«Si seulement il pouvait abattre des drones»: quand les militaires ukrainiens se prennent d'affection pour un caneton
Ses plumes jaunes détonnent avec les couleurs ternes des treillis. Kulia, «balle» en ukrainien, fait partie intégrante d'un exercice combiné de résilience mentale et d'entraînement au combat dans un lieu tenu secret de la région de Dnipropetrovsk, dans l'est de l'Ukraine. Sur des images filmées par l'AFP le 14 juillet et diffusées mardi 12 août, sa présence paraît incongrue dans les bras imposants des soldats barbus aux faciès peu commodes de la brigade Spartan.
Kulia se promène entre les armes tandis que les militaires apprennent à utiliser des garrots et s'ébroue, indifférent au bruit des grenades et au nuage de fumigène au loin. Pour Maxim, chef de l'équipe de soutien psychologique de l'unité, ces cours constituent «une mesure préventive» pour gérer le stress de la guerre et ses conséquences. «Les liens sociaux avec les animaux sont aussi des liens sociaux, explique-t-il. Et lorsqu'une personne aide un plus petit, le nourrit, prend soin de lui, elle se sent importante et plus légère, même en cas de traumatisme.»
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«Les animaux ont un pouvoir apaisant»
Artilleur au sein de la brigade, Volodymyr montre sur son téléphone portable des photos d'un autre caneton sauvage retrouvé sous un canon et adopté par la brigade. «Ce sont nos répéteurs de drones, et il est là, assis, à observer», décrit-il. Et d'ironiser: «Si seulement il pouvait abattre des drones ».
«Les animaux jouent aussi un rôle en temps de guerre, car ils ont un pouvoir apaisant», estime Volodymyr. «On se déconnecte un peu de la réalité et on se sent plus comme dans la vie civile : on caresse l'animal, on le câline, poursuit-il. J'ai vu des types qui ressemblaient à Rambo, des tueurs sans pitié, mais en réalité, ce n'est pas le cas.»
Lucide sur ce lien d'affection tissé avec le petit oiseau, Volodymyr sait toutefois que le caneton pourrait déserter. «Il grandit, ses plumes apparaissent déjà. S'il s'envole, tant mieux. Sinon, il restera avec nous».
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