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Catastrophes naturelles : comment les assureurs tentent de convertir les Français à la prévention des risques

Catastrophes naturelles : comment les assureurs tentent de convertir les Français à la prévention des risques

Les Echosa day ago
Cyclone Garance à La Réunion, inondations en Bretagne, tempête de grêle à Paris… l'année 2025 charrie déjà son lot d'événements climatiques de grande ampleur. Et alors que la France sort tout juste d'un épisode caniculaire particulièrement précoce, long et intense, la sécheresse des sols se généralise sur le territoire.
Directement confrontés à cette hausse des catastrophes climatiques, les assureurs craignent de voir le coût des sinistres exploser dans les prochaines années. Selon la profession, le montant des dommages dus aux événements naturels pourrait ainsi doubler, pour atteindre 143 milliards d'euros cumulés pour la période 2020-2050, contre 73,4 milliards d'euros sur les trente années précédentes.
Le défi de la prévention individuelle
Pour contenir cette hausse, le secteur martèle l'importance de la prévention. Et les assureurs cherchent des solutions. Pour faire face aux risques liés au phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA), responsable de fissures dans les murs des maisons, France Assureurs, la Caisse centrale de réassurance (CCR) et la Mission des risques naturels (MRN) ont par exemple lancé, en 2023, « Initiative sécheresse ».
Ce projet prévoit de réaliser des tests sur plus de 300 maisons. Objectif : trouver les meilleurs moyens de protéger les domiciles et de développer à grande échelle ces mesures de prévention, alors que plus 11 millions de foyers français sont exposés à ce risque.
Et les initiatives se multiplient. La CCR a également annoncé fin juin lancer une nouvelle offre de services et de conseil, à destination des assureurs, des collectivités, des services de l'Etat ou de toute entreprise exposée, afin de les aider à évaluer les risques auxquels ils sont exposés et anticiper leur gestion. Mais malgré cette mobilisation, des difficultés persistent, sur le plan de la prévention individuelle notamment.
Financer et sensibiliser
« On fait un double constat en prévention : d'une part la prévention collective, qui fonctionne bien en France grâce au 'fonds Barnier', et de l'autre la prévention individuelle, pour laquelle on dresse un bilan plus négatif », a expliqué Antoine Qantin, directeur des réassurances, conseil et modélisation à la CCR, lors d'une table ronde organisée courant juin sur le sujet.
Un frein important est mis en avant par les professionnels du secteur : celui du financement. Si les assureurs se disent prêts à débloquer des fonds, la question de la rentabilité des mesures se pose. Notamment car une fois qu'ils financent une mesure de prévention, les acteurs du secteur ne sont pas certains de conserver l'assuré dans leur portefeuille assez longtemps pour amortir le coût de leur investissement.
Les démarches restent aussi complexes, et le public peu sensibilisé. Les assureurs restent néanmoins convaincus qu'ils peuvent, collectivement, peser sur les comportements. Ils en veulent pour preuve leur engagement sur la prévention routière, pour laquelle ils oeuvrent en partenariat avec l'Etat.
Et certains mettent déjà en place des actions. Le groupe mutualiste Covéa (qui rassemble les marques MMA, GMF et Maaf) s'est ainsi récemment engagé à dédier 0,5 % des primes climatiques multirisques habitation à des actions concrètes de prévention, de sensibilisation et d'anticipation. Un pourcentage équivalent à celui consacré par le groupe à la prévention routière.
Mesures incitatives
Reste que les assureurs estiment ne pas pouvoir agir seuls. « La responsabilisation est importante aussi ; il faut réfléchir à des mécanismes d'incitation, positifs ou négatifs, pour encourager les personnes à mettre en place des mesures de prévention individuelle », a ainsi plaidé Pierre Vaysse, membre du comité exécutif et directeur assurances de biens et de responsabilités d'Allianz France.
Une piste explorée par le groupe BPCE, qui a annoncé fin juin lancer une « assurance habitation à impact ». Concrètement, les assurés qui réalisent des travaux pour rendre leur habitation résiliente aux inondations ou la sécheresse sont récompensés : le prix de leur assurance habitation diminue.
Mais la portée de ces dispositifs incitatifs pourrait rester limitée en raison du coût de certaines mesures de prévention. La consolidation des fondations par micropieux, dans le cadre d'une maison exposée au RGA, pourrait ainsi atteindre entre 75.000 et 100.000 euros. Un montant colossal au regard des quelques dizaines d'euros à débourser par mois pour être couvert, et voir les sinistres pris en charge par son assureur.
Des mesures moins onéreuses pourraient toutefois être efficaces. « Il va falloir être capable de dire aux propriétaires : soit vous faites 10.000 euros d'investissement, avec un financement, soit, si vous ne le faites pas, il n'est pas normal que vous soyez indemnisé à hauteur de 200.000 euros », a expliqué, Pascal Berteaud, directeur général du Cerema, qui accompagne l'Etat et les collectivités territoriales dans les politiques publiques d'aménagement et de transport.
Alors que les Français peuvent compter sur un régime d'indemnisation des catastrophes naturelles, certains professionnels du secteur imaginent son fonctionnement évoluer quitte à introduire des sanctions. En Suisse, par exemple, le régime est punitif pour ceux qui n'ont pas une démarche de prévention.

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