
Agression d'un maire en Isère : le profil instable de l'agresseur, qui se sentait persécuté
Face aux enquêteurs, il a tout juste admis ne pas avoir fait quelque chose «de correct», tout en estimant qu'on l'avait «poussé à bout». Ce dimanche, le procureur de Grenoble, Étienne Manteaux, a tenu une conférence de presse afin de faire un point sur l'enquête concernant la violente agression dont a été victime le maire de Villeneuve-de-Marc, en Isère, mercredi. L'agresseur aurait été guidé par un «sentiment d'injustice» lié à un conflit immobilier ancien. Ses propos laissent présager un profil instable.
Caché 36 heures dans les bois
Aux alentours de 16h30 ce mercredi, à Villeneuve-de-Marc, commune située en campagne iséroise entre Lyon et Grenoble, le maire Gilles Dussault a été violemment agressé à l'arme blanche devant son domicile. Le suspect est un voisin de 60 ans qui réside à une cinquantaine de mètres de l'édile. Il l'a «frappé au niveau du thorax et du bras», lui portant «trois coups», dont deux au niveau du thorax, a précisé le procureur ce dimanche.
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Le fils du maire a été appelé au secours par une voisine puis l'agresseur est revenu en voiture afin de «leur foncer dessus». De justesse, «le fils a poussé le père sur le côté» tandis qu'il s'est mis à l'abri. Le véhicule est venu, lui, «percuter un mur». Le conducteur a ensuite pris la fuite à pied.
Dans un état grave, Gilles Dussault a été transporté en urgence absolue à l'hôpital Édouard-Herriot de Lyon, souffrant notamment d'une perforation du poumon. Ses jours ne sont désormais plus en danger et une sortie de l'hôpital est envisageable «dans les jours à venir», selon le procureur de Grenoble. Il s'est vu prescrire 15 jours d'ITT. Le fils souffre quant à lui de blessures légères.
L'assaillant s'est ensuite caché 36 heures dans les bois, avant d'être aperçu par une habitante à une dizaine de kilomètres de Villeneuve-de-Marc. Il est finalement interpellé sans heurt à 11h30 vendredi, à Charantonnay, en Isère. L'homme, «couvert de griffures» liées à son séjour dans la nature, «n'était pas armé» et «n'a opposé aucune résistance» lors de son interpellation, précise le procureur.
«Il a tenté de se faire justice lui-même»
Placé en garde à vue à la brigade de gendarmerie de Saint-Jean-de-Bournay, il a «répondu à l'ensemble des questions», «a coopéré». L'individu, Malek A., explique aux enquêteurs avoir un conflit datant de 2022 avec l'édile, lié à «l'effondrement d'un bâtiment». Il est propriétaire d'un appartement dans une copropriété dont la mairie détient les murs. Or, une partie du toit de l'immeuble s'est effondrée et a endommagé un abri de jardin appartenant au mis en cause.
Une procédure à l'amiable a été lancée mais n'a jamais abouti, Malek A. estimant le montant des dommages et intérêts insuffisants. Par la suite, «il a tenté de se faire justice lui-même, en procédant à des travaux pour privatiser l'immeuble, sans aucune déclaration, sans accord des copropriétaires», souligne le procureur. Le maire lui a donc demandé de cesser ses travaux qualifiés d'«illégaux», «ce qui a généré un sentiment d'injustice».
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Mercredi, Malek A. n'avait «aucune raison objective» de passer devant le domicile du maire, mais il s'est tout de même présenté devant sa maison et c'est à cet instant que l'édile l'aurait «regardé avec un sourire sadique», selon ses dires. Il est alors retourné chez lui, a récupéré un outil de bricolage avant de repartir. «Je ne sais pas ce qui s'est passé, c'est l'accumulation des choses qui m'a fait péter un plomb, il y a eu une rupture dans mon esprit, j'ai fait ça machinalement, j'étais victime d'une injustice», a déclaré le suspect en garde à vue.
Après la première agression, le suspect dit être repassé en voiture «pour voir l'ampleur du mal que j'avais fait». Il soutient que Gilles Dussault et son fils se seraient alors «jetés» sous les roues de sa voiture, l'obligeant à donner un «coup de volant», mais jure n'avoir eu «aucune intention homicide». Lors de ses interrogatoires, l'homme a tenu des propos obsessionnels, assurant que le maire serait déjà «propriétaire de 80% des propriétés» du village et qu'il chercherait à «racheter son appartement».
Deux couteaux sous l'oreiller
Né en Algérie, Malek A. s'est installé très jeune en France. Il n'a depuis plus la nationalité algérienne, seulement française. Après l'obtention d'un BTS de dessinateur industriel, il a toujours travaillé notamment chez l'équipementier automobile Valéo. Mais cet homme célibataire et sans enfant a perdu son travail en 2021, à la suite de difficultés économiques de l'entreprise. Il enchaîne depuis les CDD et rédige, en parallèle, des ouvrages consacrés à «l'instrumentation des véhicules autonomes», «l'intelligence artificielle» ou «la psyché des machines vivantes».
Propriétaire de quatre appartements, il s'est installé à Villeneuve-de-Marc pour s'occuper de sa mère, décédée il y a peu. Sa sœur a également été retrouvée pendue en avril 2025, mais le mis en cause est persuadé qu'elle «a été assassinée par son bailleur.» Lors de la perquisition de son domicile, deux couteaux ont été retrouvés sur son oreiller. Il a expliqué qu'ils étaient là pour «se défendre si on veut me faire la même chose qu'à ma sœur». Toujours dans le même «vécu persécutif», il soupçonne une «surveillance du maire ou des administrés». Une expertise psychologique devra établir si l'homme avait donc toute la maîtrise de ses moyens.
À l'issue de sa garde à vue, Malek A. a été présenté ce dimanche matin à un juge d'instruction. Le parquet a requis sa mise en examen pour double «tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique» (les faits de 16h30, puis de 16h50), ainsi que pour «tentative de meurtre» visant le fils. Il a également demandé le placement en détention provisoire. Si le juge d'instruction suit ses réquisitions, l'homme encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
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