« Jusqu'ici, j'étais juste contente d'être là » : à 37 ans, Laura Siegemund se révèle enfin à Wimbledon
Dans ce Wimbledon où il faut s'attendre à tout et où ce ne sont pas les surprises qui manquent, l'affiche des huitièmes de finale entre la lucky-loser argentine Solana Sierra, 21 ans et 101e mondiale, et l'Allemande Laura Siegemund, 37 ans et 104e mondiale, était pour le moins étonnante, pour ne pas dire déroutante.
Mais malgré deux interruptions en raison de la pluie et une rencontre à sens unique, le public du court 2 était bien là, dimanche après-midi, pour assister à cette drôle d'opposition de style et de génération, avec une jeune Sud-Américaine ultra agressive face à la sagesse et le slice de Siegemund, vainqueure en deux sets secs (6-3, 6-2) et 1h19'de jeu.
Ça valait bien une danse de la joie et un lancer de raquette dès l'affaire définitivement pliée, sur la troisième balle de match. Absolument pas attendue à pareille fête, plus à l'aise sur terre battue que sur gazon, l'Allemande tenait là une deuxième qualification en quarts de finale en Grand Chelem après son incursion à Roland-Garros en 2020.
Mais avant et après cette éclaircie parisienne, rien à signaler pour cette joueuse à la trajectoire atypique, qui n'avait jusqu'ici remporté que deux matches dans sa carrière à Wimbledon en cinq participations dans le tableau principal, elle qui a commencé à écumer les qualifications de Grand Chelem dès 2009.
« Je montre que je peux faire mieux que perdre en deuxième tour de Grand Chelem »
Laura Siegemund
Joueuse la plus âgée des engagées en huitièmes de finale, la vétérane de 37 ans a d'ailleurs été ovationnée à l'évocation de ce fait d'armes pendant son interview sur le court. Et ça l'a bien fait marrer. « Ce n'est pas tous les jours qu'on se fait applaudir parce qu'on est vieille, glissait, dans un grand sourire, celle qui n'a toujours pas lâché un set dans ce tournoi. Je suis venue sur ce Wimbledon sans attente, et ça fonctionne plutôt bien, je montre que je peux faire mieux que perdre en deuxième tour de Grand Chelem. »
Si ça ne lui a que trop rarement souri en simple, Siegemund a en revanche un CV bien rempli en double, avec trois titres en Majeur, dont un en double mixte à Roland-Garros, en 2024 avec Édouard Roger-Vasselin. Une paire qui devait être alignée sur le gazon londonien, mais l'Allemande a préféré se désister pour mettre toutes les chances de son côté en simple. « Elle a très bien fait, elle a une occasion incroyable, donc elle doit la jouer à fond, racontait le Français, dimanche, après sa qualification en quarts de finale du double messieurs avec le Monégasque Hugo Nys. C'est une guerrière. Sur le court, c'est vraiment une hargneuse. Et elle s'entraîne comme une acharnée. Elle dit qu'elle n'a jamais bien joué sur gazon, mais je trouve qu'elle a un chip de coup droit qui est bien, elle se déplace bien, elle a tout pour bien jouer. »
Si elle compte, dans sa longue carrière, douze victimes du top 10 mondial à son tableau de chasse, dont Madison Keys (8e) cette semaine à Wimbledon, Siegemund s'attaquera mardi à son plus grand défi, avec la numéro 1 mondiale Aryna Sabalenka. Et ce n'est pas pour lui déplaire. « Là, je n'étais pas vraiment outsider et j'avais la pression, alors que jusqu'ici, j'étais juste contente d'être là. Ça sera pareil face à Sabalenka, je n'aurai rien à perdre. »
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