruxelles l'an dernier dans sa carrière, est entré dans une autre dimension mercredi. « Je l'ai vu hier après-midi (mardi), il me disait que s'il prenait une échappée, ce ne serait pas pour rien. Il était prêt. C'est un garçon qui sait pousser très loin la souffrance, une bête de travail », glisse son agent, Joona Laukka, à propos d'un garçon que son équipe n'avait failli pas conserver il y a quatre ans. Comme sa formation, discrète, mais l'une des plus à la pointe de la recherche et de l'innovation dans le monde du cyclisme. « Notre équipe monte marche par marche, on n'a jamais sauté trois marches à la fois. On va continuer comme ça, explique Hushovd. Peut-être qu'un jour on sera la meilleure équipe au monde, mais on n'a pas besoin de l'être demain. On avance par petits pas, je suis très fier de ça. » Abrahamsen en est désormais le meilleur étendard.
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« On va dans le bon sens » : les supporters de l'OM déjà enthousiastes au moment de retrouver le Vélodrome
En marge du premier match au Vélodrome samedi soir, les supporters marseillais, déjà bouillonnants, ont affiché leur confiance en vue de l'intense saison à venir. Cet été, en Provence, la rentrée anticipée était fixée au 2 août. Les supporters marseillais avaient coché la date, avec impatience celle-ci, depuis un moment dans leur calendrier, deux mois et demi après le dernier match à domicile, et toute la « planète OM » s'est remise à tourner, samedi, avant ce premier rendez-vous de la (pré) saison au stade Vélodrome devant environ 60 000 personnes (1-1 face au Séville FC). Tout au long de la journée, les maillots du club, des dernières collections aux éditions vintage, ont pullulé dans la ville, bondée et bercée par la douceur, au milieu des promeneurs et des touristes étrangers, dont quelques fans de Séville en tenue. En milieu d'après-midi, il fallait faire la queue plusieurs minutes devant la boutique officielle de la Canebière avant de pouvoir entrer. Dès 18 heures, le parvis du Vélodrome et les vendeurs ambulants étaient pris d'assaut. Pendant que des jeunes répétaient les chants sur les marches menant aux portiques, une immense file s'est formée devant la boutique du stade. Maillot moulé et floqué Greenwood - « le meilleur » - sur le dos, Yoann, 29 ans, patientait avec la mine des beaux jours. Habitant et travailleur d'Île-de-France, il a organisé ses congés en fonction de ce premier amical à la maison et reviendra pour la réception du Paris FC, le 23 août. « Ça m'a manqué, se délecte-t-il. C'est top de pouvoir jouer chez nous pour prendre la température, ça nous fait plaisir, à nous supporters, ça permet aux recrues de s'imprégner de l'ambiance... (Facundo) Medina s'est déjà bien intégré, (Igor) Paixao a coûté cher donc il y a de fortes attentes (35 M€). (Mason) Greenwood, je sais qu'il va faire une grande saison ! Il faut finir de doubler les postes et on sera bien. » « On attend de voir ce que cela va donner. Il n'y a que le terrain qui parlera » Maxime, supporter de l'OM Posé un peu plus loin et venu avec son fils Maxime depuis les Alpes-de-Haute-Provence, à une heure de route, Aymeric est sur la même longueur d'onde : « C'est assez calme, cohérent. On va dans le bon sens. Le recrutement est prometteur. (Pierre-Emerick) Aubameyang va amener son expérience dans le vestiaire. Il manquerait peut-être un défenseur central et un latéral gauche, en plus de (Timothy) Weah s'il vient. Maintenant, on attend de voir ce que cela va donner. Il n'y a que le terrain qui parlera. » Si le vent a pu tourbillonner hier sur le Vieux-Port, la patience et la bienveillance sont toujours de mise, alors qu'il reste deux semaines de préparation, un dernier test d'envergure face à Aston Villa samedi, de nouveau au Vélodrome, et un mois d'ajustement sur le marché. « L'argent ne fait pas tout, préviennent Tony et Jean, basés près de Marseille, après le casse-croûte de rigueur. On avait hâte de voir les nouvelles têtes. Depuis le dernier match, on attend, on suit le mercato, les nouvelles, la série (sur YouTube)... Mais c'est le jour et la nuit avec la sensation au stade, même pour un amical. Ça reste Séville en face. » Et le duo gourmand de disserter : « Il n'y a pas d'enjeu mais ça va donner le tempo de la saison. On ne s'attendait pas à voir autant de monde, mais, bon, on n'est jamais déçus. Qu'on joue contre Carquefou ou une autre équipe, le stade est toujours plein. Tu ne vois pas ça partout. On peut faire des réglages, tourner l'effectif. Et tant mieux, quelque part, qu'il y ait 60 000 personnes. L'an dernier, on a eu ce problème avec la pression à domicile. Là, ils vont comprendre d'entrée qu'il va falloir assurer ici. » « En Ligue des champions, si on passe les quarts, c'est joli. Mais qu'on ne soit pas ridicules avant tout, pour redresser la barre par rapport aux précédentes participations » Tony et Jean, supporters de l'OM Tous deux sont « sereins », pour l'instant, et espèrent « aller le plus loin possible » dans chaque compétition. Traduction : « Au moins coller un peu plus au cul de Paris. Éviter les défaites comme celles contre Auxerre (1-3, le 8 novembre). Une petite finale de Coupe, contre Paris pour rajouter un peu de piment. Et, en Ligue des champions, si on passe les quarts, c'est joli. Mais qu'on ne soit pas ridicules avant tout, pour redresser la barre par rapport aux précédentes participations. » Encore incomplets, les virages du Vélodrome, aussi, ont livré un petit avant-goût d'Europe samedi soir, dès le coup d'envoi. Et, peu après 21 heures, des frissons supplémentaires et des « Auba, Auba » ont parcouru le stade, quand Aubameyang est parti s'échauffer, avant d'entrer à la 70e minute, à gauche de l'attaque. Sans réussir à enflammer la fin de match.


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Après son titre sur 50 m papillon, Maxime Grousset est allé chercher en patron le doublé en gagnant le 100 m papillon avec le record d'Europe à la clé en 49''62. Avec trois médailles d'or mondiales, il égale Laure Manaudou. Quand il nage le papillon, on ne voit que lui. Cette semaine, Maxime Grousset a volé sur l'eau et dégagé une telle puissance qu'il a éclipsé ses adversaires sur 50 et 100 m papillon. Comme l'escadrille d'avions de chasse qui a survolé le ciel de Singapour dans un bruit assourdissant une heure avant la finale, tout le monde a regardé, un peu interloqué, la performance supersonique du Français. Même son entraîneur Michel Chrétien n'a pas déclenché son chrono, il a savouré. D'abord la victoire devant Noè Ponti et Ilya Kharun. Puis il a levé la tête pour voir le temps : 49''62 avec un premier 50 m en 22''8. Sans voix. Casser la barrière des 50'', le Néo-Calédonien le prévoyait dès les Championnats de France en juin. 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